5 Janvier 2022
Évangile de Jésus-Christ
selon saint Marc 6,45-52.
Aussitôt après avoir nourri les cinq mille hommes, Jésus obligea ses disciples à monter dans la barque et à le précéder sur l’autre rive, vers Bethsaïde, pendant que lui-même renvoyait la foule.
Quand il les eut congédiés, il s’en alla sur la montagne pour prier.
Le soir venu, la barque était au milieu de la mer et lui, tout seul, à terre.
Voyant qu’ils peinaient à ramer, car le vent leur était contraire, il vient à eux vers la fin de la nuit en marchant sur la mer, et il voulait les dépasser.
En le voyant marcher sur la mer, les disciples pensèrent que c’était un fantôme et ils se mirent à pousser des cris.
Tous, en effet, l’avaient vu et ils étaient bouleversés. Mais aussitôt Jésus parla avec eux et leur dit : « Confiance ! c’est moi ; n’ayez pas peur ! »
Il monta ensuite avec eux dans la barque et le vent tomba ; et en eux-mêmes ils étaient au comble de la stupeur,
car ils n’avaient rien compris au sujet des pains : leur cœur était endurci.
Extrait de la Traduction Liturgique de la Bible - © AELF, Paris
Odes de Salomon
(texte chrétien hébraïque du début du 2e siècle)
N° 7 (Les Odes de Salomon; coll. Quand vous prierez;
trad. Joseph Guirau et A.-G. Hamman; Desclée de Brouwer, 1981, p. 23 rev.)
« Confiance, c'est moi, n'ayez pas peur »
Ma joie, c'est le Seigneur,
et mon élan se porte vers lui.
Belle est ma route vers le Seigneur,
car il est mon soutien.
Il s'est fait connaître lui-même dans sa simplicité,
sa bienveillance a diminué pour moi sa grandeur.
Il s'est fait semblable à moi pour que je le reçoive ;
il s'est fait semblable à moi pour que je le revête.
Je n'ai pas été effrayé en le voyant,
car il est ma miséricorde.
Il a pris ma nature pour que je le comprenne,
et mon visage pour que je ne me détourne pas de lui.
Celui qui donne la connaissance est le Verbe, la Parole, de la connaissance.
Lui qui a créé la sagesse est plus sage que tout ce qu'il a créé.
Lui qui m'a créé, il savait avant que je ne sois
ce que je ferais quand j'existerais.
À cause de cela il a eu pitié dans sa miséricorde,
il m'a accordé que je prie
et que je reçoive de son sacrifice.
Oui, Dieu est impérissable,
il est la plénitude des mondes et leur Père.
Il s'est manifesté aux siens,
pour qu'ils connaissent celui qui les a faits,
et ne s'imaginent plus tirer d'eux-mêmes leur origine.
Il a ouvert une route à la connaissance,
il l'a élargie, prolongée et conduite à sa perfection.
Il a posé sur elle les empreintes de sa lumière,
et ses traces, du début jusqu'au terme,
car elle est son œuvre.
Il a mis tout son amour dans le Fils.
À cause de son salut, il exercera sa toute-puissance,
et le Très-Haut sera connu par ses saints,
pour annoncer la venue du Seigneur à ceux qui chantent,
afin qu'ils aillent à sa rencontre
et lui chantent dans la joie.
Méditation de l'Evangile du père Gabriel
Apeurés, à en pousser des cris devant cette marche nocturne sur le lac, les apôtres se calment aussitôt à la seule affirmation de son identité. Il leur parle en disant : " Courage, c'est Moi, ne craignez rien ! " Sa voix, le simple timbre de sa voix suffit pour effacer la terrifiante vision, ramener le calme et la confiance.
Jésus marche sur les eaux
L'amitié que Jésus porte aux siens est particulièrement sensible dans le récit de la tempête apaisée dans la nuit qui suivit la multiplication des pains. Tout était noir. Jésus, devinant l'action des siens, décidés à le faire roi en manœuvrant la foule, encore sous le coup du prodige, bouscule les évènements et prend de court ses apôtres.
Il les force à s'embarquer, nous disent Marc et Matthieu; et Jean, dans un raccourci, nous les montre déjà en mer, dans l'obscurité. Inquiets de l'absence de Jésus et aux prises avec une mer déchaînée.
"Et déjà l'obscurité s'était faite, et Jésus n'était pas encore venu auprès d'eux, et la mer se soulevait au souffle d'un grand vent"
Rien de mieux, que cette coïncidence soulignée, des ténèbres qui les gagnent, et de l'absence de Jésus ne peut nous faire mieux saisir la place qu'occupait Jésus dans le cœur et la vie de ces hommes. Lui absent, tout était ténèbres et tempête. Lui présent, tout était lumière. On sent dans ces deux versets l'attente de Jésus dans le soir de la part des siens !
Marc et Matthieu,de leur côté, ont noté les réactions de Jésus : Il vient donc de contraindre ses apôtres à voir s'effondrer le rêve du royaume terrestre et à s'embarquer. Il est seul, seul à comprendre la vanité du pouvoir et le sens du Royaume, seul à prier le Père pour eux et pour cette foule qu'Il vient de congédier. Mais ses yeux ne quittent pas ses amis. De la montage Il les suit. Il les voit s'arc-bouter sur les rames, chassés vers la côte par la tempête et, n'y tenant plus, Il les rejoint sur le lac, car Il les aime et veut les tirer de cette mauvaise passe.
"A la quatrième veille de la nuit, vers 22 heures, Jésus vint vers eux en marchant sur la mer ! Et en le voyant marcher sur la mer ils furent troublés, disant : c'est un fantôme. Et de peur, ils poussèrent des cris" Apeurés, à en pousser des cris devant cette marche nocturne sur le lac, ils se calment aussitôt à la seule affirmation de son identité. Il leur parle en disant :"Courage, c'est Moi, ne craignez rien !"
Sa voix, le simple timbre de sa voix suffit pour effacer la terrifiante vision, ramener le calme et la confiance.
Cette voix provoque aussi chez Pierre une audace folle qui le lance sur la mer : »Seigneur, si c'est Toi, ordonne-moi d'aller vers Toi sur les eaux. Il dit : viens !" À son apôtre apeuré qui s'enfonce dans les flots, Jésus, dans un geste amical, ne tend que sa main et ne lui fait qu'un reproche : « Homme de peu de foi ! Pourquoi as-tu douté ? »
*"Ne craignez pas !" *Il est le Dieu de l'amour, non celui de la crainte.
Père Gabriel
Homélie du père Gilbert Adam
"Ses disciples, voyant Jésus marcher sur la mer, crurent que c’était un fantôme et poussèrent des cris… lui aussitôt leur parla et leur dit : « Ayez confiance, c’est moi, soyez sans crainte.
"Et aussitôt après la multiplication des pains, Jésus obligea ses disciples à monter dans la barque et à le devancer sur l’autre rive vers Bethsaïde, pendant que lui-même renverrait la foule."
Et quand il les eut congédiés, il s’en alla dans la montagne pour prier." Jésus se met à l’écart pour prier le Père. Nous entrons dans la solitude de Jésus avec son Père. Jésus avait parlé longuement de la miséricorde du Père et il a multiplié les pains pour nourrir la foule. De nouvelles perspectives sur l’Amour infini de Dieu nous étaient offertes. Les disciples se sont laissés contaminer par la foule qui veut faire de Jésus leur Roi. La foule cherche Jésus parce qu’il leur a donné à manger du pain tout leur soûl. La foule cherche Jésus pour le faire roi alors qu’ils auraient besoin de travailler. Le Royaume de Dieu est dans ce monde mais il n’est pas de ce monde. La relation entre la foule et les disciples s’est compliquée. Quelle rude épreuve quand nous sommes dans ces malentendus. Nous croyons toujours au bonheur de ce monde pensant qu’il est comme le royaume de Dieu. Nous avons à découvrir le chemin de confiance auquel Jésus nous invite. Il nous faut comme Jésus nous mettre à l’écart, prendre le temps de l’action de grâce, et rendre grâce au Père pour toutes les merveilles qu’il a faites pour nous. Après ce temps de prière Jésus rejoint ses disciples qui sont en mer, il les retrouve en marchant sur les eaux.
"Le soir venu, la barque était au milieu de la mer, et lui, seul, à terre.
Les voyant s’épuiser à ramer, car le vent leur était contraire, vers la quatrième veille de la nuit il vient vers eux en marchant sur la mer, et il allait les dépasser. Ceux-ci, le voyant marcher sur la mer, crurent que c’était un fantôme et poussèrent des cris ; car tous le virent et furent troublés." Les disciples au milieu de la mer sont en grande difficulté. Ils se débattent dans la barque avec la mer en furie. Jésus en allant de la terre jusqu’à la mer les invite à la confiance. Dans le calme, Jésus remet chaque chose à sa juste place. Il est fondé dans l’épaisseur d’Amour de sa relation au Père. Il sait de quoi nous sommes fait. Comme les disciples, notre cœur peut être souvent aveuglé. C’est dans un acte de foi, d’espérance et d’amour qu’il nous faut nous situer ! Notre cœur peut ne pas reconnaître Jésus qui marche à nos côtés malgré nos égarements. Entendons l’appel de Jésus en ce temps de Noël. Ayons cette confiance à laquelle il nous invite afin que nous ne restions pas aveugles. Nous le contemplons qui vient visiter chacune de nos vies. Il nous rejoint librement comme il rejoint l’humanité. Nous pouvons ainsi nous laisser transformer en laissant advenir en nous le mystère du Royaume de Dieu.
"Aussitôt Jésus leur parla et leur dit : « Ayez confiance, c’est moi, soyez sans crainte. »
Puis il monta auprès d’eux dans la barque et le vent tomba. Et ils étaient intérieurement au comble de la stupeur, car ils n’avaient pas compris le miracle des pains, mais leur esprit était bouché." A l’aide de la Parole de Dieu, nous contemplons Jésus dans sa miséricorde. Il vient nous relever en nous invitant à la confiance. Il est toujours proche, même si nous n’arrivons pas à le comprendre. La tempête s’apaise, le vent tombe. Jésus manifeste sa solidarité par sa paix qui nous rejoint. Une nouvelle manière de voir peut gagner les cœurs des disciples. Jésus nous réconforte par sa parole. Il sait que nous ne nous saisissons pas bien de la réalité qui nous est donnée. Souvent cette réalité est cachée par nos peurs et nos errements. Jésus s’approche ainsi de nous, il nous redonne le calme, la confiance. Nous prenons le temps de nous reposer auprès de lui pour le contempler dans notre vie. Nous voulons nous convertir pour laisser l’Esprit Saint nous animer de l’intérieur. Dans son nouvel Amour, nous irons au secours les uns des autres pour bâtir la nouvelle humanité qui prépare le Royaume de Dieu. C’est dans ce lien nouveau que nous bâtissons la civilisation de l’amour.
Prière
Nous demandons la grâce d’entrer dans l’amour de Dieu pour bâtir la civilisation de l’amour.