19 Juin 2022
Évangile de Jésus-Christ
selon saint Luc 9,11b-17.
En ce temps-là, Jésus parlait aux foules du règne de Dieu et guérissait ceux qui en avaient besoin.
Le jour commençait à baisser. Alors les Douze s’approchèrent de lui et lui dirent : « Renvoie cette foule : qu’ils aillent dans les villages et les campagnes des environs afin d’y loger et de trouver des vivres ; ici nous sommes dans un endroit désert. »
Mais il leur dit : « Donnez-leur vous-mêmes à manger. » Ils répondirent : « Nous n’avons pas plus de cinq pains et deux poissons. À moins peut-être d’aller nous-mêmes acheter de la nourriture pour tout ce peuple. »
Il y avait environ cinq mille hommes. Jésus dit à ses disciples : « Faites-les asseoir par groupes de cinquante environ. »
Ils exécutèrent cette demande et firent asseoir tout le monde.
Jésus prit les cinq pains et les deux poissons, et, levant les yeux au ciel, il prononça la bénédiction sur eux, les rompit et les donna à ses disciples pour qu’ils les distribuent à la foule.
Ils mangèrent et ils furent tous rassasiés ; puis on ramassa les morceaux qui leur restaient : cela faisait douze paniers.
Extrait de la Traduction Liturgique de la Bible - © AELF, Paris
Saint Augustin (354-430)
évêque d'Hippone (Afrique du Nord) et docteur de l'Église
Sermon 272, Aux nouveaux baptisés, sur le sacrement
Soyez ce que vous voyez, et recevez ce que vous êtes
Ce que vous voyez sur l'autel de Dieu (...), c'est le pain et la coupe : c'est cela que vos yeux vous apprennent. Mais ce dont votre foi doit être instruite, c'est que ce pain est le corps du Christ, que cette coupe est le sang du Christ. Ce peu de paroles suffisent peut-être pour votre foi ; mais la foi cherche à s'instruire. (...) Comment ce pain est-il son corps, et cette coupe, ou plutôt son contenu, peut-il être son sang ?
Mes frères, c'est cela que l'on appelle des sacrements : ils expriment autre chose que ce qu'ils présentent à nos regards. Ce que nous voyons est une apparence matérielle, tandis que ce que nous comprenons est un fruit spirituel. Si vous voulez comprendre ce qu'est le corps du Christ, écoutez l'apôtre Paul, qui dit aux fidèles : « Vous êtes le corps du Christ ; et chacun pour votre part, vous êtes les membres de ce corps » (1Co 12,27). Donc, si c'est vous qui êtes le corps du Christ et ses membres, c'est le symbole de ce que vous êtes qui se trouve sur la table du Seigneur, et c'est votre mystère que vous recevez. Vous répondez : « Amen » à ce que vous êtes, et par cette réponse, vous y souscrivez. On vous dit : « Le corps du Christ », et vous répondez : « Amen ». Soyez donc membres du corps du Christ, pour que cet amen soit véridique.
Pourquoi donc le corps est-il dans le pain ? Ici encore, ne disons rien de nous-mêmes, écoutons encore l'apôtre qui, en parlant de ce sacrement, nous dit : « Puisqu'il y a un seul pain, la multitude que nous sommes est un seul corps » (1Co 10,17). Comprenez cela et soyez dans la joie : unité, vérité, dévotion, charité ! « Un seul pain » : qui est ce pain unique ? « Un seul corps, nous qui sommes multitude. » Rappelez-vous qu'on ne fait pas du pain avec un seul grain, mais avec beaucoup. (...) Soyez donc ce que vous voyez, et recevez ce que vous êtes.
Méditation de l'Évangile du père Gabriel
Jésus ne peut voir la souffrance physique sans guérir; Il ne peut voir la misère morale sans enseigner. Les hommes restent là, avachis, couchés comme des bestiaux, dans un état de laisser-aller et de passivité, s'ils ne sont pas secoués par l'enseignement de Jésus. Tout l'enseignement de Jésus est dans ce sens de l'effort et de l'homme debout.
L'homme ne vit pas seulement de pain, mais de toute parole qui sort de la bouche
Jésus, fuyant Hérode ou voulant tout simplement s'écarter un peu pour parler tranquillement avec les siens, peut difficilement échapper aux foules qu'Il a conquises. Sa parole a soulevé un tel enthousiasme que les foules se lancent à sa poursuite, à pied, de toutes les cités des bords du lac, pour aller le relancer jusque dans le désert.
"A la nouvelle de la mort de Jean-Baptiste, Jésus s'éloigne du lieu où Il était, s'embarque pour se retirer dans un lieu désert, à l'écart. Et les foules l'ayant appris le suivirent, à pied, venant des villes"
Et Marc de préciser et de bien remarquer que tous ces gens courent après Lui :
"Et on les vit s'en aller, et plusieurs comprirent où ils allaient. Et ils y accoururent par terre, de toutes les villes, et ils les devancèrent. Et, en sortant de la barque, Il vit une foule nombreuse. Et Il en eut pitié, parce qu'ils étaient comme des brebis qui n'ont pas de berger, et Il se mit à les instruire longuement".
C'est bien Lui ! Il s'échappe un moment avec les Douze, de retour de leur course apostolique. Il s'était réfugié dans un endroit bien tranquille et désert, Bethsaïde. Du moins, le croyait-Il. Devant la foule qui le poursuit et qu'Il voit si abandonnée dans le domaine spirituel, adieu le repos : et Il les reçoit; Il les enseigne; Il leur parle du Royaume de Dieu; Il les guérit et les captive à tel point que le soir tombe qu'ils sont toujours là, dans ce lieu désert. Ce sera l'occasion de la première multiplication des pains.
"Or, comme le jour commençait à baisser, les Douze s'approchèrent et Lui dirent : congédie la foule afin qu'ils aillent dans les bourgs et les hameaux des environs, pour trouver un gîte et de la nourriture... "
Ce qui l'émeut et le bouleverse, ce n'est pas tant leur fatigue physique que cette démission qu'Il n'admet jamais chez l'homme. Car Il décèle chez eux comme une lassitude de ne trouver personne à qui se confier, personne pour les enseigner : "Ils étaient comme des brebis sans pasteur".
Jésus ne peut voir la souffrance physique sans guérir; Il ne peut voir la misère morale sans enseigner. Les hommes restent là, avachis, couchés comme des bestiaux, dans un état de laisser-aller et de passivité, s'ils ne sont pas secoués par l'enseignement de Jésus. Tout l'enseignement de Jésus est dans ce sens de l'effort et de l'homme debout.
Car "l'homme aux impératifs" nous entraîne toujours sur des chemins où il nous faut dire "non" à nos désirs excessifs ou instinctifs.
"Si ton œil te scandalise... Si tu regardes une femme au point de la désirer...Va, vends tous tes biens... Laisse-là tes filets... Lève-toi, suis-Moi...Va, ne pèche plus...Procurez-vous, non la nourriture périssable, mais la nourriture qui demeure pour la vie éternelle..."
Père Gabriel
Homélies du Père Gilbert Adam
Saint Sacrement Année C
Jésus leur dit : Donnez–leur vous–mêmes à manger.
Jésus accueillit les foules ; il leur parlait du règne de Dieu ; il guérit aussi ceux qui avaient besoin de guérison
Le jour commençait à baisser. Les Douze vinrent donc lui dire : Renvoie la foule, pour qu’elle aille se loger et trouver du ravitaillement dans les villages et les hameaux des environs ;" Nous fêtons aujourd’hui le Saint Sacrement du Corps et du Sang de Jésus qui est la Source vitale de l’Eglise. La foule, la multitude, a faim. Jésus se tient au milieu de cette foule, il l’accueille, il lui parle, il se préoccupe de chacun et il lui montre la miséricorde de Dieu. Jésus a choisi les Douze Apôtres pour nourrir la foule. Les douze sont dans une situation bien difficile : « Renvoie cette foule » disent-ils à Jésus, nous n’avons pas de quoi les nourrir, nous n’avons que cinq pains et deux poissons. Qu’est-ce que cela pour tant de monde ? Un jeune garçon en effet a cinq pains et deux poissons dans son sac ! C’est à partir de ce "petit rien" que Dieu va transformer la réalité si angoissante des apôtres. Aujourd’hui encore Jésus veut changer nos perceptives et il nous demande de regarder vers notre Père des cieux. Il transforme notre humanité pour qu’elle ne s’appuie pas sur elle-même mais qu’elle compte avec la providence de son Dieu toujours à l’œuvre. Nous retrouvons là notre quotidien. Nous ne pouvons pas répondre aux besoin de la foule qui nous est confiée avec les moyens humains que nous possédons. Déjà Jésus annonce le mystère de l’Eucharistie qui nous nourrit et nous donne une vie divine surabondante.
"Jésus leur dit : Donnez–leur vous–mêmes à manger. Ils dirent : Nous n’avons pas plus de cinq pains et deux poissons, à moins que nous n’allions nous–mêmes acheter des vivres pour tout ce peuple.
En effet, il y avait environ cinq mille hommes. Il dit à ses disciples : Installez–les par rangées d’une cinquantaine. Ils firent ainsi ; ils les installèrent tous." La foule qui se trouve en plein air a suivi Jésus loin des lieux habités et le soir tombe. Jésus intervient et c’est un moment de profonde communion. C’est la situation de l’Eglise qui est annoncée avec son « organisation » pour tant de personnes à secourir dans le monde. Humainement, nous sommes dans une impuissance totale. Dieu veut prendre soin de nous. Avec notre participation, avec notre petit rien, Dieu va faire l’impossible. Si chacun met en commun ce qu’il a, nous aurons ensemble de quoi avancer avec Jésus qui prend sur nous tous nos soucis. La foule désaltérée par la Parole de Jésus a faim. Or tous furent rassasiés. C’est en écoutant la Parole de Jésus et en nous nourrissant de son Corps et de son Sang que Jésus nous fait passer de la multitude à l’identité de la communauté. L’Eucharistie est le Sacrement de la communion qui nous fait sortir de l’individualisme pour vivre ensemble à la suite de Jésus, dans la foi en Lui.
"Jésus prit les cinq pains et les deux poissons, leva les yeux vers le ciel et prononça la bénédiction sur eux. Puis il pris les pains, les rompit et se mit à les donner aux disciples pour qu’ils les distribuent à la foule.
Tous mangèrent et furent rassasiés, et on emporta douze paniers de morceaux qui étaient restés." Dieu se fait proche de nous. Jésus avait dit aux disciples « Donnez-leur vous-mêmes à manger. » Avec nos cinq pains et nos deux poissons, la petitesse de ce que nous pouvons mettre à la disposition de Jésus, les disciples peuvent rassasier toute la foule. Dans l’incapacité de leurs moyens les disciples étaient perdus, ils sont maintenant dans l’émerveillement devant Jésus qui nourrit la foule. Si nous savons mettre à la disposition de Dieu ce que nous avons, nos humbles capacités, notre vie sera féconde. Dans ce partage, dans ce don, notre vie portera du fruit. Jésus, dans notre pauvreté, par le sacrifice de la Croix, s’abaisse. En entrant dans l’obscurité de la mort il nous donnera sa vie qui vaincra le mal, l’égoïsme et la mort. Dans l’Eucharistie, Jésus nous fait parcourir la route du service, du partage et du don. Le peu que nous avons devient richesse. La puissance de Dieu qui est celle de l’Amour descend dans notre pauvreté pour la transformer.
Nous demandons la grâce de Dieu pour qu’il donne des prêtres.