Ses cheveux blonds se coiffaient
Yeux bleus se fermaient
Ses joues roses se lavaient
Sourire plein d’amour
Elle disait maman
Pourtant elle était en carton
Mais elle était toute articulée
À la limite de la naïveté
Sans pour autant oublier
Cette poupée hante mes nuits
Mon enfance ressurgit
Elle était ma seule compagne
Dans l’appartement natal
Oh bien sur avant le décès de Monsieur
J’avais ses petits fils pour jouer
A des jeux plus intéressants
Il aimait la science, la physique
Nous étions frère et sœur
Tout au moins par le cœur
Hélas les enfants de Monsieur ont vendu
L’appartement devint ma prison
Ils ont déménagé, tout fut terminé
La nouvelle propriétaire imposait le silence
La cour me fut interdite
L’épidémie de polio rodait
Florence fut ma consolation
Mère se lever tôt pour son travail
Les classes devaient être prêtes
L’après-midi c’était la couture
Elle chantait en brodant
Sa voix me berçait
Florence c’était le prénom de ma cousine
Celle du village de la Gâtine
Celle qui m’a appris à aimez le Seigneur
Ma poupée je la tenais bien fort dans mes bras
C’était ma première année triste
Les jeux de mon frère me manquaient
J’étais un garçon manqué disait-on
Je n’avais plus ma vieille Zouzou
Le jeudi mère me sortait de cet enfer
Selon le temps nos sorties différées
Je ne pouvais plus danser faire mes pointes
« La vieille » du dessous menacé d’expulsion
Évidemment ce mot ne m’était pas permis
Le respect d’autrui est de rigueur
Alors ma poupée restait serrée sur mon cœur
Comme cela ne suffisait pas
Ce foutu microbe m’agresse
Alors plus de piscine!
Mère inquiète au premier signe
Appela le médecin
Mère avait l’habitude avec moi
Tous les microbes je les appelais
C’est ce qui fut ma chance
Il ne m’est resté qu’une légère scoliose
Elle était une infirmière dévouée
Grâce à cette année terrible
J’ai appris à vivre sans bruit
À aimer broder, lire, écrire,
Découvrir tout dans le secret
Ce qui n’est pas ma nature
Cette année là grâce à Florence
La vie me fut supportable
Ce fut l’année du conditionnement
La politesse et le respect envers l’ennemi
Également savoir aimer en secret
Monique Isope Macalou