25 Avril 2022
Messe pour le Dimanche de la Miséricorde Divine 24 avril 2022 Pape Françoia
Basilique Saint-Pierre, Messe pour le Dimanche de la Miséricorde Divine, en présence du Pape François
Découvrez les trois actions de la Divine Miséricorde selon le Pape François
Le dimanche de la Divine Miséricorde, fixé il y a 21 ans par saint Jean-Paul II au deuxième dimanche de Pâques, est célébré ce 24 avril en la basilique Saint-Pierre. Au cours de son homélie, le Pape François est revenu sur les trois actions qu’opère la miséricorde de Dieu en chacun de nous.
Claire Riobé - Cité du Vatican
L’Évangile de ce dimanche 24 avril nous relate l’apparition du Seigneur ressuscité aux disciples. Le Christ vient offrir aux Douze sa miséricorde en leur dévoilant ses plaies, et accompagne sa visite d’une salutation : «La paix soit avec vous !». Cette parole du Ressuscité, répétée trois fois dans cet Évangile, «vient à la rencontre de toute faiblesse et erreur humaine», a expliqué François. Ces mots du Christ nous aident à comprendre trois actions de la miséricorde de Dieu en chacun de nous: donner de la joie, susciter le pardon et consoler dans la peine.
La miséricorde donne la joie
«La miséricorde de Dieu donne une joie spéciale, la joie de se sentir pardonné gratuitement», a indiqué le Saint-Père. Juste avant la visite du Christ, les disciples s’étaient enfermés, par crainte, dans leur maison. Ils étaient également renfermés sur eux-mêmes, abattus par un sentiment d’échec, celui d’avoir abandonné leur maître au jour de son arrestation.
C’est dans ce climat que survient le premier «La paix soit avec vous!» du Ressuscité. «Les disciples auraient dû éprouver de la honte, mais au contraire, ils se réjouissent. Pourquoi? Parce que ce visage, cette salutation, ces paroles déplacent leur attention d’eux-mêmes vers Jésus». En effet, «les disciples furent remplis de joie, précise le texte, en voyant le Seigneur». Ils sont détournés de leurs propres échecs et ils sont attirés par le regard de Jésus, où ne se trouve aucune sévérité. «Le Christ ne les réprouve pas pour le passé (...), il leur donne la bienveillance de toujours. Et cela les ranime, répand dans leurs cœurs la paix perdue, fait d’eux des hommes nouveaux, purifiés par un pardon donné sans calculs ni mérites.»
La Miséricorde suscite le pardon
Nous pouvons faire nôtre la joie des disciples qui ont retrouvé le Christ, en faisant personnellement l’expérience du pardon. Dans nos moments de faiblesse, par exemple, car «c’est là précisément que le Seigneur fait tout pour nous donner sa paix», a affirmé le Souverain pontife. «À travers une confession, les paroles d’une personne qui se fait proche, une consolation intérieure de l’Esprit, un événement inattendu et surprenant (..). De diverses manières, Dieu prend soin de nous faire sentir l’étreinte de sa miséricorde, une joie qui naît de la réception "du pardon et de la paix"».
“«Frères, sœurs, chacun de nous a reçu dans le Baptême l’Esprit Saint pour être homme et femme de réconciliation.»”
Ce pardon reçu, les chrétiens sont invités à aller le partager autour d'eux en devenant des artisans de réconciliation. Car non seulement les disciples ont reçu la miséricorde de Dieu, mais deviennent également eux-mêmes des dispensateurs de la miséricorde. «Jésus a fait de toute l’Église une communauté dispensatrice de miséricorde, un signe et un instrument de réconciliation pour l’humanité. Frères, sœurs, chacun de nous a reçu dans le Baptême l’Esprit Saint pour être homme et femme de réconciliation», a ainsi appelé le successeur de Pierre, face aux fidèles réunis à Saint-Pierre.
«Et demandons-nous: moi, ici où je vis, en famille, au travail, dans ma communauté, est-ce que je promeus la communion, suis-je un tisseur de réconciliation? Est-ce que je m’engage à désamorcer les conflits, afin d’apporter le pardon là où il y a la haine, la paix là où il y a de la rancœur? Jésus cherche, en nous, des témoins devant le monde de ces paroles: La paix soit avec vous!», a insisté François.
Un outil de consolation dans la peine
La miséricorde du Seigneur vient enfin nous rejoindre lorsque nous faisons l'expérience du doute ou de l'obscurité, de la même manière qu'elle a rejoint saint Thomas dans l'Évangile. En ce disciple se trouve en réalité «l’histoire de chaque croyant», a affirmé le Saint-Père. «Il y a des moments difficiles, où la vie semble démentir la foi, où nous sommes en crise et où nous avons besoin de toucher et de voir. Mais (...) dans ces situations, Jésus (...) offre des signes chaleureux de miséricorde. Il nous console avec le même style que celui de l’Évangile d’aujourd’hui: en nous offrant ses plaies.»
Nous sommes donc aujourd'hui appelés à devenir des outils de consolation pour les autres, a demandé le Pape François, et à prendre de notre temps pour écouter et accompagner ceux qui, autour de nous, en ont le plus besoin. Car «quand nous le faisons, nous rencontrons Jésus», a conclu, au terme de son homélie, le Souverain pontife.
Environ un millier de Missionnaires de la Miséricorde rassemblés depuis samedi à Rome ont été reçus ce lundi matin 25 en audience par le Pape François en Salle Paul VI. Celui-ci leur a donné quelques conseils pour leur ministère, particulièrement axé sur le sacrement de la réconciliation. Il s’est appuyé sur la figure de Ruth, personnage central d’un petit livre de l’Ancien Testament, qui, en unissant sa destinée avec celle de sa belle-mère Noémi, offre un témoignage de la miséricorde de Dieu.
Adélaïde Patrignani – Cité du Vatican
Après le patriarche Noé en 2016, le prophète Isaïe en 2018, c’est Ruth la moabite que le Pape François a proposé en exemple aux Missionnaires de la Miséricorde pour cette troisième rencontre internationale.
Après s’être déjà adressé à ces prêtres - auxquels Rome a confié une mission spéciale pour administrer le sacrement de la réconciliation – lors de la messe du Dimanche de la Divine Miséricorde, le Souverain Pontife leur a donné un nouvel enseignement depuis la Salle Paul VI.
Ruth et Noémi, la force de l’amitié
Il est donc revenu sur le parcours d’une femme, Ruth, personnage principal d'un livre éponyme de l'Ancien Testament. Ruth était originaire du pays de Moab et n'appartenait pas au Peuple de l'Alliance, celui d’Abraham. Pour fuir la famine, une autre femme, Noémi, quitte Bethléem pour le pays de Moab avec son mari et ses deux fils. L’un des deux épouse Ruth. Dans son nouveau pays, Noémie vit des épreuves, notamment la mort de son mari et de ses fils. L’une de ses brus accepte de recouvrir sa liberté. Ruth en revanche refuse et décide de suivre sa belle-mère Noémi. Les deux femmes, unies par une amitié indéfectible, repartent pour Bethléem, et c’est là que Ruth épouse Booz. De cette union naîtra Obed, le père de Jessé, qui est lui-même le père du roi David. Ruth est ainsi nommée parmi les ancêtres de Jésus dans la généalogie écrite par saint Matthieu.
La miséricorde en actes
Comme l’a commenté le Pape François, Ruth «révèle les traits de la miséricorde quand elle ne laisse pas Noémi seule, mais partage avec elle son avenir; quand elle ne se contente pas de rester près d'elle, mais partage sa foi et l'expérience de faire partie d'un nouveau peuple ; quand elle est prête à surmonter tous les obstacles pour rester fidèle». Ruth est une femme de compassion et de partage.
Elle est aussi «une icône de la manière dont nous pouvons surmonter les nombreuses formes d'exclusion et de marginalisation qui se cachent dans nos comportements», a ajouté le Saint-Père, invitant à relire le livre de Ruth, d’une «richesse incroyable». On y comprend «que Dieu connaît la beauté intérieure des gens, même s'ils n'ont pas encore la foi du peuple élu». L’exemple de Ruth montre qu’être généreux «se révèle être le choix juste et courageux qui ne doit jamais manquer dans notre existence sacerdotale», a souligné le Successeur de Pierre devant les prêtres.
Sacrement de la présence de Dieu
La présence de Dieu passe à travers la femme moabite, et cela nous appelle à «saisir la présence de Dieu dans la vie des gens». «C'est à nous, à travers notre ministère, de donner la parole à Dieu et de montrer le visage de sa miséricorde», a déclaré François aux Missionnaires de la Miséricorde. «Vous êtes un sacrement de la présence de Dieu», leur a-t-il affirmé.
«Je vous prie d'éloigner de vous toute forme de jugement et de toujours mettre devant vous la volonté de comprendre la personne qui est devant vous. Ne vous arrêtez jamais à un unique détail, mais regardez la totalité de sa vie. (...) Dieu ne s'arrête pas aux apparences, et s'il ne devait juger que sur les fautes, probablement que personne ne serait sauvé !», a fait remarquer le Souverain Pontife. La miséricorde regarde vers le cœur, «là où se cache le désir, l'envie de revenir au Père et à sa maison».
Le pardon du Christ n’est pas un jeu
Le Saint-Père a donc exhorté les prêtres à avoir «toujours à portée de main la couverture de la miséricorde, (...) pour envelopper de sa chaleur tous ceux qui s'approchent de vous pour être pardonnés». «Offrez de la consolation à ceux qui sont tristes et seuls; soyez généreux comme Ruth, car c'est seulement ainsi que le Seigneur vous reconnaîtra comme ses fidèles ministres», a-t-il indiqué. Il s’agit de «pardonner toujours», car «avec le pardon du Christ, on ne joue pas, on ne plaisante pas».
François a conclu par une anecdote personnelle, en parlant de deux prêtres confesseurs qui l’ont particulièrement marqué en Argentine, l’un était père du Saint-Sacrement, l’autre, toujours en vie, est un capucin. Leur générosité et leur dévouement forment un témoignage édifiant. «Pensez à ces deux exemples et ne vous lassez pas de pardonner, parce que Lui ne se fatigue jamais de pardonner, jamais», a conclu le Souverain Pontife.
Au début de son discours, le Pape avait aussi rappelé que les Missionnaires de la Miséricorde sont mentionnés dans la nouvelle constitution apostolique Praedicate Evangelium (art 59, 2). «J'ai voulu vous mettre là, dans la Constitution apostolique, parce que vous êtes un instrument privilégié dans l'Église [d'] aujourd'hui, et vous n'êtes pas un mouvement qui existe aujourd'hui et qui n'existera pas demain : non, vous êtes dans la structure de l'Église», a commenté le Saint-Père, soulignant par-là l’importance de leur mission.