4 Avril 2022
4 avril 1792 :
Création du dollar
Le 4 avril 1792, une loi fait du dollar la monnaie officielle des États-Unis à l'initiative d'Alexander Hamilton, secrétaire du Trésor sous la présidence de George Washington. Son nom vient d'une déformation phonétique de thaler, nom d'une monnaie encore très populaire à cette époque dans le Nouveau Monde...
Le thaler, devise universelle avant l'heure
Thaler, 1780Le thaler est une monnaie d'origine autrichienne illustrée par le portrait bien en chair de l'impératrice Marie-Thérèse, morte en 1780. Cette monnaie en argent de très bon aloi était devenue très populaire en Europe centrale mais aussi dans le Nouveau Monde et même dans la péninsule arabe, où elle était encore en usage au début du XXe siècle !
Son nom est une abréviation de Joachimsthaler. Il vient de Joachimsthal (« vallée de Joachim ou Jacques »), ville autrichienne entourée de riches gisements argentifères, dans les monts Métallifères. Située au nord de l'actuelle République tchèque, la ville porte aujourd'hui le nom de Jáchymov et les montagnes s'appellent Krušné hory (« Monts rudes »).
4 avril 1866 :
Premier attentat contre Alexandre II
Le 4 avril 1866, un premier attentat vise le tsar Alexandre II de Russie. C'est un étudiant isolé, Dimitri Karakozov, inspiré par la propagande nihiliste du moment, qui en est l'auteur. À dater de ce jour, le tsar va suspendre le grand chantier de réformes qu'il avait engagé dès son avènement, une dizaine d'années plus tôt.
4 avril 1891 :
Paul Gauguin part pour Tahiti
Le 4 avril 1891, Paul Gauguin (43 ans) s'embarque à la recherche de nouvelles sensations. L'artiste est alors au sommet de la gloire et il a déjà accompli une première révolution picturale. Son voyage va en occasionner une nouvelle et changer aussi notre regard sur la Polynésie...
À Tahiti, colonisée depuis peu par la France, le peintre cherche auprès des indigènes maoris de nouvelles sources d'inspiration. Mais la réalité triviale le déçoit et il revient en Europe en juillet 1893. C'est pour repartir deux ans plus tard à Tahiti puis en août 1901 aux îles Marquises, encore païennes et tenues à l'écart de la civilisation occidentale.
En Polynésie, il aura trois « vahiné », des compagnes maoris qui seront aussi ses modèles : Tehura, une adolescente de treize ans, Pahura, qui lui donne un fils, et Marie-Rose Vaeho, avec laquelle il aura une fille.
Dans ses refuges polynésiens, Gauguin se comporte en colon ordinaire, vindicatif à l'égard de l'administration, méprisant pour les indigènes, porté sur l'alcool et gavé de chair juvénile rémunérée. Sa compagne ordinaire, Tehamana, a 13 ans lors de leur rencontre. Ses autres relations ne sont guère plus âgées.
Mort de misère, de syphilis et d'alcoolisme le 8 mai 1903 aux Marquises, Gauguin fait figure de précurseur de l'Art nouveau.
4 avril 1949 :
Fondation de l'OTAN
Avec l'Organisation du traité de l'Atlantique Nord (OTAN), conclue à Washington le 4 avril 1949, les démocraties d'Europe occidentale et d'Amérique du nord se disposent à faire face à la menace soviétique.
La guerre froide entre dans sa phase institutionnelle. L'article 5 du traité précise que tous les signataires s'engagent à se porter secours en cas d'attaque contre l'un ou l'autre d'entre eux...
La « guerre froide » prend forme
Alarmés par le « coup de Prague » du 25 février 1948, les États-Unis, le Canada et dix pays d'Europe de l'Ouest veulent de cette façon contenir une éventuelle agression du bloc communiste aux ordres de Staline. Pour la mise en oeuvre de leurs résolutions, ils fondent l'Organisation du traité de l'Atlantique Nord (OTAN, en anglais NATO).
Affiche produite pour le 10e anniversaire de l'OTAN.Les membres européens sont la Belgique, le Danemark, la France, l'Italie, l'Islande, le Luxembourg, la Norvège, les Pays-Bas, le Portugal et le Royaume-Uni. La Grèce et la Turquie adhèrent à l'organisation peu après sa création ainsi que la République fédérale allemande.
Cet organisme international issu du traité de Washington est chargé de coordonner les actions militaires de ses membres. C'est une alliance défensive qui ne dit pas son nom. Elle est placée sous l'autorité du Conseil atlantique. Son siège est dans un premier temps établi à Paris, dans un bel immeuble de la Porte Dauphine (aujourd'hui transformé en Université).
Le quartier général en Europe est fixé à Rocquencourt, près de Versailles. C'est le SHAPE (en anglais Supreme Headquarters Allied Powers Europe). Le premier commandant suprême est le général américain Dwight Eisenhower, héros du débarquement de Normandie.
Le 14 mai 1955, les Soviétiques répliquent à la création de l'OTAN en signant le Pacte de Varsovie avec sept pays satellites d'Europe centrale: Albanie, Bulgarie, Hongrie, Pologne, République démocratique allemande (RDA), Roumanie et Tchécoslovaquie.
Les forces de ces pays sont placées sous un commandement unifié (soviétique). Elles interviendront dans les pays du Pacte eux-mêmes, en Hongrie puis en Tchécoslovaquie.
Une victoire sans coup de feu
Mais en 1966, le général de Gaulle, président de la République française, décide de retirer son pays des organes opérationnels de l'OTAN sans cesser d'appartenir à l'alliance. Il veut que la France conserve la pleine maîtrise de sa force de dissuasion nucléaire sans avoir de compte à rendre à quiconque.
Le SHAPE et le Conseil de l'Atlantique se transportent alors dans la banlieue de Bruxelles. Ils y resteront même après le retour de la France au sein de l'Organisation, au début des années 90.
Au début des années 1980, l'OTAN réagit avec succès à la menace que représentent les missiles SS20 déployés par l'URSS en Europe centrale : elle menace de déployer le long du rideau de fer des missiles de croisière Pershing-2 (surnommés les « Euromissiles ») et les Soviétiques préfèrent retirer leurs propres fusées.
Sous l'impulsion du président des États-Unis Ronald Reagan, l'OTAN entraîne alors l'organisation rivale du Pacte de Varsovie, créée le 14 mai 1955, dans une course aux armements très coûteuse.
L'Union soviétique ne peut pas suivre. Elle souffre d'un délabrement croissant de son économie et sa population voit ses conditions de vie empirer d'année en année. Elle finit par imploser sous le poids de ses contradictions internes en 1991. C'est ainsi qu'au bout de quarante ans de guerre froide, l'Alliance remporte une victoire totale sur l'URSS sans avoir eu besoin de tirer un seul coup de fusil...
L'OTAN a de fait perdu sa raison d'être avec l'implosion de l'URSS et la fin de la guerre froide. Pourtant, elle va perdurer jusqu'à nos jours et même se faire résolument agressive. En 1994, sans l'aval de l'ONU et sans qu'un quelconque de ses membres soit menacé, elle livre sa première guerre au Kossovo, contre la Serbie qui tente de conserver en son sein cette province historique.
Quel avenir pour l'OTAN ?
La Pologne, la Hongrie et la République tchèque rejoignent l'OTAN en mars 1999. Sept nouveaux États d'Europe centrale (dont trois de l'ancienne URSS !) les suivent en mai 2004, portant à 26 le nombre de ses membres : Estonie, Lettonie, Lituanie, Slovaquie, Slovénie, Roumanie et Bulgarie, malgré la promesse faite en 1989 à Mikhaïl Gorbatchev de ne pas étendre l'alliance jusqu'aux portes de la Russie (note ).
Pour conserver leur rôle de « gendarme du monde », les États-Unis tentent dès lors de réorienter l'OTAN vers des missions élargies, au grand dam des alliés européens. L'attaque terroriste du 11 septembre 2001 a semblé justifier cet élargissement du champ de l'OTAN, qui intervient en Afghanistan comme le bras armé de l'ONU.
Désemparée par le chaos qu'elle a provoqué au Moyen-Orient et en Afghanistan, l'OTAN va ensuite raviver la guerre froide en Europe en prenant prétexte de la réannexion de la Crimée par la Russie, bénéficiant en cela du soutien appuyé des anciens satellites soviétiques (Pologne, Lithuanie, République tchèque) qui rêvent d'en découdre avec leur ancienne puissance de tutelle.
Mais que ce soit sur le « front russe » ou sur le front moyen-oriental, l'OTAN apparaît inopérante. Toujours sous la tutelle de Washington, elle devient plus gravement une entrave à la constitution par les Européens d'une diplomatie et d'une défense autonomes. La pacification des relations internationales dans les deux premières décennies du XXIe siècle devrait très vite reposer la question de sa survivance... à moins qu'elle n'arrive à créer les conditions qui lui rendraient à nouveau son « utilité », ce qu'à Dieu ne plaise.
4 avril 1960 :
L'indépendance tranquille du Sénégal
Le 4 avril 1960, par un accord avec le gouvernement du général de Gaulle, Léopold Sédar Senghor obtient l'indépendance de la Fédération du Mali, qui réunit le Sénégal et le Soudan français, deux colonies de l'Afrique occidentale française (AOF) .
L'indépendance est effective le 20 juin suivant. Mais dès le 20 août, le Sénégal se retire de la fédération. Cinq jours plus tard, Léopold Sédar Senghor devient le Président de la nouvelle République, avec une Constitution calquée sur celle de la Ve République...
Entre Sahel et Océan
Le Sénégal et le Mali : sites anciens et actuels, frontières actuelles (droits réservés : Herodote.net et Alain Houot)Grand comme le tiers de la France (196 000 km2), le Sénégal compte 13 millions d’habitants en 2011 (2,5 millions à l’indépendance, un demi-siècle plus tôt). Bordé à l’Est et au Nord par le fleuve Sénégal, à l’ouest par l’Océan atlantique, c’est un pays très plat, avec un climat sec et par endroits semi-désertique.
Il est traversé en son milieu par un fleuve côtier, la Gambie, dont la vallée, colonisée par les Britanniques, constitue aujourd’hui un petit État anglophone indépendant. Cela a pour effet d’entraver les communications entre Dakar et le sud du Sénégal, la Casamance.
Le drapeau du SénégalLe Sénégal est la plus ancienne de toutes les colonies françaises
d’Afrique noire et reste fidèle à la langue de Molière, principal facteur d’unité et d’ouverture sur le reste du monde. Son régime démocratique s’est maintenu envers et contre tout sous l’autorité de seulement trois présidents en un demi-siècle : les socialistes Léopold Sédar Senghor et Abdou Diouf, le libéral Abdoulaye Wade.
La corruption et la pauvreté n’en sont pas moins extrêmes et le pays a eu le douteux privilège de tomber dans la catégorie des PMA (pays les moins avancés).
Premiers contacts avec l’Europe
En l’absence de documents écrits, l’histoire ancienne du Sénégal demeure mal connue, comme celle de l'Afrique noire dans son ensemble. Jusqu’à l’époque coloniale, le territoire n’a pas d’unité politique.
Sur les rives du fleuve Sénégal se rencontrent au premier millénaire de notre ère les Maures ou Berbères, nomades du Sahel, et les Noirs de la savane, Ouolofs et Sérères.
Les terres humides de la Casamance, au sud du fleuve Gambie, sont cultivées par d’autres populations noires, les Diolas. Plus à l’ouest et jusque dans le massif du Fouta Djalon, dans l’actuelle Guinée, on rencontre des populations au teint cuivré, les Toucouleurs et les Peuls.
Le nom des Toucouleurs dérive d’un très ancien royaume, le Tekrour, converti à l’islam sans doute dès avant l’An Mil. Ce royaume est contemporain d’un autre royaume sahélien, le Ghana.
En 1048, sur une île du fleuve Sénégal, des musulmans maures cèdent à l’appel d’un prédicateur et se lancent dans la guerre sainte. Sous le nom d’Almoravides, ils vont détruire le royaume du Ghana mais aussi conquérir le Maroc, remonter jusqu’en Espagne et repousser les chrétiens en guerre contre les royaumes musulmans d’al-Andalous. C’est le premier contact direct entre le Sénégal et l’Europe !
Au sud du fleuve Sénégal, au Moyen Âge, le Tekrour passe sous la suzeraineté du Mali, nouvel empire sahélien établi dans le bassin du Niger. Il laisse la place à un nouvel État, le Fouta, lequel éclate en plusieurs petits États.
Drapeau des Almoravides (1073-1147).
Sur la route des Indes
L’arrivée des premiers Européens sur le littoral sénégalais remonte à la Renaissance. Il s’agit de pêcheurs et de marchands originaires du Portugal ou encore de Normandie (Dieppe).
Désireux d’atteindre l’Asie des épices en contournant l’Afrique, les Portugais s’installent en 1444 sur l’île de Gorée, en face de la presqu’île du Cap-Vert et de l’actuelle ville de Dakar. Ils établissent aussi un comptoir un peu plus au sud, sur la Petite-Côte, à Rufisque.
Au XVIIe siècle, c’est la traite des esclaves qui attire les Européens dans les parages. Les Hollandais s’emparent de Gorée en 1617. Les Français ne sont pas en reste. Des bourgeois de Rouen et Dieppe créent en 1624 la Compagnie de Sénégal et de Gambie, qui se fait accorder par Richelieu un monopole sur la traite des esclaves.
Le comptoir de Saint-Louis (ou Fort-Saint-Louis), ainsi nommé en l’honneur du roi Louis XIV, est fondé en 1659 par un agent de la Compagnie. Il va rester possession française pendant trois siècles, jusqu’à l’indépendance du pays. Ses habitants, métissés et très divers, adressent des cahiers de doléances aux états généraux de 1789.
Quatre siècles de métissage
Dès le XVIe siècle, pour se consoler de l’absence de leur épouse, les négociants portugais de Rufisque se mettent en ménage avec de jeunes Africaines. Ces dames donnent le jour à une population métissée originale, de religion catholique et de langue portugaise, les Signares (déformation de Senhoras, dames en portugais).
Endogame, cette population constitue au XVIIIe siècle la bourgeoisie locale de Rufisque mais aussi de Gorée puis de Saint-Louis, au nord. Parmi ses rejetons les plus célèbres, notons le philosophe Gaston Berger, né à Saint-Louis-du-Sénégal, et son fils, le chorégraphe Maurice Béjard.
En 1677, les Français occupent Gorée et plus tard Rufisque. Sous la direction de la Compagnie des Indes orientales, qui a pris le relais de la précédente compagnie, la traite bat son plein avec un maximum de 2000 esclaves par an convoyés de Saint-Louis aux Antilles.
Le souvenir de ce « commerce infâme » est entretenu à Gorée, dans la maison d'une ancienne Signare, rebaptisée Maison des esclaves, bien que l'île elle-même n'ait jamais servi de base de départ pour les navires négriers.
La Maison des Esclaves, sur l'île de Gorée (ancienne maison de la Signare Anne Pépin)
Mais les Anglais se tiennent à l’affût et, plusieurs fois au cours du XVIIIe siècle, s’emparent des comptoirs sénégalais. La France les recouvre définitivement au Congrès de Vienne en 1815 mais n’en prend possession qu’en 1817. La frégate La Méduse, envoyée dans ce but à Saint-Louis en 1816, fait naufrage en route avec le retentissement artistique que l’on sait.
La « mission civilisatrice » de la France
Suite à l’abolition de la traite et de l’esclavage, les commerçants de Saint-Louis se tournent vers le trafic de la gomme arabique. Extraite de la sève d’acacia et très prisée par l’industrie chimique, elle leur est livrée par les populations de l’intérieur, Ouolofs, Maures et Toucouleurs.
Mais ce commerce ne va pas sans inconvénients : l’insécurité est grande et les Maures prélèvent un tribut sur les livraisons.
Les commerçants font pression sur le gouvernement français pour sécuriser le territoire. Leurs réclamations sont entendues par les hommes politiques et les chefs militaires désireux de constituer un nouvel empire colonial après la perte du premier (Saint-Domingue, Nouvelle-France, Louisiane, Indes…). D’aucuns voient même dans le Sénégal un substitut à l’ancienne colonie de plantation de Saint-Domingue (aujourd’hui Haïti) mais leurs tentatives d’y créer des plantations vont régulièrement échouer.
Edouard-Auguste Nousveaux, Le prince de Joinville assistant à une danse dans l'île de Gorée, décembre 1842, Château de Versailles.
Sous le règne de Napoléon III, le gouverneur Louis Faidherbe réalise le souhait des commerçants de Saint-Louis.
Il soumet les Ouolofs et repousse les Maures ainsi que le chef toucouleur El-Hadj Omar. Il constitue également le corps des tirailleurs sénégalais, sur le modèle des zouaves algériens. Il va s’illustrer dans la colonisation de l’Afrique noire, sous la IIIe République mais aussi dans les deux guerres mondiales.
Une fois la sécurité assurée, Faidherbe constitue autour de Saint-Louis la première colonie française d’Afrique noire et d’emblée, se soucie d’éduquer dans la langue française les enfants des chefs et princes locaux.
Le gouverneur donne à la colonie un nouveau port, Dakar, qui ne tarde pas à supplanter Saint-Louis. Dakar devient la capitale du Sénégal puis, en 1904, de l’Afrique occidentale française. C’est aujourd’hui une mégapole de 4 millions d’habitants qui concentre l’essentiel des maigres ressources du pays.
Faidherbe introduit aussi avec succès un oléagineux d’origine mexicaine, l’arachide. Cultivées par les petits paysans locaux, les cacahuètes sont exportées vers la métropole et transformées en huile alimentaire. Elles deviennent rapidement la première exportation du pays.Blaise Diagne (13 octobre 1872 , Gorée ; 11 mai 1934, Cambo-les-Bains)
Sous la IIIe République, des gouverneurs tel Joseph Gallieni poursuivent l’œuvre de Faidherbe, au nom de la « mission civilisatrice » de la France, exaltée par le ministre Jules Ferry. Dakar devient la base de départ de la conquête de l’Afrique occidentale, essentiellement le Sahel et le bassin du haut Niger.
En 1916, fait exceptionnel : en vertu de l’ancienneté de leurs liens avec la métropole, les habitants des « quatre communes » de Saint-Louis, Rufisque, Gorée et Dakar obtiennent la citoyenneté française... avec aussi les devoirs qui s'y rattachent, dont le service militaire obligatoire !
Ce privilège leur est acquis par Blaise Diagne, natif de Gorée, élu en 1914 député du Sénégal. Premier député africain, ce pur produit de l'« assimilation à la française » devient aussi le premier ministre français d'origine africaine en entrant comme sous-secrétaire d'État aux Colonies dans le cabinet de Pierre Laval du 30 janvier 1931 au 16 février 1932.
La ville de Rufisque en 1912
Métissage culturel et émancipation
Au tournant du XXe siècle, le Sénégal, création artificielle divisée en cercles administratifs, commence à ressembler à un État. Il réunit des populations qui, si diverses soient-elles, prennent l’habitude de cohabiter en paix.
Les Diolas et les Sérères se montrent ouverts à la prédication chrétienne. Mais la grande majorité des animistes se rallie peu à peu à l’islam, un islam assez particulier qui accorde aux femmes une place active dans la vie publique et économique.
Un Islam africain
Amadou Bamba, marabout fondateur de la confrérie des MouridesVers 1886, le marabout Amadou Bamba fonde la confrérie islamique des Mourides.
Une grande partie des Ouolofs se rallient à elle avec ferveur.
Tout musulmans qu’ils soient, ils se tournent non plus vers La Mecque, la ville du prophète Mahomet (Mamadou en ouolof), mais vers Touba, la ville sainte du mouridisme, qui abrite le tombeau du vénéré marabout, à l’est de Dakar.
Depuis l’indépendance, la confrérie s’est considérablement enrichie en développant la monoculture de l’arachide, au risque d’épuiser les sols, et en s’attribuant le monopole de sa commercialisation.
Cela lui vaut un poids écrasant dans la vie du pays.
Léopold Sédar Senghor (1906- 2001)
Produit exemplaire de la colonisation et premier Africain à obtenir l’agrégation (grammaire), Léopold Sédar Senghor met la culture française au service de l’émancipation de son pays et de l’Afrique.
Avec le Martiniquais Aimé Césaire et quelques autres intellectuels, il invente en 1932 le concept de « négritude », exalte les cultures africaines et l’Art nègre, et revendique le droit à l’indépendance pour les peuples colonisés.
Après la Seconde Guerre mondiale, le poète est élu député et participe à des gouvernements de la IVe République. Quand le général de Gaulle prend le pouvoir à Paris, il négocie avec lui l’indépendance des colonies africaines.
Un demi-siècle d’indépendance
Deux ans après l’indépendance, Mamadou Dia, rival malheureux du président Senghor, tente un coup d’État et se voit condamné à la prison à vie. Adossé à la protection militaire de la France, le Sénégal ne connaîtra dès lors plus d’autre tentative de coup d’État.
En 1981, après vingt années de pouvoir, Léopold Senghor se retire à Normandie, dans la région de sa deuxième épouse, et transmet le pouvoir à son Premier ministre Abdou Diouf. Celui-ci tente en 1982 de constituer une confédération avec la Gambie, micro-État anglophone enclavé dans le Sénégal mais l’union se rompt dès 1989.
La même année, la tension monte entre le Sénégal et son voisin du nord, la Mauritanie. Des commerçants mauritaniens, à Dakar, sont attaqués et pour beaucoup tués. Même chose en Mauritanie pour les résidents sénégalais. On compte des milliers de victimes et de réfugiés.
Usé et malade, Abdou Diouf ne s’accroche pas davantage que son prédécesseur en 2000, quand les élections présidentielles consacrent la victoire de l’éternel opposant, Abdoulaye Wade (65 ans environ), un Ouolof de la confrérie des Mourides.
Le 26 septembre 2002, le mandat de Wade est affecté par le drame du Joola. Ce navire qui fait la navette entre Dakar et la Casamance, sombre avec près de 2000 personnes. L’impéritie des pouvoirs publics est mal ressentie, en particulier par les Diolas de Casamance, qui ont le sentiment d’être délaissés et connaissent une rébellion séparatiste. C’est le début de désamour entre le vieux président et son peuple...
Le phénomène est accentué par l’appauvrissement constant du pays, dont les principales ressources résident dans l’aide internationale et les transferts des émigrants, et par le népotisme du président, lequel, à la différence de ses deux prédécesseurs, ne répartit pas les fruits de la corruption entre les représentants de chaque ethnie mais les réserve à la sienne propre et à sa famille.
En février-mars 2012, usé et autoritaire, le leader octogénaire Abdoulaye Wade tente de postuler un troisième mandat mais il est battu par son ancien Premier ministre, Macky Sall, et se retire après avoir laissé planer le doute sur ses intentions.
4 avril 1968 :
Assassinat de Martin Luther King
Le 4 avril 1968, le pasteur américain Martin Luther King (39 ans) est assassiné dans un motel de Memphis par un repris de justice, James Earl Ray. Révulsés par sa mort tragique et ô combien prévisible, les ghettos noirs des grandes villes américaines sombrent aussitôt dans des émeutes d'une extrême violence. Cet Holy Week Uprising (« Soulèvement de la Semaine Sainte ») fait un total de 39 morts et des dégâts comme les États-Unis n'en ont pas connu depuis la guerre de Sécession...