15 Octobre 2021
Évangile de Jésus-Christ selon saint Luc 12,1-7.
En ce temps-là, comme la foule s’était rassemblée par milliers au point qu’on s’écrasait, Jésus, s’adressant d’abord à ses disciples, se mit à dire : « Méfiez-vous du levain des pharisiens, c’est-à-dire de leur hypocrisie.
Tout ce qui est couvert d’un voile sera dévoilé, tout ce qui est caché sera connu.
Aussi tout ce que vous aurez dit dans les ténèbres sera entendu en pleine lumière, ce que vous aurez dit à l’oreille dans le fond de la maison sera proclamé sur les toits.
Je vous le dis, à vous mes amis : Ne craignez pas ceux qui tuent le corps, et après cela ne peuvent rien faire de plus.
Je vais vous montrer qui vous devez craindre : craignez celui qui, après avoir tué, a le pouvoir d’envoyer dans la géhenne. Oui, je vous le dis : c’est celui-là que vous devez craindre.
Est-ce que l’on ne vend pas cinq moineaux pour deux sous ? Or pas un seul n’est oublié au regard de Dieu.
À plus forte raison les cheveux de votre tête sont tous comptés. Soyez sans crainte : vous valez plus qu’une multitude de moineaux. »
Extrait de la Traduction Liturgique de la Bible - © AELF, Paris
Saint Raphaël Arnáiz Barón (1911-1938)
moine trappiste espagnol
Écrits spirituels, 11/08/1934 (trad. A. Rodriguez, o.p. ; Éd. Cerf 2008, p. 123)
« Même vos cheveux sont tous comptés, soyez sans crainte »
Dieu m'envoie la croix (...). Bénie soit-elle car, comme dit Job, « si nous accueillons joyeusement tous les bienfaits de la main de Dieu, pourquoi ne pas accueillir pareillement les épreuves ? » (2,10) Tout nous vient de lui, santé et maladie, biens temporels, malheurs et infortunes ; tout, absolument tout, est parfaitement ordonné. Si quelquefois la créature se rebelle contre le dessein de Dieu, elle commet un péché, car tout est nécessaire, tout est bien fait, et les rires sont aussi nécessaires que les larmes. Nous pouvons tirer profit de tout pour notre perfection, à condition de voir, dans un esprit de foi, l'œuvre de Dieu en tout, et de demeurer comme des petits enfants dans les mains du Père. Car nous, tout seuls, où irions-nous ? (...)
Je ne cherche pas à m'arracher aux sentiments [que m'inspirent mes épreuves], c'est évident ; mais ce que Dieu veut c'est les perfectionner en moi. Pour cela, il me mène par ici et par là, comme un jouet, me faisant abandonner un peu partout des morceaux de mon cœur. Dieu est grand, et il accomplit tout parfaitement ! Comme il m'aime, et comme je le lui rends mal ! Sa providence est infinie, et nous devons nous y confier sans réserve.
Méditation de l'Evangile
Du père Gabriel
Évangile de Jésus-Christ selon Luc 12, 1 – 7
Jésus rejette la doctrine des pharisiens formalistes et sans amour. Leur attitude morale fige toute spiritualité pour la rendre bientôt odieuse. Il rejette la doctrine d'Hérode, profiteur et sensuel qui, sans scrupule, supprime ceux qui lui rappellent les commandements de Dieu.
Jésus passant d'une rive à l'autre du lac avec ses disciples, ces derniers oublient d'emporter du pain et Jésus leur dit d'une manière ironique :
“Voyez et gardez-vous du levain des pharisiens et des sadducéens… et du levain d'Hérode”
Ils n'ont pas tous saisi l'allusion à la doctrine des pharisiens quand Il leur parle du “ferment”.
“Eux raisonnaient en eux-mêmes, se disant : c'est parce que nous n'avons pas pris de pains”. Il faudra qu'il mette les points sur les “i” pour qu'ils comprennent.
Il ne s'est pas entouré des plus belles intelligences du siècle pour leur transmettre sa doctrine. Il a pris des gens de son terroir, des gens sans culture, des lents qui, durant trois ans, le feront bien souvent bondir. L'ironie leur échappe. Les allusions les plus claires, ils ne les saisissent pas. Il les met en garde contre le levain des pharisiens et eux pensent qu'Il leur reproche d'avoir oublié de prendre du pain pour le voyage.
“Comment n'avez-vous pas réfléchi que Je ne vous ai pas parlé à propos des pains ? Mais gardez-vous du “levain” des pharisiens et des sadducéens. Alors ils comprirent qu'Il ne leur avait pas dit de se garder du levain des pains, mais de la doctrine des pharisiens et des sadducéens”.
En effet, Il rejette la doctrine des pharisiens formalistes et sans amour. Leur attitude morale fige toute spiritualité pour la rendre bientôt odieuse. Il rejette la doctrine d'Hérode, profiteur et sensuel qui, sans scrupule, supprime ceux qui lui rappellent les commandements de Dieu.
Il rejette la doctrine des sadducéens, conformistes, toujours prêts à toutes les compromissions pour assurer leur tranquillité terrestre, la seule à laquelle ils croient.
Jésus nous demande des choix. A nous de transformer nos mentalités et de savoir rejeter les erreurs des multiples systèmes de pensées qui régissent le monde. Lui a su manifester une liberté de pensée, de parole et d'action absolue face à la vérité.
Ce levain des pharisiens, des hérodiens, des docteurs de la Loi, des zélotes, des Romains, des scribes et des sadducéens, Il le rejette avec la dernière des énergies.
Et ce n'était pas sans danger et sans risque ! Il le payera de sa vie. Nous pouvons remarquer que c'est le pouvoir politique de tout bord qui en veut ici à la liberté de pensée et d'action du Seigneur.
Père Gabriel
L’homme bon tire le bien du trésor de son cœur qui est bon Sainte Thérèse d’Avila
"Un bon arbre ne donne pas de fruit pourri ; jamais non plus un arbre qui pourrit ne donne de bon fruit.
Thérèse a enseigné, par l’oraison, comment nous pouvons porter un bon fruit pour le Seigneur Jésus. La puissance d’amour qui habitait le cœur de Thérèse était nourrie par sa vie de foi en Jésus présent en elle. « Le Seigneur dit un jour à Thérèse : Jusqu’ici tu ne fus pas entièrement à moi ; maintenant que tu es tout à moi, sache que je suis tout à toi. » Dieu brûle d’un désir extrême de s’unir à nous ; mais il faut que nous aussi, nous prenions soin de nous unir à lui. Jésus parle de deux arbres, le bon arbre qui porte un bon fruit, le mauvais arbre qui porte du mauvais fruit. Il est impossible que nous soyons le bon arbre qui porte de temps en temps du mauvais fruit. Nous pouvons laisser notre conscience s’endormir et faire le contraire de ce que Jésus nous a enseigné, jusqu’à être crucifié pour nous. Nous ne devons pas nous laisser arrêter par nos fragilités. Au contraire, nous nous en servons comme d’un tremplin pour aller vers le cœur de Dieu plein de miséricordieuse tendresse. Le Carmel est une grande école ou l’on apprend à rencontrer le Dieu caché, à l’intime de soi-même : "O Trinité que j’adore," disait Élisabeth de la Trinité. Nous sommes une louange de gloire, temple de l’Esprit Saint, à l’école de la Vierge Marie ! Thérèse a tenu bon.
"Chaque arbre, en effet, se reconnaît à son fruit : on ne cueille pas des figues sur des épines ; on ne vendange pas non plus du raisin sur des ronces.
Thérèse d’Avila, voyageait avec les moyens de transport qui la faisait beaucoup souffrir. Elle traversait son pays avec de jeunes religieuses pour fonder des monastères. Quand elle trouvait un abri dans l’auberge du pays, elle y passait la nuit dans les veilles. Sa vie était un pèlerinage, « une nuit passée dans une mauvaise auberge, » disait-elle. Elle s’est prononcée pour Jésus avec un grand amour. Quand elle avait acquis une maison dans un endroit propice, aussitôt Jésus, le Roi d’amour, était exposé dans le Saint Sacrement. Les sœurs, éclairées par Thérèse, pouvaient alors adorer leur Seigneur. C’est la puissance de Dieu qui agissait en elle comme elle agit toujours dans l’Église malgré et au travers de notre grande faiblesse. Pour rendre témoignage à son Amour et porter de bons fruits, Dieu nous donne son Esprit Saint. Il est l’Esprit Consolateur et le Maître de notre vie tout entière. L’accueillir, nous laisser être aimé par lui qui nous donne d’être nous-mêmes est notre appel. Il fait de nous ses témoins. Nous persévérons dans notre travail, dans notre famille et dans la société en témoins de Jésus.
"L’homme bon tire le bien du trésor de son cœur qui est bon ; et l’homme mauvais tire le mal de son cœur qui est mauvais : car ce que dit la bouche, c’est ce qui déborde du cœur.
Nous demandons à Dieu la grâce de l’ardeur qui habitait le cœur de Thérèse. Nous nous laissons aimer gratuitement et sans mesure par le Dieu qui n’est qu’Amour et Miséricorde. Aujourd’hui, Thérèse resplendit de la beauté de Jésus qui nous demande de vivre dans la lumière de l’Amour. La conscience de cet Amour change notre vie. C’est un ferment qui pénètre chaque instant de notre journée, chacune de nos relations. Témoigner de cet amour est la gloire de Dieu dans notre vie. C’est le grand bonheur que nous ne pouvons pas garder pour nous. C’est dans la faiblesse humaine que se déploie la puissance de l’Amour infini de Dieu. Là est un grand mystère d’espérance. Dieu qui a ressuscité Jésus, agit dans notre faiblesse et dans notre misère. Les puissances du monde et de l’enfer peuvent se déchaîner, elles sont impuissantes face au souffle d’Amour du cœur de Dieu. Si quelqu’un se tient debout dans la foi, les yeux fixés sur Jésus le Sauveur, la force, le pouvoir du Christ agit en lui.
Prière
Seigneur, envoie-nous la grâce de comprendre la beauté et la puissance de l’amour infini de Notre Père, pour qu'il vienne dans nos faiblesses. Amen