18 Novembre 2020
Alléluia. Alléluia.
C’est moi qui vous ai choisis,
afin que vous alliez, que vous portiez du fruit,
et que votre fruit demeure, dit le Seigneur.
Alléluia. (cf. Jn 15, 16)
Évangile de Jésus Christ selon saint Luc
En ce temps-là,
comme on l’écoutait,
Jésus ajouta une parabole :
il était près de Jérusalem
et ses auditeurs pensaient que le royaume de Dieu
allait se manifester à l’instant même.
Voici donc ce qu’il dit :
« Un homme de la noblesse
partit dans un pays lointain
pour se faire donner la royauté et revenir ensuite.
Il appela dix de ses serviteurs,
et remit à chacun une somme de la valeur d’une mine ;
puis il leur dit :
“Pendant mon voyage, faites de bonnes affaires.”
Mais ses concitoyens le détestaient,
et ils envoyèrent derrière lui une délégation
chargée de dire :
“Nous ne voulons pas que cet homme règne sur nous.”
Quand il fut de retour après avoir reçu la royauté,
il fit convoquer les serviteurs auxquels il avait remis l’argent,
afin de savoir ce que leurs affaires avaient rapporté.
Le premier se présenta et dit :
“Seigneur, la somme que tu m’avais remise
a été multipliée par dix.”
Le roi lui déclara :
“Très bien, bon serviteur !
Puisque tu as été fidèle en si peu de chose,
reçois l’autorité sur dix villes.”
Le second vint dire :
“La somme que tu m’avais remise, Seigneur,
a été multipliée par cinq.”
À celui-là encore, le roi dit :
“Toi, de même, sois à la tête de cinq villes.”
Le dernier vint dire :
“Seigneur, voici la somme que tu m’avais remise ;
je l’ai gardée enveloppée dans un linge.
En effet, j’avais peur de toi,
car tu es un homme exigeant,
tu retires ce que tu n’as pas mis en dépôt,
tu moissonnes ce que tu n’as pas semé.”
Le roi lui déclara :
“Je vais te juger sur tes paroles,
serviteur mauvais :
tu savais que je suis un homme exigeant,
que je retire ce que je n’ai pas mis en dépôt,
que je moissonne ce que je n’ai pas semé ;
alors pourquoi n’as-tu pas mis mon argent à la banque ?
À mon arrivée, je l’aurais repris avec les intérêts.”
Et le roi dit à ceux qui étaient là :
“Retirez-lui cette somme
et donnez-la à celui qui a dix fois plus.”
On lui dit :
“Seigneur, il a dix fois plus !
– Je vous le déclare :
on donnera
à celui qui a ;
mais celui qui n’a rien
se verra enlever même ce qu’il a.
Quant à mes ennemis,
ceux qui n’ont pas voulu que je règne sur eux,
amenez-les ici
et égorgez-les devant moi.” »
Après avoir ainsi parlé,
Jésus partit en avant
pour monter à Jérusalem.
– Acclamons la Parole de Dieu.
La Prière du jour
Esprit-Saint, qui par ta lumière oriente ce monde vers l’amour du Père et accompagnes le gémissement de la création, tu vis aussi dans nos cœurs pour nous inciter au bien.
Pape François
Seigneur ouvre nos cœurs, pour atteindre pour ne plus être des tricheurs de l'amour et être digne de l'enseignement de Notre Seigneur Jésus pour qu'il nous pardonne
Amen
Emounawh
La parabole des talents
Les talents nous sont offerts. Nous avons l'Espérance du Royaume entre les mains. Mais seuls ceux qui choisissent le Seigneur pour Roi, sans annexer pour eux-mêmes le pouvoir, seuls ceux qui ne capitalisent pas leurs talents, en les serrant dans le mouchoir de leur vie terrestre, entreront dans le Royaume des Cieux.
Méditation de l'Evangile du mercredi 18 novembre
Comme Jésus monte à nouveau vers Jérusalem (vers sa Passion, pour Lui, vers la Royauté, pensent beaucoup), la foule trépigne car elle croit pressentir le Règne de Dieu tout proche. Jésus leur raconte alors la parabole des mines et des talents pour détromper leur espérance terrestre, y soulignant cette opposition qui bientôt Le conduira à la croix :
“Nous ne voulons pas que cet homme règne sur nous.” Ce sera le cri des princes des prêtres à Pilate : “Nous n'avons pas d'autre roi que César !”
Voilà donc ce que Jésus met dans la bouche de ses concitoyens, car c'est Lui, évidemment, le Roi qui part pour un pays lointain, le pays de son Père, et toute la parabole n'est que la prédiction de sa Passion, de sa mort, de sa Résurrection et de son lointain retour glorieux. Car Il reviendra. Mais va s'installer d'abord, après son départ, après sa mort, une longue période d'attente.
Non, le retour du Seigneur n'est pas pour demain et n'a rien à voir avec une royauté terrestre, immédiate, qui donnerait l'autonomie à Israël.
Le Royaume de Dieu est parmi nous bien sûr, mais tout autre. Il débute par une période de lutte, dont le Roi semble absent. Retourné près du Père, Il est invisible. C'est le temps de la Foi. Et pourtant, Il a donné ses consignes avant de partir :
“Ayant appelé dix serviteurs qu'il avait, il leur donna dix mines et leur dit : faites-les valoir jusqu'à ce que je revienne” Le mot de Jésus emprunté à la langue du négoce veut dire : “Faites de bonnes affaires”.
Les talents nous sont offerts. Nous avons l'Espérance du Royaume entre les mains. Mais seuls ceux qui choisissent le Seigneur pour Roi, sans annexer pour eux-mêmes le pouvoir, seuls ceux qui ne capitalisent pas leurs talents, en les serrant dans le mouchoir de leur vie terrestre, entreront dans le Royaume des Cieux.
Il s'agit toujours de choisir les chemins difficiles de la liberté chrétienne. Ces chemins ne sont ni ceux du pouvoir ni ceux de la richesse, mais ceux du don de soi-même.
Dans l'ordre surnaturel et du Royaume, notre faible activité humaine, appuyée sur l'amour envers ce Roi lointain, et sur la confiance sans faille de son retour, cette activité se voit comblée par la réponse royale :
“Au lieu de dix mines gagnées, voici dix villes à gouverner”.
Notre train-train quotidien sera transformé en gloire éternelle, si nous avons su rester fidèle au roi lointain, dans la foi :
“Un homme de noble origine s'en alla vers un pays lointain, dans le dessein de recevoir la royauté et de revenir”
Mais celui qui refusera l'amour dans le quotidien perdra irrémédiablement tout car non seulement la seule récompense valable, la vision de Dieu lui échappera, mais il maudira cette vie terrestre vide et mal employée. La phrase de Jésus, dans sa forme passive, indique la stupeur de celui qui réalise brusquement le vide de sa vie et voit que l'essentiel, par sa faute, lui file entre les doigts.
“Je vous le dis : à quiconque possède, on donnera ; mais à qui n'a rien, on enlèvera même ce qu'il a…”
Je trouve d'ailleurs mal traduite la phrase : “Mais à qui n'a rien, on enlèvera même ce qu'il a”. Dieu apparaît, dans le texte français, comme un tyran sadique qui se réjouit de ruiner encore davantage le malheureux à qui échappe la Vie Eternelle. Mais le sens est tout autre dans le texte originel de Jésus : le passif “est enlevé” ne s'applique pas à Dieu, mais à celui qui, dans un retour sur lui-même se rend bien compte que “lui est enlevé“, même la consolation du bonheur terrestre qu'il croyait posséder.
En effet, les plaisirs, les biens, le pouvoir, tout cela n'est vraiment rien que du vent face à la Vie Eternelle qui lui échappe de par sa propre faute. Et cela, il ne le voit que trop clairement.
Père Gabriel
Sainte Teresa de Calcutta
(1910-1997)
fondatrice des Sœurs Missionnaires de la Charité
Il n'y a pas de plus grand amour; textes recueillis par LaVonne Neff ; trad. de l'anglais par J.-Fr. Colosimo; Éd. J.-C. Lattès 1997, p. 80 rev.)
« Puisque tu as été fidèle en si peu de chose, reçois l'autorité sur dix villes »
Quoi que tu fasses, y compris aider quelqu'un à traverser la route, c'est à Jésus que tu le fais. Tu donnes un verre d'eau, et c'est à Jésus que tu l'as donné (Mt 25,35) – petit précepte de rien du tout, et pourtant crucial, toujours plus illuminateur. Nous ne devons pas craindre l'amour du Christ, d'aimer comme il a aimé. Qu'importe si notre travail est modeste, humble ; faisons-le avec l'amour du Christ lui-même.
Aussi beau que puisse être ton travail, sois-en détaché, toujours prêt à y renoncer. Ce que tu fais n'est pas tien. Les talents que Dieu t'a donnés ne sont pas les tiens ; ils t'ont été donnés afin que tu t'en serves pour la gloire de Dieu. Sois généreux et mets en œuvre tout ce qui est en toi pour plaire au bon Maître.
Qu'avons-nous à apprendre ? À être doux et humble (Mt 11,29) ; si nous le devenons, nous apprendrons à prier ; et l'apprenant, nous appartiendrons à Jésus ; et lui appartenant, nous apprendrons à croire ; et croyant, nous apprendrons à aimer ; et aimant, nous apprendrons à servir.
Dédicace des Basiliques Saint Pierre et Saint Paul
« Aussitôt Jésus obligea les disciples à monter dans la barque et à le précéder sur l’autre rive, pendant qu’il renverrait les foules. »
Quand il les eut renvoyées, il gravit la montagne, à l’écart, pour prier.
Le soir venu, il était là, seul. La barque était déjà à une bonne distance de la terre, elle était battue par les vagues, car le vent était contraire. Vers la fin de la nuit, Jésus vint vers eux en marchant sur la mer.
C’est au XIe siècle qu’apparaît dans le martyrologe de Saint-Pierre l’annonce de la dédicace de la basilique, au 18 novembre. Au siècle suivant, les calendriers du Latran et du Vatican ajoutent au même jour la dédicace de Saint-Paul. Jésus a vaincu la mort et le mal, il apaisera la tempête qui secoue encore notre barque. Les épreuves, les tempêtes, et finalement la mort physique ne sont pas épargnées aux croyants. Les eaux sont le symbole des forces du mal et de la mort. La réalité quotidienne est d’affronter les vents contraires et la mer agitée. Jésus domine ces forces du mal, cet évènement est une annonce de la résurrection à venir. Jésus ressuscité est le signe de notre victoire, signe posé dans l’histoire des hommes. Les disciples, pour marcher sur les eaux, ne doivent pas attendre la fin de la tempête qui durera jusqu’à la fin des temps. La présence de Dieu est une présence délicate et ténue qui ne s’impose pas par la force, elle se déploie dans une faiblesse apparente. A la suite de Jésus, les Apôtres Pierre et Paul continuent le même combat.
"En le voyant marcher sur la mer, les disciples furent bouleversés. Ils dirent : « C’est un fantôme. » Pris de peur, ils se mirent à crier. Mais aussitôt Jésus leur parla : « Confiance ! c’est moi ; n’ayez plus peur ! » Pierre prit alors la parole : « Seigneur, si c’est bien toi, ordonne-moi de venir vers toi sur les eaux. » Jésus lui dit : « Viens ! » Pierre descendit de la barque et marcha sur les eaux pour aller vers Jésus. Mais, voyant la force du vent, il eut peur et, comme il commençait à enfoncer, il cria : « Seigneur, sauve-moi ! » Aussitôt, Jésus étendit la main, le saisit et lui dit : « Homme de peu de foi, pourquoi as-tu douté ? » Lorsque Pierre suit Jésus sur les eaux agitées, le vent souffle, mais Pierre ne s’en effraye pas, confiant dans la Parole et l’exemple de Jésus. Mais dès que Pierre prend en considération les forces contraires, il prend peur, et il coule. Jésus doit le saisir par la main pour le sauver de la noyade. La délicatesse de Dieu dans sa présence à nos côtés est remarquable. Il ne s’impose pas face aux puissances de la mort et du mal. Nous suivons Jésus à la suite des apôtres malgré notre pauvreté et notre petitesse. Nous marchons sur les eaux de l’adversité avec la grâce de Jésus, avec la force de l’Esprit Saint. Depuis deux mille ans, la puissance de Dieu est donnée à tous ceux qui mettent leur confiance en Jésus.
« Et quand ils furent montés dans la barque, le vent tomba. » Alors ceux qui étaient dans la barque se prosternèrent devant lui, et ils lui dirent : « Vraiment, tu es le Fils de Dieu ! » En invitant Pierre à le suivre, Jésus l’invite à participer à sa victoire sur la mort et le mal. Nous faisons confiance à la Parole de Jésus, à son invitation à participer dès ici-bas à sa victoire. Jésus le premier a traversé la mort sans être englouti par les eaux. La puissance de vie de Jésus ne s’impose pas avec fracas sur les puissances de mort. Jésus marche sur les eaux. Il est le maître de la vie, il connaît la puissance de vie qui l’habite. Il laisse la mer et le vent se déchaîner car ils ne peuvent rien contre lui. Ainsi, Jésus nous assure que nous aussi, avec lui, nous traverserons les eaux de la mort. Nous aurons, nous aussi, à marcher sur des eaux agitées et à affronter des vents contraires. C’est quand Jésus sera monter dans notre barque que nous serons vainqueur avec lui. Nous comprenons que Pierre ait douté de sa capacité à résister aux éléments qui se déchaînaient contre lui. En Jésus réside la plénitude de la divinité, et rien ne peut l’engloutir. Marcher sur les eaux, signifie pour nous la rencontre de Jésus dans le quotidien au temps de l’Eglise.
Nous demandons à Jésus de nous envelopper de sa tendresse pour que nous n’ayons rien à craindre dans la mission qu’il nous donne.
Père Gilbert Adam
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