28 Avril 2022
Le château d'Azay-le-Rideau est bâti sur une île au milieu de l'Indre sous le patronage de François Ier. Subtile alliance de traditions françaises et de décors innovants venus d'Italie, il est une icône du nouvel art de bâtir du Val-de-Loire au XVIème siècle. Son parc paysager, conçu dans la seconde moitié du XIXe siècle, lui offre un véritable écrin naturel.
En 1905, l'Etat devient propriétaire du château d'Azay-le-Rideau. Ses propriétaires successifs ont contribué à en faire le joyau architectural le plus harmonieux du Val-de-Loire.
De janvier 2015 à juin 2017, le monument a bénéficié d’un important programme de restauration, entrepris par le Centre des monuments nationaux.
LA CONSTRUCTION DU CHÂTEAU
Le château d'Azay-le-Rideau est considéré comme l'un des modèles de l'architecture de la Renaissance française.
Si ses deux ailes ont été élevées dans les premières années du XVIeme siècle, c'est au XIXème siècle que le château a pris sa silhouette définitive. À ce titre, Azay-le-Rideau doit à la fois être apprécié comme un joyau de la Renaissance et comme un exemple représentatif du goût du XIXème siècle pour l'art de la Renaissance.
Vers 1510, Gilles Berthelot, conseiller du roi Louis XII et trésorier de France achète la forteresse médiévale d'Azay ainsi que les terres qui l'entourent. Cette possession seigneuriale doit renforcer sa nouvelle position sociale : fils d'un maître de la Chambre des comptes, Gilles Berthelot est devenu noble en héritant de la charge de son père. Il s'est illustré au service du roi de France en créant de nouvelles taxes, qui ont eu pour conséquence de remplir les caisses du royaume.
Peu de temps après avoir acheté les terres d'Azay, Berthelot fait abattre une partie de la vieille forteresse pour ériger un château au goût du jour. Les travaux sont remarquablement courts : dès 1522, la charpente est achevée.
Mais Gilles Berthelot n'a guère le temps de profiter de sa demeure. Comme d'autres financiers, il s'est beaucoup enrichi par ses activités, peut-être au détriment de la couronne.
Une enquête générale est ordonnée par François Ier : elle révèle des malversations.
L'un des financiers, Jacques de Beaune Semblançay, est exécuté. Gilles Berthelot, qui craint de subir le même sort, prend la fuite, abandonnant son épouse et son château. Il meurt deux ans plus tard à Cambrai.
LES DIFFÉRENTS PROPRIÉTAIRES
François Ier saisit le château d'Azay et l'offre à l'un de ses fidèles Antoine Raffin, au grand dam de Philippe Lesbahy, l'épouse de Berthelot, qui essaie vainement de récupérer son bien.
D'abord propriété des Raffin, le château passe aux mains de la famille Gelais de Lansac au gré des mariages. Le 27 juin 1617, le roi Louis XIII y séjourne. En 1651, le marquis de Vassé reçoit le château par alliance : il effectue quelques travaux pour embellir la demeure et construit le portail. Après sa mort en 1684, c'est la décrépitude du domaine, faute d'argent.
Mis en vente peu de temps avant la Révolution, le château est acquis en 1791 par Charles de Biencourt marquis de Biencourt. Tout au long du XIXe siècle, la famille Biencourt entreprend d'importants travaux de restauration, lui donnant sa forme actuelle. Elle aménage également le parc en un superbe jardin paysager, dans le goût anglais alors en vogue.
A la fin du siècle, le château passe entre les mains de plusieurs propriétaires avant d'être acheté, en 1905 par l'État. Le château est classé au titre des monuments historiques neuf ans plus tard.
Les propriétaires du château :
1510-1527 : Gilles Berthelot et Philippe Lesbahy
1537-1651 : Les Raffin
1651-1787 : Les Vassé
1791-1882 : Les Biencourt
1905-2015 : L'État
Azay-le-Rideau, Chambord, Monsoreau, Chenonceau, Ussé : le Val de Loire concentre un ensemble exceptionnel de châteaux bâtis ou remaniés à la Renaissance. L'Anjou, la Touraine et l'Orléanais sont alors un lieu de séjour privilégié par la Cour de France, encore itinérante.
Si Chambord et Blois sont des résidences royales, d'autres joyaux architecturaux du début du XVIe siècle ont été construits pour de grands financiers de la couronne, tels que Gilles Berthelot, le commanditaire du château d'Azay.
Enrichis sous les règnes de Louis XII et François Ier, ces financiers et conseillers cherchent à asseoir leur statut social en possédant un château et des terres. Par la magnificence de leurs demeures, ils souhaitent manifester leur réussite.
Ces nouvelles constructions intègrent des innovations architecturales italiennes. À l'occasion des campagnes militaires en Italie, les Français ont été marqués par l'art et la culture ultra-alpine. Forts de leurs contacts, ils recrutent des artistes italiens : ces derniers introduisent de nouvelles pratiques dans la construction (le plan régulier et symétrique, l'escalier à volées droites). Ces architectes, sculpteurs et peintres apportent aussi un vocabulaire antiquisant. Les innovations venues d'Italie se combinent ou se superposent à la tradition architecturale et ornementale française contemporaine.
Reconnue pour la beauté de son cadre naturelle et la richesse de son patrimoine historique, la vallée de la Loire est inscrite au patrimoine mondial de l'UNESCO. Les châteaux de la Loire, dont celui d'Azay, forment l'un des trésors de la région.