C'est la 1ère fois qu'une telle attaque a lieu contre une église au Burkina Faso. Dans ce pays où les communautés religieuses coexistent paisiblement, les chrétiens sont sous le choc. 

Il était environ 13h, ce dimanche 28 avril, lorsque les faits se sont produits. Dix assaillants environ sont arrivés à moto au moment où les fidèles quittaient l’église protestante de Silgadji à la fin du culte. 

Ils ont tiré des coups de feu en l’air avant de viser les chrétiens. Le pasteur, son fils, son neveu et trois autres fidèles ont été abattus. Deux autres personnes sont portées disparues.

350 morts en seulement quatre ans

Les attaques meurtrières se multiplient depuis 2015 au Burkina Faso. Elles sont attribuées généralement à des groupes djihadistes tels Ansar ul Islam, le Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans (GSIM) et l’État Islamique au grand Sahara (EIGS). 

D’abord concentrées dans le Nord du pays, ces violences ont ensuite visé la capitale Ouagadougou et d’autres régions dans l’Est du pays. D’après l’AFP, elles ont provoqué la mort de 350 personnes. Les victimes sont des responsables d’églises, mais aussi des enseignants et parfois même des imams «pas assez radicaux» selon les djihadistes qui les accusent de «collaborer avec les autorités».

Les islamistes veulent diviser la société

Au Burkina Faso, chrétiens et musulmans vivaient traditionnellement en harmonie sans problème majeur. Mais l’implication de groupes islamistes violents dans la société a provoqué des changements spectaculaires. Ces groupes appellent à intensifier les attaques contre les chrétiens, voire à les chasser du pays pour y établir un État régi par la charia, la loi islamique. Les responsables d’églises et les chrétiens d’arrière-plan musulman sont les plus ciblés.

En mars dernier, Joël Yougbaré, curé de Djibo, a été enlevé par des individus armés qui ont ensuite abandonné son cadavre. Le 15 février, c’est un missionnaire d’origine espagnole, César Fernandez, qui a été tué lors d’une attaque djihadiste dans le centre-est du pays. Le pasteur Pierre Boena et sa famille avaient aussi été enlevés en juin 2018, puis libérés en territoire malien.

De son côté, le gouvernement tente de jouer un rôle de médiateur avec la création en 2015 de l’Observatoire national du fait religieux. Son but est de promouvoir la tolérance et le dialogue interreligieux pour apaiser les tensions entre les communautés. La population du pays comprend environ 54% de musulmans, 25% de chrétiens et 19% d’animistes.