12 Avril 2022
Chemin de Croix: les familles partagent leurs difficultés et espoirs
Le Saint-Siège a publié, ce 11 avril, les méditations pour le Chemin de Croix du Vendredi saint qui sera, comme le veut la tradition, organisé au Colisée. Quinze familles offrent leurs réflexions sur différentes souffrances endurées par les foyers à travers le monde, parmi lesquelles le fait d'être porteur de handicap, de vivre la migration ou encore la guerre actuelle en Ukraine.
Vatican News
Plaintes, incertitudes, besoins, blessures, mais également courage, pardon, prières et espoir. Ces thèmes, liés à la vie de chaque famille à travers le monde, constituent la base des méditations écrites pour le Chemin de Croix que le Pape François présidera le 15 avril, jour du Vendredi Saint, au Colisée à Rome.
Quinze familles liées à des associations et des communautés de bénévoles catholiques ont rédigé les méditations, en cette année de la famille Amoris Laetitia qui célèbre le cinquième anniversaire de l'exhortation apostolique éponyme du Saint-Père.
Progression de la vie familiale
L'ordre des méditations reflète en partie la progression de la vie familiale, passant des difficultés financières des jeunes couples aux épreuves de la parentalité, et de la douleur de la perte à des situations extraordinairement difficiles telles que la guerre.
Un jeune couple entame le Chemin de Croix en réfléchissant à ses difficultés: ils voient le mariage de leurs amis échouer, leur amour n'a pas encore été mis à l'épreuve et ils ont du mal à s'en sortir financièrement. «Le mariage, disent-ils, n'est pas seulement une aventure romantique, c'est aussi Gethsémani: l'angoisse que nous ressentons avant de briser notre corps pour l'autre.»
Une famille missionnaire partage ensuite sa difficulté à faire confiance à la Providence divine, alors qu'elle est témoin des horreurs de la guerre et qu'elle est tentée de recourir à la violence en réponse. Pourtant, elle lutte quotidiennement pour résister à la tentation de trahir le Christ, en s'en prenant à ses frères et sœurs.
L'amour sans et avec enfants
Un couple de personnes âgées sans enfant a écrit la réflexion pour la 3ème station. Elles soulignent combien elles ont souvent fait l'expérience de la condamnation des autres qui les jugent pour leur stérilité. L'amour, ajoute ce couple, remplit leur famille lorsqu'ils marchent main dans la main.
Une famille nombreuse partage le point de vue opposé, notant que les projets personnels et les objectifs de carrière cèdent souvent le pas aux devoirs familiaux, bien qu'ils ne soient pas imposés. «Malgré nos inquiétudes et nos journées bien remplies, disent-ils, nous ne penserions jamais à revenir en arrière.»
Jugement et Maladie
Les méditations des stations suivantes donnent la parole à d'autres modèles familiaux. Un couple raconte que leur fils handicapé a été jugé avant même de venir au monde, puisque les médecins leur ont dit qu'il serait «un fardeau pour vous et la société: 'crucifiez-le'». Mais cet enfant n'avait rien fait de mal, et ils ont choisi pour lui la vie.
Une famille, qui a transformé sa maison en un foyer pour de nombreuses autres personnes, souligne que la douleur a le pouvoir de transformer, et de rappeler la simplicité de la dignité humaine. Un homme dont la femme a été atteinte d'une grave maladie, propose également une réflexion sur la 7e station. Cette épreuve inattendue, exprime-t-il, chemin du Golgotha, les a mis lui et sa femme sur la croix, mais en a aussi fait le socle de leur famille.
La Guerre en Ukraine
Les deux dernières stations du Chemin de Croix sont des récits sur la violence causée par la guerre et sur la migration forcée au sein des foyers de notre époque. Une famille ukrainienne et une famille russe décrivent tout ce que la guerre change, «l'existence, les jours, l'insouciance de la neige en hiver, aller chercher les enfants à l'école, le travail, les embrassades, les amitiés». Ils demandent à Dieu pourquoi, au milieu des larmes qui ont coulé et de la colère qui «a fait place à la résignation». Conscients de la difficulté de la réconciliation, ils invoquent le Seigneur pour qu'Il parle «dans le silence de la mort et de la division», en enseignant «à faire la paix, à être frères et sœurs, à reconstruire ce que les bombes auraient voulu détruire».
Les espoirs des migrants
Enfin, à la 14e station, une famille de personnes éxilées confie, après de durs périples, être perçue comme un fardeau dans son pays d'accueil. «Ici, nous sommes des chiffres, des catégories, des simplifications. Pourtant, nous sommes bien plus que des immigrants. Nous sommes des personnes». «Le corps de Jésus est déposé dans le tombeau», avec leurs sacrifices et leur passé. Leur parole, loin d'être résignée, est emprunte d'espoir: «Nous savons que la grande pierre à la porte du tombeau sera un jour roulée», concluent-ils, en se réjouissant de Pâques et de la vie nouvelle du Christ.
Les méditations du chemin de croix au Colisée confiées cette année à des familles
Le Vendredi Saint approche, et le Bureau de presse du Saint-Siège a donné ce jeudi 7 avril de premières informations sur les textes qui nourriront la prière du Souverain Pontife et des fidèles.
Cette année, le Pape François a confié la préparation des textes des méditations et des prières du chemin de croix du Vendredi saint au Colisée à des familles liées à des communautés et associations catholiques de bénévolat et d'assistance, a indiqué le Bureau de Presse du Saint-Siège ce jeudi 7 avril. Ce choix s'inscrit dans le cadre de l'année consacrée à la famille, au cours de laquelle l'Église célèbre le cinquième anniversaire de l'exhortation apostolique Amoris Laetitia. Selon les thèmes choisis, certaines familles porteront la croix entre les stations, précise le communiqué.
Ces textes devraient être publiés prochainement.
C’est la première fois depuis trois que le chemin de croix du Vendredi saint a lieu dans le célèbre amphithéâtre de la Ville éternelle. La tradition avait été suspendue en raison de la pandémie de Covid-19. Il se tiendra donc le 15 avril prochain, à 21h15.
L’année dernière, les méditations des 14 stations avaient été confiées à des enfants, et le «Via Crucis» s’était déroulé sur la Place Saint-Pierre, tout comme en 2020, où des détenus et du personnel carcéral avaient rédigé les textes.
Vendredi Saint: le Pape met les prisonniers au pied de la Croix
François a confié cette année les méditations du Chemin de Croix à des détenus d'une prison de Padoue, dans le nord de l'Italie, ainsi qu'au personnel carcéral. Dans un message enregistré le Pape a remercié ces prisonniers, témoignant envers eux une proximité qui ne s'est jamais démentie depuis le début de son pontificat.
Olivier Bonnel - Cité du Vatican
Le 28 mars 2013, pour le premier Jeudi Saint de son pontificat, le Pape François s'était rendu à la maison pénitenciaire de Casal del Marmo en banlieue de Rome pour aller laver les pieds à douze détenus, parmis lesquels deux jeunes filles. Les images fortes avaient fait le tour du monde, rappelant que Jésus est serviteur. Depuis, François a célébré cinq fois la messe de la Cène du Seigneur auprès de prisonniers.
Cette année, en raison des mesures de confinement le Souverain Pontife n'a pu se rendre au milieu carcéral, mais a associé les détenus aux méditations du Chemin de Croix. Le Saint-Père a en effet demandé à Don Marco Pozza, aumônier de la prison des Due Palazzi de Padoue (Nord) de préparer ces méditations. Parmi ceux qui ont écrit les textes qui seront lus lors des stations de cette Via Crucis place Saint-Pierre figurent «cinq prisonniers, la famille d'une victime de meurtre, la fille d'un homme condamné à la prison à vie, un éducateur, un agent de probation, la mère d'un prisonnier, un catéchiste, un frère volontaire, un agent de la police pénitentiaire, un prêtre accusé puis finalement acquitté après huit ans» a expliqué Don Marco au quotidien L'Avvenire.
Dieu nous parle à l'intérieur d'une histoire
Le Pape a été touché par ces méditations, et a ainsi enregistré un message audio transmis sur la radio italienne RTL ce vendredi matin 10 avril: «Je me suis installé dans les replis de vos paroles et je me suis senti le bienvenu chez moi. Merci d'avoir partagé un bout de votre histoire avec moi, explique le Saint-Père, Dieu se raconte et nous parle à l'intérieur d'une histoire, il nous invite à l'écouter attentivement et avec miséricorde.»
Dans son message, le Pape explique aussi que les détenus ont « éparpillé [leurs] noms non pas dans la mer de l'anonymat, mais parmi les nombreuses personnes liées au monde de la prison. Ainsi, dans le Chemin de Croix, vous prêterez votre histoire à tous ceux qui, dans le monde, partagent la même situation». «Il est réconfortant de lire une histoire dans laquelle il y a des histoires non seulement de personnes en prison, mais aussi de tous ceux qui sont passionnés par le monde de la prison», ajoute François dans son message aux détenus de Padoue.
«Je comprends votre souffrance»
Le Pape a donc souhaité cette année placer les prisonniers au pied de la Croix, coeur du message du Vendredi Saint. Une signification d'autant plus forte alors que la pandémie de coronavirus a jeté une lumière crue sur les difficiles conditions de vie dans de nombreuses prisons, en Italie ou dans d'autres pays.
Don Marco Pozza souligne qu'en faisant confiance aux prisonniers dont il a la charge, François a leur a envoyé un message: « Votre bonne volonté m'est précieuse. La voix du Pape François est la seule voix qui fasse autorité dans le monde carcéral, a t-il précisé à L'Avvenire , comme pour dire : je comprends bien votre souffrance, cherchons à entrer en contact». Parmis les personnes qui porteront la Croix lors des stations ce vendredi soir place Saint-Pierre figureront des détenus de la prison de Due Palazzi.