31 Juillet 2022
Saint Germain
Évêque
(v. 378-448)
Germain naît à Auxerre, de parents nobles et pieux. Il fut envoyé aux écoles les plus célèbres des Gaules, où il obtint de grands succès. Il alla ensuite à Rome étudier le droit et acquit bientôt une réputation éclatante par son éloquence au barreau. Les talents du jeune docteur le mirent en vue, et l'autorité impériale le revêtit d'une haute dignité militaire, à Auxerre, sa patrie.
L'an 418, saint Amator, évêque d'Auxerre, eut la révélation de sa mort prochaine et reçut de Dieu l'ordre de désigner Germain pour lui succéder. Il réunit le peuple dans sa cathédrale, et lui exposa quelle était la volonté de Dieu ; Germain, qui était présent, atterré d'une semblable nouvelle, entendit la foule acclamer son nom. Après avoir reçu successivement les différents ordres sacrés, il se résigna au sacrifice et accepta le fardeau de l'épiscopat. Il ne fit plus désormais chaque jour qu'un seul repas, composé de pain d'orge trempé dans l'eau ; il ne consentait à boire un peu de vin qu'aux solennités de Noël et de Pâques ; il passait les nuits en oraison, n'accordant à la nature qu'un court sommeil sur des planches couvertes de cendre.
Nommé légat apostolique pour aller combattre le pélagianisme dans la Grande-Bretagne, il passa par Paris, où il fit la rencontre de la pieuse bergère de Nanterre, sainte Geneviève, dont il prédit la gloire. Dans la traversée de la mer, Germain apaisa une horrible tempête en versant dans les flots quelques gouttes d'huile sainte. Ses miracles sans nombre opérèrent encore plus de bien que ses éloquents discours dans la Grande-Bretagne, et il eut la consolation de revenir à Auxerre, après avoir accompli un bien immense chez ces peuples infestés par l'hérésie.
Le saint évêque continua sa vie d'apostolat, de prière et de mortification, et devint de plus en plus illustre par le don des miracles. Un jour, un pauvre trouva le moyen de lui dérober son cheval ; mais il fut obligé de le rendre à l'évêque en lui disant qu'il n'avait jamais pu le diriger, et que, voyant là un châtiment de Dieu, il restituait à son maître l'animal volé : « Mon ami, lui dit le Saint, c'est moi qui suis coupable ; si j'avais eu hier la charité de te donner un vêtement, tu n'aurais pas eu l'idée de commettre ce vol » et il le renvoya avec une large aumône et sa bénédiction. Une autre fois, Germain guérit un jeune homme paralytique, en lui passant la main sur la longueur de la jambe. On rapporte de lui la résurrection d'un mort et de nombreuses guérisons.
Un jour, après avoir offert le saint sacrifice, il annonça sa mort très prochaine et mourut après sept jours de maladie.
Saint Justin de Jacobis
Missionaire Lazariste, Évêque
(1800-1860)
Justin de Jacobis naquit le 9 octobre 1800 à San-Fele, dans le royaume de Naples: il était le septième d'une famille de quatorze enfants. À dix-huit ans, se sentant appelé à une vie plus parfaite, il entra dans la Congrégation de la Mission et fut ordonné prêtre le 12 juin 1824. Pendant quinze années, il travailla à l'évangélisation des peuples de la province napolitaine. En 1839, le Saint-Siège le nomma préfet apostolique d'Abyssinie, et le chargea de porter la foi catholique dans ce pays où, jusque-là, elle était prohibée sous les peines les plus sévères.
Par ses vertus et son savoir-faire, Justin de Jacobis réussit à gagner la confiance du ras Oubié, au point que ce prince hérétique lui confia la présidence d'une ambassade qu'il envoyait en Égypte chercher un abouna (évêque). De Jacobis eut le talent d'amener les délégués à faire avec lui le pèlerinage de Rome; ce qui leur donna une haute idée de l'Église catholique et valut à lui-même une existence officielle. Mais cette tolérance prit fin le jour où le capucin, Mgr Massaïa, vint faire des ordinations en Abyssinie. Cet acte éveilla la jalousie de l'abouna Salama et provoqua une première persécution.
L'élévation de M. de Jacobis à l'épiscopat acheva d'irriter l'abouna. Après avoir reculé pendant deux ans devant la dignité épiscopale, M. de Jacobis finit par se rendre aux raisons que lui apporta Mgr Massaïa entre autres que, en mission, les évêques sont moins des époux que des victimes. Le sacre eut lieu à huis clos, à Massouah, à trois heures du matin, avec pour assistants deux prêtres abyssins ignorant le latin et les cérémonies de la messe (7 janvier 1849). Dès qu'il eut connu la consécration épiscopale de Mgr de Jacobis, l'abouna Salama résolut de se défaire de ce concurrent et envoya des gens pour le prendre. Mgr de Jacobis lui échappa et alla demander l'hospitatité au ras Oubié.
Mais à Gondar, Théodoros, un aventurier heureux, avait épousé les haines de l'abouna et persécutait cruellement les catholiques. Mgr de Jacobis crut devoir aller au secours de ses ouailles: il fut lui-même emprisonné cinq mois durant, en même temps que cinq moines restés fidèles à la foi catholique. Pour se défaire de lui, l'abouna imagina de le faire conduire par une escorte dans le désert au Sennaar et de l'y abandonner. Heureusement, les soldats, plus humains, se contentèrent de le conduire sur les confins du Tigré et de lui rendre la liberté.
La tranquillité au Tigré fut de courte durée; car cette région fut bientôt envahie et Mgr de Jacobis réfugié à Halay tomba entre les mains de son ennemi acharné, l'abouna Salama. «Me voici logé avec les mulets, les chevaux et les veaux, écrivait-il; enfin, on me traite comme un roi.» Après vingt-deux jours de détention, il fut relâché moyennant une forte rançon, le 3 mars 1860.
En sortant de captivité, Mgr de Jacobis alla chercher un refuge dans le village d'Emcoullo, sur les bords brûlants de la mer Rouge. Épuisé par les ardeurs du climat, les souffrances et les privations, il quitta ce village le 29 juillet, avec tous ses moines, ses enfants et les chrétiens réfugiés, pour se rendre à Halay.
Le lendemain, vers dix heures du matin, en plein désert, il dit: «Mes enfants, allez lentement, car ma tête n'y tient plus.» À onze heures, il tomba de sa monture, s'assit sur une pierre et voulut se confesser. Il rassembla alors tous ses moines, leur recommanda la persévérance dans la foi catholique, et demanda qu'on lui administrât l'extrême-onction. La cérémonie terminée, il se mit à genoux, demanda pardon à tous ceux qui étaient présents, des scandales qu'il disait leur avoir donnés. Il s'assit de nouveau sur une pierre, inclina la tête, couvrit son visage de sa toge et vers trois heures de l'après-midi, il s'endormit dans le Seigneur. C'était le 31 juillet 1860.
Le pape Pie XII l'a placé, le 25 juin 1939, au rang des Bienheureux.
J.-M. Planchet, Nouvelle Vie des Saints, 2e éd. Paris, 1946