Delphine Allaire – Cité du Vatican
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31 Juillet 2019
Delphine Allaire – Cité du Vatican
Delphine Allaire – Cité du Vatican
«Jusqu'à la vingt-sixième année de sa vie, il fut un homme adonné
aux vanités du monde; il se délectait surtout dans l'exercice des armes,
avec un grand et vain désir
de gagner de l'honneur». Ainsi commence le «Récit» de sa vie qu'Ignace
de Loyola a relaté entre 1553 et 1555 à un autre jésuite, Louis Gonçalvès
da Câmara, à la demande pressante de ses compagnons, soucieux
d'obtenir une sorte de testament spirituel.
Encore éloigné d’une pieuse vie de foi, Inigo de Loyola, issu d’une
famille basque espagnole de petite noblesse, mène une active carrière
au service du roi Ferdinand d’Aragon (Ferdinand le Catholique). Il brille
tant à la cour d’Aragon et de Navarre, qu’à l’armée… Jusqu’à ce que,
blessé au siège de Pampelune, capitale de la Navarre, en 1521,
le gentilhomme soit reconduit au château familial de Loyola au beau
milieu du pays basque espagnol.
À l’abri des tumultes de la Cour durant sa convalescence, deux lectures
religieuses vont le marquer à vie: «La Vie du Christ» de Ludolphe de
Saxe (aussi connu sous le nom de Ludolphe le Chartreux) et la
«Légende dorée» (Legenda aurea), l’œuvre de Jacques de Voragine qui
raconte la vie de 150 saints. Pour Inigo, s’ensuit un déclic saisissant de
profondeur, prémice à des siècles de spiritualité ignatienne. Son cœur
se convertit, sa conscience s’aiguise. Il relate d'ailleurs toutes ces
expériences intérieures un peu plus tard dans son «Récit du pèlerin» autobiographique.
«Quand je pense à ce qui est du monde, je m’y complais beaucoup,
mais quand je suis fatigué et que je cesse d’y penser, je me trouve
aride et insatisfait ; en revanche, quand je rêve d’aller à Jérusalem
nu-pieds, de ne plus manger que des herbes, de me livrer à toutes
les austérités comme les saints, non seulement j’éprouve de grands
élans intérieurs, quand je médite sur des pensées de ce genre, mais
même après les avoir quittées, je reste satisfait et allègre». (Récit, n°8)
Après cette épiphanie, le premier souhait d’Inigo est de se rendre à
Jérusalem en pèlerin mendiant. Il a 30 ans. Guéri, il quitte son manoir
de Loyola, fait halte à l’abbaye bénédictine de Montserrat, premier
sanctuaire marial de Catalogne, puis gagne enfin le bourg catalan de
Manrèse, non loin de Barcelone. Il y reste une année entière, seul, ce
qui lui permet de vivre une expérience de Dieu fondatrice…
«Les yeux de mon esprit commencèrent à s’ouvrir. Ce n’était pas une
vision, mais je compris beaucoup de choses concernant la vie spirituelle,
la foi et la science, et cela en une telle illumination que toutes ces choses
me parurent nouvelles». (Récit, n° 30)
Certain du nouveau sens qu’il souhaite conférer à sa vie, Inigo ne tient
plus à la solitude. Il découvre l'art subtil du discernement spirituel, dans
lequel il deviendra bientôt maître incontesté. Il ambitionne d’aider les
autres autant qu’il souhaite être aidé. C’est ainsi que prend forme le
livret des «Exercices Spirituels», ouvrage référence de prière, fait de méditations progressives et systématiques sur 200 pages.
À la recherche des traces de Jésus qu’il veut toujours «mieux connaître,
imiter et suivre», Inigo atteint Jérusalem en 1523. À son retour, un
insatiable désir d’études le saisit: Barcelone, Salamanque, Paris…
Il passe par tous les grandes villes réputées pour être des «chaudrons
du savoir» à la Renaissance. En 1528 à Paris, il plonge dans les
humanités, et sort diplômé (bachelier et Maitre ès Arts) de l’érudit
collège Sainte-Barbe perché sur la Montagne Sainte-Geneviève.
C’est à cette période qu’Inigo latinise son prénom. Il se prénomme
désormais Ignace.
Dans l’effervescence de la vie estudiantine parisienne, il rencontre le
Savoyard Pierre Favre et la Navarrais François-Xavier, qu’il entraîne
avec d’autres étudiants, portugais et espagnols. Ils sont six à être
séduits par le charisme d’Ignace, partageant son désir de suivre le
Christ. Le vœu de Montmartre est prononcé: les deux vœux de pauvreté
et de chasteté et le troisième, qui consiste à se rendre dans les deux
ans en pèlerinage à Jérusalem pour y convertir les infidèles, dès la fin
de leurs études.
Ils sont ainsi bientôt un groupe de dix prêtres à se mettre à la
disposition spéciale du Pape. Et c'est bien le Pape Paul III qui approuve
la création de la Compagnie de Jésus par la Bulle Regimini Miliitantis
Ecclesiae du 27 septembre 1540. Ignace est élu supérieur général et
chargé de rédiger les Constitutions du nouvel ordre dont les traits
caractéristiques sont extrêmement novateurs pour l'époque: pas de
monastères ni de couvents, pas d'habit religieux distinctif, pas de prière
de l'office en commun, pas de pénitences ni d'austérités imposées.
La Compagnie est enfin née, son triptyque de spiritualité aussi: «désirer
, discerner, servir», les trois maîtres mots fondateurs de la pédagogie
ignacienne.
À Rome, la Compagnie prend de l’ampleur car les demandes affluent du
monde entier; le Pape souhaite en effet l’arrivée de théologiens pour le
Concile de Trente (ouvert en 1545). On réclame des collèges, et les
jésuites se retrouvent enseignants… Pendant les dix-huit dernières
années de sa vie, qu’il passe dans la Ville éternelle, Ignace trouve donc
le temps de prêcher, confesser et de créer une cascade d’œuvres:
maisons pour catéchumènes juifs ou musulmans, refuges pour
«femmes errantes», quêtes pour les pauvres ou encore pour prisonniers
insolvables...
Abattu par ces considérables activités, une fatigue extrême le force au
repos, à l’été 1556. Il meurt à Rome le 31 juillet à l’âge de 65 ans.
Il est canonisé par le Pape Grégoire XV le 12 mars 1622, en même
temps que l’autre grande mystique espagnole qu’est Sainte Thérèse
d’Avila, et que son compère missionnaire jésuite, Saint François-Xavier.
Le corps de Saint Ignace de Loyola repose aujourd’hui à Rome dans la
flamboyante église baroque du Gesù.
Eugenio Bonanata - Cité du Vatican
À l’occasion de la mémoire liturgique de saint Ignace de Loyola,
le père Lombardi souligne trois échos avec l’actuel pontificat: l’Église
en sortie, le discernement et la synodalité, symbolisée par le peuple
en chemin sous la direction du Saint-Esprit.
«Les jésuites vivent le charisme de saint Ignace en termes de
service, suivant Jésus et essayant de l'imiter de la manière la plus
réelle et la plus profonde. Et cela signifie aider les gens à connaître
l’Évangile et à bien orienter leur vie», explique-t-il. En
approfondissant les activités menées par les jésuites, le père
Lombardi rappelle l’engagement missionnaire, en Chine, en Inde et
en Amérique latine; la combinaison de la foi et de la culture, qui a
conduit les jésuites à créer et gérer de nombreuses universités et
écoles à travers le monde; de même qu’une kyrielle d’actions en
périphéries et avec les migrants.
Père Lombardi, quelle est la pertinence actuelle de saint Ignace?
R. – Il y a deux dimensions: l'une est celle de l'aide, de l'inspiration,
de la recherche spirituelle personnelle de chacun. Le livret
d'Exercices spirituels et d'aide à la recherche de la volonté de Dieu
dans la vie de chacun est un message universel donné par Ignace, et
apprécié même en dehors de l'Église catholique. Ensuite, au sein de
la Compagnie de Jésus, c'est-à-dire chez les religieux qui s'unissent
pour le suivre, cela devient plutôt un charisme de service aux
frontières de l'Église et du monde, où il est nécessaire d'aider les
gens à rencontrer le Seigneur. C’est un service qui se déroule
également sous la direction du Pape et des indications pour les
besoins plus grands de l’Église universelle.
Quels ont été les points particulièrement
significatifs de l'action de la Compagnie
dans son histoire?
R. - Il n'y a pas d'activité spécifique et exclusive que les jésuites
aient menée. Mais certes, dans l’histoire de l’Eglise, l’engagement
missionnaire des jésuites - par exemple les missionnaires de Chine,
d’Inde et d’Amérique latine, entre autres - a véritablement
représenté une épopée de proclamation de l’Évangile. Et aujourd'hui,
la mission sous toutes ses formes, même si elles ont changé, continue
d'être d'une grande actualité. Un autre aspect assez caractéristique
est que, puisqu'il y a un peu de cette synthèse de spiritualité et de
culture dans la formation d'Ignace et de ses premiers compagnons,
il était naturel qu'il y ait eu une grande activité jésuite dans le
domaine de l'éducation. Ainsi, par exemple, les écoles et les universités:
dans les premiers siècles de la Compagnie, il existait des collèges
jésuites dans presque toutes les villes d’Europe et il existe encore
aujourd’hui plusieurs universités catholiques dirigées par des jésuites
dans le monde. Le service des jésuites pour les réfugiés et les
immigrants est très important, ce qui fait référence aux origines
mêmes de la Compagnie de Jésus, mais il faut dire qu’il a acquis une
dimension particulièrement significative en harmonie avec les
périphéries chères à François.
Quelle est l'influence de saint Ignace sur le pontificat de François?
R. - François est un jésuite, il le dit, il le reconnaît. Je dirais qu'en tant
que jésuite, il y a trois aspects dans lesquels on se sent très à l'écoute
de François et de son pontificat. Le premier est l’Eglise en sortie dont il
a toujours parlé: les jésuites se sentent en mission, envoyés pour servir
le Seigneur aux frontières, dans les banlieues et partout dans le monde.
La seconde, est de toujours aller au-delà, une grande dynamique, ne pas
se sentir figé, mais comprendre que le Seigneur nous appelle toujours
plus loin. Saint Ignace a parlé d'une gloire toujours plus grande de Dieu,
en ce sens que nous ne nous considérons jamais comme arrivés, pour
pouvoir rester assis en silence, car tout est fait. En François, ce sens de la
dynamique est fort. Le troisième aspect, assez caractéristique des jésuites,
est le discernement. Un mot qui revient continuellement en François,
c’est-à-dire de pouvoir voir dans toute sa complexité la réalité, à la fois
dans nos vies et dans les réalités auxquelles font face l’Église et l’humanité,
quel est le meilleur moyen de réaliser le plan de Dieu, puis de réaliser
nous-mêmes, comment nous sommes appelés par Dieu dans notre
vocation et dans la vocation au service de l'Église…
Quels sont les rapports entretenus par le
Pape et la Compagnie de Jésus?
R. - La Compagnie de Jésus se comporte avec le Pape François comme
avec tous les Papes, en se rendant disponible. Elle considère le Pape
comme son supérieur. Naturellement, avec François, il peut exister
cette harmonie spirituelle qui facilite également la compréhension
du sens de ses messages. Mais ce ne sont pas des relations privilégiées,
et les jésuites ne souhaitent pas être privilégiés. Ils veulent seulement
faire leur service selon la demande du Pape.