Philippe voudrait bien savoir comment reconnaître ce Père miséricordieux dans l’enchaînement des événements quotidiens. Ce besoin est très réellement le nôtre aussi. Nous avons besoin de retrouver ce qui nous relie à Dieu dans nos habitudes quotidiennes.
1. « Puisque vous me connaissez, vous connaîtrez aussi mon Père. »
Ici, Philippe, le disciple, manifeste un besoin très présent et très juste. Voir le Père, voir celui dont nous cherchons à connaître la volonté chaque jour pour l’accomplir comme l’accomplissent au ciel tous ceux qui sont morts, les saints et aussi les pécheurs après leur jugement particulier quand ils ont quitté la terre. Comme eux tous, nous avons besoin de découvrir le Père comme origine, comme vie jaillissante, comme générosité, comme don qui sans cesse peut renouveler toute chose.
De quoi d’autre aurions-nous besoin ? Créé par Dieu, tout homme porte, même inconsciemment, le désir de connaître son origine, de retrouver le chemin de la maison du Père pour « rentrer chez lui ». Au 2e siècle, saint Ignace d’Antioche, alors qu’il subissait le martyr, disait entendre en lui la voix d’une eau vive lui susurrant : «Viens vers le Père ! »
2. « Croyez-moi : je suis dans le Père, et le Père est en moi. »
Ici, Seigneur, tu affirmes que tu es l’égal du Père. Et ce que tu dis est vrai : celui dont tu parles est véritablement celui dont tu es sorti (cf. Jn 8, 42), tu es son Fils et lui et toi êtes consubstantiels. L’évangéliste veut ouvrir nos intelligences, notre cœur et notre méditation à cet Esprit Saint que « le monde ne peut recevoir car il ne le voit pas et ne le connaît pas » (Jn 14, 17) mais que tu vas demander au Père d’envoyer d’auprès de lui et de toi (cf. Jn 15, 26).
Oui, si tu nous parles ainsi du Père c’est que tu es son intime. Tu es dans le Père et le Père est en toi : le voir et le connaître sont intimement liés et demandent la même sincérité d’abandon à sa volonté, la même communion à son intimité divine. Voir Dieu avec les yeux de la chair, avec nos yeux humains n’est que rêve sans fondement mais nous devons savoir et pouvoir communier à son mystère ; et le seul chemin pour le faire est celui que l’Esprit Saint indiquera.
Père, Fils, Esprit Saint : Trinité divine, mystère insondable que nous ne pourrons pénétrer que le jour où « je connaîtrai parfaitement, comme j’ai été connu » (1 Co 13, 12).
3. « Amen, amen, je vous le dis : celui qui croit en moi fera les œuvres que je fais. »
Seigneur, Matthieu nous raconte cet épisode au cours duquel tu maudis un figuier qui ne pourra plus jamais porter de fruit. À cette vue, les apôtres sont stupéfaits et terrorisés : tu en profites pour leur montrer la puissance de la foi, celle qui n’hésite pas : « Amen, je vous le dis : si vous avez la foi et si vous ne doutez pas, vous ne ferez pas seulement ce que j’ai fait au figuier ; vous pourrez même dire à cette montagne : “Enlève-toi de là, et va te jeter dans la mer”, et cela se produira. » (Mt 21, 21)
Tu confirmes cet enseignement par cette promesse : « Tout ce que vous demanderez dans votre prière avec foi, vous l’obtiendrez. » (Mt 21, 22)
Celui qui est descendu du ciel, celui qui a été envoyé par le Père est la Voie, la Vérité et la Vie. Il n’y a aucun autre nom sous le ciel par lequel nous puissions être sauvés. Dans ce monde qui te refuse, qui te nie et te rejette, il me faut une foi « à déplacer les montagnes », une foi qui n’hésite pas.