17 Juillet 2022
Évangile de Jésus-Christ
selon saint Luc 10,38-42.
En ce temps-là, Jésus entra dans un village. Une femme nommée Marthe le reçut.
Elle avait une sœur appelée Marie qui, s’étant assise aux pieds du Seigneur, écoutait sa parole.
Quant à Marthe, elle était accaparée par les multiples occupations du service. Elle intervint et dit : « Seigneur, cela ne te fait rien que ma sœur m’ait laissé faire seule le service ? Dis-lui donc de m’aider. »
Le Seigneur lui répondit : « Marthe, Marthe, tu te donnes du souci et tu t’agites pour bien des choses.
Une seule est nécessaire. Marie a choisi la meilleure part, elle ne lui sera pas enlevée. »
Extrait de la Traduction Liturgique de la Bible - © AELF, Paris
Sainte Thérèse d'Avila (1515-1582)
carmélite, docteur de l'Église
Le Chemin de la perfection, ch. 17, 5-7 (OC; trad. Mère Marie du Saint-Sacrement; Éd. du Cerf 1995, p. 761-762, rev.)
Marthe et Marie
Sainte Marthe était sainte, bien qu'on ne dise pas qu'elle était contemplative. Et que pouvez-vous désirer de plus que de ressembler à cette femme bienheureuse, qui a mérité de recevoir tant de fois Jésus Christ notre Seigneur dans sa maison, de lui préparer sa nourriture, de le servir, de manger à sa table ? Si elle était demeurée absorbée comme sa sœur, il n'y aurait eu personne pour préparer le repas de cet Hôte divin. Eh bien ! imaginez que notre monastère est la maison de sainte Marthe et qu'il doit y avoir différentes façons de servir. Celles que Dieu conduit par la vie active ne doivent pas murmurer contre celles qu'elles verront très absorbées dans la contemplation. (…) Qu'elles s'estiment heureuses de servir avec Marthe. Qu'elles songent également que la véritable humilité consiste, en grande partie, dans l'acceptation empressée de ce qu'il plaît au Seigneur d'ordonner de nous, et dans la conviction qu'on est indigne de porter le nom de ses serviteurs.
Donc, si contempler, faire oraison mentale ou vocale, soigner les malades, servir dans les emplois de la maison, assurer les travaux, même les plus vils, n'est autre chose que rendre ses devoirs à l'hôte divin qui vient loger, manger et se reposer chez nous, que nous importe de le servir d'une manière ou d'une autre ? Je suis loin de dire que vous ne devez pas vous efforcer d'arriver à la contemplation, je dis simplement que vous devez vous exercer à des fonctions diverses. La contemplation, en effet, n'est pas laissée à votre choix, mais à celui du Seigneur. (…) Laissez faire le Maître de la maison.
Méditation de l'Evangile du père Gabriel
Jésus est très sensible à sa délicatesse, mais qu'elle simplifie le service à l'avantage de l'essentiel : Écouter la Parole. Marie a choisi cette bonne part qui ne lui sera pas ôtée, et Marthe est invitée à venir s'asseoir avec eux et à laisser les marmites.
Marthe, Marthe, tu t'inquiètes ...
Marthe et Marie furent ses amies, et leur maison sa maison. Il aima venir s'y reposer entre deux courses apostoliques.
Le pays de Juda, tout comme celui de Galilée, est un pays aux rudes pentes et le soleil y est chaud dans ces chemins de pierrailles. Jésus arrive chez elles sans prévenir, aimant surprendre ces deux femmes à l'hospitalité si accueillante.
"Or, comme ils étaient en voyage, Il entra dans un certain bourg, une femme nommée Marthe le reçut dans sa maison..."
L'atmosphère nous surprend. Tant de liberté et de simplicité dans les rapports entre Jésus et ceux qu'Il aime ! Si Marie buvait ses paroles et ne se souciait plus que de Lui, Marthe se trouvait aussi à l'aise avec le Seigneur que sa soeur. Il y a une pointe de taquinerie rieuse dans son ton :
"Seigneur, Tu n'es pas en peine que ma soeur me laisse seule pour assurer le service ? Dis-lui donc de venir à mon aide"
Et la réponse de Jésus est sur le même ton :
"Marthe, Marthe, tu t'inquiètes et tu te troubles en vue de beaucoup de choses, alors qu'il n'en faut que peu ou même une seule".
Jésus ne critique pas Marthe à propos de sa gentillesse, mais lui laisse entendre qu'elle se complique bien l'existence. Car, le plaisir qu'Il éprouve lorsqu'il vient à Béthanie, c'est avant tout de parler avec elles, ses amies.
Il est très sensible à sa délicatesse, mais qu'elle simplifie le service à l'avantage de l'essentiel : Ecouter la Parole. Marie a choisi cette bonne part qui ne lui sera pas ôtée, et Marthe est invitée à venir s'asseoir avec eux et à laisser les marmites.
Au fond, Jésus lutte contre des préjugés trop bien enracinés qui veulent que pour bien recevoir un ami, la maîtresse de maison doit se tuer à la cuisine. Jésus n'est pas d'accord et Il le dit avec fermeté et délicatesse à Marthe, son amie.
Jésus laisse les deux soeurs s'épanouir selon leur caractère et leurs propres dons, dans une même amitié à son égard, en toute liberté. Marie écoute, Marthe s'active, et Jésus fait remarquer à Marthe qu'elle a tort de comparer.
"Marthe, Marthe, tu t'inquiètes et te troubles en vue de beaucoup de choses, alors qu'il n'en faut que peu ou même une seule. Car Marie a choisi la bonne part, qui ne lui sera pas ôtée"
Père Gabriel
Homélie du Père Gilbert Adam
16e dimanche du temps ordinaire, année C
Marie, s’était assise aux pieds du Seigneur et écoutait sa parole
« Pendant qu’ils étaient en route, Jésus entra dans un village, et une femme nommée Marthe le reçut. »
"Sa sœur, appelée Marie, s’était assise aux pieds du Seigneur et écoutait sa parole." Marthe et Marie sont pour nous deux figures bien connues.
Marthe sait être efficace, réaliser une tâche utile, tandis que Marie sait prendre le temps d’écouter Jésus, la Parole de Dieu. Marie est assise aux pieds de Jésus, aux pieds de la Parole vivante, aux pieds de Celui qui est lumière du monde. Elle demeure là, écoutant la parole d’amour. C’est une attitude d’ouverture au mystère insondable de Dieu. Jésus dira d’elle qu’elle a choisi la meilleure part et qu’elle ne lui sera pas enlevée. Notre vocation chrétienne est de nous laisser former et identifier de plus en plus au mystère de Jésus. Nous sommes son Église et à la suite de Marie la mère de Jésus, nous voulons nous laisser épouser par Dieu, le Bien Aimé. La prière est une œuvre, c’est un travail où l’on apprend à aimer. Pour durer dans la prière et entrer dans une relation profonde avec Jésus, nous abordons ce temps comme un lieu où nous donnons et où nous recevons au centuple. Nous apprenons à nous renouveler dans une attention amoureuse qui se perd dans le silence. Avec Jésus, nous participons par la prière, au mouvement de la vie avec le Père, dans le don et l’accueil de l’Esprit Saint. C’est une école de pauvreté et d’humilité, la meilleure école pour une vie évangélique et fraternelle. L’Eglise de l’amour est configurée à son Seigneur, Marie, la mère de Jésus s’est laissé conformer par lui, elle s’est laissé épouser par le Dieu de son amour.
Marthe qui s’affaire à beaucoup de tâches survint et dit : Seigneur, tu ne te soucies pas de ce que ma sœur me laisse faire le travail toute seule ? Dis–lui donc de m’aider.
Marthe est absorbée par les multiples tâches du service, elle s’agite et se soucie, et enfin elle proteste contre sa sœur. En oubliant la raison de son service, l’amour de Jésus, Marthe s’agite plus qu’elle n’agit. Elle perd ainsi le jugement sur ce qui l’entourent et la discorde s’installe entre ceux qui devraient être unis. Elle est absorbée par les tâches, son regard se limite à ce qu’il y a à faire. Elle oublie pourquoi elle sert, pour qui elle rend service. L’accueil chez Marthe est perturbé par une inquiétude ! Or, la valeur de nos actions tient au “pourquoi," au "pour qui,” au motif de notre action. Si notre regard reste fixé sur la matérialité de nos œuvres nous en perdons le sens et la finalité. En perdant le sens de son service elle perd aussi la joie et la paix intérieure. Entre s’agiter et rouspéter ou écouter paisiblement la Parole de Dieu, la meilleure part est facilement discernable. Si nos services et notre travail ne trouvent pas un sens positif dans l’amour, ils deviennent un esclavage dont il faut se libérer. Notre travail, nos services, prennent place et sens dans la perfection de la charité.
Le Seigneur Jésus répondit à Marthe : "Marthe, tu t’inquiètes et tu t’agites pour beaucoup de choses. Une seule est nécessaire. Marie a choisi la bonne part : elle ne lui sera pas retirée."
Dans toute vie une seule chose est nécessaire comme le précise Jésus. Marie sait mettre en œuvre cette seule chose nécessaire que Jésus loue. Toute vie tend à exprimer l’amour de Dieu qui est la Vie en plénitude. Nous savons que prière et action ne s’opposent que si l’une et l’autre se vivent dans la médiocrité. Elles se vivent comme une mise en œuvre et un apprentissage de la charité, elles deviennent toutes deux une manière unique et unifiée d’être à Dieu et d’être au monde. Dans la Foi, l’œuvre charitable prend tout son poids et sa valeur quand elle n’est pas simplement œuvre de la volonté humaine, mais collaboration de notre liberté à l’œuvre de Dieu. Chacune de nos actions trouvent leur valeur et leur sens le plus profond lorsqu’elles trouvent dans l’Amour leur source et leur accomplissement. Jésus nous dit : "Je suis la vigne, vous, les sarments." Celui qui demeure en moi, et moi en lui, celui-là porte beaucoup de fruit, car hors de moi vous ne pouvez rien faire. La véritable action chrétienne est une union intime avec Jésus qui ne peut pas être opposée à la prière. C’est une nouvelle conformité au visage du Christ qui prend corps en nous, qui prend forme dans l’Eglise de Dieu. Il nous est demandé de rayonner le Christ Jésus dans toute notre vie.
Nous demandons la grâce d’accomplir la volonté de Dieu.