Je me prélasse sur mon balcon, au-dessus du jardin public, face à l’ancien. Ce chêne mythique du parc m’observe. Avec ses bras vert il me fait coucou. Le bruissement de ses feuilles me chante des mots doux. Mon ami le tilleul s’étire pour me dire son bonjour. C’est à ce moment-là, que la torpeur me gagne.
Soudain je me promène dans un monde inconnu. Dans un bouillard doux, calme. Je suis dans un jardin fleuri de bulbes inconnus ? De pétales diverses de roses, bleus, jaunes, blanche avec des feuilles irisées, vertes, orangées jonchent le sol. Un coussin sur un tapis volant me transporte dans ce parc si particulier.
Il me promène d’un personnage à l’autre, c’est le voyage dans l’autre temps dans l’autre monde.
Madame de La Fayetteexplique :
Quand on croit être heureux, vous savez que cela suffit pour l’être ?
Monsieur Jean de la Fontaine lui réplique
Aimez, aimez tout le reste n’est rien
Seulement Patrice de la Tour du Pin
Le beau péché du monde est celui de l’esprit
Molière toujours moqueur donne sa réparti
J’aime mieux un vice commode, qu’une fatigante vertu
Colette dans un murmure
Le vice qu’on fait sans plaisir
Madame de Sévignéaffirme
Le cœur n’a pas de ride
Louise de Villemorinlui réplique
En amour il ne s’agit pas d’aimer, mais de préférer.
Malheureusement Alfred de Musset constate
On n’est pas aimé tous les soirs
Lamartine pensif lui déclare
Aimer, prier, chanter, voilà toute ma vie
Victor Hugosouffle à mon oreille
Aimer c’est la moitié de croire.
Pour Racine c’est :
La foi qui n’agit point. Est-ce une foi sincère ?
Corneille lui affirme
J’en accepte l’augure, et j’ose espérer
Arthur Rimbaudsortant de sa torpeur affirme
J’ai vu quelquefois, ce que l’homme a cru voir.
C’est alors qu’intervient Gustave Flaubert
La critique est la dixième muse,
La beauté la quatrième grâce
Cependant Jules Renard commente
Le sourire est le commencement de la grimace
Jean Jacques Rousseaudubitatif exprime avec une certaine conviction :
Nos passions sont les principaux instruments de notre conversation.
Arthur Rimbauden soupirant un souhait
Que le temps vienne où les cœurs s’éprennent
Françoise Saganajoute
La musique de Jazz c’est une insouciance accélérée
Un peu plus loin c’est un autre groupe, tout aussi déterminé dans leurs paroles. Tous ces mots forment un orchestre de chambre, dans le secret de mon oreille
Louis Aragon explique :
Je raconte ma vie, comme on fait des rêves au réveil
Henri du Vernoisaffirme
L’âge où l’on se décide d’être jeune, importe peu
Georges Duhamellui répond
Il arrive que l’erreur se trompe
Évidemment Alphonse Daudet n’en n’est pas en reste
Où serait le mérite si le héros n’avait jamais peur ?
Gustave Flaubertse décide pour s’exclamer
Le comble de l’orgueil, c’est de se mépriser soi-même
André Gidecommente un autre sujet
En art comme partout la pureté seule importe
C’est alors qu’Alphonse Karr assure
On invente qu’avec le souvenir
Stendhal lui certifie
On peut tout acquérir dans la solitude, hormis du caractère
Paul Verlainedans sa tristesse
Il pleure dans mon cœur, comme il pleut sur la ville
Et Voltaire de conclure
Si l’homme était parfait, il serait Dieu
L’espace se vide de tous ces bavards si compréhensifs. Ils sont si sereins. Loin des petits serins chantant la sérénade de l’espoir. Tous ces mots pour exprimer le chant du futur puisé sur le passé
La richesse de l’amitié est un bien inestimable. Elle est le trésor de la vie.
C’est ce même trésor que constitue le cœur le foie et les reins, les poumons. Ils sont les viscères indispensables au corps de tout vivant.
Quels beaux messages que ces grands de la plume m’ont laissé.
L’amitié venue d’outre-tombe.
Monique Isope Macalou