2 Juillet 2022
Évangile de Jésus-Christ
selon saint Matthieu 9,14-17.
En ce temps-là, les disciples de Jean le Baptiste s’approchent de Jésus en disant : « Pourquoi, alors que nous et les pharisiens, nous jeûnons, tes disciples ne jeûnent-ils pas ? »
Jésus leur répondit : « Les invités de la noce pourraient-ils donc être en deuil pendant le temps où l’Époux est avec eux ? Mais des jours viendront où l’Époux leur sera enlevé ; alors ils jeûneront.
Et personne ne pose une pièce d’étoffe neuve sur un vieux vêtement, car le morceau ajouté tire sur le vêtement, et la déchirure s’agrandit.
Et on ne met pas du vin nouveau dans de vieilles outres ; autrement, les outres éclatent, le vin se répand, et les outres sont perdues. Mais on met le vin nouveau dans des outres neuves, et le tout se conserve. »
Extrait de la Traduction Liturgique de la Bible - © AELF, Paris
Origène (v. 185-253)
prêtre et théologien
Homélies sur la Genèse, n° 10,2 (in Lire la Bible avec les Pères, La Genèse, t. 1; trad. cf. L. Doutreleau SC 7 p. 186 s rév. Sr Isabelle de la Source; Éd. Médiaspaul 1988, p. 84)
« Je ferai de toi mon épouse dans la fidélité et la tendresse » (Os 2,22)
« Rebecca venait puiser de l'eau au puits », nous dit l'Écriture (Gn 24,16). Chaque jour Rebecca venait aux puits, chaque jour elle puisait de l'eau. Et parce que chaque jour elle passait du temps près des puits, le serviteur d'Abraham a pu la trouver et la donner en mariage à Isaac. Peut-être penses-tu qu'il s'agit là d'un conte ou d'une belle histoire rapportée par l'Esprit Saint dans l'Écriture ? Non, il s'agit en vérité d'un enseignement spirituel, d'une instruction qui s'adresse à ton âme pour lui apprendre à venir chaque jour aux puits des Écritures, vers les eaux de l'Esprit Saint, à y puiser sans se lasser pour en remporter un vase bien rempli. C'est ainsi qu'agissait sainte Rebecca ; si elle avait fait autrement, elle n'aurait pas pu épouser le grand patriarche Isaac. (…)
Or tout ce que contient l'Écriture est symbolique : toi aussi, le Christ veut t'épouser. C'est à toi qu'il s'adresse par la promesse des prophètes, quand il dit : « Je ferai de toi mon épouse pour toujours ; je ferai de toi mon épouse dans la fidélité et la tendresse, et tu connaîtras le Seigneur » (Os 2,21s). Voulant donc te fiancer à lui, le Christ t'envoie un serviteur — la parole inspirée. Tu ne peux pas épouser le Christ sans l'avoir reçue. (…) Seuls ceux qui savent tirer l'eau en abondance des profondeurs des puits (…), qui ont une âme qui fait tout avec patience, qui est entièrement disponible, qui s'applique à aller au plus profond pour puiser les eaux de la connaissance, seule cette âme peut connaître les noces avec le Christ.
Méditation de l'évangile du père Gabriel
Ce passage s'adresse en premier aux apôtres. La présence de Jésus, la vie, le dynamisme de son équipe, toujours par monts et par vaux, leur enlèvent toute pensée de jeûne et de pénitence. Mais Jésus les avertit, Lui parti, ils auront leurs jours de jeûne.
Une question sur le jeûne
"Mais les scribes et les pharisiens lui dirent : Les disciples de Jean jeûnent fréquemment et font des prières, et de même ceux des pharisiens, tandis que les tiens mangent et boivent !"
L'humour de Jésus leur répond que sa présence n'a rien de triste et que lui présent, ses amis ne peuvent vraiment pas jeûner.
"Et Jésus leur dit : Pouvez-vous faire jeûner les garçons de noce pendant que l'époux est avec eux ? Des jours viendront... et après que l'époux leur aura été enlevé, alors ils jeûneront dans ces jours-là"
S'il ose se donner le titre mystérieux "d'époux", c'est qu'Il a "épousé" la nature humaine pour devenir ainsi l'ami par excellence de tout homme. En Lui, l'homme s'unit à la divinité comme l'épouse à son époux.
Jésus ne critique pas le jeûne des disciples de Jean et des pharisiens mais il montre vis-à-vis de ces observances, bien souvent ambigües dans leur motivation, une grande liberté d'esprit. Pour les siens, Il préfèrent l'atmosphère d'amitié qui lui rappelle la joie d'une noce, à des pénitences spectaculaires. L'intimité avec le Christ, la liberté des relations entre Lui et les siens lui semblent bien plus valables que la tristesse stérile et orgueilleuse de la pénitence.
Ce passage s'adresse en premier aux apôtres. La présence de Jésus, la vie, le dynamisme de son équipe, toujours par monts et par vaux, leur enlèvent toute pensée de jeûne et de pénitence. Mais Jésus les avertit, Lui parti, ils auront leurs jours de jeûne.
Car dans la vie spirituelle, dans notre vie d'union avec Dieu, il y a aussi des jours sombres où le Seigneur s'éclipse, et où il nous faut jeûner...L'époux ne reste pas toujours près de nous, mais la qualité de l'amour se mesure à la fidélité de l'épouse durant l'absence de l'époux.
C'est là, aux heures de séparations que le Seigneur nous attend. Aussi notre vie spirituelle comprend-elle toujours cette alternance de présence et d'absence.
Il n'y a pas à s'étonner non plus du fol enthousiasme et de la joie provocante des nouveaux convertis; pour un temps, ils sont les garçons d'honneur de l'éternelle noce du Fils de l'homme.
L'image du vin nouveau est tout autant suggestive du dynamisme de sa doctrine et de la joie puissante qu'elle nous apporte.
"Et personne ne met du vin nouveau dans de vieilles outres ; car autrement, le vin nouveau romprait les outres et se répandrait, tandis que les outres seraient perdues. Mais il faut mettre vin nouveau en outres neuves"
Il y avait aussi beaucoup d'humour à comparer les pharisiens et leurs scribes à de vieilles outres, incapables de recevoir le vin nouveau de la Bonne Nouvelle. Habitués qu'ils sont au vin vieux, ils ne peuvent goûter le nouveau.
"Et personne, pendant qu'il boit du vin vieux, ne veut du nouveau, car il dit : le vieux est bon !"
Jésus n'imite pas, ne calque pas, n'emprunte pas. Sa doctrine si originale se développera avec tant de vitalité qu'elle ne tolérera pas de mélanges. Elle va bouillonner comme le vin nouveau dans des outres neuves. Mais le faux mosaïsme des pharisiens ne peut recevoir cette jeune sève. Ces pauvres gens sont rétrécis, figés dans leurs traditions, alors que la doctrine du Christ est toute de vie, de joie et d'épanouissement.
Ses apôtres, ses garçons d'honneur sont les boute-en-train des noces du Royaume.
"Personne ne met du vin nouveau dans les vieilles outres ; autrement, le vin rompra les outres, et le vin sera perdu, aussi bien que les outres ; mais, vin nouveau en outres neuves !"
Dans l'image de la pièce neuve, rapportée sur un vieux vêtement, en lisant ce même verset dans les trois évangiles synoptiques, j'ai l'impression que deux des témoins ont rapporté, en gros, l'exemple du Seigneur, mais que Luc, lui, rapporte la comparaison du Seigneur dans toute sa fraîcheur. La femme qui écoutait et qui lui a transmis la scène n'a pas tronqué l'histoire. Elle avait nom Marie.
"On ne déchire pas un habit neuf pour réparer un vieux" Les deux autres témoins ne parlent que "de pièces neuves sur un vieil habit"
Père Gabriel
Homélies du Père Gilbert Adam
Samedi de la 13e semaine, année paire
Jésus leur dit : « Les invités de la noce pourraient-ils donc faire pénitence pendant le temps où l’Époux est avec eux ?
"Les disciples de Jean Baptiste s’approchent de Jésus en disant : « Pourquoi tes disciples ne jeûnent-ils pas, alors que nous et les pharisiens nous jeûnons ? »
Le jeûne était une obligation nécessaire, tout en étant une discipline qu’on s’imposait librement à soi-même. On imposait aux adultes de jeûner une seule fois par an en la fête du « Grand Pardon », mais les Pharisiens, jeûnaient deux fois par semaine. Dans l’Evangile, il s’agit pour les disciples de Jean Baptiste du jeûne hebdomadaire auquel chacun était libre de souscrire. Jésus montre que le jeûne, ou tout autre pratique spirituelle, n’est bénéfique que si elle est adaptée, en toute liberté, à une situation donnée. La Parole de Dieu édifie en nous la vie nouvelle venant de Jésus : "L’épouse suit l’Agneau partout ou Il va. » Jésus nous rejoint dans un monde qui souffre. Il veut que le nombre des élus soit complet dans le Royaume de Dieu ! L’humanité est l’épouse du Christ, elle est emportée dans le chemin des épreuves et de la nuit à la suite de son Bien Aimé. Dans la nuit de la foi, elle connaît un nouveau jeûne, celui de l’absence du Bien aimé : « Quand l’Époux n’est plus avec elle », quand le Christ est crucifié, l’épouse entre dans le « deuil. » Ce moment est difficile pour la bien aimée qui ne « sent » plus la présence de l’Aimé. Le monde qui ne connaît pas le mystère de Jésus, ne comprend pas ces Paroles !
"Jésus leur répondit : « Les invités de la noce pourraient-ils donc faire pénitence pendant le temps où l’Époux est avec eux ?"
Mais un temps viendra où l’Époux leur sera enlevé, et alors ils jeûneront. L’Amour nouveau que Jésus nous propose est à vivre dans la liberté des enfants de Dieu. Il montre que notre attitude a de la valeur quand elle est accomplie librement et volontairement. Pendant la Cène, Jésus a prié pour que ses disciples soient un dans la charité et la foi. Cette unité nouvelle s’applique à l’Eglise qu’il fonde dans son Corps et dans son Sang. L’homme dans sa progression, passe par des étapes de présence et de joie, mais aussi des moments de manque et de pénitence. Alors surgit le nouveau jeune, une capacité à vivre autrement, en recevant différemment, en donnant différemment. C’est un peu comme le vin nouveau et l’outre ancienne. Tout doit changer dans notre manière d’entendre, d’écouter, et celle de parler et de répondre. La présence et l’absence de Jésus vont construire notre être nouveau d’enfant de Dieu. Éclairés par la Parole de Dieu, fortifiés par le Pain de la vie, nous entrons dans un cœur à cœur avec Jésus. C’est une vie toute nouvelle d’amour qui nous est donnée. Comme Jésus, nous devenons de plus en plus délicats, attentifs à notre entourage. « Ne mettez pas du vin nouveau dans de vieilles outres, » dit Jésus. La vie divine qui nous habite régénère notre personne, jusque dans ses profondeurs. L’épouse partage la joie de l’Epoux. Dans la Foi, elle est unie à Jésus Pain de vie. Elle vit de sa Parole d’une manière mystérieuse, rejoignant son Époux dans un grand bonheur.
« Et personne ne coud une pièce d’étoffe neuve sur un vieux vêtement ; car le morceau ajouté tire sur le vêtement et le déchire davantage."
Et on ne met pas du vin nouveau dans de vieilles outres ; autrement les outres éclatent, le vin se répand, et les outres sont perdues. Mais on met le vin nouveau dans des outres neuves, et le tout se conserve. » Nous recevons la Parole qui nous est adressée en entrant dans la Promesse de Jésus qui s’adresse à notre liberté. Jésus reconstruit sa créature, son peuple, en le renouvelant. C’est une connaissance plus profonde, plus vraie, plus gratuite du Mystère de Dieu qui s’offre à nous. Heureux sommes-nous d’entendre une Parole à laquelle nous pouvons répondre en vérité. Jésus sauve le monde avec un amour incroyable : « Ayant aimé les siens, il les aima jusqu’au bout ! » En donnant sa vie sur la croix, il a tout donné. L’épouse, l’humanité le suit et elle partage son sort dans des épousailles qui se préparent, à la suite de Jésus crucifié et glorifié. Nous allons vivre dans la nuit de la foi, la perte et le désespoir du manque, pour rejoindre Jésus dans le mystère de l’Amour infini de Dieu. Le véritable jeune est quand Jésus nous est enlevé.
Nous demandons la grâce de suivre Jésus le Christ partout ou il va.