15 Novembre 2021
Évangile de Jésus-Christ
selon saint Luc 18,35-43
Alors que Jésus approchait de Jéricho, un aveugle mendiait, assis au bord de la route.
Entendant la foule passer devant lui, il s’informa de ce qu’il y avait.
On lui apprit que c’était Jésus le Nazaréen qui passait.
Il s’écria : « Jésus, fils de David, prends pitié de moi ! »
Ceux qui marchaient en tête le rabrouaient pour le faire taire. Mais lui criait de plus belle : « Fils de David, prends pitié de moi ! »
Jésus s’arrêta et il ordonna qu’on le lui amène. Quand il se fut approché, Jésus lui demanda :
« Que veux-tu que je fasse pour toi ? » Il répondit : « Seigneur, que je retrouve la vue. »
Et Jésus lui dit : « Retrouve la vue ! Ta foi t’a sauvé. »
À l’instant même, il retrouva la vue, et il suivait Jésus en rendant gloire à Dieu. Et tout le peuple, voyant cela, adressa une louange à Dieu.
Extrait de la Traduction Liturgique de la Bible - © AELF, Paris
Saint Grégoire le Grand (v. 540-604)
pape et docteur de l'Église
Homélies sur l'Évangile, n°2 ; PL 76, 1081(trad. par les moines du Barroux ; Le Barroux , Éd. Sainte-Madeleine ; diff. Téqui, 2000)
« Vois ! Ta foi t'a sauvé »
Remarquons ce que le Seigneur dit à l'aveugle qui s'approche : « Que veux-tu que je fasse pour toi ? » Celui qui avait le pouvoir de rendre la vue ignorait-il donc ce que voulait l'aveugle ? Non, bien sûr ! Mais il veut que nous demandions les choses, bien qu'il sache d'avance que nous les demanderons et qu'il nous les accordera. Il nous exhorte à prier jusqu'à être importuns, lui qui affirme cependant : « Votre Père céleste sait de quoi vous avez besoin avant que vous ne le lui demandiez » (Mt 6,8). S'il interroge, c'est pour qu'on lui demande ; s'il interroge, c'est pour exciter notre cœur à la prière. (...)
Ce que demande l'aveugle au Seigneur, ce n'est pas l'or, mais la lumière. Il ne se soucie pas de demander autre chose que la lumière. (...) Imitons cet homme, frères très chers. Ne demandons au Seigneur ni des richesses trompeuses, ni des cadeaux terrestres, ni des honneurs passagers, mais la lumière : non la lumière circonscrite par l'espace, limitée par le temps, interrompue par la nuit, et dont nous partageons la vue avec les animaux, mais demandons cette lumière que seuls les anges voient avec nous, qui ne débute par aucun commencement et n'est bornée par aucune fin. Or le chemin pour arriver à cette lumière, c'est la foi. C'est donc avec raison que le Seigneur répond aussitôt à l'aveugle à qui il va rendre la lumière : « Vois ! Ta foi t'a sauvé ».
Méditation de l'Évangile du père Gabriel
La présence de Jésus nous est toujours aussi nécessaire, et la lumière qu'Il nous apporte aujourd'hui est une lumière intérieure, lumière de sagesse et d'amitié qui éclaire notre route quotidienne et nous fait comprendre la souffrance selon les vues du Père.
Guérison de Bartimée
Jésus est attentif à ceux qu'Il rencontre. Le voici à Jéricho :
"Et comme Il sortait de Jéricho avec ses disciples et une foule nombreuse, le fils de Timée, Bartimée, un mendiant aveugle, était assis au bord de la route. Et apprenant que c'était Jésus de Nazareth, il se mit à crier et à dire : Fils de David, Jésus, aie pitié de moi !
Plusieurs le réprimandaient pour le faire taire. Mais lui criait beaucoup plus fort : Fils de David, aie pitié de moi !
Et Jésus s'arrêtant, dit : Appelez-le. Et on appelle l'aveugle en lui disant : Courage ! Lève-toi : Il t'appelle. Et lui, jeta son manteau, bondit et vint en face de Jésus.
Et Jésus, lui adressant la parole, dit : Que veux-tu que Je fasse pour toi ?
Et l'aveugle lui dit : Rabbouni, que je voie !
Et Jésus lui dit : Va, ta foi t'a sauvé et aussitôt l'aveugle recouvra la vue"
Marc nous rapporte cette guérison en une série d'instantanés. Le mouvement de la foule est particulièrement bien évoqué. La foule vient de tancer l'aveugle pour l'empêcher de crier, mais dès que le prophète s'occupe de lui, il devient "une vedette" et chacun de l'encourager à qui mieux mieux.
Un autre flash très réussi, c'est le moment où il laisse tomber son manteau pour bondir vers Jésus, avec le dialogue rapide qui s'engage entre eux, pour aboutir à la guérison de Bartimée.
Dans cette histoire des aveugles de Jéricho, car ils sont deux à avoir été guéris, nous pouvons noter que Jésus redonne courage et espoir à des mendiants. Jésus a pris le temps de s'arrêter pour eux. Il prendra toujours le temps de s'arrêter avec nous car Il a pris le temps, nous dit Matthieu, de toucher les yeux des aveugles et ses mains leur apportent la guérison.
Puissent nos attitudes et nos gestes redonner plus d'espoir que nos paroles ! Car nos gestes peuvent être aussi amicaux que nos paroles et, eux aussi, porteurs d'attention.
Sa présence nous est toujours aussi nécessaire, et la lumière qu'Il nous apporte aujourd'hui est une lumière intérieure, lumière de sagesse et d'amitié qui éclaire notre route quotidienne et nous fait comprendre la souffrance selon les vues du Père. Même les malades entrent dans les vues d'amour du Père, mais seul, Jésus nous explique les mystères du Royaume.
Car c'est maintenant, dans la réalité de notre vie humaine de créature fragile, que le Royaume se construit en nous.
Père Gabriel
Homélie du père Gilbert Adam
Saint Albert le Grand
« C’est pourquoi tout scribe devenu disciple du royaume des Cieux est comparable à un maître de maison qui tire de son trésor du neuf et de l’ancien. »
Le royaume des Cieux est encore comparable à un filet que l’on jette dans la mer, et qui ramène toutes sortes de poissons.
Quand il est plein, on le tire sur le rivage, on s’assied, on ramasse dans des paniers ce qui est bon, et on rejette ce qui ne vaut rien. Jésus termine son discours sur le Royaume. Il prend l’image du filet que l’on tire de la mer avec plein de poissons qui sont ensuite triés sur le rivage. Le Royaume, en notre vie historique, consiste en une manière d’être, une attitude qui sert la vie. Le Royaume ne s’impose pas comme une réalisation concrète mais elle colore toute notre existence. Nous fêtons Saint Albert le Grand, élève de Thomas d’Aquin qui a brillé dans l’Église par son intelligence. Nous demandons à Dieu la grâce d’éclairer notre intelligence pour que notre cœur soit éclairé et que notre volonté choisisse ce qui est bien. Si nous nous connaissons mieux, nous naitrons à la vérité et notre cœur aimera davantage. Créés à l’image et à la ressemblance de Dieu, nous voulons épanouir les capacités d’amour qui se trouvent en nous. Nous voulons épanouir l’amour de notre cœur en nous mettant à l’école de Jésus. Nous pourrons alors bâtir un monde nouveau et rendre gloire au Père.
Ainsi en sera-t-il à la fin du monde : les anges sortiront pour séparer les méchants du milieu des justes et les jetteront dans la fournaise : là, il y aura des pleurs et des grincements de dents.
Dans nos rapports fraternels, nous voulons comprendre l’autre, ses dons, les dons du Saint-Esprit. Les dons d’intelligence, de science et de sagesse viennent à notre secours pour que nous comprenions mieux la réalité du monde et que nous avancions dans la lumière. Notre cœur lui-même est alors affermi dans la vérité. Dieu nous donne en Jésus de nous conformer à l’image de son Fils bien-aimé. Nous laissons s’épanouir l’aspect filial et fraternel de notre vie qui demande beaucoup d’intelligence. Saint Albert le Grand saisit la pensée de son époque avec la lumière de la Parole de Dieu. Il a harmonisé l’intelligence humaine et la sagesse divine : « Saint Albert le grand a su concilier sagesse humaine et foi divine. » Dieu nous a donné l’intelligence pour découvrir l’harmonie de notre monde intérieur et de l’univers extérieur. Aimer la vérité, la justice dans ce que notre intelligence découvre, c’est aider notre cœur à être plus large et à épouser la réalité que Dieu nous donne pour l’aimer. Au travers de cette lumière, le choix de notre volonté, le choix de notre vie, va s’exercer en pleine liberté.
"Avez-vous compris tout cela ? » Ils lui répondent : « Oui. »
Jésus ajouta : « C’est pourquoi tout scribe devenu disciple du royaume des Cieux est comparable à un maître de maison qui tire de son trésor du neuf et de l’ancien. » « Comprendre » signifie écouter et s’approprier, intégrer les paroles de Jésus. Notre mission est de proclamer le message de la Bonne Nouvelle dans sa pureté, tout en l’adaptant aux circonstances nouvelles. Nous rapportant à la tradition reçue, nous disons à notre manière, entrelaçant « le neuf et le vieux, » l’« ancien et le nouveau Testament, » la Parole de Dieu qui est vivante. C’est un Héritage inépuisable de nouveauté qui jamais ne se flétrit. Les paraboles de Jésus évoquent une réalité nouvelle, une nouvelle manière d’être. La vie demeure avec ses nécessités qui s’imposent, mais le Royaume se manifeste par la manière dont nous répondons, la manière dont nous tirons du fond de notre trésor des choses nouvelles et des choses anciennes. Notre manière de suivre Jésus sera marquée par les nouvelles capacités techniques, mais aussi par la manière dont chacun se comporte devant l’autre souffrant. Ainsi s’accomplissent les merveilles de Dieu tirées de notre trésor. Notre action d’amour aura un effet certain dans la coulée de l’histoire. Elle aura été simple, mais réel témoignage d’une réponse au Seigneur Jésus, en attendant son retour.
Prière:
Seigneur ne permet pas que nous nous perdions dans les méandre de l'impureté. Ne permet pas que notre esprit soit souillé. Aide-nous à nous épanouir dans la dimension de ton amour. Redonne-nous la vue de ta vérité, enlèves-nous nos obscurentismes, que ta lumière s'épanouisse dans nos coeurs.
Amen
Emounawh
15 novembre 2021