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5 Novembre 2018
Nous nous devons prier pour nos frères et sœurs du Cameroun, du Burkina Fasso, en plus des pays d'Afrique pour lequel nous prions déjà
Le sous-préfet de l’arrondissement de Noni situé dans la région du Nord-Ouest, département de Bui, a été enlevé par un groupe armé du mouvement séparatiste anglophone, a fait savoir lundi, le gouverneur de la région, Adolphe Lélé Lafrique, cité par Anadolu.
« Des assaillants ont lancé un assaut à la résidence du sous-préfet dimanche nuit avant de l’enlever », souligne le gouverneur. Selon le Général Aga Robinson, commandant de la région militaire interarmées du Nord-ouest, « un ratissage est en cours » pour retrouver l’autorité administrative locale, « dont on est sans nouvelles depuis son enlèvement dimanche ». Le rapt n’a pas été revendiqué, mais sur les réseaux sociaux, les sécessionnistes anglophones avaient annoncé leur intention de poursuivre les enlèvements des autorités.
Depuis deux ans, les régions anglophones du Cameroun dont le Nord-ouest et le Sud-ouest sont secouées par une profonde crise socio-politique, plusieurs autorités ont déjà été enlevées par les séparatistes. Le 11 février 2018, le sous-préfet de Batibo avait été enlevé et quelques jours après, un autre rapt avait été lancé à l’endroit du délégué régional des affaires sociales pour le Nord-ouest. Jusqu’à ce jour leurs familles respectives sont sans leurs nouvelles.
Une école confessionnelle près de Bamenda en région anglophone, a reçu la visite lundi, d’hommes armés qui ont réussi à enlever 79 élèves, ainsi que le directeur d’école, un enseignant et le chauffeur, rapporte le site Afrique sur 7.
« La tragédie vécue par les filles de Chibok au Nigeria n’a pas encore été lénifiée qu’un drame similaire vient de se produire au Cameroun voisin » écrit le média. En effet, lundi 5 novembre, la Presbyterian Secondary School de Bamenda dans le nord-ouest du Cameroun, a été attaquée par des individus lourdement armés. Ils ont procédé à l’enlèvement de « 82 personnes, dont 79 élèves. Le Directeur de l’école, un enseignant et le chauffeur font également partie des otages ». Un enlèvement de masse qui en fait, est le plus important survenu dans la région depuis le début de la fameuse crise anglophone. Ces derniers ont été conduits à une destination inconnue. Les autorités sécuritaires sont toutefois à pied d’œuvre pour retrouver et libérer ces personnes enlevées. Selon des témoins, « l’établissement est quadrillé par les forces de sécurité ».
Afrique sur 7 note par ailleurs, que la ville de Bamenda a déjà connu des situations similaires. Six élèves ont été enlevés à la mi-octobre. Une bombe artisanale avait également été découverte dans le courant du mois d’octobre devant une autre école. Les policiers l’avaient fait exploser pour éviter qu’elle fasse des victimes. Les séparatistes anglophones s’opposent en effet au système éducatif taillé en faveur des francophones. Ceci pourrait donc constituer des indices pour des recherches fructueuses. Ce dernier kidnapping intervient alors que le président Paul Biya s’apprête à prêter serment, ce mardi, pour son 7e mandat à la tête de l’Etat camerounais.
Soixante-dix-neuf élèves ont été enlevés lundi dans la région du Nord-Ouest du Cameroun, le plus important kidnapping dans cette zone anglophone depuis le début du conflit entre des séparatistes et l’armée, à la veille de la prestation de serment du président Paul Biya.
Ce type d’enlèvement de masse d’élèves est sans précédent au Cameroun. Il est pratiqué dans le nord du Nigeria voisin par le groupe jihadiste Boko Haram comme à Chibok où plus de 200 jeunes filles avaient été enlevées dans leur internat en 2014, suscitant l’indignation du monde entier.
Outre les 79 élèves, le principal de la Presbyterian Secondary School de Bamenda (capitale régionale du Nord-Ouest), un enseignant et un chauffeur ont également été kidnappés par des hommes armés non identifiés, a indiqué à l’AFP une source gouvernementale camerounaise.
“Les recherches pour retrouver les otages ont été lancées, la mobilisation est totale”, a ajouté cette source qui s’exprimait à l’issue d’une réunion de crise.
“L’établissement est quadrillé par les forces de sécurité. Nous n’y avons pas accès”, a précisé la source proche de l’établissement.
L’enlèvement des élèves dont les âges n’ont pas été dévoilés a été confirmé par une source proche de l’établissement et une source sécuritaire.
Dans une vidéo de 6 mn obtenue par l’AFP, onze garçons d’une quinzaine d’années déclinent un à un leur identité et indiquent avoir été enlevés à la Presbyterian Secondary School de Bamenda par les “Amba boys”, les séparatistes anglophones.
“Nous allons ouvrir nos propres écoles ici, nous allons rester ensemble et combattre pour l’+Ambazonie+”, l’Etat fantasmé que les séparatistes entendent créer, indique un homme au micro du téléphone filmant la scène.
La vidéo n’a pu être authentifiée de source indépendante.
“Plus de 700 élèves” étudient à la Presbyterian Secondary School, selon le site web de l’établissement qui souligne recevoir des élèves “de toutes les origines religieuses et linguistiques du Cameroun”.
“Tout ce que nous savons c’est que les élèves enlevés seraient essentiellement des garçons”, a précisé la source proche de l’établissement.
– Ecoles visées –
Cet enlèvement de masse survient à la veille de la prestation de serment du président Paul Biya, 85 ans, au pouvoir depuis 1982, réélu pour un septième mandat avec 71,28% des votes.
“Des enfants sont une fois de plus victimes d’une crise qui n’est pas la leur. RIEN ne peut justifier l’enlèvement d’enfants innocents!”, a réagi sur les réseaux sociaux Allegra Maria Del Pilar Baiocchi, coordinateur humanitaire de l’ONU pour le Cameroun.
Dans la même région du Nord-Ouest du Cameroun, le sous-préfet de l’arrondissement de Noni a également été enlevé dimanche.
Dans les deux régions anglophones du Nord-Ouest et du Sud-Ouest, une crise socio-politique sans précédent s’est installée fin 2016. Elle s’est transformée fin 2017 en conflit armé.
Des affrontements entre armée et séparatistes, regroupés en groupes épars dans la forêt équatoriale, s’y produisent quasiment tous les jours depuis plusieurs mois.
Les séparatistes ont décrété un boycott des établissements scolaires, estimant que le système scolaire francophone marginalise les étudiants anglophones.
Les attaques de séparatistes armés contre des écoles sont nombreuses depuis le début du conflit.
Mi-octobre, six élèves avaient été enlevés dans une attaque de lycée à Bamenda, selon des sources concordantes. Les autorités avaient démenti.
Le jour de la rentrée scolaire début septembre, un directeur d’école a été assassiné, un professeur mutilé et plusieurs lycées attaqués.
– Bandes armées et pillards-
Le conflit armé a redoublé d’intensité dans la région du Nord-Ouest après plusieurs mois d’accalmie, les affrontements s’étant concentrés durant l’été dans la région du Sud-Ouest.
Le 30 octobre, un missionnaire américain a été tué par balles dans son véhicule à Bambui, en banlieue de Bamenda. Les raisons de son assassinat restent inconnues, mais l’Etat a accusé les “terroristes” d’être à l’origine de sa mort alors que Washington a évoqué des “tirs croisés”.
Selon des sources concordantes, aux séparatistes armés se sont ajoutés des bandes armées qui rackettent les populations et les entreprises.
Les autorités, qui refusent le dialogue avec les séparatistes qu’elles qualifient de “terroristes”, ont procédé depuis début 2018 à un important déploiement de forces de sécurité pour “rétablir l’ordre”.
Plus de 175 membres des forces de défense et sécurité camerounaises ont perdu la vie dans ce conflit, ainsi que plus de 400 civils, selon les ONG.
Dans la zone, plus de 300.000 personnes ont fui les violences, pour la grande majorité en brousse et dans les grandes villes des régions voisines, et d’autres sont parties au Nigeria voisin.