4 Novembre 2021
Saint Charles Borromée
Archevêque de Milan (✝ 1584)
Patron des : Catéchistes Evêques Séminaristes ville de Milan
pièce en céramique copyright Mario Pedrini
Fils cadet d'une noble famille italienne, il avait tout pour se laisser entraîner dans une vie facile et fastueuse.
Neveu d'un pape, nommé cardinal à 22 ans, il est submergé de charges honorifiques très lucratives: son revenu annuel était de 52.000 écus(*). Il reçoit les revenus du diocèse de Milan, des abbayes de Mozzo, Folina, Nonatella, Colle et de quelques autres légations: Bologne, Spolète, Ravenne, etc ... Il reste laïc, grand amateur de chasse et de musique de chambre.
Mais la conscience de son devoir est telle qu'il s'impose dans la vie mondaine et brillante de Rome, par sa rigueur et son travail. Il collabore efficacement à la reprise du Concile de Trente, interrompu depuis huit ans. Au moment de la mort subite de son frère aîné, alors qu'il pourrait quitter l'Église pour la charge de chef d'une grande famille, il demande à devenir prêtre.
Désormais il accomplit par vocation ce qu'il réalisait par devoir. Devenu archevêque de Milan, il crée des séminaires pour la formation des prêtres. Il prend soin des pauvres alors qu'il vit lui-même pauvrement. Il soigne lui-même les pestiférés quand la peste ravage Milan en 1576. Il demande à tous les religieux de se convertir en infirmiers. Les années passent. Malgré le poids des années, il n'arrête pas de se donner jusqu'à l'épuisement.
"Pour éclairer, la chandelle doit se consumer, " dit-il à ceux qui lui prêchent le repos.
(*) Un internaute nous signale: "si on se rapporte à l'écu de François Ier (environ même époque ), il pesait environ 3 grammes; les 52 000 écus du revenu de Charles ne devaient donc pas de beaucoup dépasser les 150 000 grammes d'or fin soit 150 kg"
Le 4 novembre 2010, le Saint-Père a fait parvenir un message au Cardinal Dionigio Tettamanzi, Archevêque de Milan (Italie), pour le quatrième centenaire de la canonisation de saint Charles Borromée. En voici les passages principaux: Charles Borromée vécut dans une période difficile pour le christianisme, "une époque sombre parsemée d'épreuves pour la communauté chrétienne, pleine de divisions et de convulsions doctrinales, d'affaiblissement de la pureté de la foi et des mœurs, de mauvais exemples de la part du clergé. Mais il ne se contenta pas de se lamenter ou de condamner. Pour changer les autres, il commença par réformer sa propre vie... Il était conscient qu'une réforme crédible devait partir des pasteurs" et pour y parvenir il eut recours à la centralité de l'Eucharistie, à la spiritualité de la croix, à la fréquence des sacrements et à l'écoute de la Parole, à la fidélité envers le Pape, "toujours prompt à obéir à ses indications comme garantie d'une communion ecclésiale, authentique et complète".
Après avoir manifesté le désir de voir l'exemple de saint Charles continuer à inspirer la conversion personnelle comme communautaire, Benoît XVI encourage prêtres et diacres à faire de leur vie un parcours de sainteté. Il encourage en particulier le clergé milanais à suivre "une foi limpide, à vivre une vie sobre, selon l'ardeur apostolique de saint Ambroise, de saint Charles Borromée et de tant d'autre pasteurs locaux... Saint Charles, qui fut un véritable père des pauvres, fonda des institutions d'assistance" et, "durant la peste de 1576 il resta parmi son peuple pour le servir et le défendre avec les armes de la prière, de la pénitence et de l'amour". Sa charité ne se comprend pas si on ignore son rapport passionné au Seigneur, qui "se reflétait dans sa contemplation du mystère de l'autel et de la croix, d'où découlait sa compassion des hommes souffrants et son élan apostolique de porter l'Évangile à chacun... C'est de l'Eucharistie, cœur de toute communauté, qu'il faut tirer la force d'éduquer et de combattre pour la charité. Toute action charitable et apostolique trouve force et fécondité dans cette source". Le Saint-Père conclut par un appel aux jeunes: "A l'exemple de Charles Borromée, vous pouvez faire de votre jeunesse une offrande au Christ et au prochain... Si vous êtes l'avenir de l'Église, vous en faites partie dès aujourd'hui. Si vous avez l'audace de croire dans la sainteté, vous serez le principal trésor de l'Église ambrosienne, bâtie sur ses saints". (source: VIS 20101104 420)
Nommé par son oncle, le pape Pie IV, cardinal et archevêque de Milan, il se montra sur ce siège un vrai pasteur, attentif aux besoins de l'Église de son temps. Pour la formation de son clergé, il réunit des synodes et fonda des séminaires; pour favoriser la vie chrétienne, il visita plusieurs fois tout son troupeau et les diocèses suffragants et prit beaucoup de dispositions pour le salut des âmes. Il s'en alla la veille de ce jour à la patrie du ciel, en 1584.
Martyrologe Romain
Saint Félix de Valois
Ermite et co-fondateur
« Ordre de la Très Sainte Trinité »
(1127-1212)
Félix de Valois, petit-fils du roi de France Henri Ier, naît le 9 avril 1127. Sa mère, avant sa naissance, vit en songe un bel enfant armé d'une Croix et entendit une voix lui dire : « Cet enfant est le fils que vous allez mettre au monde, il aura la gloire de changer le lis de France pour la Croix de Jésus-Christ. »
Pendant une famine, la nourrice du petit Félix eut l'inspiration de faire tracer à l'enfant, avec sa main, le signe de la Croix sur le pain que l'on distribuait aux pauvres, et ce pain se multiplia tellement, qu'on put en distribuer pendant plusieurs jours à tous les malheureux qui se présentaient. La nourrice lui fit aussitôt bénir les champs d'alentour, et les nuées du ciel, obéissant à la main de Félix, versèrent une pluie féconde qui ramena l'abondance. Le jeune prince croissait en sagesse et en grâce devant Dieu et devant les hommes, et ne montrant aucun des défauts de l'enfance. Il aimait tant à faire la charité aux pauvres, qu'un de ses oncles l'appelait son grand aumônier.
Après ses études, qu'il fit à Clairvaux, sous la direction de St Bernard, Félix dut aller à la cour du roi de France, prit part à la Croisade prêchée par le saint moine de Clairvaux, son maître ; puis, revenu à la cour, il la quitta bientôt pour se réfugier au désert. Dans la solitude, il sentit son esprit s'illuminer de clartés nouvelles et son âme redoubler de vaillance dans la pratique des vertus évangéliques. Le démon lui déclara une guerre acharnée ; mais le Saint triompha de lui par la prière et les plus effrayantes mortifications.
Félix, ayant désormais pour palais une misérable grotte, pour vêtement un cilice, pour mets des herbes amères, renouvela dans sa retraite les merveilles des Antoine et des Hilarion. Par la permission de Dieu, tous les dimanches, un corbeau lui apportait un pain du Ciel. Il habitait le désert depuis bientôt quarante ans, quand St Jean de Matha, de la part de Dieu, vint le trouver dans sa solitude, pour s'édifier par ses exemples. C'est alors que les deux Saints eurent la vision d'un cerf blanc, portant au front une croix bleue et rouge, et qui venait se désaltérer à la fontaine voisine. Dieu leur révéla l'explication de ce prodige ; ils se disposèrent aussitôt à partir pour Rome, afin d'obtenir la fondation d'un institut dont les religieux, vêtus de blanc, porteraient sur la poitrine une Croix bleue et rouge, et travailleraient au rachat des captifs, que les Turcs d'Afrique retenaient par milliers dans les fers. Le Pape Innocent III approuva le projet, l'Ordre fut fondé et produisit un bien immense.
Félix de Valois meurt quelques années après, au couvent de Cerfroid à Brumetz (Aisne), le 4 novembre 1212, à l’âge de quatre-vingt-cinq ans.
Jessé
père du futur roi David, à Bethléem
Jessé est le père du roi David et vécut à Bethléem. "L'arbre de Jessé" est l'arbre généalogique de Jésus.
Le même jour, l'Eglise de Géorgie fête St Jessé, évêque à Tsilkani en Géorgie où les prénoms bibliques sont fréquents.
L’arbre de Jessé est un motif fréquent dans l'art chrétien entre le XIIe et le XVe siècle : il représente une schématisation de la généalogie de Jésus, c'est-à-dire l'arbre généalogique présumé de Jésus de Nazareth à partir de Jessé, père du roi David.
Il semble que l'origine de ces iconographies remonte à une formule du livre du prophète Isaïe Is 11,1, « Puis un rameau sortira du tronc de Jessé2, et un rejeton naîtra de ses racines ». Les artistes combinent cette phrase avec la généalogie de Jésus Christ telle qu'elle apparaît dans l'évangile selon Matthieu (I, 1) : Généalogie de Jésus Christ, fils de David, fils d'Abraham ou selon Luc (3, 23-38). À propos de l'arbre de Jessé, une démarche analogue est souvent faite pour Marie de Nazareth.
La plus ancienne représentation connue du motif de l'arbre de Jessé date de 1086. Elle apparaît dans le Codex Vyssegradensis, évangile du couronnement de Vratislav II de Bohême3. L'arbre de Jessé n'est pas utilisé pour porter un ensemble de figures, comme habituellement. À leur place, un phylactère décrit le passage tiré de la prophétie d'Isaïe de manière littérale. Le prophète s'approche de Jessé, entre les pieds de celui-ci un arbre s'élève; Isaïe entoure Jessé d'une banderole contenant les mots : « un petit rameau sortira de Jessé et donnera une fleur splendide ».
Iconographie
Jessé est d'abord représenté couché ou à demi couché, puis assis4. Dans le livre de chasse de Gaston Fébus par exemple, Jessé, d'ordinaire endormi allongé, somnole assis en chaire. Les noms des grands ancêtres bibliques de la généalogie du Christ sont inscrits sur la corolle d'où émergent, en buste, les deux plus proches ; les plus importants sont Noé, le grand ancêtre (et « inventeur » de la vigne) et David (le roi modèle par excellence)5. Jessé est souvent endormi, la tête soutenue par une main6. Cette position du dormeur est parfois associée à un songe prophétique concernant la descendance du dormeur. Le Moyen Âge connaissait l'épisode du Songe d'Astyage. Astyage, grand-père de Cyrus le Grand, avait vu en rêve une vigne sortant du ventre de sa fille Mandane.
De même, dans la Vie de Géraud d'Aurillac d'Odon de Cluny, on trouve le récit d'un songe fait par le père de Géraud : « Alors qu'il dormait, il lui fut donné avis d'avoir commerce avec sa femme : un fils lui naîtrait car il lui fut mandé également, ajoute-t-on, de lui donner le nom de Géraud, et il lui fut dit, en outre, que cet enfant serait du tout premier mérite. » L'art roman montre Jessé allongé sur le sol en plein air, mais dans l'art gothique il apparaît plus souvent dans un lit, voire dans un cadre assez luxueux comme dans l'église Saint-Étienne de Beauvais dont le vitrail date de 1520.
De son flanc ou de son ventre, parfois de son dos ou plus rarement de sa bouche, sort un arbre dont les branches portent les ancêtres supposés de Jésus, notamment David reconnaissable à sa harpe, jusqu'à Marie. Le vitrail de la cathédrale de Chartres représente de bas en haut David, Salomon, Roboam, Abia, Marie et enfin Jésus. S'y ajoutent selon les artistes, les textes qu'ils utilisent et la place dont ils disposent, des personnages de l'Ancien Testament, notamment les prophètes dont les exégètes du Moyen Âge pensent qu'ils ont annoncé la venue du Christ. Ils sont quatorze sur le vitrail de Chartres (leurs noms sont dans les phylactères) : à gauche de bas en haut Nahum, Samuel, Ézéchiel, Zacharie, Moïse, Isaïe, Habacuc, à droite de bas en haut Osée, Amos, Michée, Joël, Balaam, Daniel, Sophonie. Au sommet se trouve Jésus, parfois sur la croix, parfois enfant sur les genoux de sa mère Marie, parfois en majesté, comme sur le vitrail de Chartres. Une colombe tout en haut peut représenter l’Esprit: à Chartres et dans d'autres vitraux, sept figures de colombe entourent Jésus, représentant les sept dons attribués au saint Esprit.
Au XIIIème siècle, l'arbre se développe verticalement, et au XIVème siècle il se ramifie latéralement. Le XIIIème siècle est une période faste pour l’Arbre de Jessé en France. Une période de ralentissement lui succède qui dure une bonne partie du XIVe siècle et se caractérise par l’arrêt de la production dans le vitrail et la sculpture et sa raréfaction dans le manuscrit. Puis l’arbre de Jessé réapparaît au début du xve siècle, se développe progressivement dans la première moitié du siècle et connaît un nouveau succès dans le troisième quart du XVe siècle, avec une production intense et standardisée dans le vitrail et les incunables. Ce dynamisme perdure pendant toute la première moitié du xvie siècle dans le vitrail et s’étend aux autres supports. Rien que dans la France du Nord, du xive siècle au XVIIe siècle, des recherches en dénombrent4, environ 300, sous forme d'enluminures, gravures, vitraux, sculptures, la peintures murales, tapisseries, textiles et arts graphiques, pour une époque où les arbres de Jessé se faisaient plus rares.
Une modification de l’emplacement de l’arbre de Jessé accompagne cette diversification. Tout d’abord utilisé comme illustration du début de l’évangile de saint Matthieu, le motif s’oriente, à partir du XIVe siècle, vers un contexte de plus en plus marial, avec le Speculum humanae salvationis ou les livres d’heures. L’arbre de Jessé dans le vitrail connaît souvent un emplacement de choix, chœur de l’édifice ou chapelles mariales. Les protagonistes de l’arbre de Jessé évoluent. Jessé passe parfois de la position allongée à assise. Le Christ et la Vierge qui, au XIIIe et XIVe siècle, étaient présentés individuellement, forment, à partir du début du XVe siècle, un couple indissociable. Le nombre de rois passe d’un petit nombre à douze. Les prophètes, après une relative disparition, réapparaissent ponctuellement aux côtés de Jessé. Le saint Esprit n’est pratiquement plus représenté. Enfin, l’arbre de Jessé se fait progressivement envahir par d’autres personnages, comme ceux de la sainte parenté.
La place qu’occupe la Vierge est déterminante et, au fur et à mesure que l’importance de la Vierge se concrétise, l’arbre de Jessé apparaît comme une généalogie de la Vierge, où ses parents et sa lignée sont représentés.
Encore présent dans l'iconographie chrétienne du XVe siècle et au début du XVIe siècle, le motif décline ensuite et se raréfie, en France, après la Contre-Réforme. Il continue à fleurir en Europe, en Allemagne ou en Autriche. Il retrouve le goût du temps avec le néoroman et néogothique de la fin du XIXe siècle.
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