24 Septembre 2021
Évangile de Jésus-Christ
selon saint Luc 9,18-22.
En ce jour-là, Jésus était en prière à l’écart. Comme ses disciples étaient là, il les interrogea : « Au dire des foules, qui suis-je ? »
Ils répondirent : « Jean le Baptiste ; mais pour d’autres, Élie ; et pour d’autres, un prophète d’autrefois qui serait ressuscité. »
Jésus leur demanda : « Et vous, que dites-vous ? Pour vous, qui suis-je ? » Alors Pierre prit la parole et dit : « Le Christ, le Messie de Dieu. »
Mais Jésus, avec autorité, leur défendit vivement de le dire à personne,
et déclara : « Il faut que le Fils de l’homme souffre beaucoup, qu’il soit rejeté par les anciens, les grands prêtres et les scribes, qu’il soit tué, et que, le troisième jour, il ressuscite. »
Extrait de la Traduction Liturgique de la Bible - © AELF, Paris
Julienne de Norwich (1342-après 1416)
recluse anglaise
Révélations de l'amour divin, ch. 27 (Le Livre des révélations, coll. Sagesses chrétiennes; trad. Roland Maisonneuve ; Éd. du Cerf, 1992, p. 105 rev.)
« Il faut que le Fils de l'homme souffre beaucoup..., qu'il soit tué et que, le troisième jour, il ressuscite »
Dans ma sottise, je m'étonnais que la sagesse profonde de Dieu n'ait pas empêché le début du péché, car s'il avait fait ainsi, me semblait-il, alors tout aurait été bien. (...) Jésus m'a répondu : « Le péché était inéluctable, mais tout finira bien, tout finira bien, toute chose, quelle qu'elle soit, finira bien ».
Dans ce simple mot « péché » notre Seigneur m'a présenté à l'esprit tout ce qui n'est pas bon : le mépris ignoble et les épreuves extrêmes qu'il a soufferts pour nous, durant sa vie et à sa mort ; toutes les souffrances et les douleurs, corporelles et spirituelles, de toutes ses créatures. (...) Je contemplais toutes les souffrances qui ont jamais existé ou existeront, et j'ai compris que la Passion du Christ a été la plus grande, la plus douloureuse de toutes et les surpasse toutes. (...) Mais je n'ai pas vu le péché. Je sais en effet, par la foi, qu'il n'a ni substance ni aucune sorte d'être ; on ne saurait le connaître autrement que par la souffrance qu'il cause. J'ai compris que cette souffrance n'est que pour un temps : elle nous purifie ; elle nous amène à nous connaître nous-mêmes et à crier miséricorde. La Passion de notre Seigneur nous fortifie contre le péché et la souffrance : telle est sa sainte volonté. En son tendre amour pour tous ceux qui seront sauvés, notre bon Seigneur les réconforte promptement et aimablement, comme s'il leur disait : « Il est vrai que le péché est la cause de toutes ces douleurs, mais tout finira bien : toute chose, quelle qu'elle soit, finira bien ». Ces paroles, il me les a dites très tendrement, sans le moindre blâme. (...)
Dans ces paroles, j'ai vu un mystère profond et merveilleux caché en Dieu. Ce mystère, il nous le dévoilera et fera connaître pleinement au ciel. Lorsque nous en aurons connaissance, nous verrons en toute vérité pour quelle raison il a permis la venue du péché en ce monde. Et voyant cela, nous nous réjouirons éternellement.
Méditation du Abbé Pere OLIVA i March
«Pour la foule, qui suis-je? (…). Et vous, que dites-vous?»
(Sant Feliu de Torelló, Barcelona, Espagne)
Aujourd'hui, dans l'Évangile, il y a deux questions que le Maître lui-même pose à tous.
La première question demande une réponse de statistique, approximatif: «Pour la foule, qui suis-je?» (Lc 9,18). Il nous amène à regarder autour de nous et observer comment les autres résolvent cette question: les voisins, les collègues de travail, les amis, les proches. Nous regardons dans notre entourage et nous nous sentons plus ou moins responsables (cela dépend des cas) ou proches de certaines de ces réponses formulées par ceux qui ont affaire à nous et avec notre milieu, les gens. Et la réponse nous en dit long, elle nous informe, ce dont ces gens proches de nous désirent, ou ils sont besoin, ou ce qu'ils cherchent. Elle nous aide à nous synchroniser, à découvrir un point commun avec l'autre pour aller de l'avant…
Il y a une seconde question qui nous concerne nous-mêmes: «Et vous, que dites-vous?» (Lc 9,20). C'est une question fondamentale qui frappe à notre porte, qui mendie auprès de chacun d'entre nous: une adhésion ou un rejet; une vénération ou une indifférence; marcher avec Lui et en Lui ou finir par faire un rapprochement par simple sympathie… Cette question est délicate, elle est déterminante car elle nous touche. Que disent nos lèvres et nos actes? Veut-on être fidèle à Celui qui est et qui donne un sens à notre être? Y a-t-il en nous une sincère volonté de le suivre dans les chemins de la vie? Sommes nous disposés à le suivre à Jérusalem sur le chemin de la croix et de la gloire?
«C'est un chemin de croix et de résurrection (…). La croix est une exaltation du Christ. Il l'a dit Lui-même: ‘Quand Je serai levé sur la croix, J'attirerai tous à moi’. (…) La croix, donc, est gloire et exaltation du Christ» (Saint André de Crête). Êtes-vous partant pour faire la route vers Jérusalem? Seulement avec Lui et en Lui, n'est pas?
Jésus priait à l’écart. Comme ses disciples étaient là, il les interrogea : « Pour la foule, qui suis-je ? »
"Ils répondirent : « Jean Baptiste ; pour d’autres, Élie ; pour d’autres, un prophète d’autrefois qui serait ressuscité. »
Après avoir accompagné Jésus, ses disciples ont pu soupçonner le mystère de sa personne. Ils croient que Jésus parle et agit au nom de Dieu, qu’il est un envoyé du Seigneur. Pour que ses disciples parviennent à une foi plus mure, Jésus « prie à l’écart ». La prière de Jésus attire souvent l’attention des l’évangélistes qui la mentionnent avant un moment significatif de sa mission. Cette prière ici montre que la profession de Pierre, au nom des autres disciples, élève ceux-ci à un niveau supérieur à celui des gens ordinaires. La prière de Jésus leur procure la foi, un accueil de la révélation de Dieu : « Ce n’est pas un être humain qui t’a révélé cette vérité », déclare Jésus à Pierre, « mais mon Père qui est dans les cieux. »Dieu est merveilleux car il reprend tout sans cesse. Marie, dans le secret de son cœur, est la seule à savoir qui est Jésus. A l’Annonciation et à Noel, elle nous a donné de contempler la venue du Christ dans la chair humaine. Jésus ayant grandi, citera le texte d’Isaïe : « Le Seigneur m’a envoyé, Il m’a marqué par l’onction… la bonne nouvelle est annoncée aux pauvres. » Après les mystères joyeux et les mystères lumineux de nos vies arrivent les mystères douloureux. Comme dans la vie de Jésus, les mystères lumineux nous donnent de la force et du courage.
"Jésus leur dit : « Et vous, que dites-vous ? Pour vous, qui suis-je ? » Pierre prit la parole et répondit : « Le Messie de Dieu. »
Jésus demande ce qu’il est pour nous, pour eux ! la réponse de Pierre est rapide car il est témoin des merveilles que Jésus réalise : Il fait marcher les boiteux, il guérit l’aveugle, Il ressuscite les morts ! Mais Jésus va s’empresser de donner une autre lumière : « Il faut que le fils de l’homme souffre beaucoup, qu’il soit rejeté et le troisième jour il ressuscite. Jésus, le messie crucifié, deviendra Lumière pour nous à l’heure du péril. Nous comprenons la difficulté de Pierre car nous sommes aussi dans les luttes et dans l’espérance. Nous sommes toujours témoins d’un temps ou il ne reste que des ruines, alors nous prions ! « Rends moi justice ô mon Dieu, soutiens ma cause contre un peuple sans foi ; de l’homme qui ruse et qui trahit, libère-moi ! Libère-moi de moi-même, o mon Dieu, c’est toi ma forteresse. Pourquoi vais-je assombri, pressé par l’ennemi ? Envoie ta lumière et ta vérité et j’avancerai vers l’autel de Dieu ».
"Et Jésus leur défendit vivement de le révéler à personne, en expliquant : « Il faut que le Fils de l’homme souffre beaucoup, qu’il soit rejeté par les anciens, les chefs des prêtres et les scribes, qu’il soit tué, et que, le troisième jour, il ressuscite. »
Jésus élève alors ses disciples à un niveau diffèrent. La réponse de Pierre : "Tu es le Messie de Dieu," est celui qui a reçu l’onction, celui qui, en vertu de ce signe, appartient à Dieu et le représente. Jésus est Celui vers qui toute l’histoire du salut converge, Celui qui a mission de transfigurer notre humanité par une existence nouvelle. Seule la lumière de Dieu nous éclaire sur la personne de Jésus. La difficulté de Pierre, comme celle de chacun de nous, est réelle : Comment entrer dans la compréhension du mystère de Jésus ? Jésus attend que nous puissions lire sur son visage d’amour, son être le plus intime ! "Je ne le connais pas cet homme" dira Pierre, tandis qu’il voyait Jésus en agonie, flagellé et couvert d’épines, avec un manteau de dérision ! Pierre ne le reconnaît plus. Où est la vérité du Sauveur qu’il connaissait ? C’est l’échec maintenant. C’est quand nous avons revêtu le Christ, que nous connaissons le vrai visage de Jésus de l’intérieur comme Marie : « L’épouse suit l’agneau partout où il va, » nous sommes alors confirmés. Nous allons nous trouver dans des situations de douleur, reconnaître Jésus en nous sera possible pour le suivre, ne crains pas, je suis avec toi !
Demandons la grâce que cette parole lumineuse, nous guide et nous conduise sur le chemin que le Christ notre berger nous trace pour nous sauver.