4 Mai 2022
Le 4 mai 1939, paraît à la Une de L'Oeuvre un violent article intitulé : « Mourir pour Dantzig ? »
Son auteur est un député socialiste et pacifiste de 45 ans, Marcel Déat. Il plaide pour un soutien limité de la Pologne, que menace l'Allemagne hitlérienne.
Celle-ci, après avoir brutalement annexé la Bohême-Moravie, revendique le port de Dantzig, dont la population est très majoritairement allemande. Il s'agit d'une « ville libre » instituée par le traité de Versailles de 1919 pour ménager à la Pologne un accès portuaire sur la mer Baltique.
Elle coupe en deux le territoire du IIIe Reich : à l'est la Prusse orientale, à l'ouest, la province de Poméranie. Entre les deux, à côté de Dantzig, la Pologne bénéficie aussi d'un étroit « corridor » qui lui offre une ouverture directe sur la mer et à l'extrémité duquel elle a créé le port de Gdynia.
Ce corridor et cette « ville libre », une idée du président Wilson, sont insupportables aux nationalistes allemands et à leur Führer. Ils vont entraîner l'Allemagne dans la guerre contre la Pologne et, par le jeu des alliances, conduire à la Seconde Guerre mondiale.
C'est dans ces conditions que Marcel Déat publie son fameux article. Il ne recueillera cependant guère d'assentiment dans l'opinion publique.
Comme d'autres intellectuels pacifistes de gauche, le député va très vite évoluer vers la Collaboration après que la Wehrmacht aura envahi la Pologne puis la France.
Ministre du Travail dans l'un des derniers gouvernements du Maréchal Pétain, il s'enfuira à Singmaringen puis s'exilera en Italie pour échapper à la peine de mort.