2 Janvier 2019
C'est au jour de Sa Circoncision, selon la Loi de Moïse, que le divin Enfant de Bethléem reçut le Nom de Jésus, le huitième jour après Sa naissance. L'Ange Gabriel le Lui avait assigné à l'avance au jour de l'Annonciation: "Vous L'appellerez Jésus, car Il délivrera Son peuple de l'esclavage du péché."
Qui dira la grandeur de sa signification, puisqu'il signifie Sauveur; la grandeur de son origine, puisqu'il fut apporté du Ciel; sa grandeur sur la terre, où il a opéré et opère toujours tant de merveilles; sa grandeur jusque dans les enfers où il fait trembler les démons? Qui dira sa puissance, puisque c'est par ce Nom que l'Église prie, qu'elle administre les sacrements et donne ses bénédictions, et que les apôtres et les Saints ont opéré des multitudes de miracles? Qui dira sa douceur, ses charmes, son amabilité, puisque les Saints l'ont si bien chanté et que les chrétiens l'ont invoqué et l'invoquent toujours avec tant de confiance, de fruits et d'amour?
Puisse donc le Nom de Jésus être souvent sur nos lèvres, et toujours dans notre coeur pendant la vie! Puisse-t-il être notre espérance et notre dernière parole à l'heure de la mort, notre joie et notre chant éternel dans les Cieux.
Abbé L. Jaud, Vie des Saints pour tous les jours de l'année, Tours, Mame, 1950.
Saint Macaire naquit à Alexandrie, au commencement du IVe siècle. Le trait suivant prouve qu'il passa son enfance dans une grande pureté de coeur: Menant paître son troupeau avec d'autres enfants de son âge, il ramassa par terre une figue volée par ses compagnons. Réfléchissant ensuite sur cette action, il la pleura longtemps avec une profonde douleur.
Cette âme d'élite n'était point faite pour le monde, et Dieu fit naître en elle la noble passion de marcher sur les traces des Antoine, des Pacôme et de tant d'illustres Saints qui, vivant dans la solitude des déserts, au milieu des plus effrayantes pénitences, étaient la gloire de l'Église et l'admiration du monde. Sa ferveur le fit tellement avancer, dès sa jeunesse, en la perfection évangélique, qu'on le regardait à bon droit comme un maître dont les essais égalaient déjà les merveilles de vertus des vieux solitaires. Son recueillement était continuel; Macaire ne parlait qu'à Dieu. Ses austérités dépassaient toute imagination; après avoir vécu plusieurs années ne mangeant que des herbes crues, il en vint bientôt à ne manger qu'une fois par semaine. Non moins admirable était son détachement: un jour il présenta lui-même au voleur qui venait de dévaliser sa pauvre cellule un instrument de travail que le malheureux n'avait pas aperçu. L'âme de toutes ces héroïques vertus, c'étaient la contemplation et la prière; il y passait ses jours et ses nuits: "Allons, mon âme, disait-il, montez au ciel et méprisez toutes les vanités de la terre. Vous y trouverez un Dieu, Créateur de l'univers, que les Anges adorent - à Lui seul il faut vous attacher." Est-il étonnant que le Saint soit devenu la terreur des démons? Nulle puissance infernale ne saurait nuire à celui qui s'est complètement vaincu lui-même.
Saint Macaire joignit à tant de gloires celle d'être persécuté par les hérétiques ariens. Il s'endormit dans la paix du Seigneur, vers l'an 394, après plus de soixante ans passés dans la solitude. De tels exemples ne sont-ils point une éloquente condamnation du monde, de ses passions et de ses vices? Le bonheur n'est pas où la plupart des hommes le cherchent; il est dans la pratique de l'Évangile et dans la fermeté constante à se vaincre soi-même. C'est bien en lisant la vie d'un saint si mortifié et si détaché de la terre que l'on saisit toute la lumineuse vérité de ces paroles de la sainte Écriture: "Vanité des vanités, tout est vanité, hors aimer Dieu et Le servir... Que sert à l'homme de gagner l'univers, s'il vient à perdre son âme ?... Bienheureux ceux qui pleurent... Bienheureux ceux qui souffrent!..."
Abbé L. Jaud, Vie des Saints pour tous les jours de l'année, Tours, Mame, 1950.
Saint Basile naquit à Césarée, l'an 329, d'une famille où la sainteté était héréditaire; son père et sa mère, deux de ses frères, une de ses soeurs, sans parler des autres, sont placés au rang des Saints. Un seul défaut paraissait dans cet enfant de prédilection, sa faible santé; elle se rétablit pourtant, grâce aux prières de ses parents plutôt qu'aux remèdes.
Doué d'un heureux génie, Basile s'éleva vite au niveau des grands hommes, non moins qu'à la hauteur des Saints: "Il était, dit son ami Grégoire de Nazianze, au-dessus de son âge par son instruction, au-dessus de son instruction par sa vertu; il était rhéteur avant d'avoir étudié l'art des rhéteurs, philosophe avant d'avoir étudié la philosophie, prêtre avant d'avoir reçu le sacerdoce." Ses aptitudes universelles, sa rare modestie, ses vertus éminentes, lui conciliaient l'estime et l'admiration de tous.
A vingt-trois ans, il parut à Athènes et se lia avec Grégoire de Nazianze, au point que tous les deux ne faisaient qu'un coeur et qu'une âme. De retour en son pays, les applaudissements qu'il reçut l'exposèrent à une tentation de vaine gloire dont il fut si effrayé, qu'il embrassa l'état monastique pour y vivre dans l'oubli du monde et la pénitence; il fonda plusieurs monastères, écrivit, pour les diriger, des ouvrages ascétiques très estimés et traça des règles de vie religieuse demeurées célèbres.
Un très léger repas par jour, un sommeil très court sur la dure, de longues veilles, un vêtement léger par les temps les plus froids, tel était l'ordinaire de ce saint austère, "dont la pâleur, dit saint Grégoire, annonçait un mort plutôt qu'un vivant." Basile eut à souffrir d'infirmités continuelles; dans le temps de sa meilleure santé, dit-il lui-même, il était plus faible que ne sont les malades abandonnés des médecins. Malgré sa faiblesse, il châtiait son corps et le réduisait en servitude
Le zèle contre l'hérésie d'Arius le fit un jour sortir de sa retraite, et bientôt il courbait la tête sous le fardeau de l'épiscopat. Ni les intrigues, ni les menaces n'eurent jamais prise sur cette grande âme. Un préfet le mande un jour et lui enjoint d'obéir à un prince arien, sous peine de confiscation de ses biens, de l'exil, des tourments, et de mort: "Faites-moi d'autres menaces, dit Basile, car il n'y a rien là que je puisse craindre; le premier coup suffira pour achever mes peines; la mort m'unira à mon Dieu." L'empereur dut s'avouer vaincu.
Le saint pontife mourut à cinquante et un ans, ne laissant pas de quoi se faire élever un tombeau de pierre.
Abbé L. Jaud, Vie des Saints pour tous les jours de l'année, Tours, Mame, 1950
La mère de saint Grégoire dut la naissance de ce fils à ses prières et à ses larmes. Elle se chargea elle-même de sa première éducation et lui apprit à lire, à comprendre et à aimer les Saintes Écritures. L'enfant devint digne de sa sainte mère, et demeura pur au milieu des séductions.
"Un jour, raconte-t-il lui-même, j'aperçus près de moi deux vierges d'une majesté surhumaine. On aurait dit deux soeurs. La simplicité et la modestie de leurs vêtements, plus blancs que la neige, faisaient toute leur parure. A leur vue, je tressaillis d'un transport céleste. "Nous sommes la Tempérance et la Chasteté, me dirent-elles; nous siégeons auprès du Christ-Roi. Donne-toi tout à nous, cher fils, accepte notre joug, nous t'introduirons un jour dans les splendeurs de l'immortelle Trinité." La voie de Grégoire était tracée: il la suivit sans faiblir toute sa vie.
Il s'embarqua pour Athènes, afin de compléter ses études. Dieu mit sur le chemin de Grégoire, dans la ville des arts antiques, une âme grande comme la sienne, saint Basile. Qui dira la beauté et la force de cette amitié, dont le but unique était la vertu! "Nous ne connaissions que deux chemins, raconte Grégoire, celui de l'église et celui des écoles." La vertu s'accorde bien avec la science; partout où l'on voulait parler de deux jeunes gens accomplis, on nommait Basile et Grégoire.
Revenus dans leur patrie, ils se conservèrent toujours cette affection pure et dévouée qui avait sauvegardé leur jeunesse, et qui désormais fortifiera leur âge mûr et consolera leur vieillesse. Rien de plus suave, de plus édifiant que la correspondance de ces deux grands hommes, frères d'abord dans l'étude, puis dans la solitude de la vie monastique et enfin dans les luttes de l'épiscopat.
A la mort de son père, qui était devenu évêque de Nazianze, Grégoire lui succède; mais, au bout de deux ans, son amour de la solitude l'emporte, et il va se réfugier dans un monastère. Bientôt on le réclame pour le siège patriarcal de Constantinople. Il résiste: "Jusqu'à quand, lui dit-on, préférerez-vous votre repos au bien de l'Église?" Grégoire est ému; il craint de résister à la Volonté divine et se dirige vers la capitale de l'empire, dont il devient le patriarche légitime. Là, sa mansuétude triomphe des plus endurcis, il fait l'admiration de ses ennemis, et il mérite, avec le nom de Père de son peuple, le nom glorieux de Théologien, que l'Église a consacré. Avant de mourir, Grégoire se retira à Nazianze, où sa vie s'acheva dans la pratique de l'oraison, du jeûne et du travail.
Abbé L. Jaud, Vie des Saints pour tous les jours de l'année, Tours, Mame, 1950
Cette fille de saint Dominique naquit le 5 février 1457, à Orzinovi, petit village situé près de Brescia, en Italie. Son père, Lorenzo Quinzani alla bientôt s'établir à Soncino pour se mettre sous la conduite du dominicain Mathieu Carreri, célèbre maître de la vie intérieure. Celui-ci avait remarqué la petite Stéphanie et prédit à la jeune enfant qu'elle serait son héritière. L'enfant ne comprit rien à ces paroles, mais, quelques années plus tard, quand le bienheureux Matthieu mourut, la Sainte se sentit frappée au coeur d'une blessure très douloureuse. Au même instant, le défunt lui apparut et lui apprit que cette blessure était l'héritage qu'il lui avait promis.
La souffrance devait être le partage de la bienheureuse Stéphanie; elle était destinée par Dieu à prendre rang parmi ces âmes privilégiées que Sa divine sagesse conduit hors des voies communes et élève par des moyens extraordinaires jusqu'aux plus hauts sommets de la vie mystique.
Chez la bienheureuse, la grâce prévint la nature. A l'âge de sept ans, elle fit voeu de pauvreté, de virginité et d'obéissance. Notre-Seigneur voulut aussitôt lui montrer combien sa générosité Lui avait été agréable. Il lui apparut accompagné de Sa Très Sainte Mère, et de plusieurs autres Saints et lui donna le titre d'épouse et comme gage de cette alliance, lui remit un anneau précieux. Vers l'âge de dix à onze ans, elle sentit un vif attrait pour la souffrance. Elle comprit qu'elle devait suivre le Christ, son Époux, sur le chemin du Calvaire. Aussi se mit-elle à pratiquer une rigoureuse mortification. Les épreuves ne lui furent pas épargnées et le démon lui suscita de terribles tentations contre la sainte vertu. Pour en triompher, la jeune fille eut recours à un remède énergique: elle se précipita avec un courage intrépide dans un amas d'épines et s'y roula jusqu'à ce que la douleur eût calmé les efforts de la tentation.
A l'âge de quinze ans, un Vendredi-Saint, alors qu'elle méditait avec larmes sur les souffrances de son Sauveur, elle reçut de Jésus-Christ l'impression des sacrés stigmates et Il lui déclara que désormais elle aurait part à toutes Ses douleurs et que dans chacun de ses membres elle porterait une partie de ce que Lui-même avait souffert. A partir de ce moment, chaque semaine, le vendredi, elle semblait reproduire dans son corps et dans son âme les mystères de la sanglante Passion. On la voyait dans une sorte d'agonie pendant laquelle il lui sortait de tous les pores une sueur mêlée de sang. Puis on eût dit qu'on la déchirait de coups de fouet. Enfin, sa tête portait comme l'empreinte du couronnement d'épines. A ces souffrances corporelles venaient s'ajouter d'indicibles angoisses morales. Pendant quarante ans, la Bienheureuse dut passer à travers des ténèbres, des sécheresses, des impuissances et des délaissements terribles. Et ce martyre de l'âme était si effroyable qu'elle eût succombé sous la rigueur des épreuves, si des faveurs extraordinaires n'étaient venues la soutenir.
Selon son plus grand désir et la promesse qu'elle avait faite en son jeune âge, elle revêtit l'habit du Tiers-Ordre de Saint-Dominique. Elle établit un monastère à Soncino et entreprit de bâtir un couvent sous le vocable de saint Paul. Dieu lui vint en aide, et, dès l'année 1519, une trentaine de jeunes filles des plus nobles familles y travaillaient sous sa direction à acquérir la perfection religieuse.
Elle mourut le 2 janvier 1530 à l'âge de soixante-treize ans en prononçant les paroles du Divin Crucifié dont elle avait été la fidèle imitatrice: "Seigneur, je remets mon âme entre Vos mains."
Causeries du dimanche
Les uns furent guillotinés à Angers, d'autres, religieuses, hommes, femmes, jeunes filles, furent la plupart fusillés à Avrillé en Anjou. Nous les nommons dans ce calendrier à la date de leur martyre, même s'ils furent béatifiés ensemble. Ils sont fêtés ce même jour.
Béatifiés le 19 février 1984, "les très nombreux martyrs qui, au diocèse d'Angers, au temps de la Révolution française, ont accepté la mort parce qu'ils voulaient, selon le mot de Guillaume Repin, "conserver leur foi et leur religion", fermement attachés à l'Église catholique et romaine; prêtres, ils refusaient de prêter un serment jugé schismatique, ils ne voulaient pas abandonner leur charge pastorale; laïcs, ils restaient fidèles à ces prêtres, à la messe célébrée par eux, aux signes de leur culte pour Marie et les saints."
"Aujourd'hui ces quatre-vingt-dix-neuf martyrs d'Angers sont associés, dans la gloire de la béatification, au premier des leurs, l'Abbé Noël Pinot, béatifié depuis presque 60 ans."
Homélie du Pape Jean-Paul II
À Angers, les bienheureux Guillaume Repin et Laurent Bâtard, prêtres et martyrs, qui, pendant la Révolution française, furent guillotinés pour leur fidélité envers l'Église.