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19 Avril 2015
1-) 19 avril 1314 : Les amants scandaleux
Deux chevaliers sont exécutés, à Pontoise, dans d'atroces conditions, le 19 avril 1314....
2-) 19 avril 1529 : Protestation des luthériens à Spire
Lors d'une Diète impériale, à Spire, en 1526, une communication de l'empereur Charles Quint avait permis aux partisans de Luther d'....
3-) 19 avril 1956 : À Monaco, Grace dit oui à Rainier
Le 19 avril 1956, 30 millions de téléspectateurs assistent au mariage du Prince Rainier III de Monaco (32 ans) et de l'actrice américaine Grace Kelly (26 ans).
Le prince et l'actrice se sont rencontrés en mai de l'année...
Deux chevaliers, les frères d'Aunay, sont exécutés à Pontoise, dans d'atroces conditions, le 19 avril 1314. Leur crime est d'avoir aimé des princesses. Ils sont les principales victimes d'un scandale qui assombrit la dernière année du règne de Philippe IV le Bel.
Pénible fin de règne pour Philippe le Bel
Le roi a eu quatre enfants qui devaient atteindre l'âge adulte : une fille, Isabelle, plus tard reine d'Angleterre, surnommée la "Louve de France" et trois fils qui allaient à tour de rôle monter sur le trône capétien : Louis, Philippe et Charles.
– L'aîné, Louis, a un caractère difficile qui lui vaut le surnom de «Hutin» ou de«Noiseux». Il épouse Marguerite, fille de Robert de Bourgogne et d'Agnès, elle-même fille de Saint Louis. Altière et un rien frondeuse, cette jolie jeune femme aime la vie.
– Philippe, prince intelligent, épouse Jeanne d'Artois, fille d'Othon IV de Bourgogne et de Mahaut d'Artois.
– Charles, à la personnalité plus effacée, épouse Blanche, la soeur de Jeanne.
Princesses adultères
Après trois ou quatre ans de mariage, voilà que Marguerite et Blanche prennent pour amants de «jeunes et biaux chevaliers», les frères Gautier et Philippe d'Aunay. L'affaire s'évente en avril 1314, à l'abbaye de Maubuisson où le roi aime à se retirer avec sa cour.
La justice royale s'abat implacablement sur les amants adultères. Marguerite et Blanche sont arrêtées, jugées et condamnées à être tondues, habillées de robes grossières et conduites dans un chariot recouvert de draps noirs aux Andelys, dans les geôles du château Gaillard.
Marguerite, éplorée et repentante, y occupe une cellule ouverte à tous vents au sommet du donjon. Victime de mauvais traitements et sans doute étranglée sur ordre de son mari, la malheureuse meurt au cours de l'été 1315.
Blanche est un peu mieux traitée dans un cachot «enfoncé dans la terre». Elle survit à l'épreuve et, à l'avènement de Charles IV, son époux, elle est transférée à Gavray, en Normandie, et obtient l'autorisation de prendre l'habit de religieuse.
Jeanne est aussi arrêtée et placée sous surveillance au château de Dourdan. Traitée avec beaucoup plus d'égards, elle défend sa cause auprès du roi, de même que sa mère Mahaut d'Artois, qui siége au Conseil du roi. Elle retrouve sa place auprès de son époux Philippe ainsi qu'à la cour, où on lui fait fête.
Les frères d'Aunay, coupables d'avoir batifolé avec les belles-filles du roi de France, sont arrêtés et subissent la question. Ils avouent sans tarder et après un rapide jugement à Pontoise pour crime de lèse majesté, ils sont exécutés sur le champ en place publique.
Ainsi prend fin le scandale dit «de la tour de Nesle» (bien que l'hôtel de Nesle n'ait rien à voir avec ces événements quoiqu'en dise Alexandre Dumas).
Finalement, après la mort du dernier fils de Philippe IV le Bel et faute d'héritier mâle en ligne directe, la noblesse du royaume donne le trône au représentant de la branche cadette des Valois. Celui-ci devient roi sous le nom de Philippe VI non sans exciter la rancoeur de ses rivaux, dont le roi d'Angleterre et celui de Navarre. Il en résultera la Guerre de cent ans.
19 avril 1529 : Protestation des luthériens à Spire
Lors d'une Diète impériale, à Spire, en 1526, une communication de l'empereur Charles Quint avait permis aux partisans de Luther d'espérer quelques accommodements. Trois ans plus tard, la Diète se réunit à nouveau à Spire mais, cette fois, l'empereur Charles Quint se montre intransigeant.
Le 19 avril 1529, cinq princes et les représentants de 14 villes répliquent par une protestation solennelle : « Nous protestons devant Dieu, ainsi que devant tous les Hommes, que nous ne consentons ni n'adhérons au décret proposé dans toutes les choses qui sont contraires à Dieu, à sa sainte Parole, à notre bonne conscience, au salut de nos âmes ».
De là le mot protestant sous lequel se feront plus tard appeler l'ensemble des partisans de la Réforme [au sens de : professer sa foi, du latin pro (pour) + testare (témoigner)].
19 avril 1956 : À Monaco, Grace dit oui à Rainier
Le 19 avril 1956, 30 millions de téléspectateurs assistent au mariage du Prince Rainier III de Monaco (32 ans) et de l'actrice américaine Grace Kelly (26 ans).
Le prince et l'actrice se sont rencontrés en mai de l'année précédente. Lors du festival de Cannes de cette année-là, Grace Kelly devait effectuer une séance photos pour le journal Paris Match. Afin de valoriser la mise en scène, il est très opportunément décidé de réaliser les prises de vue au Château de Monaco. Elle y rencontre alors le prince Rainier : c'est le début d'une histoire d'amour comme l'aime le grand public.
Un Âge d'or de la principauté débute avec ce mariage princier... Sous l'impulsion de l'esprit entrepreneur et bâtisseur du prince Rainier, Monaco s'impose à cette époque comme un État prospère et fortuné (2 km2, 32.000 habitants en 2011). Le mariage va également marquer l'acte de naissance d'une presse, promise à un bel avenir, exposant la vie des têtes couronnées, des membres du showbiz, du cinéma et du monde des affaires.
Grace donne naissance à trois enfants, avant de disparaître tragiquement d'un accident de voiture en 1982, laissant derrière elle une légende où le glamour accompagne la tragédie. Rainier s'éteind en 2005, à 82 ans, laissant le trône à son fils Albert.
La survie de la Principauté de Monaco dépendait de ce mariage. Mais cette union entre le prince et la star est d'abord une histoire d'amour. Il fallait une perle pour que la parure fût complète. Sinon, que serait devenu ce rocher ? Un caillou ?
À la trentaine consommée, le prince le sait bien : « Point d'héritier, point de pays ! » Et l'aphorisme n'est pas anodin. Qui connaît cette règle qu'impose la France à Monaco ? Elle est étrange mais bien réelle : une convention franco-monégasque, datant de 1918, précise que la Principauté deviendrait un État indépendant, sous protectorat français, si le souverain disparaissait sans descendance directe ou adoptive. « Si Rainier ne se marie pas et n'a pas d'héritier, ses sujets deviendront citoyens français, paieront des impôts et feront un service militaire allant jusqu'à six ans », hasarde un journal Newyorkais. Le temps presse, donc. Il y a un an, le Conseil national a même cru bon s'en mêler, n'hésitant pas à interroger le prince sur ses intentions. N'en va-t-il pas de la sécurité nationale, de la pérennité de Monaco ?
On a beau vivre sur un territoire moins étendu que le bois de Boulogne et être, avec 150 hectares, l'État le plus petit du monde après le Vatican ; on en n'a pas moins la fibre nationaliste. Interrogez quelques-uns des 5.000 sujets monégasques et vous comprendrez qu'on ne plaisante pas avec l'indépendance du Rocher, pris de haute ruse par le Génois Lanfranco Grimaldi - il s'était déguisé en moine pour lpénétrer la place réputée inexpugnable - un jour de janvier 1297. Honneur à l'ancêtre, autrement surnommé « le malicieux ». Cette lointaine ascendance vaut à Rainier d'être le souverain le plus titré du monde. Vingt-quatre titres de noblesse ! Duc de Mazarin, comte de Farette, de Belfort, de Thann et de Rosemont, sire de Matignon et de Marchais, baron de Lutumière et prince de Château-Porcien. On imagine le labeur d'un aboyeur chargé d'annoncer sa grâce.
Une princesse. Le prince cherche une princesse. La quête serait-elle aussi vaine que celle du Graal ? Un mariage de raison ? Certes non ! Les plus riches et plus belles héritières de la planète en savent quelque chose. Prince, on a beau être, homme on n'est pas moins et rêver d'un mariage d'amour. Mais pour qui bat le cour de Rainier III, seul en son palais de 200 pièces qui domine la Grande Bleue, servi par une centaine de domestiques, ou solitaire sur le pont de son yacht de 300 tonnes mouillant dans les eaux tranquilles de port Hercule ? Ne rêvons pas. Les contes de fée n'existent que pour endormir les enfants. Ou faire rêver les midinettes.
Depuis le début de la décennie, Rainier a une obsession : remplir les caisses de la Principauté. Au sortir de la guerre, les comptes étaient dans le rouge. Aussi, avec l'aide de l'armateur grec Aristote Onassis, le prince a-t-il eu la riche idée de créer et développer la Société des bains de mer, temple du jeu et de l'hôtellerie de luxe, principale ressource économique du pays. Oui, Grimaldi emploie la majeure partie de son temps à moderniser son héritage, à le faire fructifier. Il ne s'agit pas seulement d'empiler les liasses de dollars mais d'assurer l'indépendance de ce si petit État à la merci des appétits de sa puissante voisine. Alors les femmes. Il y a bien eu cette actrice française, dont l'histoire du cinéma ne retiendra pas le nom, Gisèle Pascal, mais le père Tucker, américain et néanmoins prêtre romain, né dans le Delaware, a poussé la vedette hors des remparts. Gisèle est vite tombée dans les bras d'un certain Gary Cooper qui promenait sa silhouette élégante sur la Croisette de Cannes, alors en plein Festival.
Un personnage, le révérend J. Francis Tucker. Lorsqu'il a débarqué à Monaco, il y a quelques années, la Principauté était « moralement ruinée ». C'est en tout cas ce qu'il déclare volontiers. Pourfendeur de mécréants et autres libertins, il avait décidé de réévangéliser le Rocher, à lui seul. Il est devenu le confesseur de Rainier que l'on dit bon catholique et familier de la méditation.
Le père Tucker serait-il, aussi, quelque peu entremetteur ? On pourrait le croire. C'est lui qui aurait convaincu le prince de recevoir une créature hollywoodienne. Une beauté blonde - et catholique - qui crève l'écran, déjà élevée au rang de star et oscarisée pour son rôle dans Une fille de province. Elle est à Cannes, pour le Festival. Elle doit en profiter pour tourner quelques scènes du nouveau film d'Alfred Hitchcock, la Main au collet. Elle s'appelle Grace Kelly.
Pour assurer la « promo » de la belle Américaine, née dans une riche famille de Philadelphie, on a imaginé qu'une séance photos avec Rainier, en son palais, serait du meilleur effet. Mais le prince est en retard. Grace s'impatiente dans la salle du trône. Monseigneur finit par apparaître. Confus, Rainier propose à mademoiselle le tour du propriétaire. À défaut de porcelaines rares, de livres anciens ou de toiles de maîtres, le prince la convie à saluer les pensionnaires indolents de son zoo privé. Coup de foudre ? Peut-être. Ils se plaisent. Échangent bientôt une correspondance. Se revoient. Rainier fête Noël avec les Kelly, sur le sol américain. Et l'on peut compter sur le bon père Tucker pour entretenir la flamme. A-t-il retenu cette phrase d'Aristote (Onassis, pas le philosophe) : « Pour sauver Monaco et le tourisme, il n'y a qu'un mariage du prince avec Marilyn Monroe ou Grace Kelly. » Les dieux de l'Olympe ont entendu l'armateur.
En cet hiver 1956, l'un des plus froids qu'on ait connu - à Paris, la Seine a gelé -, Monaco pavoise. L'avenir semble un peu moins sombre pour ce confetti d'État. Le prince annonce officiellement ses fiançailles, le 5 janvier. Hollywood n'a pas frappé en vain à la porte du Vieux Monde. Grace a dit oui. Le mariage est fixé au 19 avril. Elle a 26 ans et lui 33 ans. Aristote avait vu juste. Le mariage du prince et de la star semble sortir le Rocher de sa léthargie. Comme d'un coup de baguette magique. Une quarantaine de diplomates sont présents et la France a dépêché l'un de ses jeunes espoirs de la politique, François Mitterrand, dont l'oil aiguisé a su apprécier la beauté un peu froide et la classe naturelle de la future princesse.
Les magazines du monde entier ont envoyé des meutes de reporters couvrir cet événement mondain (dans quelques années les mots jet-set et people feront partie du vocabulaire commun). Et il y a les 750 invités. Ils se pressent d'abord dans la salle du trône, pour le mariage civil, puis sous les voûtes de la cathédrale de Monaco avant d'envahir les jardins du palais. Onassis, le roi Farouk, le prince Aga Khan et Ava Gardner, éblouissante et solitaire. 300 millions de francs, tel est le coût des festivités. Le Rocher se saigne pour son prince. 19 avril. 10 h 35. Les projecteurs s'allument. Les lourdes portes de la cathédrale s'ouvrent. L'orgue, les solistes et la chorale entament le Uxor Tua de Jean-Sébastien Bach ; un frisson parcourt l'assemblée en même temps que la musique semble courir les rues et les ruelles de Monaco. Difficile de résister. La mise en scène vaut celle d'Hollywood. Miss Kelly, qu'il faudra bientôt appeler Son Altesse Sérénissime, plus belle que jamais dans sa robe de tulle de soie garnie de dentelle et de milliers de petites perles, avance vers le chour au bras de son père. La traîne, n'oublions pas la traîne, longue de presque 3 mètres.
Le marié arrive quelques minutes plus tard précédé du nonce apostolique, Mgr Barthe et du père Tucker. Le Uxor Tua de Jean-Sébastien cède sa place à l'Alléluia de Purcell. Rainier porte une veste noire à col officier, bardée de décorations. Les parements des manches, très premier Empire, portent trois rangées de feuilles de chêne et de glands. Le prince est étonnement pâle. L'émotion, sans doute.
La cérémonie commence. Après les éloges, le légat du pape lit un message du Saint-Père aux époux. Puis vient la messe.
Rainier a dit oui. Forcément. Mgr Barthe se tourne vers la fiancée: « Grace Patricia voulez-vous prendre pour légitime époux, Rainier, Louis, Henri, Maxence, Bertrand, ici présent, selon le rite de notre sainte mère l'Église ? ». Te Deum. Grandes orgues et clairons. L'apothéose. Le chambellan ouvre la marche précédant l'évêque de Monaco, crosse d'argent à la main. Leurs altesses suivent à quelques pas, le visage grave, escortées par une ribambelle de demoiselles d'honneur. Le peuple les acclame alors que le couple, par instant, disparaît sous une pluie de pétales de fleurs. Dans quelques instants, la princesse Grace, selon une vieille coutume, « d'un geste charmant, abandonnera son bouquet nuptial dans l'oratoire dédié à sainte Dévote », commente la voix nasillarde du journaliste des actualités filmées.
Ah ! la télévision. Encore balbutiante, elle fait une démonstration de force en ce jour d'avril 1956. Cela commence avec la prouesse d'une retransmission « en direct » de la cérémonie, grâce à l'Eurovision. Trente millions de spectateurs, au bas mot. Quant aux opérateurs du 20 heures naissant, ils réalisent cette autre prouesse de faire remonter leurs films à Paris, en deux heures et vingt minutes, avec le concours de l'armée de l'air : hélico, avion à réaction puis encore hélico, annonce-t-on fièrement Rue Cognacq-Jay.
Dans quelques heures, Rainier et Grace rejoindront le port où les y attend le yacht blanc à cheminée rouge. Ils prendront la direction de Cannes, virant à tribord après les deux jetées. Lune de miel, croisière en amoureux, sans photographes, sans étiquette et sans nuages. L'histoire vient à peine de commencer. Rainier a eu un coup de génie en attirant les regards de l'Amérique et du monde entier sur la Principauté. Il vient de la sauver. Sans le savoir, la saga des Grimaldi va aussi donner naissance à une presse promise à un bel avenir, dans laquelle se croisent les têtes couronnées, les étoiles du showbiz, du cinéma ou du monde des affaires. Il n'empêche, de l'avis de tous, ce mariage est une véritable histoire d'amour.