Jésus nous dit combien le « combat spirituel » de notre vie est disproportionné à nos propres forces car l’« adversaire » se cache sous les traits de la "sagesse" du monde ! Pour être vainqueur dans ce combat perfide et malhonnête, nous faisons une confiance infinie à Dieu qui nous sauve de cet enfermement dans lequel nous pouvons nous trouver, en perdant notre liberté. Jésus s’adresse aux foules qui font route avec lui vers Jérusalem, et à travers elles, il nous laisse trois consignes, les trois renoncements auxquels doivent se préparer tous ceux et toutes celles qui veulent devenir ses disciples. Replacer tous les liens affectifs, quels qu’ils soient, sur l’axe de la réponse au Christ. Accepter de porter sa croix personnelle, c’est-à-dire le réel de sa vie. Etre prêt à lâcher tout ce qui est de l’ordre de l’avoir. Dans l’espérance, avec la grâce de Dieu, avec ses dons, nous travaillons à l’édification de notre être. L’expérience, que déjà les psychologues nous avaient annoncée, nous montre qu’il faut quitter son père et sa mère pour acquérir une autonomie véritable. C’est dans un grand amour qu’une telle parole peut nous être communiquée.
« En effet, lequel d’entre vous, s’il veut construire une tour, ne s’assied pas d’abord pour calculer la dépense et voir s’il a de quoi la terminer,
de peur qu’après avoir posé les fondations, il ne soit pas capable d’achever, et que tous ceux qui le verront ne se moquent et ne disent : « Cet homme a commencé à construire, et il n’a pas été capable d’achever. » Au premier abord cette parabole semble nous ramener à un bon sens terre à terre : Un promoteur commence à bâtir et ne dépasse pas le sous-sol : la leçon semble évidente, transparente, voire banale. Mais la phrase qu’ajoute Jésus transforme cette évidence en un programme de réflexion : « De la même façon, quiconque parmi vous ne renonce pas à tout ce qui lui appartient ne peut pas être mon disciple. » Avec cette remarque de Jésus, nous changeons de niveau, et le bon sens fait place à la folie des Béatitudes, à l’aventure de la foi. L’Evangile nous aide à comprendre que le lien d’amour avec Dieu est nécessaire et premier pour bâtir notre vie dans la liberté. Cette préférence de Dieu par rapport à son père, sa mère, sa femme, ses enfants, ses frères et sœurs et même à sa propre vie est une expérience que nous faisons et dont nous avons besoin si nous voulons bâtir notre vie selon la volonté de Dieu. Dieu est amour, et c’est dans le plus grand respect de nous-même qu’il nous guide vers notre épanouissement plénier. Pour nous permettre de comprendre cela, Jésus nous donne le don qu’il fait de lui-même, la nourriture dont nous avons besoin : Le don de sa propre vie, l’Eucharistie.
« Ou bien quel roi, s’il part en guerre contre un autre roi, ne s’assied pas d’abord pour se demander s’il peut, avec dix mille hommes, affronter celui qui vient au–devant de lui avec vingt mille ? »
Sinon, tandis que l’autre est encore loin, il lui envoie une ambassade pour demander les conditions de paix. Un roi belliqueux s’imagine venir à bout d’un ennemi deux fois mieux armé, il est toujours libre de commencer la guerre, et s’il se sent démuni, la prudence lui commandera de ne pas entreprendre. Aimer Dieu de toutes nos forces, devenir disciple de Jésus est la seule urgence de notre vie. La prudence consistera à tout sacrifier pour rejoindre Dieu qui nous aime. Pour travailler à son règne, la réponse sensée sera de lâcher prise et de tout transférer au compte du Christ. La véritable richesse sera de rester libre de toute possession et de laisser Dieu nous appauvrir, de nous dépouiller même de nos misères. A la suite de Jésus, nous voulons faire l’œuvre de Dieu et construire le Royaume dans un épanouissement total de nous-même. Dieu nous a donné la liberté pour choisir ce qui est bien pour nous mais il a besoin de notre consentement, de notre oui, qui est dans le Oui du Fils unique. Dieu nous transformera par notre fidélité. La Parole de Dieu nous est donnée pour nous éclairer afin que nous accomplissions la volonté sainte de Dieu qui est notre bonheur.
carmélite, docteur de l'Église