Bienvenue sur mon site Une innovation pour mes anciens lecteurs, désormais je traite de divers sujet, en premier La religion judéo chrétienne signé" Monique Emounah", pour ceux qui ne peuvent se déplacer à l'églises quelques soit la raison, et le lieu de leurs résidences ils peuvent suivre les offices du jour, la politique (LR) et les infos, la poésie et les arts en général. Mes écrits, signé (Alumacom) également mes promos de mes dernières parutions et quelquefois un rappel pour mes anciens écrits. Merci de votre attention,
17 Septembre 2018
sainte Hildegarde de Bingen, cette étonnante moniale fondatrice de monastères, naturaliste, musicienne, peintre et visionnaire !
Hildegarde était d’une noble famille germanique. Très jeune, on la confie au couvent de Disbodenberg, un monastère double, sur les bords du Rhin, où moines et moniales chantent la louange divine en des bâtiments mitoyens.
Devenue abbesse, elle s’en va fonder une autre communauté à Bingen puis une à Eibingen. Elle voyage, va où on l’appelle, prêche dans les cathédrales et les couvents, correspond avec toutes les têtes couronnées, les pontifes de son temps, saint Bernard et bien d’autres. Elle plaide pour une réforme radicale de l’Eglise. Depuis sa petite enfance, elle est favorisée de visions exceptionnelles. Par obéissance, elle les couchera sur le papier. Ses récits apocalyptiques (au sens littéral de dévoilement des fins dernières) donnent de l’univers une vision étonnante de modernité où la science actuelle peut se reconnaître (création continue, énergie cachée dans la matière, magnétisme) mais qui peut aussi apaiser la soif actuelle de nos contemporains tentés par le "Nouvel Age". ("Le monde ne reste jamais dans un seul état", écrit-elle.)
L’essentiel de sa pensée réside dans le combat entre le Christ et le prince de ce monde, au cœur d’un cosmos conçu comme une symphonie invisible. Dante lui emprunta sa vision de la Trinité.
Dixième enfant d’une famille noble de Bemersheim, en Rhénanie, Hildegarde reçoit, dès l’âge de trois ans, des visions. Et cela durera soixante-dix-huit ans ! C’est peut-être en partie pour cette raison que ses parents la confient très tôt – à huit ans – au couvent dépendant du monastère bénédictin de Disibodenberg, à soixante kilomètres de là, tout près de Mayence. La mère supérieure du couvent, Jutta de Sponheim, une amie de ses parents, veille à son instruction. Hildegarde prononce ses vœux perpétuels au couvent et reçoit, vers l’âge de quinze ans, le voile monastique des mains de son évêque. À la mort de Jutta de Sponheim, Hildegarde a 38 ans. Elle est élue, par les sœurs du monastère, abbesse du couvent. Toutes ces années lui ont permis de se former à la vie monastique, rythmée par le travail, l’étude et la prière liturgique, et aussi d’acquérir une érudition immense – même si elle se dit volontiers ignare.
Des visions incandescentes
Au cours d’une vision, à l’âge de 42 ans et sept mois (c’est elle qui précise !), Hildegarde reçoit de Dieu l’ordre de rendre ses visions publiques. Écris ce que tu vois et ce que tu entends ! Hildegarde doit vaincre de fortes résistances intérieures pour obéir à l’ordre reçu. Elle raconte elle-même qu’il a fallu qu’elle tombe malade pour commencer enfin, avec l’aide du moine Volmar qui écrit sous sa dictée, à composer son premier livre, le Scivias(Connais les voies). Suivent alors dix années d’un travail monumental traversées de beaucoup de doutes et d’hésitations. Hildegarde va même jusqu’à solliciter l’avis du pape. Pour cela elle demande son aide à Bernard de Clairvaux. En 1148, lors du grand synode de Trèves, devant toute l’assemblée des cardinaux, des évêques et des prêtres réunis, Eugène III prend un des écrits d’Hildegarde, le lit à voix haute et conclut à son adresse : « Écrivez donc ce que Dieu vous inspire »
Mais qu’y a-t-il donc dans ce livre plein de lumières, de couleurs et de visions étranges ? En réalité, Hildegarde retrace dans cet ouvrage l’histoire sainte depuis la création du monde jusqu’à la rédemption finale en passant par l’Incarnation, la crucifixion, la Résurrection et l’édification de l’Église. À chaque chapitre, elle décrit la vision, l’interprète et lui donne son sens spirituel. Elle le fait avec les codes de son temps – qui sont les codes bibliques – enrichis par la lecture des Pères de l’Église. Elle y ajoute une vigueur et une audace de style tout à fait étonnantes. On comprend que ces pages incandescentes aient inspiré Dante Alighieri, lorsqu’il composa, deux siècles plus tard, la Divine Comédie, le chef-d’œuvre de la langue italienne naissante.
Son couvent rayonne
Pendant toutes ces années, le petit couvent féminin de Disbodenberg continue de vivre à l’ombre du monastère bénédictin masculin dont il dépend. Pourtant, le couvent rayonne, les vocations se multiplient et c’est lui, sans doute à cause du rayonnement d’Hildegarde, qui attire les dons. Hildegarde, logiquement, veut fonder sa propre abbaye. Le père abbé s’y oppose. Hildegarde tombe malade et son état s’aggrave. Après quelque résistance, le père abbé laisse la supérieure du petit couvent voler de ses propres ailes. Mais c’est l’indépendance qu’elle veut, pas l’exil. Elle s’installe à quelques kilomètres de là, près de Bingen, à Ruperstberg où elle terminera sa longue vie. Et lorsqu’il s’agira pour elle, devant l’afflux des vocations, de fonder une autre abbaye, elle n’ira pas non plus bien loin. Le monastère d’Eibingen, qu’elle ouvre environ vingt ans plus tard, est lui aussi tout proche. Ainsi, celle dont les paroles ont franchi les frontières du temps et de l’espace ne sortit pas, de son vivant, d’un tout petit quadrilatère de quelques dizaines de kilomètres, au cœur de la Rhénanie.
Mais Hildegarde n’est pas seulement une visionnaire, c’est aussi une
musicienne. Elle compose des pièces liturgiques, 77 pour être exact, dont certaines sont aujourd’hui disponibles en CD ! Car ces pièces sont parmi les premières à nous avoir été transmises intégralement. Ainsi, le drame de l’Ordo Virtutum(L’Ordre des vertus), entièrement composé par Hildegarde et mis en scène au monastère de Ruperstberg en 1152 par les religieuses du couvent naissant, sera joué à Cologne en 1982, huit cents ans plus tard.
Au centre de ses recherches, l’Homme
Hildegarde n’a pas fini de nous surprendre. Elle est femme de son temps, libre des préjugés que les siècles suivants imposeront aux femmes. Elle dirige, commande, fonde, acquiert, discute pied à pied avec les autorités religieuses et politiques. Mais surtout, chose étonnante chez cette femme recluse et qui n’a pas quitté sa Rhénanie natale, elle se met en route pour prêcher. Ainsi, de 1158 à 1170, elle prêche en public à Mayence, Wurtzburg, Bamberg, Trèves et Cologne.
Mais surtout, inlassablement, elle écrit. Selon l’ordre jadis reçu, elle consigne ses visions. Le Livre des mérites de la vie l’occupe quatre ans, le Livre des œuvres de Dieu, onze ans. Pendant cette époque, elle écrit une Physique et un livre sur les causes des maladies et la manière de les soigner. Ce sont les deux seuls ouvrages médicaux qui nous soient parvenus du XIIe siècle. Certains y ont vu la partie émergée d’une science d’initiés. Mais il s’agit beaucoup plus sûrement de faire droit, avec les connaissances du temps, au souci de soigner l’homme global. Car c’est l’homme qui est au centre de la théologie d’Hildegarde, l’homme-Dieu bien sûr, le Christ, mais qui rejoint à jamais l’homme concret. Hildegarde a retranscrit ses visions dans de superbes enluminures au symbolisme lumineux. Trois siècles avant Léonard de Vinci, elle représente dans une de ses visions l’homme aux bras étendus situé au centre du cosmos. Il a été créé libre. Il peut, à l’image de son créateur s’élever vers Lui.
Telle est sans doute la leçon que l’on peut tirer de la vie de cette grande mystique aux multiples dons et au destin hors du commun qui meurt à 81 ans dans son monastère de Rupertsberg, entourée de ses sœurs et dont la renommée est si grande vers la fin de son existence que le récit de sa vie a déjà été commencé de son vivant. Puis oubliée par des siècles trop sages et masculins, elle fut redécouverte à la fin des années 80. Elle devint le porte-parole de toute une littérature hermétique, l’enseigne de certaines médecines parallèles et d’une vision holistique et féminine du monde et de Dieu même.
Ce titre "docteur de l'Eglise" ne doit pas être confondu avec le titre "Père de l'Eglise", traditionnellement attribuée aux grands auteurs des premiers siècles du christianisme, considérés par la postérité comme les pères fondateurs de la doctrine chrétienne.
Une autorité exceptionnelle
Les docteurs de l'Eglise, eux, sont des hommes et femmes baptisés, nommés par le Pape. L'Eglise catholique - représentée par ce dernier - leur reconnaît une autorité exceptionnelle dans le domaine de la théologie et de la foi. Ces "docteurs" ont en général, à travers leurs écrits, participé au développement de la doctrine chrétienne. Ils sont tous canonisés. Jusqu'en 1970, seuls des hommes avaient été nommés. C'est Paul VI qui le premier osa proclamer une femme, docteur de l'Eglise. Ce fut Thérèse d'Avila.
Le pape Benoît XVI a décidé de proclamer Hildegarde de Bingen, docteur de l’Eglise en raison de son "expérience de compréhension pénétrante de la Révélation divine" et d'un "dialogue intelligent avec le monde". Ainsi le plus connu des écrits de sainte Hildegarde : Le Scivias ( "Connais les voies du Seigneur") résume en 35 visions les évènements de l'histoire du Salut, de la création du monde à la fin des temps.
Evelyne Montigny
3 visions d'Hildegarde de Bingen commentées
Le chœur des anges, le macrocosme, l'homme... Trois représentations des visions de la mystique et docteur de l'Eglise sainte Hildegarde de Bingen, commentées par le frère François Boespflug, auteur de "Dieu et ses images" (Bayard). Publié le 23 décembre 20015.
L'homme Cosmique, par Hildegarde.
Une des œuvres majeures d'Hildegarde de Bingen est le Scivias, achevé en 1151 ou 1152, dans lequel elle décrit 26 visions mystiques qu'elle dit avoir eues à l'état de veille, des visions très savantes, mais très belles et très nourrissantes pour la foi.
Hildegarde de Bingen
Les textes ont été illustrés par un miniaturiste sous le contrôle direct de la sainte, et ces illustrations comptent parmi les images les plus riches, les plus belles, les plus sophistiquées du Moyen-Age…
Le macrocosme
La Trinité - Hildegarde de Bingen
Cette miniature, que les spécialistes de l'enluminure du Moyen-Age appellent "le macrocosme", illustre une vision qu'Hildegarde dit avoir eue très tôt dans sa vie, et qu'elle a eue à plusieurs reprises par la suite.
On y voit l'univers, non pas sous la forme d'une boule parfaitement circulaire, mais sous la forme d'un œuf, avec une protubérance un peu pointue vers le haut, débordant sur le cadre, au sommet de laquelle se trouve une grande étoile à huit pointes, et trois petits flambeaux que le texte d'Hildegarde dit avoir vus, ou plus exactement qu'une voix lui décrit au moment où elle a la vision. Car c'est une vision "son et lumière", si l'on peut dire.
La lumière, nous l'avons sous les yeux. Le son nous ne l'avons plus, mais nous en avons le texte et nous pouvons le restaurer.
Cet œuf cosmique est environné de flammes jaunes, qui partent dans toutes les directions. Il est bordé de trois figures curieuses de visages compactés les uns avec les autres, des visages tricéphales, avec trois bouches, crachant le vent. Celle de droite est couleur de feu, les deux autres sont argentées. Au centre, une forme à fond bleu étoilé, et tout à fait au milieu, une forme de l'univers elle-même bordée de nouveau par trois visages crachant le vent, surmontée d'une petite sphère où figure le croissant de lune et probablement le soleil. C'est une méditation visuelle du tout formé par l'univers créé, chez une visionnaire dont l'imaginaire est surdéveloppé.
Hildegarde voit des choses qui relèvent d'une vision synthétique du monde, elle a pris de la hauteur et nous décrit le monde créé un peu avec les yeux de Dieu.
L'homme
L’homme cosmique petit
Cette miniature, d'un format vertical oblong, représente à nouveau une méditation visuelle, visionnaire, sur la Création. On peut d'abord remarquer une tête, à l'air un peu grave, qui sort du cadre. Elle surmonte une autre tête, rougeoyante, qui de ses bras englobe complètement la sphère de l'univers créé. Celle-ci se trouve elle-même inscrite dans un cercle de feu d'où sort une paire de pieds.
Autrement dit, l'univers est complètement englobé dans une sorte de personnage de feu que l'on peut voir comme le Logos créateur par qui tout a été fait.
Au centre de l'univers créé, il y a l'homme de nouveau, nu, placé là pour signifier que l'homme est au cœur de la Création, qu'il en est même le couronnement, ce qui est dit explicitement dans le livre de la Genèse. Cet homme est indissociable de l'univers des vents, suggérés par toutes sortes de têtes animales qui soufflent de leur gueule ouverte des sortes de rayons, de flux aériens.
On a là une représentation de la création matérielle, mais ordonnée à sa propre fin, qui est la création de l'homme, le clou de la Création.
Dans le coin inférieur gauche de l'image, Hildegarde elle-même dresse la tête et dirige son regard vers ce qu'elle voit. Elle est représentée à son pupitre, en train d'écrire sa vision dans le livre du Scivias.
Le chœur des anges
Anges petits
Cette miniature représente le chœur, ou plutôt les chœurs formés par les anges qui entourent la divinité. Celle-ci est figurée par un cercle blanc dans lequel aucune forme ne se laisse voir. Car Dieu, nul ne l'a jamais vu.
Hildegarde le rappelle régulièrement dans ses visions, et elle ne fait pas volontiers des représentations anthropomorphes de Dieu ou de la Trinité. Elle y consent parfois, mais elle préfère marquer que Dieu est au-delà de toute forme visuelle.
En revanche, le miniaturiste, guidé par Hildegarde, a représenté de manière extraordinairement parlante, harmonieuse, une sorte de vaste théâtre sur les gradins duquel les anges seraient installés en neuf chœurs, selon la description qu'a donnée du chœur des anges un auteur très important au Moyen-Age, le Pseudo-Denys l'Aréopagite, un moine syrien du VIe siècle, qui s'inspire lui-même de saint Paul.
Il distingue les séraphins, les chérubins, les archanges, les dominations, les trônes, etc. jusqu'aux anges de base, les moins gradés de la hiérarchie, qui se trouvent sur les cercles extérieurs. Ces anges forment une sorte d'assemblée des bienheureux, avant même que l'humanité ne soit appelée, grâce au salut en Jésus Christ, à venir compléter cette assemblée.
Les hommes qui auront vécu l'Evangile, auront vécu comme des justes dans la confiance en Jésus Christ, seront appelés à rejoindre cette assemblée d'autant plus qu'elle aura été décimée par la révolte de Lucifer, qui va créer dans ce théâtre un certain nombre de places libres.
Saint Augustin dans la Cité de Dieu raconte que, au fond, l'histoire humaine s'arrêtera le jour où toutes les places laissées libres par la chute des anges seront occupées.
Frère François Boespflug, dominicain