31 Octobre 2021
31 octobre 1512 : Inauguration de la Sixtine
Le 31 octobre 1512 est inaugurée la fresque de la chapelle Sixtine, oeuvre maîtresse de Michel-Ange (Michelangelo Buonarroti)...
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31 octobre 1517 : Les 95 thèses de Luther
Le 31 octobre 1517, sur la porte de l'église du château de Wittenberg, en Saxe, un moine allemand affiche 95 thèses où il dénonce les scandales de l'Église de son temps. Sans s'en douter, Martin Luther va briser l'unité de l'Église catholique et jeter les bases du protestantisme
Excommunié trois ans plus tard, il entraîne la majorité de l'Allemagne et de ses princes à se rebeller contre le pape et se convertir à sa doctrine. Aujourd'hui, le luthérianisme est pratiqué par 65 millions de fidèles, essentiellement en Allemagne et dans les pays germaniques...
31 octobre 1664 : La bataille de Jijel
En 1664, sur ordre du jeune roi Louis XIV, un corps expéditionnaire français tente de prendre pied à Jijel, en petite Kabylie, afin de mettre fin au piratage barbaresque. L'expédition débouche sur un fiasco complet sur lequel le Roi-Soleil veillera à imposer un pudique silence...
Sur ordre du jeune roi de France Louis XIV, un corps expéditionnaire de 6 500 hommes appareille de Toulon le 2 juillet 1664. Trois semaines plus tard, il mouille devant Jijel (ou Djidjelli), en petite Kabylie, à mi-distance d'Alger et de Tunis.
Il a pour mission d'occuper le littoral afin de mettre fin au piratage exercé par les Barbaresques des régences d'Alger, Tunis et Tripoli, avec la complaisance de leur suzerain ottoman.
C'est la première tentative française de conquête de cette région appelée « Berbérie » (aujourd'hui l'Algérie). Elle va s'achever sur un fiasco que le Roi-Soleil se gardera d'ébruiter (l'écrivain Jean Teulé rappelle le drame dans Le Montespan).
André Larané
Combat d'un vaisseau français et de deux galères barbaresques, par Théodore Gudin (1802-1880)
Rivalités personnelles et hostilité religieuse
L'expédition est placée sous le commandement du duc de Beaufort, cousin du roi. Sous ses ordres, le comte de Gadagne dirige l'armée et le chevalier Paul la flotte. Il est secondé par Abraham Duquesne.
Les Français pénètrent sans difficulté dans la ville kabyle mais heurtent très vite les sentiments de la population en occupant un marabout (lieu saint musulman) et un cimetière. Révoltés, les habitants entrent en résistance et multiplient les escarmouches contre l'occupant. Ils reçoivent le soutien de janissaires venus d'Alger.
Dans le camp français, des dissensions se font jour entre le duc de Beaufort et le comte de Gadagne. Le 22 octobre, le premier est rappelé en France par son royal cousin. Dans le même temps arrivent de Toulon quatre vaisseaux chargés de ravitaillement et de troupes de renfort, sous les ordres du marquis de Martel.
Mais c'est trop tard. Assiégés dans la ville de Jijel, les Français prennent le parti de se retirer. C'est chose faite le 31 octobre 1664. Les navires du marquis de Martel embarquent à la hâte les rescapés du siège...
Le Drame de La Lune
Parmi les navires de Jijel figure un grand et vieux vaisseau, La Lune. Il se présente le 5 novembre en rade de Toulon, chargé de près d'un millier d'hommes et faisant eau de toutes parts. Son arrivée piteuse à Toulon met en lumière le fiasco de Jijel.
Pour éviter le scandale, l'Intendant général de la Marine prend prétexte d'une épidémie de peste et ordonne à La Lune de se rendre en quarantaine aux îles d'Hyères voisines. Le rafiot n'a pas le temps d'y arriver. Il se casse littéralement en deux et coule d'un bloc avec ses passagers et son équipage à l'extrémité de la rade de Toulon. On recense tout au plus quarante survivants parmi lesquels le capitaine du navire, le commandeur de Verdille (80 ans), qui a pu s'agripper à une planche.
Menée à bien en 2013, l'exploration archéologique du vieux vaisseau a fourni de précieuses indications aux historiens sur la marine du Grand Siècle.
Changement de cap
Vingt ans après l'expédition malheureuse de Jijel, la piraterie barbaresque continue d'entretenir l'insécurité dans la Méditerranée. Depuis que les Anglais ont bombardé le port de Tripoli en 1675, elle s'en prend plus particulièrement aux navires battant pavillon français.
Abraham Duquesne (1610, Dieppe ; 2 février 1688, Paris), par Antoine Graincourt, Cercle militaire de VersaillesLe Roi-Soleil, au sommet de sa puissance, ne supporte pas que ses navires soient ainsi menacés. Il demande à Abraham Duquesne d'en finir.
Celui-ci, devenu entretemps lieutenant général des armées navales (le titre d'amiral lui est interdit du fait de sa foi protestante), prend prétexte de la capture d'un navire français en 1682 et de la vente de son équipage sur le marché d'esclaves d'Alger.
Le 26 juin 1683, le premier bombardement du port par Duquesne et ses galiotes à bombes (mortiers) permet de libérer des esclaves et d’entamer des pourparlers avec le dey Hassan.
Mais il s'ensuit une révolution de palais qui débouche sur... la reprise de la piraterie et l'arrestation de quelques résidents français dont le consul à Alger, le père Jean Le Vacher. Celui-ci est attaché devant la bouche du canon Baba-Merzoug qui le pulvérise. Seize autres Français sont exécutés de la même façon le 28 juillet.
Duquesne réplique par un intense bombardement jusqu’à obliger le lendemain le dey à libérer d’autres esclaves et envoyer un émissaire à Louis XIV pour lui demander pardon. L'honneur est sauf.
31 octobre 1756 : Casanova s'évade des Plombs de Venise
Le 31 octobre 1756, Giovanni Jacopo Casanova (31 ans) s'évade des Plombs de Venise. C'est le début pour lui d'une longue vie d'aventurier mondain. Ses Mémoires posthumes recueilleront un très vif succès dès leur publication en 1826-1838.
31 octobre 1925 : Avènement de la dynastie iranienne des Pahlévi
Le 31 octobre 1925, la Perse se donne un nouvel empereur sous le nom de Réza chah Pahlévi (en anglais : Reza shah Pahlavi). C'est un officier de 47 ans qui a accédé à la tête du gouvernement quelques années plus tôt. Avec énergie, il a restauré des structures étatiques dans un empire qui n'était plus que l'ombre de lui-même. Il se fait couronner chah in chah (« Roi des Rois ») en lieu et place du représentant de la dynastie Qadjar...
Les religieux chiites, très influents et hostiles aux formes républicaines de gouvernement, vont lui demander de se faire couronner chah in chah (« Roi des Rois ») en lieu et place du représentant de la dynastie Qadjar. La nouvelle dynastie Pahlévi va perdurer pendant un demi-siècle, sous son autorité et celle de son fils. Elle va rendre à la Perse, devenue l'Iran, toute sa place au coeur du Moyen-Orient.
Alban Dignat
Un empire à la dérive
L'empire perse a jeté ses derniers feux sous la dynastie séfévide puis, après une longue période de déliquescence, il est tombé au XIXe siècle sous la coupe d'une dynastie d'origine turque, les Qadjars. Il a alors végété sans même qu'une puissance européenne éprouve l'envie de s'en emparer ! Les Qdjars ont abandonné Ispahan et déplacé leur capitale à Téhéran, une ville terne, coupée du reste du monde, sans une administration digne de ce nom.
Émus par la défaite de la Russie face au Japon en 1905, quelques intellectuels nationalistes décident de se remuer. Ils imposent au souverain, le 6 août 1906, la convocation d'une assemblée nationale constituante. Un Parlement (Majlis) entre en fonction à la fin de l'année. C'est le premier Parlement du Moyen-Orient. Ainsi les Iraniens prennent-ils de vitesse leurs voisins turcs qui ne feront leur révolution qu'en 1908 !
Las, c'est le moment où Anglais et Russes s'intéressent à l'Iran. Par l'accord du 31 août 1907, ils se partagent le pays en zones d'influence et mettent un terme à l'aventure libérale. Leur intérêt pour le pays s'accroît brusquement avec la découverte le 26 mai 1908 d'un gisement de pétrole ! L'année suivante est créée l'Anglo-Iranian Oil Company. C'en est fini de l'isolement de la Perse.
Sursaut dynastique
Après la Première Guerre mondiale, un officier énergique restaure un semblant d'ordre avec le concours des Anglais et chasse les bolcheviques russes. Il exerce les fonctions de Premier ministre puis, les religieux ne voulant pas d'une république, se fait couronner le 31 octobre 1925 sous le nom de Réza chah Pahlévi.
Réza chah Pahlévi (Alasht, 16 mars 1878 - Johannesburg, 26 juillet 1944)
Grand admirateur de son contemporain, le général turc Moustafa Kémal, le nouveau souverain va, comme lui, entreprendre à marches forcées la modernisation de son pays. Ainsi embellit-il autant que faire se peut sa capitale Téhéran. Il prescrit aux citadins des costumes à l'occidentale, interdit le voile féminin, impose l'usage d'un patronyme en complément du prénom usuel.
Il met en place une administration copiée de l'Occident et un système judiciaire indépendant des juges religieux, ouvre une Université et lance la construction d'infrastructures (routes, chemins de fer...). En 1935, il change par décret royal le nom du pays, pour le tourner résolument vers l'avenir : la Perse devient l'Iran. Le 7 janvier 1937, il instaure la « journée des femmes » et prohibe le port du voile dans les lieux publics.
Dans les années 30, le chah, comme la plupart des dirigeants du Moyen-Orient, cache mal ses sympathies pour Hitler, qui a le mérite à ses yeux de s'opposer aux Anglo-Saxons et aux Russes ! Pendant la Seconde Guerre mondiale, comme il refuse à l'Angleterre et à l'URSS d'acheminer du matériel à travers l'Iran, son pays est envahi le 25 août 1941 et lui-même doit abdiquer au profit de son fils Mohammed (22 ans), lequel sera chassé à son tour par la révolution islamique de 1978.
Le régime iranien est affaibli par l'occupation étrangère, la reprise de leur autonomie par certaines tribus nomades et le réveil de mouvements religieux et politiques interdits par son père. Mais en 1946, la première résolution du Conseil de Sécurité de l'ONU ordonne à l'Armée Rouge de quitter l'Iran. Le pays va-t-il enfin retrouver la place qui lui est due dans le concert des nations, eu égard à sa longue et prestigieuse Histoire ? C'est compter sans l'avidité des Anglo-Saxons, qui ambitionnent de mettre la main sur ses ressources pétrolières...
Publié ou mis à jour le : 2021-10-29 04:43:49
31 octobre 1984 : Assassinat d'Indira Gandhi
Le 31 octobre 1984, Indira Gandhi, Premier ministre de l'Union indienne, est assassinée par ses propres gardes du corps, des Sikhs ralliés à la cause indépendantiste...
Une héritière en politique
Fille unique du père de l'indépendance de l'Inde, Nehru, elle n'a aucun lien avec le mahatma Gandhi, mais doit son nom à son mari, Feroze Gandhi, avocat parsi, qu'elle épouse contre la volonté de sa famille.
Née en 1917, elle s'implique dès sa jeunesse dans la lutte, organisant à 12 ans un grand rassemblement d'enfants contre l'occupation britannique ! Après sa formation à Oxford, elle accompagne son père dans ses déplacements lorsqu'il devient Premier ministre de l'Union indienne, en 1947. En 1959, elle prend la présidence du parti du Congrès.
Lorsque son père meurt en 1964, elle entre dans le gouvernement de son successeur Lal Bahadur Shastri comme ministre de l'Information et de la Communication. En janvier 1966, elle devient à son tour Premier ministre, un poste qu'elle exerce jusqu'en 1977, puis de 1980 à sa mort.
À la tête de la plus grande démocratie du monde
Indira Gandhi (1917-1984)Elle poursuit l'œuvre de son père, dont elle reprend aussi volontiers le style autoritaire. Son objectif est de moderniser l'Inde, selon des principes inspirés par le socialisme.
La « révolution verte » prend son plein essor et permet à l'Inde de devenir autosuffisante sur le plan agricole, et même exportatrice.
Elle s'emploie aussi à renforcer la position de son pays sur la scène internationale et lance en 1967 un programme destiné à le doter de l'arme atomique. Le premier essai, réussi, a lieu en 1974.
Elle mène et remporte en décembre 1971 une guerre contre le Pakistan qui contraint ce dernier à reconnaître l'indépendance du Bangladesh. En conséquence du rapprochement entre la Chine, le Pakistan et les États-Unis, Indira Gandhi resserre les liens avec l'URSS, tout en continuant à défendre le non-alignement.
Scandales, pouvoir personnel et chute
En 1975, son élection au parlement est invalidée pour une série d'irrégularités. Refusant de démissionner, elle proclame l'état d'urgence et gouverne par décrets. La presse est censurée et les opposants sont arbitrairement emprisonnés, voire torturés. Une campagne pour limiter la croissance démographique dégénère et entraîne de nombreux cas de stérilisation forcée.
Deux ans plus tard, elle convoque des élections qu'elle est certaine de remporter. Énorme erreur ! Elles tournent au désastre pour le parti du Congrès, divisé, et Indira Gandhi n'est même pas réélue au Parlement.
S. Alagarsamy, Indira Gandhi, Premier ministre avec S. Alagarsamy, homme politique indien élu à l'Assemblée législative du Tamil Nadu. Agrandissement : Indira Gandhi sur les marches du musée national d'Helsinki, le 10 juin 1983.
Du retour en grâce à l'assassinat
C'est l'acharnement contre elle de ses adversaires qui va lui permettre de rebondir : elle est arrêtée pour avoir tenté d'assassiner des opposants et incarcérée pendant deux semaines. Mais son procès en 1979 lui permet de regagner sa popularité, alors que la coalition de ses rivaux implose. Les élections de janvier 1980 sont un triomphe pour le parti du Congrès, et Indira Gandhi redevient Premier ministre.
Son deuxième mandat est marqué par les tensions avec la communauté sikh, implantée surtout au Pendjab, au nord de l'Inde, qui revendique plus d'autonomie et commet plusieurs attentats. Adeptes d'une religion monothéiste vieille de cinq siècles seulement, les Sikhs, au nombre d'une quinzaine de millions, se sont acquis une réputation de redoutables guerriers dans leur combat contre les roitelets musulmans.
Le 5 juin 1984, l'armée indienne pénètre dans le temple sacré d'Amritsar où se sont retranchés plusieurs centaines de Sikhs, et ouvre le feu, faisant au total plusieurs centaines de morts, y compris parmi les pèlerins. Le drame est tenu secret par la presse. En vain.
C'est pour venger ce massacre que deux gardes du corps assassinent Indira Gandhi avec leurs armes de service dans le jardin de sa résidence, le 31 octobre 1984, alors qu'un cinéaste britannique, Peter Ustinov, réalise un documentaire sur le Premier ministre. En réaction, environ 3 000 Sikhs sont lynchés dans les jours qui suivent, aggravant encore les tensions religieuses.
Le fils d'Indira, Rajiv Gandhi, lui succède comme Premier ministre.
Mais il est également assassiné, par une kamikaze tamoul, le 21 mai 1991. Comme sa mère, il soutenait en effet le gouvernement du Sri-Lanka dans sa lutte contre le LTTE, les « tigres tamouls ». Aujourd'hui, sa femme, Sonia Gandhi, d'origine italienne, et son fils Rahul, poursuivent l'œuvre de la famille Nehru-Gandhi, dont les tragédies (qui incluent la mort en 1980 du fils cadet d'Indira, Sanjay, dans un accident d'avion) font des « Kennedy indiens ».