28 Janvier 2021
Le Saint du Jour est une liste quotidienne des Saints gardés dans la mémoire de l'Église. Les histoires des maîtres de la vie chrétienne de tous les temps qui comme des phares radieux orientent notre chemin.
Saint Thomas d'Aquin naquit au château de Rocca-Secca, près de la petite ville d'Aquino, dans le royaume de Naples, l'année qui vit descendre au tombeau saint François d'Assise, et saint Louis monter sur le trône de France. Il fut le plus grand homme de son époque et l'une des plus éclatantes lumières de l'Église dans tous les temps.
Un fait charmant de son enfance nous montre déjà en lui le prédestiné de Dieu. Il était encore au berceau, quand un jour sa nourrice voulut lui ôter de la main un papier qu'il tenait; mais l'enfant se mit à crier. La mère survint; piquée de curiosité, elle arrache enfin de force le papier des mains de son fils, malgré ses cris et ses larmes, et elle voit avec admiration qu'il ne contient que ces deux mots: Ave, Maria.
Devenu plus grand, Thomas fut élevé au Mont-Cassin, non loin du château familial, dans la célèbre école des Bénédictins, et à l'âge de dix-huit ans, malgré ses parents, il entra chez les Dominicains, à Naples.
Sa noble et toute-puissante famille fit une guerre acharnée à sa vocation; on employa tout pour le perdre. Arraché à son monastère, il fut jeté en prison dans une tour du château paternel, et on introduisit près de lui une courtisane pour amollir son coeur. Thomas, sans défense, saisit dans le foyer un tison enflammé et la mit en fuite. Il se jeta ensuite à genoux et s'endormit; pendant son sommeil, il vit les anges descendre du Ciel pour le féliciter et lui ceindre les reins, en lui disant: "Recevez de la part de Dieu le don de chasteté perpétuelle." Son confesseur put déclarer après sa mort que Thomas était mort aussi pur qu'un enfant de cinq ans.
Victorieux de tous les obstacles, il put enfin suivre sa vocation et fit d'immenses progrès dans les sciences. Silencieux au milieu de la foule des étudiants, ne conversant qu'avec Dieu, il avait reçut le surnom de Boeuf muet, mais son professeur dit un jour de lui, en public: "Vous voyez ce boeuf que vous appelez muet, eh bien! il fera retentir bientôt tout l'univers de ses mugissements." Cette parole était prophétique. D'élève devenu le premier des maîtres, il illustra toutes les universités où l'obéissance le conduisit pour enseigner.
Le plus grand des miracles de sa courte vie de quarante-huit ans, ce sont les ouvrages incomparables et immenses qu'il trouva le temps d'écrire au milieu d'accablantes occupations. Les admirables hymnes de la fête du Très Saint-Sacrement sont l'oeuvre de ce grand Docteur, dont la piété égalait la science.
Il entendit un jour Jésus-Christ lui adresser, du fond du Tabernacle, cette parole célèbre: "Tu as bien écrit de Moi, Thomas. Quelle récompense désires-tu recevoir?" Et le Saint, pénétré d'amour, s'écria: "Point d'autre que Vous, Seigneur!" Ce grand docteur fut l'ami de saint Louis et le bras droit des Papes.
Abbé L. Jaud, Vie des Saints pour tous les jours de l'année, Tours, Mame, 1950
Saint Pierre Nolasque naquit d'une illustre famille, près de Carcassonne, en France, à la fin du XIIe siècle. Il excella, toute sa vie, dans la pratique de la charité à l'égard du prochain. On raconte qu'en présage de cette vertu, lorsqu'il était encore au berceau, un essaim d'abeilles vint construire un rayon de miel dans sa main droite. Dès son adolescence il perdit ses parents.
L'hérésie des Albigeois ravageait alors le Midi de la France. Pour s'y soustraire, il vendit son patrimoine, et se retira en Espagne, où il était appelé par le roi Jacques d'Aragon. Il se rendit ensuite à Barcelone, et y consacra toute sa fortune au rachat des captifs enlevés sur mer par les Sarrasins. Mais le sacrifice de ses biens ne suffisait pas à sa charité. Il voulait encore se vendre lui-même pour délivrer ses frères et se charger de leurs chaînes. Dieu lui fit connaître combien ce désir Lui était agréable. Une nuit qu'il priait en songeant à la délivrance des captifs, la Sainte Vierge lui apparut et lui recommanda d'établir, en Son honneur, un Ordre religieux consacré à cette œuvre de charité. Il s'empressa d'obéir à cet avertissement céleste, d'autant plus que le roi et Raymond de Pennafort avaient reçu en même temps la même révélation.
Il fonda l'Ordre de Notre-Dame de la Merci pour la Rédemption des Captifs. Le caractère particulier de cet Ordre, c'est qu'il joignait aux trois voeux ordinaires de Religion un quatrième vœu: celui de se livrer en gage aux païens, s'il en était besoin, pour la délivrance des chrétiens.
A cet exemple héroïque de charité il joignait celui de toutes les vertus. Favorisé du don de prophétie, il prédit au roi d'Aragon la conquête du royaume de Valence sur les Maures. Il était soutenu par de fréquentes apparitions de son Ange Gardien et de la Vierge Mère de Dieu.
Enfin, accablé par l'âge, le travail et la pénitence, il reçut l'avertissement de sa mort prochaine. Lorsqu'on lui eut administré les derniers sacrements, il exhorta encore ses frères à la charité envers les captifs. Puis, en disant ces paroles: "Le Seigneur a envoyé la Rédemption à Son peuple," il rendit son âme à Dieu, au milieu de la nuit de Noël, l'an 1256.
Abbé L. Jaud, Vie des Saints pour tous les jours de l'année, Tours, Mame, 1950