La Méditation du Père Louis-Marie de Blignières sur le Mystère Lumineux de l'institution de l'Eucharistie « Lorsque l’agneau pascal est apporté, Jésus prononce la commémoraison des bienfaits de Dieu qui revient au chef de famille » :
« Pierre et Jean, selon la prédiction du Maître, ont suivi depuis l’entrée de la ville l’homme qui porte la cruche (cf. Mc 14, 13). Je leur emboite le pas. Au Cénacle, je participe avec eux aux derniers préparatifs de la Pâque, et puis je reste dans un coin. « Pourquoi cette nuit est-elle différente des autres nuits ? » Avant même que Jean ne pose la question rituelle, nous pressentons le caractère unique de cette soirée. Dès la première coupe, Jésus nous navre le cœur : cette Pâque sera la dernière de sa vie mortelle avant le banquet du Royaume. Lorsque les apôtres se disputent sur la préséance, le Seigneur nous choque en faisant un office d’esclave : laver les pieds des convives allongés. Il vient, nous dit-il, « servir et donner son âme comme rançon » (Mc 10, 45) et, en le regardant « nous aimer ainsi à toute extrémité » (Jn 13, 1), nous entendons en nous une voix grave : « Il offre sa vie en sacrifice expiatoire, mon Serviteur justifiera les multitudes, en s’accablant lui-même de leurs fautes » (Is 53, 10-11). Le comble de l’émotion survient lorsque Jésus annonce que l’un de nous va le trahir ! Jésus veut nous alerter sur notre fragilité (tous nous fuirons à l’heure décisive), mais laisser au traître un chemin vers la lumière. Au premier service, Judas est honoré par le geste d’intime familiarité de la bouchée offerte. Il sort, sans éveiller nos soupçons, rejoindre ceux qui trament dans la nuit la mort du Juste. « Les hommes, formant un contraste infernal avec la communauté d’amour voulue par lui, s’unissent pour se tourner contre lui » (R. Guardini). Lorsque l’agneau pascal est apporté, Jésus prononce la commémoraison des bienfaits de Dieu qui revient au chef de famille. Ce soir, quelle densité lumineuse dans son improvisation. Avant que nous ne mangions l’agneau, Jésus, brisant le pain qui l’accompagne, introduit une nouveauté qui nous laisse sans voix : « Ceci est mon corps, pour vous ». De même, à la troisième coupe vers la fin du repas, avant de la faire circuler : « Ceci est mon sang, celui de la nouvelle Alliance, répandu pour une multitude, en vue de la rémission des péchés ». Amen. »
1 Pater + 10 Ave + Gloria Patri
Révérend Père Louis-Marie de Blignières (1949- ….)