31 Juillet 2022
Évangile de Jésus-Christ
selon saint Luc 12,13-21
En ce temps-là, du milieu de la foule, quelqu’un demanda à Jésus : « Maître, dis à mon frère de partager avec moi notre héritage. »
Jésus lui répondit : « Homme, qui donc m’a établi pour être votre juge ou l’arbitre de vos partages ? »
Puis, s’adressant à tous : « Gardez-vous bien de toute avidité, car la vie de quelqu’un, même dans l’abondance, ne dépend pas de ce qu’il possède. »
Et il leur dit cette parabole : « Il y avait un homme riche, dont le domaine avait bien rapporté.
Il se demandait : “Que vais-je faire ? Car je n’ai pas de place pour mettre ma récolte.”
Puis il se dit : “Voici ce que je vais faire : je vais démolir mes greniers, j’en construirai de plus grands et j’y mettrai tout mon blé et tous mes biens.
Alors je me dirai à moi-même : Te voilà donc avec de nombreux biens à ta disposition, pour de nombreuses années. Repose-toi, mange, bois, jouis de l’existence.”
Mais Dieu lui dit : “Tu es fou : cette nuit même, on va te redemander ta vie. Et ce que tu auras accumulé, qui l’aura ?”
Voilà ce qui arrive à celui qui amasse pour lui-même, au lieu d’être riche en vue de Dieu. »
Extrait de la Traduction Liturgique de la Bible - © AELF, Paris
Saint Basile
v. 330-379
moine et évêque de Césarée en Cappadoce, docteur de l'Église
Homélie 6, sur la richesse ; PG 31,261s (trad. Luc commenté, DDB 1987, p. 116 rev.)
Construire d'autres greniers
« Insensé, cette nuit même on te redemandera ta vie, et ce que tu as amassé, qui donc l'aura ? » La conduite de cet homme est plus dérisoire que le châtiment éternel n'est rigoureux. En effet, cet homme qui va être enlevé de ce monde dans si peu de temps, quels projets agite-t-il dans son esprit ? « Je vais démolir mes greniers et j'en rebâtirai de plus grands. » Moi, je lui dirais volontiers : Tu fais bien, car les greniers de l'injustice ne méritent que d'être démolis. De tes propres mains, détruis de fond en comble ce que tu as bâti malhonnêtement. Laisse s'écrouler tes réserves de blé qui n'ont jamais soulagé personne. Fais disparaître tout bâtiment qui abrite ton avarice, enlève les toits, renverse les murs, expose au soleil le blé qui moisit, sors de leur prison les richesses qui y étaient captives...
« Je vais démolir mes greniers et j'en rebâtirai de plus grands. » Une fois que tu les auras remplis à leur tour, que vas-tu décider ? Les démoliras-tu pour en rebâtir d'autres une fois encore ? Y a-t-il pire folie que de se tourmenter sans fin, construire avec acharnement et vite démolir ? Si tu le veux, tu as pour greniers les maisons des pauvres. « Amasse-toi des trésors dans le ciel » : ce qui est entreposé là, « les vers ne le mangent pas, la rouille ne le ronge pas, les voleurs ne le dérobent pas » (Mt 6,20).
Méditation de l'évangile
du père Gabriel
La vraie liberté chrétienne consiste à regarder les biens de la terre à leur juste valeur : des moyens et non des maîtres. Il s'agit d'en user intelligemment pour faire avancer le Royaume. Ce que Jésus reproche au fou qui capitalise, c'est de mettre sa confiance dans le néant.
Le riche devenu fou
Face à la richesse et à l'intérêt que les hommes lui portent, Jésus manifeste son mépris le plus absolu. Pas question pour Lui de se mêler de nos affaires d'héritages et de partages sordides.
Combien est-il réaliste, ce Seigneur, lorsque l'on voit les brouilles de familles nées de quelques vieux meubles vermoulus ou d'un peu d'argent. On ne peut être plus net :
"Or, quelqu'un parmi la foule lui dit : "Maître, dis à mon frère de partager avec moi l'héritage". Mais il lui dit : "Homme, qui m'a établi pour être votre juge ou faire vos partages ?"
Pour nous mettre encore mieux en garde contre le mirage de la richesse, Il nous raconte avec humour, et avec quel art, la parabole du riche qui était fou .
Si l'on compare les versets 15 et 21 du chapitre 12 de Luc, on s'aperçoit que, pour Jésus, la richesse matérielle n'ajoute rien à notre vie; que souvent même elle nous égare totalement sur la valeur foncière d'un homme. Une seule richesse valable, celle puisée en Dieu, à la source de toute vie.
"Faites attention, et mettez-vous en garde contre toute avarice; car lorsque quelqu'un est dans l'abondance, sa vie ne consiste pas dans ce qui lui appartient"
"Insensé ! cette nuit on te redemandera ton âme, et ce que tu as préparé, à qui sera-ce ? Ainsi en est-il de celui qui thésaurise pour lui-même et n'est pas riche en vue de Dieu"
Jésus nous rend l'Espérance en l'homme et ne le rabaisse pas à ce qu'il possède. Rien n'est triste comme de parler d'un homme en nous citant ses biens au soleil. L'homme ne s'évalue ni en dollars ni en millions d'euros pour le Seigneur.
On peut donc, pour Jésus, être riche de Dieu et en vue de Dieu comme Cottolengo, saint Jean Bosco ou le Père Brottier. Dans ce cas, l'argent n'est qu'un moyen pour aimer Dieu ou le faire aimer. D'ailleurs, l'économie de Dieu est de dissiper l'énergie par milliards, dans toutes les galaxies, nous montrant que là n'est pas le problème, et que la vraie richesse est ailleurs que dans la matière : elle est en LUI.
La vraie liberté chrétienne consiste à regarder les biens de la terre à leur juste valeur : des moyens et non des maîtres. Il s'agit d'en user intelligemment pour faire avancer le Royaume. Ce que Jésus reproche au fou qui capitalise, c'est de mettre sa confiance dans le néant.
Mais on peut être riche, même de biens matériels, en vue de Dieu et de son Royaume." Ainsi en est-il de celui qui thésaurise pour lui-même et n'est par riche en vue de Dieu"
Evitons les routes du matérialisme qui inspirent tant d'idéologies ruineuses pour l'homme.
Père Gabriel
Homélies du Père Gilbert Adam
18e dimanche du temps ordinaire, année C
« Gardez-vous bien de toute âpreté au gain ; car la vie d’un homme, fût-il dans l’abondance, ne dépend pas de ses richesses."
"Du milieu de la foule, un homme demanda à Jésus : « Maître, dis à mon frère de partager avec moi notre héritage. » Jésus lui répondit : « Qui m’a établi pour être votre juge ou pour faire vos partages ? »
S’il nous faut respecter les nécessités humaines de la vie, il nous faut plus encore honorer la dimension spirituelle de notre être. Notre manière de vivre éclaire le but que nous donnons à notre existence : soit tout se termine avec la vie terrestre, soit cette vie est une étape vers la vie éternelle. Il nous faut être en cohérence dans ce que nous vivons avec ce que nous croyons. La vie présente est le commencement de la vie éternelle, elle est une préparation à la rencontre ultime avec le Dieu d’Amour. Dans l’Evangile, à partir d’une situation de conflit, Jésus, selon son habitude, élève le regard de son interlocuteur, il l’ouvre à regarder en face les vraies valeurs, il l’entraine plus loin. C’est la capacité d’aimer et d’être aimé qui donne du sens et de la valeur à notre vie, le reste est illusoire. Il y a dans le cœur de l’homme des peurs et des désirs qui le poussent à rechercher les biens matériels. Nous cherchons dans la possession des biens une sécurité pour apaiser notre crainte de l’avenir ou la satisfaction de notre désir de puissance ou de gloire.
"Puis, s’adressant à la foule : « Gardez-vous bien de toute âpreté au gain ; car la vie d’un homme, fût-il dans l’abondance, ne dépend pas de ses richesses. »
Et il leur dit cette parabole : « Il y avait un homme riche, dont les terres avaient beaucoup rapporté. Il se demandait : ’Que vais-je faire ? Je ne sais pas où mettre ma récolte.’ Puis il se dit : ’Voici ce que je vais faire : je vais démolir mes greniers, j’en construirai de plus grands et j’y entasserai tout mon blé et tout ce que je possède. Jésus nous rappelle que l’augmentation des biens matériels n’ajoutera rien au bonheur de notre vie terrestre. Un jour il nous faudra quitter cette vie terrestre pour la vie éternelle avec Dieu à laquelle nous sommes destinés. Dès à présent nous tendons vers les réalités spirituelles qui seules passeront la mort. Dieu Amour a mit en nous une capacité d’aimer et d’être aimé pour accueillir l’Amour même. Notre vie est cachée en Dieu et nous sommes déjà ressuscités avec le Christ recherchant les réalités d’en haut. Il s’agit durant notre vie terrestre, de travailler à augmenter notre capacité d’aimer qui nous fera franchir le cap de la mort. La manière dont nous nous servons des biens matériels est le critère de l’amour authentique. Il est celui avec lequel nous pouvons juger de notre vie.
"Alors je me dirai à moi-même : Te voilà avec des réserves en abondance pour de nombreuses années. Repose-toi, mange, bois, jouis de l’existence.’ Mais Dieu lui dit :
’Tu es fou : cette nuit même, on te redemande ta vie. Et ce que tu auras mis de côté, qui l’aura ?’ Voilà ce qui arrive à celui qui amasse pour lui-même, au lieu d’être riche en vue de Dieu. » Le monde avide de biens croit trouver dans les biens sa sécurité. Rempli de lui-même, il se fait illusion car Dieu seul est le maitre de la vie et de la mort ! L’homme est le dépositaire de biens proposés pour faire advenir l’amour authentique du Royaume de Dieu. Le but de notre passage sur la terre est le partage et le don de ces biens aux plus petits en vue du Royaume. C’est ainsi que nous nous préparons un trésor pour le ciel. Devenir riche pour Dieu avec Jésus le Sauveur de notre vie, c’est entrer dans une dynamique de détachement par rapport aux biens matériels pour communier tous ensemble dans l’amour. L’amour de Dieu, reçu et partagé, est le lieu où nous réalisons notre véritable réussite humaine. Nous quittons alors nos peurs et nos désirs de puissance pour trouver en Dieu et dans l’amour partagé notre sécurité et notre bonheur. Le partage, l’accueil de l’autre et surtout du petit et du pauvre, est un trésor, une richesse pour Dieu. Tout vient de Dieu, tout nous est donné pour le partage. Ainsi se bâtit le Royaume des cieux sur la terre.
Nous demandons la grâce de regarder Jésus qui nous éclaire en tout ce que Dieu nous donne.