8 Avril 2022
Évangile de Jésus-Christ
selon saint Jean 10,31-42.
En ce temps-là, de nouveau, des Juifs prirent des pierres pour lapider Jésus.
Celui-ci reprit la parole : « J’ai multiplié sous vos yeux les œuvres bonnes qui viennent du Père. Pour laquelle de ces œuvres voulez-vous me lapider ? »
Ils lui répondirent : « Ce n’est pas pour une œuvre bonne que nous voulons te lapider, mais c’est pour un blasphème : tu n’es qu’un homme, et tu te fais Dieu. »
Jésus leur répliqua : « N’est-il pas écrit dans votre Loi : ‘J’ai dit : Vous êtes des dieux ?’
Elle les appelle donc des dieux, ceux à qui la parole de Dieu s’adressait, et l’Écriture ne peut pas être abolie.
Or, celui que le Père a consacré et envoyé dans le monde, vous lui dites : “Tu blasphèmes”, parce que j’ai dit : “Je suis le Fils de Dieu”.
Si je ne fais pas les œuvres de mon Père, continuez à ne pas me croire.
Mais si je les fais, même si vous ne me croyez pas, croyez les œuvres. Ainsi vous reconnaîtrez, et de plus en plus, que le Père est en moi, et moi dans le Père. »
Eux cherchaient de nouveau à l’arrêter, mais il échappa à leurs mains.
Il repartit de l’autre côté du Jourdain, à l’endroit où, au début, Jean baptisait ; et il y demeura.
Beaucoup vinrent à lui en déclarant : « Jean n’a pas accompli de signe ; mais tout ce que Jean a dit de celui-ci était vrai. »
Et là, beaucoup crurent en lui.
Extrait de la Traduction Liturgique de la Bible - © AELF, Paris
Saint Jean-Paul II (1920-2005)
pape
Audience générale 6/12/78, §2,3 (trad. DC 1755, p.7, rev.)
« Il est écrit dans votre Loi : ‘J'ai dit : Vous êtes des dieux’ »
« Dieu dit : faisons l'homme à notre image, selon notre ressemblance » (Gn 1,26). Comme si le Créateur entrait en lui-même ; comme si, en créant, non seulement il appelait du néant à l'existence en disant : « Qu'il soit ! », mais, d'une façon particulière, il tirait l'homme du mystère de son propre être. Cela est compréhensible parce qu'il ne s'agit pas seulement de l'être, mais de l'image. L'image doit «& » ; elle doit reproduire, en un certain sens, « la substance » de son prototype. (...) Il est évident que cette ressemblance ne doit pas être entendue comme un « portrait », mais comme le fait pour un être vivant d'avoir une vie semblable à celle de Dieu. (...)
En définissant l'homme comme « image de Dieu », le livre de la Genèse met en évidence ce par quoi l'homme est homme, ce par quoi il est un être distinct de toutes les autres créatures du monde visible. La science, on le sait, a fait et continue de faire, dans différents domaines, de nombreuses tentatives pour montrer les liens de l'homme avec le monde naturel, pour montrer sa dépendance de ce monde, afin de l'insérer dans l'histoire de l'évolution des différentes espèces.
Tout en respectant ces recherches, nous ne pouvons pas nous limiter à elles. Si nous analysons l'homme au plus profond de son être, nous voyons qu'il se différencie du monde de la nature plus qu'il ne lui ressemble. C'est également dans ce sens que procèdent l'anthropologie et la philosophie lorsqu'elles cherchent à analyser et à comprendre l'intelligence, la liberté, la conscience et la spiritualité de l'homme. Le livre de la Genèse semble aller au-devant de toutes ces expériences de la science et, en disant de l'homme qu'il est « image de Dieu », il fait comprendre que la réponse au mystère de son humanité ne doit pas être cherchée dans sa ressemblance avec le monde de la nature. L'homme ressemble plus à Dieu qu'à la nature. C'est en ce sens que le psaume dit : « Vous êtes des dieux ! » (Ps 82,6), paroles que Jésus reprendra (Cf. Jn 10,34).
Méditation de l'évangile du père Gabriel
Jésus se distingue soigneusement de nous, et affirme encore plus énergiquement sa divinité et son unité avec le Père
Mon Père et Moi nous ne sommes qu'un
Mon Père et Moi, nous ne sommes qu'un.
Cette unité avec le Père qu'Il affirme si tranquillement, ses contemporains le comprennent tellement bien que, devant cette affirmation, ils veulent le lapider.
" Les juifs apportèrent de nouveau des pierres pour le lapider ".
Jésus insiste lourdement en affirmant maintenant que ses miracles, Il les a accomplis en union étroite avec son Père.
"J'ai multiplié sous vos yeux les œuvres bonnes qui viennent du Père. Pour laquelle de ces œuvres voulez-vous me lapider ?"
Les juifs lui répondirent :
« Ce n'est pas pour une œuvre bonne que nous voulons te lapider, mais c'est pour un blasphème : tu n'es qu'un homme, et tu te fais Dieu. »
Loin de s'affoler à cette affirmation, Jésus la renforce car, dans sa réponse, Il se distingue soigneusement de nous, et affirme encore plus énergiquement sa divinité et son unité avec le Père.
Car si l'Ecriture dit de tous les hommes : vous êtes des Dieux, à plus forte raison ce titre convient-il à Celui qui fait les oeuvres du Père et qui est son Envoyé.
« N'est-il pas écrit dans votre Loi : J'ai dit : Vous êtes des dieux ? Elle les appelle donc des dieux, ceux à qui la parole de Dieu s'adressait, et l'Écriture ne peut pas être abolie. Or, celui que le Père a consacré et envoyé dans le monde, vous lui dites : “Tu blasphèmes”, parce que j'ai dit : “Je suis le Fils de Dieu”.
Jésus va donc aller encore plus loin dans l'affirmation de son identité en tant qu'nvoyé du Père et son propres Fils. Il insiste sur cette unité d'action entre Lui et la Père. Les miracles qu'opèrent ses mains témoignent qu'une même vie, une même puissance unissent le Père et son Envoyé.
Et le vieil axiome latin resurgit : " Opera sequitur esse " (on agit toujours selon son être). C'est d'ailleurs ce qu'il dit aux juifs. Les miracles de bonté, face à la maladie, face à la mort, face au désordre moral ( car Zachée, la Samaritaine, Lévi, sont ses plus beaux miracles) crient au monde son origine.
" Si je ne fais pas les œuvres de mon Père, continuez à ne pas me croire. Mais si je les fais, même si vous ne me croyez pas, croyez les œuvres. Ainsi vous reconnaîtrez, et de plus en plus, que le Père est en moi, et moi dans le Père."
On ne peut être plus clair. D'ailleurs, les juifs, furieux de son blasphème, cherchaient de nouveau à l'arrêter, mais il échappa à leurs mains.
Père Gabriel
Homélie du Père Gilbert Adam
Vendredi de la 5e semaine de Carême
Jean n’a pas accompli de signe ; mais tout ce que Jean a dit de celui-ci était vrai.
De nouveau, des Juifs prirent des pierres pour lapider Jésus.
Celui-ci reprit la parole : « J’ai multiplié sous vos yeux les œuvres bonnes qui viennent du Père. Pour laquelle de ces œuvres voulez-vous me lapider ? » Ils lui répondirent : « Ce n’est pas pour une œuvre bonne que nous voulons te lapider, mais c’est pour un blasphème : tu n’es qu’un homme, et tu te fais Dieu. » Jésus continue à parler de l’enjeu de la situation de violence qui se vit au sein du peuple juif. Comment apporter la nouveauté du Royaume, la vérité sur sa personne qui rend libre ? Pour que cette promesse s’accomplisse, il faut entrer dans une évolution, s’ouvrir à la possibilité d’un changement à son contact, le Fils, qui accomplit les œuvres du Père. Ces œuvres sont incomprises par ses adversaires. Les seuls qui comprennent le sens de ces Paroles sont les simples et les petits qui ont bénéficié du Salut apporté par lui. Le père du mensonge est à l’œuvre dans cette discordance qui manifeste la volonté propre de ses adversaires de garder le pouvoir, en opposition à la volonté de Dieu. Le Royaume des cieux est caché aux grands et aux savants. L’expression « Je suis Fils de Dieu, » est insupportable pour les juifs ! Ce sera le point déterminant de sa condamnation. Or Jésus montre la vérité de son Etre de Fils de Dieu, mais les juifs le tiennent pour un blasphémateur et ils le condamnent à être lapidé.
"Jésus leur répliqua : « N’est-il pas écrit dans votre Loi : J’ai dit : Vous êtes des dieux ? Elle les appelle donc des dieux, ceux à qui la parole de Dieu s’adressait, et l’Écriture ne peut pas être abolie."
Or, celui que le Père a consacré et envoyé dans le monde, vous lui dites : “Tu blasphèmes,” parce que j’ai dit : “Je suis le Fils de Dieu”. Jésus ne renonce pas à la vérité, il continue à éclairer les Juifs. Il réagit à partir de ce qui est écrit dans la Loi à propos de la filiation qui implique une cohérence. C’est ce que Jésus vit en profondeur et ce dont il témoigne. Mais eux refusent ces paroles qui viennent d’un Autre, de son Père. Jésus manifeste leur enfermement et il ouvre la possibilité d’un changement en eux. Il n’a pas cessé de créer des liens d’amour, de faire le bien, et le mal se déchaîne contre Lui ! Nous faisons aussi cette expérience que la haine se décuple quand nous apportons de l’amour. C’est le combat spirituel dans lequel nous sommes engagés. Le Dieu Amour, plus fort que la mort, est notre victoire sur tout ce qui s’oppose à l’amour. Jésus lance un appel à la conversion mais cet appel est rejeté. Il est le visage inconnu de Dieu qui sera abandonné mais qui fonde une nouvelle fraternité. On crachera sur Jésus car il dérange. Cette révolte exprime notre péché ! Il en est ainsi parce que nous ne connaissons pas le Dieu d’amour.
« Si je ne fais pas les œuvres de mon Père, continuez à ne pas me croire. Mais si je les fais, même si vous ne me croyez pas, croyez les œuvres. Ainsi vous reconnaîtrez, et de plus en plus, que le Père est en moi, et moi dans le Père. »
Eux cherchaient de nouveau à l’arrêter, mais il échappa à leurs mains. Il repartit de l’autre côté du Jourdain, à l’endroit où, au début, Jean baptisait ; et il y demeura. Beaucoup vinrent à lui en déclarant : « Jean n’a pas accompli de signe ; mais tout ce que Jean a dit de celui-ci était vrai. » Et là, beaucoup crurent en lui. Jésus voudrait que les juifs reconnaissent qu’ils sont agis par le père du mensonge. Mais c’est l’agressivité qui va s’abattre farouchement sur lui. Il mourra pour avoir dit la vérité sur lui-même, pour être fidèle à son identité, à sa mission et à sa Personne. Il leur explique pourquoi il se nomme “Fils de Dieu.” Mais tout est vain : ce que Jésus dit est d’une telle ampleur qu’ils n’arrivent pas à le saisir. Nous contemplerons la douceur de Jésus et son humilité dans sa Passion les Jours Saints. Jésus doit fuir, et tout ceux qui croient en Lui le rejoignent, ils sont prêts à l’écouter et à le suivre. C’est à cette profondeur que le baptême nous atteint pour nous remettre dans le jaillissement de la vie. Le premier fruit de ce don est une fraternité renouvelée. Pour rétablir ces liens fraternels il nous faut d’abord rétablir les liens filiaux avec notre Père des cieux. Nous sommes frères et sœurs parce que nous avons le même Père. Devenons les enfants tendrement aimés de Dieu. Nous approchons des jours saints et la Parole de Jésus nous provoque à le contempler, à nous convertir. A nouveau la Croix de Jésus se profile à l’horizon quand il dit la vérité qui le mène au désastre relationnel avec eux. Amour et vérité sont ensemble pour Jésus, il donnera sa vie pour que cette réconciliation puisse être reçue.
Nous demandons la grâce de méditer cette Parole si actuelle.