24 Juin 2022
Amnesty accuse la Russie
de crimes de guerre en Ukraine
Kharkiv a subi de nombreux bombardements de la part de l'armée russe
Dans un rapport publié lundi, Amnesty International affirme que l’armée russe a utilisé des bombes à sous-munitions dans des bombardements aveugles sur la ville ukrainienne de Kharkiv. Plusieurs dizaines de civils ont été tués au mépris des lois internationales révèle l’enquête de terrain menée par l’ONG de défense des droits de l’Homme.
Entretien réalisé par Xavier Sartre – Cité du Vatican
Le constat est sans appel: l’armée russe a utilisé à plusieurs reprises des armes à sous-munitions et des mines dispersables, toutes interdites par des traités internationaux en raison de leurs effets indiscriminés. C’est ce que révèle l’enquête menée par Amnesty International et rendue publique ce lundi 13 juin. Pendant quinze jours, un enquêteur, spécialiste des armes, a analysé 41 frappes, en étudiant ses impacts et les débris dans la ville de Kharkiv, la seconde métropole d’Ukraine, assiégée pendant plusieurs semaines par les forces russes. Il a interrogé 160 victimes. Un travail de terrain qui confirme les études menées auparavant à distance et leur conclusion: la Russie s’est rendue coupable de crimes de guerre, tuant plusieurs centaines de personnes, toutes civiles.
Des civils tués de manière indiscriminée
«Les témoignages sont absolument effroyables» raconte Cécile Coudriou, présidente d’Amnesty France. Les victimes ont été touchées lors d’épisodes de leur vie quotidienne. «Certaines pouvaient faire la queue pour avoir des vivres», d’autres se trouvaient dans une aire de jeu avec leurs enfants quand «tout à coup, des bombes ont plu ; ils parlent d’une pluie de bombes» explique-t-elle. Une première explosion, puis plusieurs autres, plus petites, éparpillées qui fauchent sans discrimination toutes les personnes présentes. Certaines n’explosent que bien après.
La Russie n’est pas signataire de la Convention sur les armes à sous-munitions, ni de la Convention sur l’interdiction de l’emploi, du stockage, de la production et du transfert des mines antipersonnel et sur leur destruction. Mais «le droit international dans ce cas là, que l’on appelle le droit coutumier de la guerre, s’applique à tous, y compris la Russie, précise Cécile Coudriou. C’est pourquoi nous espérons que devant des tribunaux les éléments de preuve que nous avons pu récolter et préserver pourront être versés dans l’enquête de la Cour pénale internationale mais aussi dans des enquêtes nationales».
Pour Amnesty, «la Russie, et ceux qui sont responsables dans la chaine de commandement devront en rendre compte devant la justice car il s’agit bien de violations flagrantes et répétées du droit international humanitaire et cela ne peut pas rester impuni».
Entretien avec Cécile Coudriou, présidente d'Amnesty France