10 Février 2022
Évangile de Jésus-Christ selon saint Marc 7,24-30.
En ce temps-là, Jésus partit et se rendit dans le territoire de Tyr. Il était entré dans une maison, et il ne voulait pas qu’on le sache, mais il ne put rester inaperçu :
une femme entendit aussitôt parler de lui ; elle avait une petite fille possédée par un esprit impur ; elle vint se jeter à ses pieds.
Cette femme était païenne, syro-phénicienne de naissance, et elle lui demandait d’expulser le démon hors de sa fille.
Il lui disait : « Laisse d’abord les enfants se rassasier, car il n’est pas bien de prendre le pain des enfants et de le jeter aux petits chiens. »
Mais elle lui répliqua : « Seigneur, les petits chiens, sous la table, mangent bien les miettes des petits enfants ! » Alors il lui dit :
« À cause de cette parole, va : le démon est sorti de ta fille. »
Elle rentra à la maison, et elle trouva l’enfant étendue sur le lit : le démon était sorti d’elle.
Extrait de la Traduction Liturgique de la Bible - © AELF, Paris
Saint Jean de la Croix (1542-1591)
carme, docteur de l'Église
Maximes (Œuvres complètes, trad. P. Cyprien de la Nativité, éd. Desclée de Brouwer, 1959 ; p. 1300-1301)
Ne t’arrête pas aux miettes !
Seigneur Dieu, mon Bien-Aimé, si tu te souviens encore de mes péchés pour ne pas accomplir ce que je te demande, mon Dieu, fais en eux ta volonté, c’est ce que je désire le plus ; exerce ta bonté et ta miséricorde et tu seras connu en eux. Et si ce sont mes œuvres que tu attends pour exaucer ma prière par ce moyen, donne-les moi, toi, et fais-les moi, et aussi les peines que tu veux que j’accepte et que cela se fasse. Si ce ne sont pas mes œuvres que tu attends, qu’attends-tu donc, mon très clément Seigneur ? Pourquoi tardes-tu ? Car enfin, si ce que je te demande au nom de ton Fils, doit être une grâce et une miséricorde, prends mon obole, puisque tu la désires et donne-moi ce bien puisque toi aussi tu le veux.
Qui pourra se libérer de ses pauvres manières et de ses pauvres limites, si toi-même ne l’élèves à toi en pureté d’amour mon Dieu ? Comment s’élèvera jusqu’à toi l’homme engendré et créé dans la bassesse, si toi-même ne l’élèves, Seigneur, de ta main qui l’a fait ? Tu ne m’ôteras, mon Dieu, ce qu’une fois tu m’as donné en ton Fils unique Jésus Christ. En lui, tu m’as donné tout ce que je désire. C’est pourquoi je me réjouirai de ce que tu ne tarderas plus si, moi, j’attends.
Pourquoi tardes-tu ? Pourquoi diffère-tu ? vu que tu peux dès maintenant aimer Dieu dans ton cœur ? (…) Ne te rabaisse pas à des choses moindres. Ne t’arrête pas aux miettes qui tombent de la table de ton Père. Sors au-dehors et glorifie-toi de ce qui fait ta gloire. Cache-toi en elle et sois dans la joie et tu obtiendras ce que ton cœur demande.
Méditation de l'Evangile du père Gabriel
Dans nos vies, Jésus provoque notre foi, notre confiance. La Cananéenne sera exaucée, mais Jésus éduque sa foi. N'est-elle pas, cette femme, notre modèle, à nous qui si souvent ne comprenons pas les chemins par lesquels Il nous mène ? Tant de moments de notre vie nous semblent si absurdes si loin de la tendresse de Dieu, dans nos heures de deuil, de solitude, de déréliction.
Guérison de la petite fille d'une syro-phénicienne
"Et sorti de là, Jésus se retira dans la région de Tir et de Sidon". "Et voici qu'une femme, une Cananéenne de ce territoire, étant sortie de chez elle, criait en disant : aie pitié de moi, Seigneur, Fils de David ! Ma fille est tourmentée par un démon ! Mais Il ne lui répondit pas un mot"
Dans nos vies, Jésus provoque notre foi, notre confiance. La Cananéenne sera exaucée, mais Jésus éduque sa foi. N'est-elle pas, cette femme, notre modèle, à nous qui si souvent ne comprenons pas les chemins par lesquels Il nous mène ? Tant de moments de notre vie nous semblent si absurdes si loin de la tendresse de Dieu, dans nos heures de deuil, de solitude, de déréliction. Cette "étrangère" syrophénicienne va tenir tête au Sauveur et cela par trois fois. Et toujours son cri de confiance va aller croissant. Elle a perçu, sans doute, dans l'attitude et les paroles de son interlocuteur, ses qualités de coeur.
La première fois, c'est une demande inspirée par la popularité de Jésus : Un "guérisseur" célèbre du pays d'Israël. La demande est sincère car elle vient d'une mère, mais on y met tous les titres pour s'attirer la bienveillance :
"Aie pitié de moi, Seigneur, Fils de David ! Ma fille est tourmentée par un démon ! Mais Il ne lui répondit pas un mot"
La deuxième demande se fait plus simple, plus pressante et plus confiante :
"Mais elle, étant venue, se tenait prosternée devant Lui, en disant : Seigneur, viens à mon secours ! Répondant Il dit : il n'est pas bon de prendre le pain des enfants et de le jeter aux petits chiens"
Vraiment nous nous retrouvons là, dans cette situation où les paroles du Seigneur nous révoltent, comme dans tant de situations vécues qui nous apparaissent si injustes, si absurdes de la part d'un Dieu qui nous aimerait. Et là, chose curieuse, la réponse cinglante de Jésus n'amène que davantage de foi.
"Mais elle dit : justement Seigneur ! Car les petits chiens mangent des miettes qui tombent de la table de leurs maîtres"
Alors Jésus lui dit : "Ta foi est grande, qu'il te soit fait comme tu veux, et sa fille fut guérie, à ce moment-là".
Père Gabriel
Homélie du père Gilbert Adam
Jeudi de la 5e semaine
« La femme répond à Jésus : Seigneur, les chiens sous la table mangent bien les miettes des enfants »
"En partant de là, Jésus se rendit dans le territoire de Tyr. Il était entré dans une maison, et il ne voulait pas qu’on le sache. »
La mission de Jésus vers les païens est annoncée. Une femme païenne, de nationalité syro-phénicienne aborde Jésus. Cette étrangère fait preuve d’une bien grande audace en venant aborder un rabbi juif. Cette femme souhaite la délivrance de sa fille soumise à des comportements incontrôlés : « Viens expulser le démon hors de ma fille. » Jésus va opérer une libération mais avant il situe les raisons de sa venue dans le monde ! Dans notre vie, quel que soit les évènements heureux ou douloureux que nous avons à vivre, ils sont enracinés dans un contexte à respecter. Les récits qui concernent le pain partagé annonce déjà la réflexion sur le Pain eucharistique partagé dans les communautés chrétiennes. Ce sera ensuite le temps de l’exultation dans l’action de grâce.
Mais il ne put rester inaperçu : une femme entendit aussitôt parler de lui ; elle avait une petite fille possédée par un esprit impur ; elle vint se jeter à ses pieds.
Cette femme était païenne, syro-phénicienne de naissance, et elle lui demandait d’expulser le démon hors de sa fille. Il lui disait : « Laisse d’abord les enfants se rassasier, car il n’est pas bien de prendre le pain des enfants et de le jeter aux petits chiens. » Le dialogue entre la femme et Jésus est important dans ce passage, au-delà de la guérison de la jeune fille à distance ! La femme fait preuve d’une admirable confiance qui montre à Jésus que les étrangers savent recueillir, fût-ce des miettes, de la nourriture offerte au peuple élu. Au début, Jésus refuse d’accéder à la demande de cette mère. Mais Jésus voit dans ce propos une véritable profession de foi, et il n’hésite pas à donner un signe que le Royaume de Dieu est là. La Parole de Dieu est importante pour nous, elle nous permet de fonder l’action de grâce au cœur de notre existence. Cette femme grecque demeure l’enfant bien aimé du Père qu’elle ne connait pas encore et elle attend tout de lui car Dieu nous donne toujours tout ce dont nous avons besoin.
Mais elle lui répliqua : « Seigneur, les petits chiens, sous la table, mangent bien les miettes des petits enfants ! » Alors il lui dit : « À cause de cette parole, va : le démon est sorti de ta fille. »
Elle rentra à la maison, et elle trouva l’enfant étendue sur le lit : le démon était sorti d’elle. Jésus renverse les barrières qui séparaient deux mondes, juif et païen. Il laisse entendre que le pain dont il veut rassasier les foules, s’il est d’abord destiné à Israël, sera un jour partagé à tous, même à ceux qui viennent de loin. La foi des étrangers, leur accueil de la Bonne Nouvelle, leur donne le droit de prendre part au banquet messianique. Cette Parole nous révèle que nous sommes tous créés à l’image de Dieu. Cette femme a eu une confiance illimitée en Jésus. Dieu se communique à elle dans une communion nouvelle de personne à personne ! Dieu notre Père envoie Jésus son Fils qui, avec le Saint-Esprit, est communion des Personnes, nous rendons grâce pour cette merveille. Par cette guérison, nous entrons dans l’émerveillement du Dieu vivant qui agit sans cesse et partout. Nous contemplons la puissance d’amour de Jésus qui nous est manifestée en Jésus et nous demeurons dans la joie et l’harmonie de cette femme dont « l’enfant » est guérie.
Prière:
Ô Seigneur, voit notre cœur, met lui la confiance en ton amour. Nous te demandons la grâce de devenir en vérité : que nous sommes enfant bien aimé du Père.
Amen
Emounawh 10 février 2022