15 Février 2022
Évangile de Jésus-Christ selon saint Marc 8,14-21.
En ce temps-là, les disciples avaient oublié d’emporter des pains ; ils n’avaient qu’un seul pain avec eux dans la barque.
Or Jésus leur faisait cette recommandation : « Attention ! Prenez garde au levain des pharisiens et au levain d’Hérode ! »
Mais ils discutaient entre eux sur ce manque de pains.
Jésus s’en rend compte et leur dit : « Pourquoi discutez-vous sur ce manque de pains ? Vous ne saisissez pas ? Vous ne comprenez pas encore ? Vous avez le cœur endurci ?
Vous avez des yeux et vous ne voyez pas, vous avez des oreilles et vous n’entendez pas ! Vous ne vous rappelez pas ?
Quand j’ai rompu les cinq pains pour cinq mille personnes, combien avez-vous ramassé de paniers pleins de morceaux ? » Ils lui répondirent : « Douze.
– Et quand j’en ai rompu sept pour quatre mille, combien avez-vous rempli de corbeilles en ramassant les morceaux ? » Ils lui répondirent : « Sept. »
Il leur disait : « Vous ne comprenez pas encore ? »
Extrait de la Traduction Liturgique de la Bible - © AELF, Paris
Saint Hilaire de Poitiers
v. 315-367)
évêque de Poitiers et docteur de l'Église
(La Trinité I : Le mystère de Dieu,
Dieu, Père tout-puissant, c'est à toi que je veux consacrer l'occupation principale de ma vie. Que tout en moi, mes paroles et mes pensées, parlent de toi. (...) Conscients de notre pauvreté, nous te demandons ce qui nous manque ; nous apporterons un zèle infatigable pour scruter les paroles de tes prophètes et de tes apôtres, nous frapperons à toutes les portes que notre intelligence trouvera fermées.
Mais c'est à toi d'exaucer la demande, d'accorder ce qu'on cherche, d'ouvrir la porte fermée (Lc 11,9). Car nous vivons dans une sorte de torpeur, à cause de l'engourdissement de notre nature ; la faiblesse de notre esprit nous empêche de comprendre tes mystères par une ignorance inéluctable.
Heureusement, l'étude de ta doctrine fortifie notre perception de la vérité divine, et l'obéissance de la foi nous soulève au-dessus des pensées du commun des hommes. Nous espérons donc que tu stimuleras les débuts de cette entreprise difficile, que tu affermiras les progrès de notre démarche et que tu nous appelleras à participer à l'Esprit qui a guidé tes prophètes et tes apôtres. Nous voudrions comprendre leurs paroles dans le sens où ils les ont prononcées et employer des termes exacts pour rendre fidèlement tout ce qu'ils ont exprimé. (...) Accorde-nous donc le sens exact des mots, la lumière de l'intelligence, la beauté de l'expression ; établis notre foi dans la vérité. Accorde-nous de dire ce que nous croyons.
Méditation de l'Évangile du père Gabriel
Jésus rejette la doctrine des pharisiens formalistes et sans amour. Leur attitude morale fige toute spiritualité pour la rendre bientôt odieuse. Il rejette la doctrine d'Hérode, profiteur et sensuel qui, sans scrupule, supprime ceux qui lui rappellent les commandements de Dieu.
Se garder du levain des Pharisiens
Jésus passant d'une rive à l'autre du lac avec ses disciples, ces derniers oublient d'emporter du pain et Jésus leur dit d'une manière ironique :
“Voyez et gardez-vous du levain des pharisiens et des sadducéens… et du levain d'Hérode”
Ils n'ont pas tous saisi l'allusion à la doctrine des pharisiens quand Il leur parle du “ferment”.
“Eux raisonnaient en eux-mêmes, se disant : c'est parce que nous n'avons pas pris de pains”. Il faudra qu'il mette les points sur les “i” pour qu'ils comprennent.
Il ne s'est pas entouré des plus belles intelligences du siècle pour leur transmettre sa doctrine. Il a pris des gens de son terroir, des gens sans culture, des lents qui, durant trois ans, le feront bien souvent bondir. L'ironie leur échappe. Les allusions les plus claires, ils ne les saisissent pas. Il les met en garde contre le levain des pharisiens et eux pensent qu'Il leur reproche d'avoir oublié de prendre du pain pour le voyage.
“Comment n'avez-vous pas réfléchi que Je ne vous ai pas parlé à propos des pains ? Mais gardez-vous du “levain” des pharisiens et des sadducéens. Alors ils comprirent qu'Il ne leur avait pas dit de se garder du levain des pains, mais de la doctrine des pharisiens et des sadducéens”.
En effet, Il rejette la doctrine des pharisiens formalistes et sans amour. Leur attitude morale fige toute spiritualité pour la rendre bientôt odieuse. Il rejette la doctrine d'Hérode, profiteur et sensuel qui, sans scrupule, supprime ceux qui lui rappellent les commandements de Dieu.
Il rejette la doctrine des sadducéens, conformistes, toujours prêts à toutes les compromissions pour assurer leur tranquillité terrestre, la seule à laquelle ils croient.
Jésus nous demande des choix. A nous de transformer nos mentalités et de savoir rejeter les erreurs des multiples systèmes de pensées qui régissent le monde. Lui a su manifester une liberté de pensée, de parole et d'action absolue face à la vérité.
Ce levain des pharisiens, des hérodiens, des docteurs de la Loi, des zélotes, des Romains, des scribes et des sadducéens, Il le rejette avec la dernière des énergies.
Et ce n'était pas sans danger et sans risque ! Il le payera de sa vie. Nous pouvons remarquer que c'est le pouvoir politique de tout bord qui en veut ici à la liberté de pensée et d'action du Seigneur.
Père Gabriel
Homélie du père Gilbert Adam
Mardi de la 6e semaine
« Attention ! Prenez garde au levain des pharisiens et au levain d’Hérode ! »
« Les disciples avaient oublié d’emporter des pains ; ils n’avaient qu’un seul pain avec eux dans la barque. »
Or Jésus leur faisait cette recommandation : « Attention ! Prenez garde au levain des pharisiens et au levain d’Hérode ! » Mais ils discutaient entre eux sur ce manque de pains. Jésus connaît le cœur humain qui n’a pas de secrets pour Lui. Il sait tout ce dont nous avons besoin, il connaît nos désirs et nos attentes. Nous sommes toujours à la recherche de quelque chose qui s’avère nécessaire sur le plan matériel. Les disciples raisonnaient entre eux, alors que Jésus leur disait combien il leur faut demeurer en lui, dans son amour pour ne pas faire comme les pharisiens ! Les disciples sont obnubilés par le fait qu’ils n’ont pas emmené suffisamment de pain. Jésus les entraîne à s’en remettre à Dieu devant leurs propres difficultés. Or nous reconnaissons qu’il en est souvent ainsi dans nos vies. Nous semons des difficulté dans nos cœurs et cela, à partir d’une réflexion de Jésus ! Le psalmiste déjà se mettait en prière à ce niveau des difficultés personnelles. « Quand j’ai dit : je vais perdre pied, ton amour Seigneur m’a soutenu. »
Jésus s’en rend compte et leur dit : « Pourquoi discutez-vous sur ce manque de pains ? Vous ne saisissez pas ? Vous ne comprenez pas encore ?
Vous avez le cœur endurci ? Vous avez des yeux et vous ne voyez pas, vous avez des oreilles et vous n’entendez pas ! Vous ne vous rappelez pas ? Les signes et les miracles de Jésus peuvent soutenir notre foi. Pour les comprendre, il nous faut une grande vision de foi. Celui qui n’a pas la foi a du mal à les reconnaître. Nous apprenons à vivre tous les évènements avec foi, à regarder la vie avec les yeux de la foi. L’Évangile nous manifeste le décalage entre la parole de Jésus et la compréhension qu’en ont les Apôtres. Ils « culpabilisent » à propos d’une réflexion : "Méfiez-vous du levain des Pharisiens." Nous sommes quelquefois surpris par un événement difficile et nous disons : « je vais perdre pied. » Nous faisons alors l’expérience que le Seigneur nous a soutenu. En fait, jamais l’amour de Dieu ne nous avait quitté. Or nous croyions que c’était à cause de Dieu qui nous étions éprouvé. Dieu n’a jamais tenté personne. Jésus, dans le « Notre Père, » nous enseigne, il a voulu nous avertir par cette phrase : « Ne nous laisse pas entrer dans la tentation. »
Quand j’ai rompu les cinq pains pour cinq mille personnes, combien avez-vous ramassé de paniers pleins de morceaux ? » Ils lui répondirent : « Douze.
Et quand j’en ai rompu sept pour quatre mille, combien avez-vous rempli de corbeilles en ramassant les morceaux ? » Ils lui répondirent : « Sept. » Il leur disait : « Vous ne comprenez pas encore ? » Nous comprenons qu’il faut nous convertir au Dieu d’Amour. Un Dieu qui nous entoure toujours de sa tendresse. Chaque fois que nous quittons l’amour de Dieu, que nous ne sommes pas suffisamment baignés dans cet amour, nous sommes en danger. Jésus nous a enseigné certes par sa parole, mais aussi et surtout par ce qu’il était : Tourné constamment vers son Père, son mystère est d’être l’enfant bien-aimé du Père. Il est toujours « branché » vers son Dieu. Nous avons besoin nous aussi comme Lui, d’être toujours trouvés dans son amour. Or c’est si facile de nous extraire de cet amour. Nous nous posons des questions par rapport à Dieu, par rapport à nous-mêmes, alors qu’il nous faudrait d’abord demeurer en Dieu. Nous trouvons là la source de beaucoup de nos difficultés par rapport aux autres et par rapport à Dieu. "Méfiez-vous du levain des Pharisiens." Jésus est le Sauveur qui nous manifeste progressivement quelles sont nos difficultés. Nous voulons Lui laisser la possibilité de nous parler, de nous attirer sur son cœur.
Prière:
Prions pour l’unité de la Parole de la Trinité, pour la Paix, la réconciliation des peuples.
Seigneur Jésus envoie nous ta Paix, pour que nous devenions dignes de toi selon ta Parole. Sainte Trinité aide-nous à nous convertir, pour que nous soyons toujours, attentifs à ta Parole, plus qu’à nos préoccupations.