Jésus, me voici devant toi, tout simplement dans le silence. Regarde-moi. Aie pitié de moi. Entends-moi.
Jésus, je veux te connaître. Révèle-toi nouvellement à moi en ce jour.
1. Ce texte nous interpelle sur l’identité de Jésus. « Où va-t-il ? » se demandent ses interlocuteurs juifs. « Qui es-tu ? » C’est qu’en effet les mots de Jésus sont si chargés théologiquement que les Juifs ont – non sans raison – bien des raisons de ne pas le suivre jusqu’au bout. Jésus commence par expliquer qu’il va là où on ne peut pas le suivre, sauf si on a la foi. Et pas la foi en général, mais la foi… en lui ! En sa personne ! Jésus serait-il donc aussi grand que Dieu en qui le croyant doit mettre sa foi ? Cela a de quoi surprendre les Juifs qui croient au Dieu unique. Puis, Jésus dit qu’il est « d’en haut », tandis qu’eux sont « d’en bas ». Le haut (ou les hauteurs) est par excellence le lieu où Dieu se tient. On se rappelle que Dieu se révèle le plus souvent au sommet d’une montagne, comme il le fait à Moïse et au peuple sur la montagne du Sinaï, par exemple.
Comment Jésus peut-il légitimement prononcer des paroles qui le situent à la place même de Dieu, à moins d’être lui-même comme Dieu ? Comme si cela ne suffisait pas, Jésus ajoute encore que, sans accepter et reconnaître cela, les hommes meurent de et dans leur péché. Or, dans la Bible, Dieu seul peut pardonner les péchés. Jésus est-il donc comme Dieu ? Capable de pardonner les péchés ? De fait, à peine quelques versets plus haut, Jésus a renvoyé la femme adultère sans la condamner pour son péché, mais plutôt en la libérant du péché…
2. Même nous, qui sommes des lecteurs chrétiens et croyants, comprenons pourquoi ces paroles sont si difficiles à entendre et à comprendre. Un homme qui se fait l’égal de Dieu, ou il l’est vraiment ou il est fou. Il n’y a pas d’autre alternative. L’évangéliste Jean le sait bien. Et c’est pourquoi il n’a de cesse d’expliquer ce grand mystère à la lumière de toute l’histoire de la longue et lente révélation de Dieu aux hommes, une révélation qui ne se comprend pas en dehors des événements qu’a connu le peuple juif.
Dans ce texte, on reconnaît en toile de fond un épisode majeur de la révélation divine : celui du jour où Dieu se montre à Moïse et lui parle à travers le phénomène surprenant du buisson ardent, que l’on trouve au chapitre 3 du livre de l’Exode. Là, pour la première fois, Dieu dit quel est son nom : « Je suis ». Un nom dont la signification reste bien mystérieuse, tout en disant déjà quelque chose de Dieu. Peut-être signifie-t-il que Dieu est sans origine ou encore qu’il est le Dieu de la vie… En tous cas, on ne doit pas être déçu de ne pas pouvoir comprendre plus en profondeur la signification de ce nom. Pour l’homme biblique, connaître le nom d’un autre, c’est en quelque sorte le posséder, avoir la main mise sur lui. Or, cela reste toujours exclu pour Dieu. De sorte que les Juifs préfèrent ne jamais prononcer le nom divin. La formule (« Je suis ») correspond au tétragramme (quatre consonnes) dont on ne connaît pas la vocalisation et que, par conséquent, on ne peut pas prononcer. Cela permet de protéger le mystère de Dieu tout en respectant sa grandeur.
3. Précisément dans notre texte, Jésus s’autodénomme à deux reprises comme « JE SUIS ». Il ne prend pas la place de Dieu, mais semble la partager avec lui puisqu’il affirme être envoyé par lui, faire toujours ce qui lui est agréable et ne rien dire sans que cela lui ait été enseigné par lui. Dans un autre passage, Jésus dira qu’il fait « un » avec le Père. En définitive, en Jésus, le Dieu qui est le tout-autre par excellence, celui qui est « en haut », décide de se mettre à la portée des hommes. Il est « le Verbe qui s’est fait chair », qui se laisse voir et toucher, comme Jean l’annonçait au tout début de son Évangile.
Entrons par la foi dans ce mystère, comme l’ont fait de nombreux Juifs après avoir entendu ces paroles et ne restons pas enfermés dans notre péché d’endurcissement qui nous conduirait à la mort.
Tu connais ma foi, Seigneur. Fortifie-la, agrandis-la. Donne-moi de te connaître tel que tu es et non tel que je voudrais l’imaginer. Pour cela, apprends-moi à scruter les Écritures bibliques et à y écouter tes Paroles.
Prendre ma Bible et lire lentement et en méditant le chapitre 3 du livre de l’Exode, en contemplant Jésus qui vient assumer en sa personne le nom même de Dieu « Je suis ».