Ecoles ouvertes, jauge dans les commerces à revoir, toute l'Ile-de-France concernée… On commence à y voir plus clair sur le confinement qui pourrait être instauré à Paris, si les recommandations d'Anne Hidalgo, la maire (PS) de la capitale, sont retenues par l'Etat.
Jeudi soir, Emmanuel Grégoire a annoncé, à la surprise générale, qu'elle comptait demander à la préfecture la mise sous cloche de la ville pour trois semaines. Le seul moyen, selon le premier adjoint, d'enrayer la propagation du Covid-19. Car à ses yeux, « le couvre-feu, qui ressemble à un semi-confinement de fait, ne suffit pas à tasser la courbe » des contaminations au coronavirus. « Il faut maintenant prendre des décisions courageuses. »
L'élu était toutefois demeuré très flou sur les contours du confinement souhaité. Emmanuel Grégoire, partisan d'une version assouplie, ou au contraire de règles strictes, avec les établissements scolaires fermés ? « Tout est sur la table », répondait-on alors à l'Hôtel de Ville.
Une révision des jauges dans les commerces ?
Ce vendredi matin, au côté d'Anne Souyris, adjointe chargée de la santé publique, il a tenu à lever quelques doutes lors d'une conférence de presse organisée à la hâte, la veille au soir, face à l'émoi suscité par ses déclarations. Peut-être jusqu'au sein même de son camp… Son tweet annonçant une demande de confinement à Paris ayant été très vite retiré.
« Il faut sortir de l'approche binaire. Ce n'est pas confinement ou pas confinement. Il y a des degrés différents. Celui de mars n'est pas celui de novembre », a-t-il souligné, précisant qu'il ne demandait pas une telle mesure mais qu'il la proposait en cas de dégradation de la situation sanitaire. Se dessine clairement la volonté de laisser les établissements scolaires ouverts, mais après en avoir discuté avec les scientifiques, afin d'affiner la proposition.
Quant aux commerces, sans être précis, l'adjoint a ouvert la porte à une révision des jauges pour savoir quels types de commerces pourraient rester ouverts ou non.
Enfin, pourquoi trois semaines ? « C'est le temps qui permet d'observer les résultats de la mesure. J'espère que nous n'aurons pas besoin de nous projeter dans un confinement plus long. »
« On ne va pas faire disparaître l'épidémie en trois semaines »
Certainement pas de quoi convaincre l'opposition municipale. Nelly Garnier (LR), porte-parole du groupe Changer Paris, mené par Rachida Dati, regrettait jeudi soir un manque de concertation : « Il est anormal d'apprendre pareille décision par voie de presse ». Surtout, selon l'élue, « l'expérience nous a montré qu'on ne va pas faire disparaître l'épidémie en trois semaines ».
Et son groupe d'appuyer, dans un communiqué publié dans la soirée : « Dans le même temps, la pauvreté, le désarroi des Parisiens, les faillites en cascade, le décrochage scolaire et universitaire sont à un niveau sans précédent. »
Tous les Républicains ont couru les plateaux télé pour faire passer le message et critiquer une décision selon eux politique, destinée « avant tout à s'opposer à Emmanuel Macron » dans l'optique de l'élection présidentielle à venir.
Les membres parisiens de la République en marche sont d'ailleurs venus au secours de Jean Castex, le Premier ministre, après qu'il a déclaré mettre sous surveillance renforcée 20 départements, dont Paris, mais sans prendre de nouvelles mesures sanitaires pour autant.
VIDÉO. Covid-19 : la carte des 20 départements placés sous « surveillance renforcée »
« Je ne comprends pas le mouvement de panique d'Emmanuel Grégoire, regrettait ainsi Sylvain Maillard, député LREM de Paris. Le confinement ne doit être que l'ultime recours. Il y a une batterie de mesures possibles avant cela. Comme ce qui est expérimenté à Nice. Ou baisser encore la jauge dans les magasins. »
Des mesures insuffisantes, donc, aux yeux d'Anne Hidalgo, qui doit remettre ses propositions au préfet mercredi prochain. Ou plus tôt, si la situation sanitaire continue de se dégrader.