30 Mai 2021
St Ferdinand
Ferdinand III, le Saint, est un roi de Castille et Léon, né en 1199, mort le 30 mai 1252. Il était fils d'Alonso IX (Alphonse IX) de Léon et de Berenguela (Bérengère) de Castille, fille d'Alonso VIII le Noble. Son éducation, donnée par sa mère, rappelle celle de saint Louis.
« Cette noble reine conduisit toujours ce sien fils D. Fernando vers les bonnes coutumes et bonnes oeuvres, et lui donna son lait et l'éleva très doucement, de telle sorte qu'encore qu'il fût homme accompli, la reine doña Berenguela, sa mère, ne cessait pour cela de lui enseigner ardemment toutes choses plaisantes à Dieu comme aux hommes. » (Chronique générale).
Après la mort d'Enrique Ier, elle le fit venir en Castille et proclamer roi dans Valladolid, lui cédant tous ses droits au trône (1217). Il fut reconnu par la noblesse et le clergé; les Lara seuls résistèrent. Leur chef, Alvaro Nuñez, tombé entre les mains du roi, fut remis généreusement en liberté, à la condition de restituer toutes les forteresses qu'occupait encore son parti.
Pendant que les seigneurs de Castille guerroyaient entre eux, Alonso IX de Léon attaquait son propre fils et cherchait à lui arracher un royaume qu'il considérait comme devant lui revenir en vertu de son ancien mariage avec l'infante de Castille, doña Berenguela (Innocent III avait cependant annulé leur union en 1209). Cette guerre entre le père et le fils se réduisit à des surprises et à des incursions de frontières dans lesquelles le peuple était rudement foulé de part et d'autre.
Le pape Honorius III intervint en faveur de Ferdinand, et les rebelles, menacés d'excommunication, se soumirent l'un après l'autre; Alonso IX renonça à ravager la Castille pour attaquer les Maures, Nuñez de Lara mourut, et Ferdinand devint roi de Léon à la mort de son père (1230). Il réunissait ainsi les deux couronnes que le temps ne devait plus séparer dans la suite.
Libre enfin du côté de la Castille et Léon, il porta tous ses efforts contre les Maures, divisés entre eux, toujours en lutte les uns avec les autres. Depuis la journée de Las Navas de Tolosa (1212) où les chrétiens réunis avaient brisé la puissance almohade, l'Iislam subissait un formidable recul. Il n'attaquait plus, mais cherchait seulement à conserver le sud de l'Espagne. Maintenir la frontière était tout ce que pouvaient espérer les émirs désunis et sans cesse assaillis. Jayme d'Aragon, le roi Conquistador, venait de prendre Majorque et menaçait Valence.
Pour la première fois, la lutte était égale. Ferdinand (Ferdeland, comme l'appelaient les Maures) entra dans le royaume de Cordoue; on ravageait les champs et brûlait les villes. Les Castillans prirent d'assaut Balma : massacre des habitants. Alvar Perez de Castro poussa jusqu'au Guadaleté où jadis fut vaincu le Wisigoth Roderic. Poursuivi par Ben Hud, roi de Cordoue, il s'arrêta, cerné par l'armée musulmane, « multitude qui couvrait les monts et les plaines » (Conde). Près d'en venir aux mains, Alvar Perez dit à ses quinze cents hommes :
« La mer est derrière vous, l'ennemi en face; point d'autre secours que le ciel. Allons mourir et nous venger ! »
Les Castillans massacrèrent leurs prisonniers et s'ouvrirent un chemin à coups d'épée (1233). Le wali d'Ubeda rendit la ville à Ferdinand; les infidèles obtinrent la vie (1235). La même année, les Portugais reprenaient les châteaux des Algarves, sans que les Musulmans aient pu s'unir pour résister. L'Islam était pressé partout. Les garnisons d'Ubeda et d'Andujar apprirent par des prisonniers que l'ennemi gardait mal Cordoue. Trois chevaliers, Domingo Muñoz, Benito de Baños et Alvaro Codro, avec leurs hommes, escaladèrent la muraille de nuit et s'emparèrent d'un faubourg et d'une tour (23 décembre 1235). Attaqués à l'aurore, ils se maintinrent et repoussèrent tous les assauts. Un messager vint annoncer la nouvelle à Ferdinand, comme il se mettait à table, en la cité de Benavente, au royaume de Léon. « Quiconque est mon ami et bon vassal me suive », dit-il aux fidalgos (hidalgos) présents. Sur ces mots, il monta à cheval et galopa vers Cordoue. Dans tous les lieux où il passait, il ordonnait au peuple de marcher à sa suite.
Il franchit ainsi 300 milles, en plein hiver, à travers les neiges et les torrents. Calatrava, Alcàntara, Santiago accouraient. Ben Hud arrivait de son côté, mais, apprenant à Ecija que Ferdinand l'avait devancé, il envoya un chevalier galicien, Lorenzo Suarez, banni de Castille pour exactions, reconnaître les forces de l'ennemi. Suarez rapporta que l'armée chrétienne était innombrable; l'émir abandonna Cordoue et partit arrêter Jayme d'Aragon du côté de Valence. Les Cordouans combattirent sur les places et dans les rues, soutenus par l'espérance d'être secourus. Ils se rendirent enfin. La seule grâce qu'ils obtinrent fut d'avoir la vie sauve. Ils durent quitter leurs maisons. Leurs biens étaient confisqués. (1236 ou 633 de l'hégire). La mosquée d'Abd-er-Rahman devint cathédrale, et des prisonniers maures rapportèrent à Saint-Jacques de Compostelle les cloches enlevées jadis par Al-Mansour, en 994. Baeza, Almodovar, Ecija tombèrent aux mains des Castillans. Des populations entières, chassées par les vainqueurs, refluèrent vers Grenade et l'Andalousie. Jamais, depuis la prise de Tolède, aux jours d'Alonso le Brave, l'Islam ibérique n'avait éprouvé désastre pareil.
En 1238, Ben Hud avait été traîtreusement étranglé par le wali d'Almeria, Abd-er-Rahman, comme il allait secourir Valence. La résistance des musulmans faiblit. L'infant don Alonso, fils de Ferdinand (Alfonso ben Ferdeland), s'empara du royaume de Murcie (1242). Les habitants furent traités avec douceur. A son entrée dans la ville de Murcie, nombre d'alcaydes et de walis l'accompagnaient et lui rendirent hommage, le reconnaissant ainsi pour seigneur. Carthagène, Mula et Lorca refusèrent de se soumettre. Il fallut deux ans pour les réduire. Cette conquête arrêtait l'agrandissement de l'Aragon vers le Sud.
Pendant ce temps, les chrétiens de la frontière pénétraient en Andalousie, pillaient la campagne autour de Jaen et s'emparaient d'Arjona. Ils poussèrent ensuite jusque de vant Grenade, sans que rien pût arrêter leur marche. La Vega fut saccagée. Trop faibles pour entreprendre un siège et manquant de machines, ils furent repoussés par Mohammed ben Alahmar, qui les attaqua avec 3000 cavaliers et leur reprit l'immense butin qu'ils avaient fait. Malgré ces revers, l'infatigable Ferdinand arriva devant Jaen, défendue par Abu-Omar Ali ben Muza. Durant ce siège, les Castillans détruisirent tout aux environs. Ils tuaient ou capturaient les infidèles. Mohammed, qui cherchait à secourir la place, perdit une bataille et s'enfuit. En dépit des pluies et de l'acharnement des Maures, la constance des assiégeants ne faiblissait pas.
C'est alors que le roi de Grenade se présenta tout à coup devant Ferdinand, livrant au vainqueur sa personne et ses terres. Il lui baisa les mains en signe d'obéissance et se déclara son vassal. Le Castillan accepta l'hommage et laissa son royaume au vaincu en échange d'un tribut annuel de 50,000 pièces d'or. Mohammed devait siéger aux Cortès et servir son suzerain avec un contingent de cavalerie. Jaen fut occupée par une garnison espagnole (1245). La dernière possession des Almohades, Séville, restait encore à reconquérir. Sommé de tenir les engagements pris, Mohammed vint aider Ferdinand à la tête de 500 cavaliers maures, et reçut en don la première ville prise dans cette guerre, Alcala de Guadaira. On arracha les vignes et les oliviers jusqu'aux environs de Jerez. Les Musulmans préférèrent se déclarer tributaires de leurs ennemis que de voir détruire les cultures et raser les huertas. Carmona et Constantina forcèrent leurs walis à demander grâce. Les Grenadins obtinrent la soumission de Lorca. Obligé d'aider lui-même à la ruine de l'islam, Mohammed chercha du moins à rendre la lutte moins féroce. Sur sa demande, Ferdinand consentit à épargner les femmes et les enfants dans les villes emportées par l'épée; la vie fut accordée à quiconque mettrait bas les armes.
L'émir envoyait sommer les forteresses avant l'assaut; il écrivait aux walis pour les engager à cesser la résistance; maintes places furent ainsi gagnées. Devant Alcalà del Rio, les Castillans, rompus dans une sortie furieuse des assiégés, durent la victoire aux cavaliers grenadins; plus agiles sous leur haubert de fines mailles, ils chargèrent les Almohades, dégagèrent la lourde chevalerie chrétienne et rétablirent le combat. Grâce aux conseils de l'émir, Alcala del Rio se rendit. Cette guerre de sièges et de dévastations repoussait lentement les Almohades vers Séville; toutes les garnisons se repliaient sur la capitale qu'Abou-Hassan se préparait à défendre avec les secours du Maroc.
Le 20 août 1247, Ferdinand, suivi de Mohammed ben Alahmar, commença l'attaque de Séville par terre et par mer. Une flotte almohade gardait l'embouchure du Guadalquivir; les vaisseaux de Ramon Bonifaz la détruisirent et rompirent le pont de bateaux par lequel la ville communiquait avec le château d'Atrayana (Triana). L'hiver entier passa en combats autour des murs. Au printemps, l'infant don Alonso arriva devant Séville avec de nouvelles troupes, suivi par le comte d'Urgel et l'infant de Portugal. Lope de Haro amena ses Basques; les hommes de Galice vinrent avec l'archevêque de Saint-Jacques; la Catalogne et l'Aragon envoyèrent leurs chevaliers et les couvents leurs moines. Deux faubourgs furent emportés par les chrétiens après une horrible tuerie. Les assiégés n'en résistèrent pas moins à tous les assauts. Leurs engins lançaient des flèches énormes qui traversaient d'outre en outre les chevaux couverts de fer. On assure, mais la chose est douteuse, que les Almohades se seraient servis d'artillerie. (Les historiens arabes, traduits par Antonio Conde, parlent bien de machines étranges, mais rien ne prouve qu'il s'agisse de canons).
Les vivres n'entraient plus depuis longtemps. Les alcaydes vinrent au camp chrétien traiter avec Ferdinand. Abou-Hassan lui remit les clefs (22 décembre 1248). Aux termes de la capitulation, les Musulmans pouvaient rester dans la ville et conserver tous leurs biens; ils né devaient d'autre tribut que celui qu'ils payaient à leurs rois. S'ils désiraient abandonner le pays, ils en étaient libres; on leur fournissait même des vaisseaux ou des bêtes de somme pour emporter leur avoir. La plupart, craignant la persécution, quittèrent Séville et s'établirent au royaume de Grenade; d'autres s'embarquèrent pour l'Afrique avec Abou-Hassan. 400,000 personnes s'expatrièrent, suivant une approximation probablement exagérée (100,000 seulement, dit Mariana). Les juifs sortirent avec les Maures, et la ville resta presque dépeuplée.
Le triste Mohammed ben Alahmar reprit le chemin de Grenade : il avait tenu parole, et combattu contre Allah. Pour achever la conquête de l'Andalousie, Ferdinand s'empara de toutes les villes et châteaux, jusqu'à Cadix et San Lucar. Ramon Bonifaz vainquit une seconde flotte almohade (1251).
Victorieux des Musulmans en Espagne, Ferdinand songeait déjà à les poursuivre en Afrique, quand la mort vint arrêter ses projets. Atteint d'hydropisie, le pieux batailleur dépouilla les emblèmes royaux, s'étendit en pénitent sur un lit de cendres, et reçut les derniers sacrements, à genoux, la corde au cou. Il fut enterré dans l'église de Santa Maria, à Séville, avec la corde qu'il portait à ses derniers moments.
En l'an 1357, Pedro Ier, le Justicier, à court d'argent, fit enlever les ornements qui décoraient les tombeaux du roi, de doña Beatriz et d'Alonso X, leur fils, ne voulant pas, disait-il ironiquement, laisser des objets aussi précieux exposés à la cupidité des larrons. (Zuñiga donne une description détaillée des tombes et des statues, au second volume de ses Annales de Séville).
La première idée du vaste recueil juridique intitulé Code des sept parties (Codigo de las siete partidas) appartient à Ferdinand III. Alonso X, sous le règne duquel il fut rédigé, l'atteste en ces mots du prologue :
« Le très noble et bienheureux roi don Fernando, notre père, l'eût voulu faire s'il eût plus vécu, et nous ordonna, à nous, de le faire. »
La Chronique générale est plus précise encore à ce sujet.
« Le roi don Fernando, son père, avait commencé le livre des sept parties, et don Alonso, son fils, le fit achever. »
Ferdinand avait été marié deux fois; d'abord avec Béatrice de Souabe, fille de l'empereur Philippe d'Allemagne, en 1220, puis avec Jeanne, fille du comte de Ponthieu, arrière-petite-fille de Louis VII le Jeune (1237). Douze enfants naquirent de ces deux unions; l'aîné, Alonso X le Sage ou le Savant (el Sabio), lui succéda. Une de ses filles épousa Edouard Ier d'Angleterre.
Sous son règne, les Albigeois furent persécutés en Espagne avec acharnement. Telle était la haine du roi contre les hérétiques qu'il allumait leurs bûchers de ses propres mains, rapporte Mariana. Ferdinand III, l'une des figures les plus marquantes du Moyen âge, fut canonisé par le pape Clément X, en 1677.
L'ordre de Saint-Ferdinand a été institué par les Cortès, en 1811. Ferdinand VII le confirma par une ordonnance du 19 janvier 1815. Il existe un autre ordre de Saint-Ferdinand, à Naples, créé par Ferdinand IV, roi des Deux-Siciles, en 1800. (Lucien Dollfus).
Sainte Jeanne d'Arc
« La Pucelle d'Orléans »
Patronne secondaire de la France
Sainte Jeanne d'Arc montre d'une manière particulièrement éclatante combien Dieu se plaît à choisir les plus faibles instruments pour l'accomplissement des plus grandes choses.
Jeanne d'Arc naît à Domrémy, dans la Lorraine actuelle, le 6 janvier 1412 ; ses parents, Jacques d'Arc et Isabelle Romée, étaient des cultivateurs faisant valoir leur petit bien. La première parole que lui apprit sa mère fut le nom de Jésus ; toute sa science se résuma dans le Pater, l'Ave, le Credo et les éléments essentiels de la religion. Elle se confessait et communiait très régulièrement ; tous les témoignages contemporains s'accordent à dire qu'elle était « une bonne fille, aimant et craignant Dieu », priant beaucoup Jésus et Marie. Son curé put dire d'elle : « Je n'ai jamais vu de meilleure chrétienne, et il n'y a pas sa pareille dans toute la paroisse. »
La France était alors à la merci des Anglais et des Bourguignons, leurs alliés ; la situation du roi Charles VII était désespérée. Jeanne avait treize ans quand l'Archange saint Michel lui apparut une première fois, vers midi, dans le jardin de son père et lui donna des conseils pour sa conduite. Il lui déclara que Dieu voulait sauver la France par elle. Les visions se multiplièrent ; l'Archange protecteur de la France était accompagné de sainte Catherine et de sainte Marguerite, que Dieu donnait à Jeanne comme conseillères et comme soutien.
Jusqu'ici la vie de Jeanne est celle d'une pieuse bergère ; elle va devenir celle d'une guerrière vaillante et inspirée ; elle avait seize ans quand le roi Charles VII, convaincu de sa mission par des signes miraculeux, lui remit la conduite de ses armées. Bientôt Orléans est délivrée, les Anglais tremblent et fuient devant une jeune fille. Quelques mois plus tard, le roi est sacré à Reims.
Jeanne fut trahie à Compiègne, vendue aux Anglais, et après un long emprisonnement, où elle subit de nombreux outrages, elle fut condamnée et brûlée à Rouen (30 mai 1431).
Jeanne d'Arc a été béatifiée le 18 avril 1909, par saint Pie X (Giuseppe Melchiorre Sarto, 1903-1914), et proclamée sainte le 16 mai 1920 par le pape Benoît XV (Giacomo della Chiesa, 1914-1922).
Sainte Jeanne d'Arc a été déclarée Patronne secondaire de la France par un Bref du pape Pie XI, le 2 mars 1922.
Bse Marie-Céline de la Présentation
Jeune clarisse morte de tuberculose à 19 ans
Marie-Céline de la Présentation (au siècle Jeanne Germaine Castang) naît le 23 mai 1878 à Nojals, près de Beaumont-en-Périgord. Son père était issu d'une famille de propriétaires terriens et sa mère d'une famille de notaires. Cinquième de la famille, elle était très jolie, mutine, sensible et débrouillarde, ayant un fort caractère. Très vite, on la surnomma « la petite Maine »
En 1882, Germaine a 4 ans. Avec quelques autres enfants du village, elle s'était aventurée dans l'eau froide du petit ruisseau proche de l'école. Après trois jours, sa jambe gauche se paralyse et peu à peu le pied se retourna complètement, très certainement sous l'effet d'une poliomyélite. Elle ne put marcher que sur la cheville. Cette épreuve n'entama pas la foi et la piété de l'enfant. Les parents Castang élevaient leurs enfants dans l'amour de Dieu et du prochain. Les Sœurs de Saint-Joseph complétaient cette éducation. Germaine, malgré son jeune âge, se faisait déjà remarquer par sa dévotion à l'Eucharistie.
Son père avait ouvert une épicerie-café dans le bourg de Nojals. L'affaire n'ayant pas marché, le père fut ruiné, et il dut quitter sa maison avec sa femme et ses enfants. Ils s'installèrent alors au lieu-dit Salabert, dans un abri délabré et insalubre où la santé de la famille allait se détériorer inexorablement. Leur misère était telle que Germaine dut parcourir le pays, allant d'une ferme à l'autre pour mendier de la nourriture, malgré sa plaie béante et purulente qui affectait sa jambe.
Ne pouvant assurer la survie de sa famille, le père de Germaine se rendit à Bordeaux pour chercher du travail et loua une petite maison rue de Puységur. Au printemps 1890, toute la famille le rejoignit, quittant le logement insalubre de Salabert où trois des onze enfants avaient trouvé la mort. Deux autres mourront à Bordeaux de tuberculose et de malnutrition. En 1892, le père trouva du travail comme gardien d'un château à La Réole. Toute la famille se rendit à ce château, sauf Germaine qui resta à Bordeaux, où elle avait été hébergée par charité, dans une pension tenue par les Sœurs de Marie-Joseph. C'est à Bordeaux qu'elle fut opérée du pied à l'hôpital des enfants. Elle apprit la couture et se prépara à la première Communion et à la Confirmation qu'elle reçut dans la Cathédrale de Bordeaux.
Le 29 décembre 1892, sa mère mourut. Germaine vint prendre sa place auprès de son frère aîné Louis, gravement atteint par la tuberculose. Elle veilla sur lui jusqu'à sa mort le 6 février 1893, dormant sur le plancher de la chambre, où elle contracta certainement la maladie. Depuis sa jeune enfance, Germaine désirait devenir religieuse. Son premier souhait avait été d'entrer chez les Clarisses. Elle avait été refusée à cause de son handicap. Après la mort de sa mère, elle voulut rejoindre sa sœur Lucie dans la Congrégation de Saint-Joseph à Aubenas. Pour le même motif, elle ne put y entrer. De retour au pensionnat, Germaine reprit les travaux de couture tout en menant une vie de prière et de sacrifice qui édifiait son entourage.
Au cours d'une promenade en compagnie d'une amie, cette dernière lui proposa de rendre visite à une Clarisse de sa connaissance. Elle reprit espoir de pouvoir devenir religieuse. La Mère supérieure et les religieuses discernèrent chez cette jeune fille, au-delà de son handicap, une âme d'exception.
Elle fut admise dans la communauté de l'Ave Maria le 12 juin 1896. Elle prit l'habit le 21 novembre sous le nom de Sœur Marie-Céline de la Présentation.
Malgré la tuberculose qui la minait, elle supportait la dure vie des moniales contemplatives dans un amour toujours croissant de Dieu, de ses sœurs, et de l'Église. Elle accueillit avec humilité et discrétion les manifestations surnaturelles qui lui furent accordées de l'amour de Dieu.
Elle meurt le 30 mai 1897, à l'âge de 19 ans. Dès sa mort, elle se manifesta à de nombreuses personnes par des parfums. On la nomma « la sainte aux parfums ». La réputation de sa sainteté se répandit dans le monde entier.
Marie-Céline de la Présentation, déclarée vénérable le 22 janvier 1957, fut béatifiée le 16 septembre 2007, dans la cathédrale de saint André de Bordeaux, par le Card. José Saraiva Martins, Préfet de la Congrégation pour la cause des Saints, qui représentait le Pape Benoît XVI (Joseph Ratzinger, 2005-2013).
Sœur Marie-Céline, qui connut la misère, l'exclusion, le handicap et la souffrance jusqu'à sa mort, est un modèle pour tous ceux qui souffrent de maladie, handicap physique, pauvreté et exclusion sociale de nos jours. Elle qui écrivait avant de mourir à sa sœur: « Je meurs sans regrets et je te donne rendez-vous au ciel... Là haut, je n'oublierai personne ».
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