20 Septembre 2018
Dans son studio Parisien, Inès lit et relit pour la énième fois la lettre de ce matin. Un notaire de Cholet lui annonce qu’elle a hérité d’un immense domaine boisé.
Il s’agit d’un cousin ayant migré en Floride dans les années trente et qui n’a pas de descendant. D’après l’arbre généalogique elle est l’unique héritière.
Elle n’en revient pas. Elle n’a jamais entendu parler de ce cousin. Pourquoi ce domaine dans ce village inconnu ! À vingt ans, elle n’a plus de famille. Ces parents sont décédés dans un accident de voiture à cause d’un chauffard. Elle se retrouve seule dans son studio parisien. Mais elle a beaucoup d’amis.
C’est une jeune femme pétulante, aux cheveux bruns court. Son regard pétille, malgré une certaine tristesse cachée. Elle appelle sa meilleure amie pour prendre conseille. Elle est secrétaire dans un cabinet notarial.
Inès, tu devrais prendre tes vacances et aller voir sur place.
Je n’ai aucune connaissance dans ce domaine, je risque d’être arnaqué
Demande à Philippe de t’accompagner, il est avocat, de plus il flash sur toi !
Toutes deux rient aux éclats. En tentant d’être sérieuse, Inès interroge
Tu n’as pas peur qu’il me viole ? C’est à nouveau des rires.
Il a peut-être une affaire en cour ? interroge Inès toujours riante
Oh pour lui, l’affaire en cours c’est toi ! répond Claire amusée. Puis elle ajoute
Je l’appelle
Ok ! On verra bien. Lui dit Inès.
Le soir même, Philippe rejoint les jeunes filles au restaurant voisin d’Inès, le Galopin. Celui-ci se trouve face aux buttes Chaumont.
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Un jeune homme basané, brun aux yeux verts pousse la porte du Galopin. Le pas léger et rapide d’un jeune sportif enthousiaste s’approche des jeunes filles. Il est à la fois heureux et intrigué. L’appelle de Claire l’a surpris, d’habitude son appelle est pour une invitation à une soirée spectacle.
Bonjour Inès et Claire.
Bonjour Philippe
Tous les trois sont à une table au fond de ce café restaurant populaire. Le patron les installe dans une place tranquille. Après l’apéritif, Inès explique, sa surprise, à la lecture de son courrier ce matin. Cela explique l’urgence elle doit prendre rapidement une décision adéquate pour ne pas être arnaquée, ni passé à côté d’une chance. La curiosité des lieux l’emporte, tout en restant prudent.
Il faut aller voir ce notaire Maître décident-t-ils ensemble
Seulement je ne peux vous accompagner. Mon patron ne me donnera pas de congé. Je ne suis pas concerné directement par cet héritage. Mais je vous rejoindrai aux week-ends. Explique Claire.
D’accord, moi je prends des vacances. Mes amis de l’association comprendront, d’autant que je n’ai pas pris de vacances depuis trois ans. Décide Inès
J’appelle le notaire demain. Donnez-moi ces coordonnées. Je serais avec vous à Cholet, si cela vous convient. Intervient Philippe.
Pour lui c’est une bonne occasion d’approcher Inès. Et puis, on attend qu’il la défende, sinon, Claire ne lui aurait pas demandé de l’aider dans ses démarches. Pense-t-il.
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Le lendemain matin, à dix heures Philippe attend Inès sur trottoir. Il veut l’emmener à son bureau pour établir le plan d’action pour Cholet. À neuf heures, il a téléphoné à Maître Rondineau. Celui-ci lui a confirmé, le sérieux de l’héritage et lui a donné rendez-vous le lendemain : vendredi treize juin à quinze heures. D’où l’urgence de préparer le séjour dans cette ville.
Inès arrive, sourire aux lèvres courant comme d’habitude. Philippe aime cette silhouette élancée, vive et énergique. Après un bonjour rapide, il ouvre la porte de sa Saxo bleu roi trois portes. Arrivé rue Saint Dominique, ils passent un porche et se gare dans la cour.
Nous sommes arrivés. Mon père nous attend.
Devant l’étonnement d’Inès, il lui explique.
Je suis associé avec mon père. Je gare la voiture dans la cour. Mais son bureau est sur la rue.
Inès pousse un soupir de soulagement, qu’elle croyait retenu. Philippe sourit amuser. Il pousse une porte en bois sculpté ; Une secrétaire les accueille.
Maître, votre père est dans son bureau, je vous apporte un café ou un thé ?
Un thé…demande Philippe ? Inès opine de la tête.
Alors deux thés, dans son bureau ! Commande gentiment Philippe, en ouvrant la porte du bureau de son père.
Bien Maître Corbière
Maître Corbière père, se lève le sourire aux lèvres, pour accueillir Inès.
Voici notre héritière, dit-il paternellement.
Oui père, et nous avons rendez-vous chez Maître Rondineau demain à quinze heures, pour un premier entretien.
Bravo mon fils, je suppose que je prends en charge tes affaires en cours pendant ton séjour à Cholet. Dit-il le sourire complice. Inès est gênée.
Oui, si cela ne vous gêne pas trop.
Nullement mon fils, je ne traiterai que les urgences.
Bien père.
En prenant doucement le bras d’Inès, il lui dit
Maintenant, allons dans mon bureau. Nous allons établir un plan pour notre séjour. Je ne pense pas qu’il sera long. Tout au moins en ce qui me concerne.
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Chez le Notaire
À huit heures tapantes, Philippe est à la porte d’Inès. C’est un vendredi treize ! Ce jour, va-t-il leur porter chance ? pense Inès sans conviction, en entendant la sonnette. Elle ouvre la porte et lui dit.
Bonjour, vous allez bien ?... Un petit thé ? …mes bagages sont prêts. Je n’en ai que pour quelques minutes ajoute-t-elle.
Oui ! En s’assoyant sur le canapé. Il pense « Tout est rangé, net, le temps qu’elle se coiffe, se maquille elle en a pour une heure. Pendant qu’il réfléchissait l’eau de la bouilloire est prête. Inès arrive et place les deux sachets dans celle-ci. Philippe est si surpris, qu’il a cru avoir rêvé un bon moment.
Combien de sucre ? Des financiers ? demande Inès
Un sucre, oui j’aime ces biscuits, ils sont excellents. Répond-t-il surprit.
Il en prend deux délicatement. Il la regarde subjugué. Il tente de ne rien laisser voir de son émoi. Elle est là, vive et prête. Elle confirme son impression en lui disant.
J’ai préparé un café et une boisson glacée dans des thermos pour le voyage
La collation terminée, la vaisselle rangée, elle vérifie si tout est à sa place, si elle n’a rien oublié. Enfin
Je n’ai plus que ma veste à prendre et nous partons. Dit-elle.
Alors allons-y nous avons beaucoup de route, et nous sommes vendredi. Il y a plus de voiture que les autres jours. Beaucoup partent en week-end en sortant de leur travail. Ceux, qui prennent le RER, les autres jours, prennent leur voiture pour leur trajet habituellement fait transport en commun. La sortie de Paris et sa banlieue ne sera pas facile.
Ne vous inquiétez pas, nous serons au restaurant pour midi. Les autoroutes seront fluides. Répond-elle. Le dynamisme d’Inès et son sens pratique émerveille Philippe. Pourtant, il ne devrait pas être surpris. Ils se connaissent depuis tant d’année.
Le trajet se fait sans encombre, malgré la sortie de la région parisienne difficile. À onze heures ils sont à l’hôtel Richelieu, cinquante et un Boulevard Richelieu. Ils s’installent dans leur chambre respective. Leurs portes sont face à face, ce qui rassure Inès. Ils se retrouvent au restaurant pour discuter de la suite, et consulter le plan de la ville, que l’hôtel leur a donné. Philipe achète le plan de la région au kiosque à l’entrée de l’hôtel. Leur rendez-vous avec Maitre Rondineau est au 20 rue Pasteur d’après le plan il est situé tout près du couvent Saint François d’Assise.
Inès est toute chose, la curiosité est forte elle pense à ce qu’elle pourra faire avec cet héritage. D’abord est-il conséquent ? Où se trouve ce domaine des Trois Renards. Il n’existe nulle part d’après internet. Et puis peut-être trouvera –t-elle des cousins éloignés ? Que la généalogie n’a pas trouvé ! L’idée seule la stimule. Enfin, ils arrivent. Il est quinze heures, le cœur battant, Elle sonne à la porte. Elle s’ouvre automatiquement.
Une femme aux cheveux en chignon grisonnants, vêtue de noire, souriante les accueille.
Vous êtes…. ?
Mademoiselle Inès Paladin, un ami, Maître Philippe Marcelin m’accompagne
Pourquoi un avocat ? S’enquit-elle en fonçant les sourcils
Il est un ami d’enfance, et comme je ne conduis pas il m’accompagne.
Ah ! bon ! dit-elle détendue, le sourire aux lèvres revient
Je suis Madame Rondineau, mon mari termine avec un client. Asseyez-vous, dit-elle en montrant les fauteuils louis XV.
Merci répondent-les jeunes gens
Ce ne sera pas long… Tenez ! Il a terminé. Ajoute-t-elle.
Un vieux monsieur sort tout heureux. Madame Rondineau parle à voix basse à un homme rondouillard. Ce petit gros à l’air sympa pense Inès.
Un homme chauve, aux tempes grisonnantes, s’approche d’eux, il leurs tend la main.
- Bonjour mademoiselle Paladin. Monsieur… ?
- Maître de Bouvreuil un ami de mademoiselle. Précise Madame Rondineau
Venez dans mon Bureau. Une fois installé, le notaire parle directement. Je ne sais pas si vous accepterai cet héritage, car il est immense certes, mais inhabité depuis des lustres. Cette propriété est située dans l’ancien village détruit lors de la Virée de Galeme. J’ai tenté de la trouver, mais j’ai fait chou-blanc. J’ai seulement un doute. Avant de signer ce serait bien que vous y alliez.
Mais nous ne connaissons pas la région, intervient Philippe
Seulement vous êtes jeunes et je pense que vous êtes sportifs. Rétorque avec un sourire amusé le notaire
Pourquoi cela ? interroge Inès.
Parce que la propriété des Trois Renards, se situe dans l’un des villages détruit pendant la chouannerie, et qu’il n’a jamais été reconstruit. Il est resté à l’abandon pendant deux-cent-vingt ans environ. Votre cousin y a vécu une dizaine d’année dans les années trente. Il a tenté de la restaurer. D’après, son testament, elle est située sur le bord de la route de Louet. Il a jeté l’éponge et il est parti en Amérique, sans jamais vendre ce bien.
Quelle histoire ! S’esclaffe les jeunes gens.
Si vous êtes toujours intéressés voici le plan de mes investigations, cela vous donnera une base de départ. Il vous permettra également de continuer.
Merci, nous commencerons demain matin. Confirme Inès. À l’hôtel nous étudieront vos recherches et ce vieux plan du secteur, que vous venez de nous donner.