Le cardinal Parolin revient dans ce message sur la figure de
Véronique, qui essuie le visage du Christ sur le chemin de
la Passion. Don Luigi Giussani, le fondateur du mouvement
Communion et Libération, avait rendu hommage à cette femme
en écrivant que «elle qui n’avait pas de visage, qui était une
femme comme les autres, a acquis un nom, c’est-à-dire un
visage, une personnalité dans l’histoire, et nous nous rappelons
encore d’elle pour celui qu’elle regardait».
Le regard est donc déjà une façon de se mettre à la suite du Christ.
«Il fut regardé, et, alors, il vit. S’il n’avait pas été regardé, il n’aurait
pas vu», écrivait saint Augustin à propos de Zachée. Chacun a donc
un visage et doit être regardé avec une dignité propre, même ceux
qui ne sont traités que comme des statistiques. «Pensons aux milliers
d’individus qui chaque jour fuient des guerres et de la pauvreté: avant
d’être des nombres, ce sont des visages, des personnes, des noms
et des histoires. Nous ne devons jamais l’oublier», écrit le Secrétaire
d’État, au nom du Pape François.
«Combien d’oubliés ont un besoin urgent de voir le visage du
Seigneur pour pouvoir se retrouver eux-mêmes !» Dans une
société qui souvent désoriente les personnes, «regarder Jésus
purifie la vue et nous prépare à tout regarder avec des yeux neufs».
Dans son homélie du 21 septembre 2015 à Holguin, durant son
voyage à Cuba, le Pape François était revenu sur l’épisode de la
vocation de saint Matthieu, et sur la façon dont Jésus avait regardé
et choisi cet homme: «Jésus s’arrêta, il ne passa pas outre
rapidement, il le regarda sans hâte, il le regarda en paix. Il le
regarda avec des yeux de miséricorde; il le regarda comme personne
ne l’avait regardé avant. Et ce regard ouvrit son cœur, le rendit libre,
le guérit, lui donna une espérance, une nouvelle vie».
C’est donc la façon dont chaque chrétien reflète le visage de Jésus
que nous pouvons devenir des «disciples missionnaires» dont les
«noms sont inscrits dans les cieux». Le Pape François invite donc
tous les participants au meeting de Rimini à savoir «fixer les visages»
pour mieux prendre conscience de leur propre identité, et à faire en
sorte que la mémoire des quatre décennies écoulées «puisse susciter
de nouvelles énergies, pour le témoignage de la foi ouverte aux
vastes horizons des urgences contemporaines».