Toldot et Pas seul: redéfinir l’adversité 1977 par Eli Rubin
20 Novembre 2020
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Toldot
Zoom sur le Farbrenguen des Chlou’him
Chers amis,
Comme nous vous le disions la semaine dernière, mercredi dernier a commencé le Congrès International des Émissaires du Rabbi. Cette année, nous disions-vous, est particulière, car le congrès s’est tenu en ligne du fait des mesures sanitaires qui a empêché les participants de se rassembler au Quartier Général du mouvement ‘Habad-Loubavitch à New York. Le programme fut néanmoins complet : des ateliers, des séances de formation, des séances plénières, des rétrospectives et des présentations émouvantes, et bien sûr le « grand banquet » transformé cette année en « grand événement en ligne », avec invités d’honneur, musique et la traditionnelle « danse spontanée », chacun chez soi.
Mais il semblait bien que le moment le plus savoureux de cette expérience annuelle allait manquer : lefarbrenguendes Chlou’him post-banquet, où, jusqu’au lendemain matin, les milliers d’émissaires se rassemblent au 770 et échangent dans la chaleur ‘hassidique des mots d’inspiration et d’espoir, des mots du cœur et de l’âme, entrecoupés delé’haïmset de chants.
Traduire le mot « farbrenguen » n’est pas évident. On le rend en général par « réunion ‘hassidique » ou « rassemblement ‘hassidique », mais son sens premier en yiddish estfarbrenguen dem tseit, « passer le temps ». En hébreu, le terme est « hitvaadout », qui signifie « rencontre ». L’essentiel étant qu’à l’issue de ce temps et de cette rencontre, on soit quelqu’un de transformé, chargé de forces nouvelles, d’une vision nouvelle de soi-même, de sa mission dans le monde et de sa capacité à la remplir, et d’un enthousiasme de vainqueur. Comme le dit le dicton ‘hassidique : les paroles qui sortent du cœur pénètrent le cœur.
Rabbi Yossef Its’hak, le Rabbi précédent, a écrit dans une célèbre lettre de 1941 :
« La véritable mise en pratique de la Torah est lefarbrenguen‘hassidique, car lorsqu’il est mené tel que l’ont fait les anciens parmi les ‘hassidim dans chaque génération, on y raconte des histoires de tsadikim et de ‘hassidim avec la morale qui en découle, on explique la leçon qu’il convient d’en retirer et on s’éveille concrètement en fonction de l’enseignement de ces histoires, éveil qui, dans une mesure non négligeable, se concrétise tant dans le comportement consistant à “s’éloigner du mal” que dans celui consistant à “faire le bien”. C’est pourquoi nos pères, les Rabbis de ‘Habad et les éminents tsadikim, Rabbis de la ‘hassidout générale, ont toujours eu une grande affection pour lefarbrenguen‘hassidique et les récits qui y sont faits. »
Lafarbrenguentraditionnel des Chlou’him n’a donc pas eu lieu cette année.
Mais essayez d’enlever aux ‘hassidim ce qui fait la sève de leur vie, et vous verrez jaillir des forces de l’âme comme jamais.
Comme pour le reste, les organisateurs du congrès se sont tournés vers les solutions en ligne. C’est ainsi qu’à l’issue du Chabbat dernier en Australie, a débuté unfarbrenguensur Zoom qui, à mesure que le Chabbat s’achevait a réuni des milliers de Chlou’him du Rabbi dans le monde entier.
À l’heure où j’écris ces lignes, ce jeudi soir, cefarbrenguendure encore, avec 922 participants connectés. Pour ceux qui aiment les records, celui du plus long Zoom, anciennement de 23 heures et 39 minutes consécutives, a été pulvérisé, le Zoom des Chlou’him cumulant près de 140 heures ininterrompues.
Puisse cette extraordinaire manifestation d’unité autour de la mission du Rabbi de sanctifier le monde et de le préparer à la venue imminente de Machia’h mener immédiatement à l’aboutissement de cette mission.
Chabbat Chalom !
Emmanuel Mergui
au nom de l’équipe éditoriale de Chabad.org
Pas seul:
redéfinir l’adversité
1977
par Eli Rubin
Le lien profond
entre le Rabbi
et tous ses
‘hassidim était
le plus manifeste
pendant le mois
festif de Tichri.
De Terre Sainte, d’Europe et d’Australie, les
‘hassidim voyageaient en masse pour vivre
ces jours exceptionnels de solennité et de
joie en présence du Rabbi. Pendant les deux
jours de Chemini Atséreth et de Sim’hat Torah,
lorsque le Rabbi dansait dans la synagogue
avec les rouleaux de la Torah, la joie atteignait
son paroxysme.1
La veille de Chemini Atséreth, le Rabbi avait
pour habitude de distribuer du gâteau au
miel à des milliers d’hommes, de femmes et
d’enfants qui venaient recevoir sa bénédiction
pour une douce nouvelle année. 1977 ne
semblait pas différente. Mais l’épouse du Rabbi,
la Rabbanit ‘Haya Mouchka, sentit que quelque
chose n’allait pas. Elle fit part de son inquiétude
au secrétariat du Rabbi et leur demanda d’alléger
son fardeau et de ne pas prolonger la danse ce
soir-là.2
Au milieu de la danse, le visage du Rabbi devint
soudain pâle et ses gestes perdirent de leur
vigueur. Il s’assit, se pencha lourdement en arrière
sur sa chaise et ferma les yeux. Visiblement,
quelque chose n’allait pas et les ‘hassidim
évacuèrent rapidement la synagogue. Le pouls du
Rabbi fut pris et on lui offrit un verre d’eau. Mais
le Rabbi indiqua stoïquement que la danse devait
continuer. Il fut déterminé plus tard qu’il avait subi
une grave crise cardiaque, mais cela ne l’empêcha
pas d’achever la dernière danse avec son beau-frère,
le Rav Shmaryahu Gurary, tout en tenant un
rouleau de la Torah.
Il avait subi une grave crise cardiaque, mais cela ne l’empêcha pas d’achever la dernière danse avec son beau-frère.
Devant le courage du Rabbi et son refus catégorique de se rendre à l’hôpital, les médecins qui le soignaient ne savaient pas quoi faire. Vers 5 heures du matin, ils envisagèrent de lui administrer un sédatif et de l’hospitaliser contre son gré, mais la Rabbanit s’y opposa. De toutes les années depuis qu’elle le connaissait, dit-elle, « il n’y a jamais eu un instant où il n’a pas été en contrôle total de lui-même ». Puis elle se tourna vers le secrétaire du Rabbi, le Rav Yehouda Krinsky : « Vous connaissez tellement de gens. Ne pouvez-vous pas trouver un médecin pour mon mari ? »3
Le Rav Krinsky appela le Dr Ira Weiss, un cardiologue basé à Chicago. Le Dr Weiss contacta le Dr Louis Teichholz et lui demanda de se précipiter auprès du Rabbi et lui-même prit immédiatement un avion pour New York. « Sur une échelle de dix, déclara plus tard le Dr Weiss, le Rabbi a eu la crise cardiaque complète de “dix”... à même de causer des dommages si étendus que dans le cadre de l’expérience médicale normale de n’importe quel praticien, on s’inquiéterait de la possibilité de survie. »4
Pas une seule fois le Rabbi ne se plaignit de la douleur physique qu’il souffrait, mais dès le début, il exprima son angoisse face à la séparation forcée d’avec ses ‘hassidim. Chaque Sim’hat Torah le Rabbi tenait un Farbrenguen, partageant avec l’assistance la sagesse et l’inspiration de la Torah, et se réjouissant avec ses ‘hassidim, et il ne voulait pas que cette année soit différente. Mais pour le Dr Weiss c’était totalement exclus. « Il est clair comme de l’eau de roche, a-t-il dit, que l’on ne peut pas sortir dans cet état de crise cardiaque pour aller faire un Farbrenguen. » À la place, il laissa le Rabbi diffuser un Farbrenguen de vingt minutes depuis son bureau au 770, après la fin de la fête.5
De manière frappante, le Rabbi profita de cette occasion pour présenter la situation sous un jour positif. « Pour quelque raison, commença le Rabbi, nous parlons après la conclusion de la fête, ce qui nous permet d’utiliser les médias pour communiquer ce que nous disons même dans des endroits éloignés – physiquement lointains, mais évidemment spirituellement proches, ce qui est le principal parmi les Juifs, dont l’âme est l’essentiel et le corps secondaire… C’est ainsi que se forge un attachement, un lien, une unité, entre tous ceux qui entendent ce discours… » Bien qu’il sembla que les circonstances aient séparé de force le Rabbi et les ‘hassidim, en vérité, affirmait-il, ils étaient alors encore plus étroitement liés.
L’optimisme du Rabbi ne laissait aucune place à l’autosatisfaction. Et il ne faisait pas non plus abstraction de la réalité de la situation.
Bien qu’à la fin de la période des fêtes, les ‘hassidim allaient tous retourner dans leurs propres communautés et à leurs propres occupations, le Rabbi souligna qu’ils resteraient spirituellement unis de par leur engagement commun aux études quotidiennes de Torah qu’il encourageait, et aux campagnes des mitsvot qu’il avait lançées. À la fin des vingt minutes allouées, l’émotion dans la voix du Rabbi s’intensifia, et il pria pour que leurs actions conduisent à la Rédemption ultime et au rassemblement des exilés « avec grâce et miséricorde, une bonté apparente et révélée, très rapidement ».6
Cette réponse du Rabbi devant l’adversité était caractéristique. L’optimisme du Rabbi ne laissait aucune place à l’autosatisfaction. Et il ne faisait pas non plus abstraction de la réalité de la situation. Il croyait fermement que D.ieu fait tout pour le bien. Mais jusqu’à l’ère messianique, ce bien est trop souvent caché, et il incombe à l’humanité de le découvrir. Dans les aspects de l’expérience humaine où les autres ne trouvaient que le désespoir, le Rabbi recherchait la dimension positive et utilisait un langage positif pour la souligner.7
Le premier jour du mois de Kislev (« Roch ‘Hodech »), après seulement trente-huit jours de convalescence, le Rabbi retourna à la vie publique. « Au cours des quinze années suivantes, a déclaré le Dr Weiss, le Rabbi fut en pleine possession de ses forces. » Jusqu’à aujourd’hui, les ‘hassidim célèbrent Roch ‘Hodech Kislev comme le jour où ils furent réunis avec leur Rabbi « avec grâce et miséricorde, une bonté apparente et révélée ».8
« Le chemin du ‘hassidisme... est le grand accomplissement divin que le Rabbi n’est pas seul et les ‘hassidim ne sont pas seuls. »9
Mme Baila Olidort, Entretien avec Dr Weiss, initialement publié sur Lubavitch.com. Un article sur l’état du Rabbi et la diffusion du farbrenguen fut également été publié par la Jewish Telegraphic Agency et peut être consulté ici.
Lorsque l’un des médecins utilisa une seringue et une aiguille pour prélever un échantillon de sang le jour suivant la crise cardiaque, le Rabbi souligna que ce n’était pas l’aiguille qui aspirait le sang mais le vide dans la seringue. “Le vide n’est pas sans valeur. Au contraire, le vide a le pouvoir d’attirer avec une force accrue et est donc un véhicule pour tous les sujets de bien et de sainteté.” Il dit ensuite que, puisqu’il ne serait pas en mesure de prononcer un “sermon”, ce message devrait être répété aux ‘hassidim en son nom. Voir Seligson, Ibid.
Quelques semaines plus tard, les médecins lui permirent de participer à un farbrenguen, mais utilisèrent un système de surveillance à distance prêté par la NASA pour le garder sous surveillance pendant ce temps. Voir le témoignage du Dr Weiss, ici.