8 Juillet 2022
Saint Thibaud de Marly
Abbé († 1247)
Thibaud, de l'illustre famille des Montmorency, était le fils aîné de Bouchard I de Marly et de Mathilde de Châteaufort, petite-fille du roi Louis VI. Aîné de trois garçons et d’une fille, Thibaud reçut une éducation toute militaire, quoique chrétienne. L'enfant manifesta, dès son plus jeune âge, une grande dévotion à la sainte Vierge qu’il honorait comme « sa bonne Mère et sa chère Maîtresse. » Il s'intéressait beaucoup aux monastères dont son père était un grand bienfaiteur : les Vaux-de-Cernay et Port-Royal. Il fit le métier des armes et fréquenta la cour.
Un jour que Thibaud allait lutter à un célèbre tournoi, il passa devant une église à l’heure où sonnait la messe ; il descendit de cheval, entra dans l'église et entendit la messe tout entière avec d'autant plus de dévotion, qu'on la célébrait en l'honneur de la sainte Vierge ; après la messe, il piqua vers ses compagnons, mais il fut bien surpris de les voir venir au-devant de lui, pour le complimenter de la victoire qu'il avait remportée dans les jeux. Il en témoigna d'abord quelque étonnement, mais reconnaissant aussitôt, à ce qu'ils disaient, que son bon ange avait pris sa figure et qu'il avait jouté en sa place, il ne s'en expliqua pas davantage. Se retirant alors dans l'église d'où il venait, après avoir rendu grâces à la Mère de Dieu d'une si insigne faveur, il fit vœu de quitter le monde et de renoncer à toutes les grandeurs et aux satisfactions que le siècle lui promettait.
C'est à l'abbé Thomas des Vaux-de-Cernay qu'il confia ses désirs de vie religieuse. Prudemment l'abbé conseilla au jeune homme de réfléchir en lui faisant remarquer que la vie d'un cistercien ne ressemblait guère à celle d'un riche chevalier. Mais Thibaud voulait justement embrasser la règle de Cîteaux à cause de ses austérités. Il entra aux Vaux-de-Cernay en 1226.
Les moines ne tardèrent pas à s'apercevoir de la sainteté de leur nouveau frère et, dès 1230, il fut nommé prieur par l'abbé Richard qui mourut en 1235.
Thibaud se signalait tout particulièrement par sa dévotion à la Vierge Marie à qui il rapportait la gloire de tout ce qu’il disait et faisait ; lorsqu’on écrivait les livres pour le chœur, il imposat qu’on écrivît toujours en lettres rouges son nom : « Nom suave de la bienheureuse Vierge, Nom béni, Nom vénérable, Nom ineffable, Nom aimable dans toute l'éternité. » Lorsqu’on lui reprocha d’avoir trop de dévotion à la Vierge Marie, il répondit : « Sachez que je n’aime la Sainte Vierge autant que je fais, que parce qu’elle est la Mère de mon Seigneur Jésus-Christ ; que si elle ne l’était point, je ne l'aimerais pas plus que les autres saintes vierges. Ainsi, c'est Jésus-Christ même que j’aime, que j'honore et que je révère en elle. »
Ses prières étaient si efficaces, qu'elles obtenaient de Dieu tout ce qu'il lui demandait. Un jour, un novice de son monastère, violemment tenté, voulait renoncer à la vie religieuse : le maître des novices n'oublia rien pour lui faire connaître que c'était un artifice du démon, mais ce fut inutilement. Thibaud l'alla trouver lui-même, et lui dit tout ce qu'un père peut dire à son enfant pour l'empêcher de se perdre, mais il ne gagna rien. Enfin, il le pria d'attendre au moins jusqu'au lendemain, pour exécuter sa funeste résolution, ce qu'il n'obtint qu'avec peine. Après les Complies, Thibaud se mit en prière pour lui ; il pria jusqu’au lendemain où l’on trouva le novice si changé, si confus de sa légèreté, si résolu de persévérer dans sa vocation, qu'il protesta qu'il ne sortirait pas pour tous les trésors du monde.
L'évêque de Paris, Guillaume d'Auvergne, se lia d'amitié avec lui et lui donna la direction spirituelle des moniales de Port-Royal. Celles de Notre-Dame-du-Trésor dans le Vexin lui furent confiées par le chapitre général de 1237. Il dut aussi gouverner l’abbaye d’hommes de Breuil-Benoît, fille des Vaux-de-Cernay.
Ayant entendu parler de la sainteté de l'abbé des Vaux-de-Cernay, saint Louis le fit mander à la cour. La reine Marguerite de Provence étant stérile, les souverains firent part au saint abbé de leur chagrin, et lui demandèrent de prier pour eux. Le 11 juillet 1240, la reine Marguerite mit au monde une fille, Blanche, qui mourut à trois ans mais eut de nombreux frères et sœurs. Les prières du saint abbé avaient été exaucées. Le roi et la reine témoignèrent à Thibaud leur reconnaissance, et, malgré son désintéressement, l'abbaye des Vaux-de-Cernay en profita.
S’il ne joua pas un rôle de premier plan dans l'ordre de Cîteaux, Thibaud reçut cependant plusieurs missions importantes : en 1236, il fut chargé de l'inspection du monastère de la Joie près Nemours ; en 1240 il composa un office pour la fête de la sainte Couronne d'épines qui, à la demande de saint Louis, sera célébrée dans toutes les abbayes du royaume.
En 1242 et 1243, il dut défendre les intérêts de l'ordre.
Thibaud, malade depuis quelques temps, meurt le 8 décembre 1247. Il fut enterré dans le chapitre avec ses prédécesseurs, et sur sa tombe les moines posèrent une simple dalle ornée d'une crosse et de cette courte inscription disposée en équerre sur le côté droit : « Hic jacet Theobaldus abbas » (Ci-gît l'abbé Thibaud).
Les pèlerins accoururent en foule ; la reine douairière, Marguerite de Provence, et son fils, le roi Philippe III le Hardi, vinrent plusieurs fois visiter le tombeau. Comme ils ne pouvaient entrer au chapitre voir la tombe du saint, on transféra ses restes en 1261 dans la chapelle de l'infirmerie.
Le 8 juillet 1270, après sa canonisation, ses reliques furent portées dans l'église et placées dans un sarcophage de pierre porté sur quatre colonnes. À la Révolution, l'abbaye fut supprimée et les reliques dispersées à l'exception d'une petite partie qui est actuellement conservée dans l'église de Cernay-la-Ville.
L'Église universelle le fête le 8 juillet, date de la translation des reliques, mais il est fêté le 8 décembre localement.
Saints Aquilas (ou Aquila) et Priscilla
Époux exemplaires
(† Ier s.)
« Saluez Prisca et Aquilas, mes coopérateurs dans le Christ Jésus ; pour me sauver la vie ils ont risqué leur tête, et je ne suis pas seul à leur devoir de la gratitude : c'est le cas de toutes les Églises de la gentilité ; saluez aussi l'Église qui se réunit chez eux » (Rm 16, 3-5).
Quel extraordinaire éloge des deux conjoints dans ces paroles ! Et c'est l'apôtre Paul lui-même qui le fait. Il reconnaît explicitement en eux deux véritables et importants collaborateurs de son apostolat. La référence au fait d'avoir risqué la vie pour lui est probablement liée à des interventions en sa faveur au cours d'un de ses emprisonnements, peut-être à Éphèse même (cf. Ac 19, 23; 1 Co 15, 32; 2 Co 1, 8-9). À sa grande gratitude, Paul associe celle de toutes les églises des gentils. L'expression peut paraître quelque peu excessive ! Mais cela laisse entrevoir combien leur rayon d'action a été vaste, ainsi, en tous cas que leur influence en faveur de l'Évangile.
Les époux Priscille et Aquilas
Chers frères et soeurs,
En faisant un nouveau pas dans cette sorte de galerie de portraits des premiers témoins de la foi chrétienne, que nous avons commencée il y a quelques semaines, nous prenons aujourd'hui en considération un couple d'époux. Il s'agit des conjoints Priscille et Aquilas, qui se trouvent dans le groupe des nombreux collaborateurs qui ont entouré l'apôtre Paul, que j'avais déjà brièvement mentionnés mercredi dernier. Sur la base des informations en notre possession, ce couple d'époux joua un rôle très actif au temps des origines post-pascales de l'Eglise.
Les noms d'Aquilas et de Priscille sont latins, mais l'homme et la femme qui les portent étaient d'origine juive. Cependant, au moins Aquilas provenait géographiquement de la diaspora de l'Anatolie septentrionale, qui s'ouvre sur la Mer Noire - dans la Turquie actuelle -, alors que Priscille, dont le nom se trouve parfois abrégé en Prisca, était probablement une juive provenant de Rome (cf. Ac 18, 2). C'est en tout cas de Rome qu'ils étaient parvenus à Corinthe, où Paul les rencontra au début des années 50; c'est là qu'il s'associa à eux car, comme nous le raconte Luc, ils exerçaient le même métier de fabricants de toiles ou de tentes pour un usage domestique, et il fut même accueilli dans leur maison (cf. Ac 18, 3). Le motif de leur venue à Corinthe avait été la décision de l'empereur Claude de chasser de Rome les Juifs résidant dans l'Urbs. L'historien Romain Suétone nous dit, à propos de cet événement, qu'il avait expulsé les Juifs car "ils provoquaient des tumultes en raison d'un certain Crestus" (cf. "Les vies des douze Césars, Claude", 25). On voit qu'il ne connaissait pas bien le nom - au lieu du Christ, il écrit "Crestus" - et qu'il n'avait qu'une idée très confuse de ce qui s'était passé. Quoi qu'il en soit, des discordes régnaient à l'intérieur de la communauté juive autour de la question de savoir si Jésus était ou non le Christ. Et ces problèmes constituaient pour l'empereur un motif pour expulser simplement tous les juifs de Rome. On en déduit que les deux époux avait déjà embrassé la foi chrétienne à Rome dans les années 40, et qu'ils avaient à présent trouvé en Paul quelqu'un non seulement qui partageait cette foi avec eux - que Jésus est le Christ - mais qui était également un apôtre, appelé personnellement par le Seigneur Ressuscité. La première rencontre a donc lieu à Corinthe, où ils l'accueillent dans leur maison et travaillent ensemble à la fabrication de tentes.
Dans un deuxième temps, ils se rendirent en Asie mineure, à Ephèse. Ils jouèrent là un rôle déterminant pour compléter la formation chrétienne du juif alexandrin Apollos, dont nous avons parlé mercredi dernier. Comme il ne connaissait que de façon sommaire la foi chrétienne, "Priscille et Aquilas l'entendirent, ils le prirent à part et lui exposèrent avec plus d'exactitude la Voie de Dieu" (Ac 18, 26). Quand, à Ephèse, l'Apôtre Paul écrit sa Première Lettre aux Corinthiens, il envoie aussi explicitement avec ses propres salutations celles d'"Aquilas et Prisca [qui] vous saluent bien dans le Seigneur, avec l'Eglise qui se rassemble chez eux" (16, 19). Nous apprenons ainsi le rôle très important que ce couple joua dans le milieu de l'Eglise primitive: accueillir dans leur maison le groupe des chrétiens locaux, lorsque ceux-ci se rassemblaient pour écouter la Parole de Dieu et pour célébrer l'Eucharistie. C'est précisément ce type de rassemblement qui est appelé en grec "ekklesìa" - le mot latin est "ecclesia", le mot français "église" - qui signifie convocation, assemblée, regroupement. Dans la maison d'Aquilas et de Priscille, se réunit donc l'Eglise, la convocation du Christ, qui célèbre là les saints Mystères. Et ainsi, nous pouvons précisément voir la naissance de la réalité de l'Eglise dans les maisons des croyants. Les chrétiens, en effet, jusque vers le III siècle, ne possédaient pas leurs propres lieux de culte: dans un premier temps, ce furent les synagogues juives, jusqu'à ce que la symbiose originelle entre l'Ancien et le Nouveau Testament ne se défasse et que l'Eglise des Gentils ne soit obligée de trouver sa propre identité, toujours profondément enracinée dans l'Ancien Testament. Ensuite, après cette "rupture", les chrétiens se réunissent dans les maisons, qui deviennent ainsi "Eglise". Et enfin, au III siècle, naissent de véritables édifices de culte chrétien. Mais ici, dans la première moitié du I et du II siècle, les maisons des chrétiens deviennent véritablement et à proprement parler des "églises". Comme je l'ai dit, on y lit ensemble les Saintes Ecritures et l'on célèbre l'Eucharistie. C'est ce qui se passait, par exemple, à Corinthe, où Paul mentionne un certain "Gaïus vous salue, lui qui m'a ouvert sa maison, à moi et à toute l'Eglise" (Rm 16, 23), ou à Laodicée, où la communauté se rassemblait dans la maison d'une certaine Nympha (cf. Col 4, 15), ou à Colosse, où le rassemblement avait lieu dans la maison d'un certain Archippe (cf. Phm 1, 2).
De retour à Rome, Aquilas et Priscille continuèrent à accomplir cette très précieuse fonction également dans la capitale de l'Empire. En effet, Paul, écrivant aux Romains, envoie précisément ce salut: "Saluez Prisca et Aquilas, mes coopérateurs dans le Christ Jésus; pour me sauver la vie ils ont risqué leur tête, et je ne suis pas seul à leur devoir de la gratitude: c'est le cas de toutes les Eglises de la gentilité; saluez aussi l'Eglise qui se réunit chez eux" (Rm 16, 3-5). Quel extraordinaire éloge des deux conjoints dans ces paroles! Et c'est l'apôtre Paul lui-même qui le fait. Il reconnaît explicitement en eux deux véritables et importants collaborateurs de son apostolat. La référence au fait d'avoir risqué la vie pour lui est probablement liée à des interventions en sa faveur au cours d'un de ses emprisonnements, peut-être à Ephèse même (cf. Ac 19, 23; 1 Co 15, 32; 2 Co 1, 8-9). Et le fait qu'à sa gratitude, Paul associe même celle de toutes les Eglises des gentils, tout en considérant peut-être l'expression quelque peu excessive, laisse entrevoir combien leur rayon d'action a été vaste, ainsi, en tous cas que leur influence en faveur de l'Evangile.
La tradition hagiographique postérieure a conféré une importance particulière à Priscille, même s'il reste le problème de son identification avec une autre Priscille martyre. Dans tous les cas, ici, à Rome, nous avons aussi bien une église consacrée à Sainte Prisca sur l'Aventin que les catacombes de Priscille sur la Via Salaria. De cette façon se perpétue la mémoire d'une femme, qui a été certainement une personne active et d'une grande valeur dans l'histoire du christianisme romain. Une chose est certaine: à la gratitude de ces premières Eglises, dont parle saint Paul, doit s'unir la nôtre, car c'est grâce à la foi et à l'engagement apostolique de fidèles laïcs, de familles, d'époux comme Priscille et Aquilas, que le christianisme est parvenu à notre génération. Il ne pouvait pas croître uniquement grâce aux Apôtres qui l'annonçaient. Pour s'enraciner dans la terre du peuple, pour se développer de façon vivante, était nécessaire l'engagement de ces familles, de ces époux, de ces communautés chrétiennes, et de fidèles laïcs qui ont offert l'"humus" à la croissance de la foi. Et c'est toujours et seulement ainsi que croît l'Eglise. En particulier, ce couple démontre combien l'action des époux chrétiens est importante. Lors-qu'ils sont soutenus par la foi et par une forte spiritualité, leur engagement courageux pour l'Eglise et dans l'Eglise devient naturel. Leur vie commune quotidienne se prolonge et en quelque sorte s'élève en assumant une responsabilité commune en faveur du Corps mystique du Christ, ne fût-ce qu'une petite partie de celui-ci. Il en était ainsi dans la première génération et il en sera souvent ainsi.
Nous pouvons tirer une autre leçon importante de leur exemple: chaque maison peut se transformer en une petite Eglise. Non seulement dans le sens où dans celle-ci doit régner le typique amour chrétien fait d'altruisme et d'attention réciproque, mais plus encore dans le sens où toute la vie familiale sur la base de la foi, est appelée à tourner autour de l'unique domination de Jésus Christ. Ce n'est pas par hasard que dans la Lettre aux Ephésiens, Paul compare la relation matrimoniale à la communion sponsale qui existe entre le Christ et l'Eglise (cf. Eph 5, 25-33). Nous pourrions même considérer que l'Apôtre façonne indirectement la vie de l'Eglise tout entière sur celle de la famille. Et en réalité, l'Eglise est la famille de Dieu. Nous honorons donc Aquilas et Priscille comme modèles d'une vie conjugale engagée de façon responsable au service de toute la communauté chrétienne. Et nous trouvons en eux le modèle de l'Eglise, famille de Dieu pour tous les temps.
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