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10 Avril 2019
Mgr Moulins-Beaufort, nommé nouvel archevêque de Reims
©AFP
La génération Jean-Paul II prend les rênes de la présidence de l’épiscopat français. Réunis à Lourdes, les évêques ont nommé le nouveau président de la CEF, l’archevêque de Reims Mgr Eric de Moulins-Beaufort, et les vice-présidents, Mgr Olivier Leborgne et Mgr Dominique Blanchet.
Gros coup de jeune à la tête de la Conférence des évêques de France. Les évêques réunis à Lourdes ont élu le 3 avril un tout nouveau et relativement jeune trio à la tête de l'institution, a-t-on annoncé le lendemain. A 57 ans, Mgr Eric de Moulins-Beaufort devient ainsi le président de la CEF pour un premier mandat de 3 ans, renouvelable une fois. Le jeune archevêque de Reims succède à l'archevêque de Marseille, Mgr Georges Pontier, proche de la retraite et âgé de près de 76 ans. Les deux vice-présidents élus abaissent encore plus la moyenne d’âge à la tête de l'épiscopat : ancien vicaire général à Versailles et aujourd'hui évêque d'Amiens, Mgr Olivier Leborgne a quant à lui 55 ans. Président de la commission épiscopale pour la catéchèse et le catéchuménat, il est également conseiller ecclésiastique de la Confédération nationale des associations familiales catholiques. Le cadet, Mgr Dominique Blanchet, est évêque de Belfort-Montbéliard depuis 4 ans seulement. Ce Centralien âgé de 53 ans, ancien vicaire général du diocèse d'Angers, fait ainsi descendre la moyenne d'âge à 55 ans. Une moyenne, au terme du mandat de l’ancienne présidence - Mgr Georges Pontier, Mgr Pierre-Marie Carré et Mgr Pascal Delannoy -, qui frisait alors avec… les 70 ans.
« 57 ans, dans l'Eglise, c'est un gamin », lance à propos du nouveau président de la CEF un jeune prêtre rencontré dans les rues de Lourdes. On a ainsi affaire à une génération qui a forcément moins de compte à régler avec l'héritage du Concile Vatican II. Les nouveaux responsables de la CEF sont nés pendant ou après le Concile et ont comme autre point commun d'avoir été ordonnés prêtres dans les années 1990, sous le pontificat de Jean-Paul II. C'est Benoît XVI qui a nommé Mgr de Moulins-Beaufort évêque auxiliaire à Paris en 2008. Quant aux deux vice-présidents, ils ont été nommés par le pape François. Dès lors, ces hommes qui succèdent en période de crise à une équipe jugée particulièrement modérée, devraient allégrement dépasser le clivage habituel dans l'épiscopat entre progressistes et conservateurs. Ils devraient par ailleurs souligner l'urgence de la mission en France. Tous trois issus de familles nombreuses, de 5 à 7 enfants, ils sont loin d'être insensibles aux problématiques familiales et aux questions sociétales.
Moulins-Beaufort, un élève du père de Lubac
« Nous avons élu un homme brillant », confie un évêque issu comme lui du clergé parisien, heureux de ce « très bon choix ». Mgr Eric de Moulins-Beaufort, jusqu’à présent président de la Commission doctrinale de la CEF et à qui la coordination des travaux sur la crise des abus sexuels avait été confiée depuis deux ans, va apparaître en France comme un deuxième homme fort et charismatique au sein de l'épiscopat, aux côtés de l'archevêque de Paris, Mgr Michel Aupetit. Arrivé à Reims il y a moins d'un an, ce proche des cardinaux Jean-Marie Lustiger et André Vingt-Trois est un théologien, disciple du père de Lubac. « Je voulais un homme de la nouvelle génération qui inspire la confiance, qui soit à la fois moderne et droit dans ses bottes, ayant été à bonne école », résume un jeune évêque. Elancé, discret et savant, ce fils d'officier incarne en effet une nouvelle génération désireuse de s’affranchir des vieux clivages ecclésiaux.
Penseur reconnu, Eric de Moulins-Beaufort fut aumônier du collège Montaigne, directeur au séminaire de Paris et enseignant à l’École Cathédrale et au Studium du Séminaire de Paris, ou encore aumônier du prestigieux lycée Louis-le-Grand. En 2005, il devient secrétaire particulier de l’archevêque de Paris, Mgr André Vingt-Trois, fonction qu’il occupera jusqu’en 2008.
C’est en 2000 qu’il présente sa thèse de théologie à l'Institut catholique de Toulouse. Elle est intitulée : « Anthropologie et mystique selon Henri de Lubac. L'esprit de l'homme, ou la présence de Dieu en l'homme ». Un texte clair où l’érudition se veut au service d’une meilleure compréhension de l’œuvre du théologien jésuite. Sensible aux nouvelles urgences apostoliques, Mgr de Moulins-Beaufort a été l’un des premiers évêques à soutenir de sa présence le Congrès Mission.
Antoine-Marie Izoard (à Lourdes), avec Samuel Pruvot
Élu le 3 avril président de la Conférence des évêques de France, Mgr Eric de Moulins-Beaufort a notamment été choisi pour son travail de fond mené depuis deux ans sur les abus sexuels. Sa réflexion et les mesures qu’il propose lui serviront certainement de feuille de route pour les trois années à venir.
Ils sont peu nombreux les évêques français à avoir travaillé, de manière approfondie et systémique, la question des abus sexuels dans l’Eglise. Pas simplement pour dresser une liste de mesures, urgentes et indispensables, mais aussi pour comprendre les soubassements des comportements criminels commis par des clercs. Mgr Eric de Moulins-Beaufort, élu président de la Conférence des évêques de France le 3 avril, est l’un de ceux à avoir développé la réflexion la plus aboutie sur ce sujet.
Alors évêque auxiliaire de Paris, il s’était vu confier par le cardinal Vingt-Trois la responsabilité du suivi des dossiers d’abus sexuels pour le diocèse parisien. En 2017, les évêques avaient senti sa grande capacité à mener de front, et au fond, un sujet aussi difficile que la lutte contre la pédophilie. Ils l’avaient alors chargé d’élaborer de nouvelles pistes d’actions. Il y travailla durant deux années. Cette mission avait abouti, lors de l’assemblée plénière de novembre, à la création de nouveaux groupes de travail sur l’indemnisation des victimes, le suivi des prêtres condamnés, un travail de mémoire auprès des victimes et une meilleure sensibilisation des lieux d’Église. Logiquement, le nouvel archevêque de Reims, fraichement nommé le 18 août, avait été chargé d’assurer la coordination de ce nouveau chantier.
De cette expérience, il en avait tiré une série de réflexions et de propositions qu’il avait résumé dans un article paru en janvier 2018 dans la Nouvelle Revue Théologique, intitulé « Que nous est-il arrivé ? De la sidération à l’action devant les abus sexuels dans l’Église ». Cet article avait rencontré un fort écho auprès d’un grand nombre de catholiques désorientés par l’accumulation des affaires. Ce texte était devenu une référence pour qui voulait comprendre et agir contre les abus sexuels. A tel point que, même au sein des services administratifs de la CEF, ils étaient nombreux à souhaiter ouvertement son élection. Comme un coup de pied donné dans la fourmilière.
Mgr de Moulins-Beaufort esquissait dans cet article plusieurs pistes de mesures à prendre ; une feuille de route en quelque sorte dont il pourrait bien se servir durant son mandat pour poursuivre le travail entamé par les évêques de France. Sept propositions phares peuvent en être aisément extraites.
Mgr de Moulins-Beaufort propose que les victimes puissent « fortement aider l’Église dans les décennies qui viennent à préciser ses modes de fonctionnement, à affiner son droit, notamment dans la répartition des tâches, dans l’évaluation et le suivi des personnes, dans l’accompagnement des initiatives nouvelles ». Une révolution qu’appellent de leurs vœux, depuis des mois, les victimes.
L’effectivité des sanctions à l’égard des auteurs doit être mieux assurée, explique-t-il. Trop longtemps, la miséricorde a prévalu sur les sanctions canoniques, et un simple déplacement suffisait pour éloigner, pensait-on, un prêtre mis en cause. Mgr de Moulins-Beaufort va jusqu’à se poser la question de la nullité du sacerdoce : « peut-on considérer comme tout simplement nulle et non avenue l’ordination d’un homme dont on découvre plus tard qu’il a une personnalité pédophile, comme si la grâce du caractère sacerdotal ne pouvait ‘accrocher’ réellement sur une telle structure ? ».
Si elle est indispensable, la sanction n’est pas suffisante aux yeux du nouveau président de la CEF pour permettre aux auteurs de prendre conscience de la gravité de leurs gestes. « Un des aspects du drame est l’immense capacité de déni dont font preuve beaucoup d’entre eux, rappelle-t-il. Elle rend difficile pour ceux qui s’y attellent de les accompagner dans la durée ». Un accompagnement spirituel à long terme est donc impératif selon lui.
Dans sa réflexion sur les causes probables des abus sexuels, Mgr Eric de Moulins-Beaufort pointe du doigt la disparition progressive de la frontière entre les adultes et les adolescents. Ainsi, préconise-t-il « un immense effort de réflexion et d’attention pour que les hommes et les femmes, les adultes et les enfants, acquièrent le sens de la chasteté, qui n’est pas seulement d’éviter les gestes sexuels, mais qui est bien plutôt de se tenir l’un par rapport à l’autre dans une relation ajustée”.
Parmi les facteurs facilitant la transgression, l’archevêque de Reims évoque la façon inappropriée de mettre les prêtres sur un piédestal, et tout particulièrement ceux qui aurait un charisme trop prononcé. « Se créent là de manière involontaire des bulles où le prêtre a une espèce de toute puissance », mettait-il en garde dans un entretien accordé à Famille Chrétienne en octobre 2018. Ce risque doit être combattu « par un esprit de service », mais aussi par une meilleure répartition de leur charge en lien « avec les conseils pastoraux et économiques ».
Plusieurs experts le répètent : la solitude des prêtres peut être un des facteurs contribuant au passage à l’acte. Cet état de fait n’est plus tenable, estime le nouveau président de la CEF. « Les prêtres doivent pouvoir être entourés au long de leur vie d’un climat d’amitié, de respect, de stimulation aussi par les autres prêtres, par les laïcs, par des amis et les membres de leur famille, mais aussi par des instances organisées par l’évêque ».
C’est un point-clé. La formation dans les séminaires et les noviciats doit être revue en profondeur. La question de la pédocriminalité doit y être abordée de front, ainsi que les questions affectives et sexuelles. Il convient donc de mieux accompagner « ces jeunes hommes pour qu’ils reprennent à la racine la construction de leur être, ne restent pas prisonniers d’habitudes adolescentes mal dominées ou identifient lucidement leurs peurs et leurs incapacités ». Les femmes, estime-t-il, ont un grand rôle à jouer dans cette maturation.
Antoine Pasquier