Rémy Belleau, né à Nogent-le-Rotrou en 1528, mort à Paris en 1577, est un poète français de la Pléiade. Belleau a débuté ses études chez les moines de l'abbaye Saint-Denis à Nogent-le-Rotrou avant de les poursuivre, vers 1553, à Paris où il complète une formation dominée par l'amour de la poésie grecque. Intelligent sans surcharge d’érudition, il était avant tout un homme qui plaisait. Il rejoint bientôt le groupe du collège de Coqueret (Pierre de Ronsard, Antoine de Baïf, Joachim du Bellay), puis la Pléiade en 1554 et publie en 1556 une traduction des Odes d' Anacréon : le succès de ce lyrisme léger est considérable. Bien qu'un peu sèche selon Ronsard, cette traduction vient enrichir la Brigade d'un nouveau style; elle a pour elle la fidélité et l'exactitude qui en firent le succès. On lui doit également la traduction du Cantique des Cantiques et de l'Ode à l'Aimée de Sappho
Forme et certains mots en vieux français
Douce et belle bouchelette
Ainsi, ma douce guerrière
Mon cœur, mon tout, ma lumière,
Vivons ensemble, vivons
Et suivons
Les doux sentiers de la jeunesse :
Aussi bien une vieillesse
Nous menace sur le port,
Qui, toute courbe et tremblante,
Nous entraîne chancelante
La maladie et la mort.
Tu n'estois pas ceste barque parlante
Tu n'estois pas ceste barque parlante
Qui conduisoit la troupe de Jason,
Pour conquester la Colchique toison,
À frizons d'or jusqu'en terre pendante.
Tu n'estois pas ceste barque volante,
Qui découvrit l'amoureuse poison
D'une Sirène, allumant le tison
Au plus profond d'une ame languissante :
Ny celle-là dont les pâlies nochers
Furent changez en croupes de rochers,
Rochers sujets aux pointes de la foudre :
Mais bien tu fus celle qui au soufler
D'un doux soupir, s'esvanouit en l'air,
Le bois en feu, et les nochers en poudre.
Rémy BELLEAU (1528-1577)