18 Mars 2021
Huitième jour :
saint Joseph, un père dans l'ombre
Extrait de la lettre apostolique Patris Corde
L'écrivain polonais Jan Dobraczyński, dans son livre L'ombre du Père, a raconté la vie de saint Joseph sous forme de roman. Avec l'image suggestive de l'ombre, il définit la figure de Joseph qui est pour Jésus l'ombre sur la terre du Père Céleste. Il le garde, le protège, ne se détache jamais de lui pour suivre ses pas.
Méditation du jour :
Etre père n'est pas inné. On le devient en prenant soin de son enfant. Plus largement, en assumant la responsabilité de la vie d'un autre, nous exerçons une paternité.
Le monde d'aujourd'hui a besoin de ‘Pères'. Nous avons besoin de pères serviteurs, remplis de charité et de force.
Même l'Eglise d'aujourd'hui a besoin de pères. Chaque prêtre ou évêque devrait pouvoir dire comme saint Paul: "C'est moi qui, par l'Evangile, vous ai engendrés dans le Christ Jésus".
Que signifie donc être père ? Cela veut dire introduire l'enfant à l'expérience de la vie, à la réalité. C'est encore ne pas le retenir, l'emprisonner, le posséder mais le rendre capable de choix, de liberté, de départ, comme nous le rappelle le Pape François.
La tradition parle de Joseph comme ‘très chaste'. Qu'est-ce que la chasteté ? C'est le fait de se libérer de la possession dans tous les domaines de la vie, et notamment de laisser l'autre libre. C'est seulement quand un amour est chaste qu'il est vraiment amour. L'amour qui veut posséder devient toujours à la fin dangereux, il emprisonne, étouffe, rend malheureux. Dieu lui-même a aimé l'homme d'un amour chaste, en le laissant libre même de se tromper et de se retourner contre lui. La logique de l'amour est toujours une logique de liberté, et Joseph a su aimer de manière extraordinairement libre. Il ne s'est jamais mis au centre. Il a su se décentrer, mettre au centre de sa vie Marie et Jésus.
Par ailleurs, le bonheur de Joseph n'est pas dans la logique du sacrifice de soi, mais du don de soi. On ne perçoit jamais en cet homme de la frustration, mais seulement de la confiance. Toute vraie vocation naît du don de soi qui est la maturation du simple sacrifice. Ce type de maturité est demandé même dans le sacerdoce et dans la vie consacrée. Là où une vocation matrimoniale, célibataire ou virginale n'arrive pas à la maturation du don de soi en s'arrêtant seulement à la logique du sacrifice, alors, au lieu de se faire signe de la beauté et de la joie de l'amour elle risque d'exprimer malheur, tristesse et frustration.
Chaque enfant est un mystère qui doit se déployer grâce à l'ombre du père qui le laisse poursuive son chemin. Un père qui est conscient de compléter son action éducative et de vivre pleinement la paternité seulement quand il s'est rendu "inutile", quand il voit que l'enfant est autonome et marche tout seul sur les sentiers de la vie, quand il se met dans la situation de Joseph qui a toujours su que cet Enfant n'était pas le sien mais avait été simplement confié à ses soins.
Chaque fois que nous nous trouvons dans la condition d'exercer la paternité, nous devons nous rappeler qu'il ne s'agit jamais d'un exercice de possession, mais d'un "signe" qui renvoie à une paternité plus haute...une ombre de l'unique Père céleste qui "fait lever son soleil sur les méchants et sur les bons, et tomber la pluie sur les justes et sur les injustes" (Mt 5, 45) ; et une ombre qui suit le Fils.
Prions saint Joseph :
Ô saint Joseph, nous te confions tous les pères de famille avec cette grande responsabilité de faire grandir leurs enfants en s'effaçant !
Ô saint Joseph, apprends-nous à être des hommes et des femmes chastes !
Ô saint Joseph, soutiens les évêques et les prêtres qui ont une mission de paternité auprès des fidèles !