Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Le blog de mim-nanou75.over-blog.com

Bienvenue sur mon site Une innovation pour mes anciens lecteurs, désormais je traite de divers sujet, en premier La religion judéo chrétienne signé" Monique Emounah", pour ceux qui ne peuvent se déplacer à l'églises quelques soit la raison, et le lieu de leurs résidences ils peuvent suivre les offices du jour, la politique (LR) et les infos, la poésie et les arts en général. Mes écrits, signé (Alumacom) également mes promos de mes dernières parutions et quelquefois un rappel pour mes anciens écrits. Merci de votre attention,

VOIX D’AFRIQUE - Chrétiens dans la tourmente au Sahel

http://www.peresblancs.org/Temoignage_Jo_Le_Nigen.pdf

http://www.peresblancs.org/notices_Vincent_Doutreuwe.htm

 La Province d’Afrique de l’Ouest (PAO) englobe la quasi-totalité du Sahel, avec notamment la Mauritanie, le Mali, le Burkina Faso et le Niger. C’est dans cet immense territoire que sévissent des groupes d’extrémistes musulmans appelés Djihadistes, ainsi que Boko Haram, une de leurs branches active principalement au Nigéria avec des ramifications au Tchad et au Niger. Dans cette immense étendue dite du Sahel, depuis plus d’un siècle déjà, ce sont les Pères Blancs principalement qui ont implanté l’Évangile. Aujourd’hui ils sont confrontés chaque jour et partout au terrorisme aveugle. Ils témoignent avec d’autres victimes de leurs difficultés, de leurs peurs, des risques personnels qu’ils encourent, des nombreux problèmes de conscience qui se posent à eux, des choix douloureux qu’ils ont à prendre, de leurs difficultés voire de leur impossibilité à vivre leurs croyances, des souffrances des populations avec lesquelles ils font corps depuis toujours, de leurs désespérances comme de leurs espérances, et par-dessus tout de leur foi qui les porte et les soutient… Pour des raisons sécuritaires, leurs noms ne sont pas souvent cités ; mais il n’en reste pas moins vrai que leur vécu nous plonge tout autant au cœur de la tragédie que vit le Sahel depuis trop longtemps que dans le secret des victimes qui ne cachent pas leur souffrance ni leur désarroi.

DOSSIER: Que s’est-il passé à Dablo, et ailleurs? Peu de personnes en Europe savent ce qui s’est passé le dimanche 12 mai à 9 heures du matin dans la ville de Dablo, au nord du Burkina Faso : plus de 50 « personnes non identifiées et lourdement armées », montées sur 27 motos, sont arrivées à toute vitesse. Un groupe d’entre eux a brûlé deux maquis (bars), un autre a mis le feu à l’ambulance du dispensaire et volé les médicaments; le reste s’est rendu à l’église et l’a encerclée. La messe venait juste de commencer et les terroristes ont tout d’abord tiré en l’air. Les gens s’enfuyaient comme ils le pouvaient; alors ces terroristes sont entrés et ont fermé les portes, en exigeant de chacun de ne pas bouger. Ils ont volé ce que les gens portaient sur eux et cherché les responsables de l’église. Le jeune prêtre Siméon Niampá a eu le courage de cacher les servants de messe sous l’autel et a tenté de fuir par la sacristie ; mais ils l’ont vu et ils l’ont abattu à quelque 50 m de là. Ensuite, dehors, les terroristes ont fait allonger par terre les cinq autres responsables et les ont tués à bout portant; parmi eux se trouvait celui qui jouait du tam-tam ainsi que le jeune chef scout de 23 ans. Avant de partir, ils ont brûlé les livres de la chorale et tiré sur le tabernacle. Cette barbarie ne date pas d’hier. Depuis 2015 déjà, gendar13 n° 124 septembre 2019 Dans un village, maisons incendiées par un groupe de terroristes djihadistes. Le point sur les destinations plus ou moins déconseillées au Sahel. Terrorisme au Sahel L’angoisse des chrétiens du Sahel La communauté catholique pleure ses morts au Burkina Faso. Plusieurs attaques ont fait des victimes dans le nord du pays. La première, survenue lors d'une messe à Dablo, a coûté la vie à six chrétiens dont un prêtre. Alors que l'inquiétude gagne les croyants, responsables politiques et religieux appellent à ne pas céder à la division. 14 VOIX D’AFRIQUE - mes, policiers et bâtiments d’école avaient subi les premières attaques d’islamistes dans la région du Sahel. En 2016, le groupe djihadiste « Ansarul Islam » a revendiqué plusieurs offensives mortelles contre l’armée. En 2017 il y avait eu de nombreuses agressions et des victimes. Mais ce n’est pas comparable avec ce qui s’est passé depuis 2018. Après Djibo, les actes terroristes se sont déplacés vers Aribinda puis progressé vers Dori. Des groupes d’autodéfense se sont constitués entraînant après Noël des représailles qui ont provoqué près de 200 victimes. Conséquences dramatiques pour la population Tous ces raids ont semé la panique dans les populations qui ont fui en abandonnant leurs villages. Les gens se sont réfugiés dans les villages protégés par des gendarmes, créant des problèmes humanitaires compliqués. Si un catéchiste et un pasteur protestant ont été kidnappés l’an dernier, cette année, en mars, c’est le curé de la paroisse de Djibo, l’abbé Joël, qui a été enlevé alors qu’il venait de visiter un village et on n’a plus aucune nouvelle de lui. Plus de 2 000 écoles et collèges du Sahel sont fermés car les enseignants se sont enfuis craignant des incursions. En effet les terroristes ne veulent pas que le français soit enseigné ; pour eux les enfants doivent apprendre l’arabe et le Coran. Mais est-ce possible de forcer toute une population à se convertir à l’islam? Le terrorisme a ouvert un nouveau front depuis le Vendredi Saint en attaquant des églises. Ce jour-là, ils sont entrés dans la chapelle de Djika, un village proche d’Aribinda, pleine de gens venus pour prier le Chemin de Croix. Après avoir expulsé tout le monde, les terroristes ont tiré sur les cinq hommes qui restaient et les ont tous tués. Avant de partir ils ont incendié une école en construction. Deux semaines plus tard, les protestants subirent eux aussi une nouvelle attaque faisant 6 morts. Deux jours plus tard on comptait quatre morts parmi les hommes qui transportaient une image de la Vierge, près de Baam. Et le 26 mai, dans un village de la région de Ouahigouya, une nouvelle attaque dans une église a coûté la vie à quatre fidèles, dont le catéchiste. Conséquences dramatiques pour les populations chrétiennes Donc la situation dans le Sahel burkinabé est triste tout autant pour les communautés chrétiennes que pour les non chrétiennes: les villages se sont vidés ou presque, car les gens ont pris la fuite. La paroisse d’Aribinda, servie par les Missionnaires d’Afrique, a dû être fermée et les pères sont partis ainsi que les religieuses de Notre Dame du Lac qui tenaient un petit centre de santé (PMI). Il en a été de même à la paroisse de Gorgaji. Les autres paroisses du diocèse de Dori tournent au ralenti et le travail pastoral se limite aux Centres car personne n’ose s’aventurer sur des routes devenues trop dangereuses. Il faut que le monde entier sache qu’au Sahel nous avons désormais de nouveaux martyrs: la vingtaine de chrétiens tués alors qu’ils étaient en prière. Et parmi eux, deux prêtres, un Salésien espagnol et un abbé burkinabé. « Puissentils intercéder pour nous! » Situation très difficile à Aribinda À Aribinda, en raison des nombreuses offensives perpétrées par les forces terroristes sur différents villages de la région, les populations se sont mises là aussi sous la protection de la gendarmerie, abandonnant leurs quelques biens, maisons, vivres, bétail… Tous les catéchistes des villages où existaient des Communautés Chrétiennes de C’est d’abord et avant tout l’Église que les terroristes cherchent à attaquer. Au Burkina Faso, les chrétiens, locaux ou étrangers, catholiques ou protestants, sont devenus une cible : en témoignent les multiples attaques, enlèvements, intimidations que ceux-ci subissent. Terrorisme au Sahel n° 124 septembre 2019 15 Base (CCB) se sont réfugiés eux aussi à Aribinda. C’est ainsi que, ces derniers temps, la population de la ville a plus que doublé. Selon un recensement fait par la mairie d’Aribinda le 3 février, il y avait alors 12000 réfugiés; mais depuis lors il faut compter chaque jour quelque 250 personnes supplémentaires; selon les statistiques du dispensaire, plus de 300 femmes enceintes et 3000 enfants se trouvent parmi eux… On devine alors les difficultés d’une telle situation; il n’y a plus d’administration; elle a fui. Ne restent sur place que les autorités coutumières et religieuses avec la gendarmerie. Le Centre Missionnaire d’Accueil (CMA) d’Aribinda est débordé. Dans les villages alentour, le bétail a été pillé et les récoltes incendiées… Les extrémistes procèdent à des écoutes téléphoniques et ciblent ceux qui dénoncent une telle situation… d’où le silence total sur ce qui se passe ! Des violences devenues interethniques. Le plus grave c’est que ces violences sont devenues interethniques: les Mossis et Foulse d’un côté qui fuient leurs villages et de l’autre les Peulhs qui prennent possession de ces mêmes villages…
Il faut remonter plus loin dans le temps pour trouver les raisons de ces conflits, provoqués et exacerbés volontairement par les djihadistes: retour de bâton des injustices subies par les Peuhls autrefois pour des raisons socioculturelles et économiques, oppression par les forces de l’ordre, discriminations, moqueries interethniques, et même exacerbation de la haine par le rappel historique de la structure même de la culture peulh: les nobles, les guerriers, les « rimaïbès » anciens esclaves…; à cela s’ajoute, dans un passé beaucoup plus récent, l’esprit de vengeance pour l’assassinat des ascendants directs de tous bords par les forces de l’ordre. Alors les enfants partent au Mali pour se procurer des armes, se former et revenir pour venger leurs morts; pour se financer, ils pillent le bétail; mais cela ne suffit pas à expliquer la provenance de tout l’argent! Disons qu’à part Aribinda en raison de la présence de la Gendarmerie, les terroristes sont les maîtres de l’ensemble de la région. Aribinda est ainsi devenu le point le plus ‘chaud’du Faso, alors que c’est la ville qui accueille le plus de réfugiés. Même les équipes des télévisions nationales et étrangères n’osent pas s’aventurer jusque là-bas. Seul point positif si l’on ose dire, Aribinda a reçu en 2018 une aide consistante de l’État et une centaine de gendarmes y ont été déployés ce qui a transformé cette ville en un sanctuaire sécurisé. C’est pourquoi, alors que des centaines d’écoles ont dû fermer depuis janvier dans tout le Nord, à Aribinda, tant bien que mal, le Lycée, le CEG et les écoles ouvrent toujours leurs portes aux élèves. « Pas facile de vivre sa vocation missionnaire…» Un missionnaire qui était à Aribinda mais a dû lui aussi se réfugier ailleurs témoigne : « Nous, les pasteurs, nous partageons les souffrances des populations avec lesquelles nous vivons. Le couvrefeu dans la ville d’Aribinda et dans toute l’étendue de la contrée a été imposé, ce qui nous a obligés à rester dans les bâtiments de la paroisse. On ne peut même plus aller saluer les gens. Nous avons dû prendre un gardien 24 heures sur 24. Peu à peu, les tournées dans les villages se sont faites rares jusqu’à être par la force des choses abandonnées. Notre pastorale a dû en tirer les conséquences. Beaucoup de sentiments d’incompréhension et même de colère contre ceux qui sont à l’origine de ces violences se font ressentir partout, et pas seulement chez les chrétiens. Finalement, au lieu de nous rendre dans les différents villages, nous avons été amenés à accueillir les réfugiés sur place en cherchant à satisfaire tous leurs besoins primaires de survie : l’eau, la nourriture, les tentes, le sanitaire. » En conclusion, citons ces deux propositions d’un missionnaire lui aussi réfugié et qui formule deux souhaits: « Premièrement, que les Occidentaux de bonne volonté n’oublient pas les réfugiés du Sahel et que, par le biais de projets de développement et le travail des associations continuent à soutenir la population en dehors de toute religion. Les terroristes veulent provoquer la guerre entre musulmans et chrétiens. Ils ne gagneront pas car nous tous continuerons de travailler en faveur du dialogue et de la cohésion sociale. Ensuite que nous cultivions la paix « don que nous devons demander à Dieu » comme dit Mgr Philippe, le Cardinal archevêque de Ouagadougou: paix dans les familles et paix dans la société dans cette magnifique région. » L’abbé Joël Yougbaré, le 16 mars, curé de la paroisse de Djigbo, a été enlevé par des individus armés. Un peu plus d’un mois plus tôt, le père César Fernández, missionnaire salésien, avait été tué lors d’une attaque djihadiste dans le centre-est du Burkina. Terrorisme au Sahel 16 VOIX D’AFRIQUE - Vivre malgré tout sa vie missionnaire « J’ai peur quand je suis seul… » En tant que responsables, quels sont nos sentiments lorsque nous sommes appelés à répondre à des invitations dans des périphéries existentielles où règne l’insécurité ? L’appel à la rencontre de l’autre demeurera toujours un défi à accueillir avec humilité. Il est vrai que la rencontre nous fascine, mais, parfois, nous surprend, et nous questionne. Les événements de ces derniers temps dans notre région nous amènent à nous poser beaucoup de questions et à se dire que certains confrères vivent des situations où se mêlent la peur de l’inconnu, la peur de l’autre et des fanatismes. D’autres vivent avec le sentiment d’être abandonnés, d’autres encore avec la peur au ventre chaque fois qu’arrive la mauvaise nouvelle d’attentats à proximité. Nous entendons leurs angoisses telles que : « J’ai peur quand je suis seul », ou encore « Aujourd’hui a été une journée traumatisante ». Un minimum de paix est une nécessité pour vivre aujourd’hui la mission de l’Église. La paix dans le monde et en particulier dans les régions où nous exerçons notre ministère est vraiment une grâce à demander. « Culpabiliser, alors qu’il n’y a pas le choix… » Accepter de rejoindre des régions dangereuses c’est accepter de vivre parfois des situations traumatisantes, et même de culpabiliser quand, pour des raisons impératives de sécurité, nous obligeons des confrères à partir tout en laissant derrière eux des communautés chrétiennes sans pasteur. La peur Carte de «vigilance terrorisme» au Burkina Faso : Voici la nouvelle carte que le ministère des affaires étrangères français envoie aux expatriés. La zone rouge s'est élargie à l'est surtout. Les Peuhls sont essentiellement des éleveurs et s’ils commencent à se sédentariser, ils sont encore bien souvent en transhumance. est un mécanisme de défense qui se manifeste souvent par le retrait stratégique, ou la fuite pure et simple. Accepter de vivre dans les régions insécurisées, c’est consentir également à se sentir impuissant face à une tragédie qui évolue tous les jours. « Combien de temps cette situation durera-t-elle? », se demandent certains. « Faut-il laisser des confrères continuer leur apostolat dans des zones à risque? Faut-il leur demander de se replier pour quelque temps ? ». Nous comprenons mieux ce qu’éprouve un évêque obligé, par les évènements, de demander à ses prêtres de partir ailleurs ! Face à toutes ces tragédies rapportées par les médias et qui se soldent par un grand nombre de morts et de blessés, c’est la question de la dignité humaine et du respect de l’autre qui priment. « Je veux des saints, je veux des fous… » Le Cardinal Charles Lavigerie, notre fondateur, disait, à ce propos: « Je veux des saints, je veux des fous! ». Si nous sommes des saints, je n’en sais rien, mais des fous, oui certainement. P. Nyembo Mabaka Delphin, Assistant Provincial de la PAO. VOIX D’AFRIQUE - n° 124 septembre 2019 17 À Aribinda, les populations environnantes se sont mises sous la protection de la gendarmerie, abandonnant leurs quelques biens, maisons, vivres, bétail…Le Centre Missionnaire d’Accueil d’Aribinda est débordé. Quand tout est paisible, vivre au village est agréable ! 18 VOIX D’AFRIQUE - Je suis musulman pratiquant, né d’un père songhaï de Gao au Mali et d’une mère peuhl de Thiou au nord du Burkina Faso. Durant mon adolescence, à Koumassi progrès, il y avait une église du nom de St François d’Assise où des salésiens pendant les vacances encadraient tous les jeunes du quartier. J’ai connu Père Franco, Père César et bien d’autres. On jouait à la paroisse à des activités socioculturelles telles que des tournois de football, un marathon et des cours de vacances étaient chaque fois organisés. Ainsi J’ai pu lire plus d’une centaine d’œuvres littéraires grâce à la bibliothèque de cette paroisse. Les petits musulmans du quartier que nous étions étaient en parfaite harmonie avec les chrétiens de l’église. Mes meilleurs amis étaient des garçons et des filles “Cœurs vaillants-Âmes vaillantes”. Aux heures de prière, nous, les musulmans, on nous autorisait à prendre nos ablutions et faire nos “rakats” dans un coin aménagé au sein de l’église. Aujourd’hui il existe même le Centre Don Bosco où tous les jeunes de toutes les religions vont pour un encadrement à tous les niveaux. Comme moi, il y en a beaucoup à être d’une autre confession religieuse mais vivant en parfaite harmonie avec les autres religions. J’oubliais… en ce mois de ramadan, dans notre “grin” à Somgande, à l’heure de la rupture de jeûne, le jus de gingembre était apporté par deux chrétiens, un musulman apportait les galettes; deux autres musulmans préparaient le thé et un autre chrétien, “mon esclave”1° , aimait se charger d’apporter l’eau glacée. Juste pour dire que nous faisons notre rupture de jeûne entre chrétiens et musulmans pour ne pas dire en famille. Tout cela, pour dire à ces terroristes qui ont sauvagement assassiné le Père Niampa et cinq de ses fidèles et mis le feu à leur église que je peux leur assurer que, comme toutes les années, je verrai avec joie encore la présence des prêtres et pasteurs à la grande prière de l’Aïd-el-Fitr marquant la fin du ramadan. En conclusion, vous, les terroristes, vous avez échoué car votre barbarie ne nous divisera jamais. Bien au contraire on reste soudé. Signature volontairement cachée Lettre ouverte aux terroristes Terrorisme au Sahel Les petits musulmans du quartier étaient en parfaite harmonie avec les chrétiens de l’Église. 1° - La relation à plaisanterie est une pratique sociale typiquement d'Afrique de l'Ouest et d'Afrique Centrale qui autorise certaines ethnies ou des habitants de même région, à se moquer ou s'insulter, et ce sans conséquence. n° 124 septembre 2019 19 En exhortant les gouvernements du monde entier à interve- nir pour mettre fin à la fourniture d’armes à feu aux extré- mistes islamistes, Mgr Dabiré écrit: « Les armes qu’ils uti- lisent n’ont pas été fabriquées ici, en Afrique. Ils ont des fusils, des mitrailleuses et tant de munitions, plus que l’armée burkina- bé a à sa disposition : quand ils arrivent dans les villages, ils tirent pendant des heures. Qui leur fournit ces ressources ? S’ils n’obtenaient pas ce soutien de l’extérieur, ils seraient obligés de cesser. C’est pourquoi je lance un appel aux autorités internatio- nales. Quiconque en a le pouvoir, peut-il faire cesser toute cette violence? ». Il continue : « Lorsque les habitants du village de Bani se sont réunis pour parler entre eux, les islamistes sont arrivés et ont forcé tout le monde à se coucher face contre la terre. Puis ils les ont fouillés. Quatre personnes portaient des crucifix. Alors, ils les ont tuées parce qu’elles étaient chrétien- nes. Après les avoir assassinées, les islamistes ont averti tous les autres villages que s’ils ne se convertissaient pas à l’islam, ils seraient également tués. » Selon lui, il s’agit de la cinquième attaque contre des chrétiens dans le nord-est du pays depuis début 2019, ce qui porte à 20 le nombre de chrétiens tués. Mgr Dabiré témoigne : « Au début, ils n’étaient actifs que dans la région frontalière entre le Mali et le Niger. Mais ils se sont peu à peu déplacés vers l’intérieur du pays, attaquant l’armée, les structures civiles et les gens. Aujourd’hui, leur cible principale semble être les chrétiens et je crois qu’ils essaient de déclencher un conflit interreli- gieux. » Mgr Dabiré d’ajouter que le Père Joël Yougbaré, un prêtre de son diocèse, avait été enlevé par des extrémistes le 17 mars et qu’il avait été contraint de fermer deux parois- ses pour des raisons de sécurité. Selon lui tou- jours un certain nombre de mouvements isla- mistes ont été accusés d’avoir orchestré un nombre croissant d’attaques au Burkina Faso, notamment le Groupe de soutien à l’Islam et aux musulmans (GSIM) et l’État islamique dans le Grand Sahara. Appel à la communauté internationale, Mgr Laurent Birfuoré Dabiré, évêque de Dori, a déclaré : « Si le monde continue à ne rien faire, le résultat sera l’élimination de la présence chrétienne dans cette région et très probablement, à l’avenir, à l’ensemble du pays. » Mgr Laurent Dabiré, évêque de Dori. Par Mgr Laurent Birfuoré Dabiré (évêque de Dori)

Il faut remonter plus loin dans le temps pour trouver les raisons de ces conflits, provoqués et exacerbés volontairement par les djihadistes: retour de bâton des injustices subies par les Peuhls autrefois pour des raisons socioculturelles et économiques, oppression par les forces de l’ordre, discriminations, moqueries interethniques, et même exacerbation de la haine par le rappel historique de la structure même de la culture peulh: les nobles, les guerriers, les « rimaïbès » anciens esclaves…; à cela s’ajoute, dans un passé beaucoup plus récent, l’esprit de vengeance pour l’assassinat des ascendants directs de tous bords par les forces de l’ordre. Alors les enfants partent au Mali pour se procurer des armes, se former et revenir pour venger leurs morts; pour se financer, ils pillent le bétail; mais cela ne suffit pas à expliquer la provenance de tout l’argent! Disons qu’à part Aribinda en raison de la présence de la Gendarmerie, les terroristes sont les maîtres de l’ensemble de la région. Aribinda est ainsi devenu le point le plus ‘chaud’du Faso, alors que c’est la ville qui accueille le plus de réfugiés. Même les équipes des télévisions nationales et étrangères n’osent pas s’aventurer jusque là-bas. Seul point positif si l’on ose dire, Aribinda a reçu en 2018 une aide consistante de l’État et une centaine de gendarmes y ont été déployés ce qui a transformé cette ville en un sanctuaire sécurisé. C’est pourquoi, alors que des centaines d’écoles ont dû fermer depuis janvier dans tout le Nord, à Aribinda, tant bien que mal, le Lycée, le CEG et les écoles ouvrent toujours leurs portes aux élèves. « Pas facile de vivre sa vocation missionnaire…» Un missionnaire qui était à Aribinda mais a dû lui aussi se réfugier ailleurs témoigne : « Nous, les pasteurs, nous partageons les souffrances des populations avec lesquelles nous vivons. Le couvrefeu dans la ville d’Aribinda et dans toute l’étendue de la contrée a été imposé, ce qui nous a obligés à rester dans les bâtiments de la paroisse. On ne peut même plus aller saluer les gens. Nous avons dû prendre un gardien 24 heures sur 24. Peu à peu, les tournées dans les villages se sont faites rares jusqu’à être par la force des choses abandonnées. Notre pastorale a dû en tirer les conséquences. Beaucoup de sentiments d’incompréhension et même de colère contre ceux qui sont à l’origine de ces violences se font ressentir partout, et pas seulement chez les chrétiens. Finalement, au lieu de nous rendre dans les différents villages, nous avons été amenés à accueillir les réfugiés sur place en cherchant à satisfaire tous leurs besoins primaires de survie : l’eau, la nourriture, les tentes, le sanitaire. » En conclusion, citons ces deux propositions d’un missionnaire lui aussi réfugié et qui formule deux souhaits: « Premièrement, que les Occidentaux de bonne volonté n’oublient pas les réfugiés du Sahel et que, par le biais de projets de développement et le travail des associations continuent à soutenir la population en dehors de toute religion. Les terroristes veulent provoquer la guerre entre musulmans et chrétiens. Ils ne gagneront pas car nous tous continuerons de travailler en faveur du dialogue et de la cohésion sociale. Ensuite que nous cultivions la paix « don que nous devons demander à Dieu » comme dit Mgr Philippe, le Cardinal archevêque de Ouagadougou: paix dans les familles et paix dans la société dans cette magnifique région. » L’abbé Joël Yougbaré, le 16 mars, curé de la paroisse de Djigbo, a été enlevé par des individus armés. Un peu plus d’un mois plus tôt, le père César Fernández, missionnaire salésien, avait été tué lors d’une attaque djihadiste dans le centre-est du Burkina. Terrorisme au Sahel 16 VOIX D’AFRIQUE - Vivre malgré tout sa vie missionnaire « J’ai peur quand je suis seul… » En tant que responsables, quels sont nos sentiments lorsque nous sommes appelés à répondre à des invitations dans des périphéries existentielles où règne l’insécurité ? L’appel à la rencontre de l’autre demeurera toujours un défi à accueillir avec humilité. Il est vrai que la rencontre nous fascine, mais, parfois, nous surprend, et nous questionne. Les événements de ces derniers temps dans notre région nous amènent à nous poser beaucoup de questions et à se dire que certains confrères vivent des situations où se mêlent la peur de l’inconnu, la peur de l’autre et des fanatismes. D’autres vivent avec le sentiment d’être abandonnés, d’autres encore avec la peur au ventre chaque fois qu’arrive la mauvaise nouvelle d’attentats à proximité. Nous entendons leurs angoisses telles que : « J’ai peur quand je suis seul », ou encore « Aujourd’hui a été une journée traumatisante ». Un minimum de paix est une nécessité pour vivre aujourd’hui la mission de l’Église. La paix dans le monde et en particulier dans les régions où nous exerçons notre ministère est vraiment une grâce à demander. « Culpabiliser, alors qu’il n’y a pas le choix… » Accepter de rejoindre des régions dangereuses c’est accepter de vivre parfois des situations traumatisantes, et même de culpabiliser quand, pour des raisons impératives de sécurité, nous obligeons des confrères à partir tout en laissant derrière eux des communautés chrétiennes sans pasteur. La peur Carte de «vigilance terrorisme» au Burkina Faso : Voici la nouvelle carte que le ministère des affaires étrangères français envoie aux expatriés. La zone rouge s'est élargie à l'est surtout. Les Peuhls sont essentiellement des éleveurs et s’ils commencent à se sédentariser, ils sont encore bien souvent en transhumance. est un mécanisme de défense qui se manifeste souvent par le retrait stratégique, ou la fuite pure et simple. Accepter de vivre dans les régions insécurisées, c’est consentir également à se sentir impuissant face à une tragédie qui évolue tous les jours. « Combien de temps cette situation durera-t-elle? », se demandent certains. « Faut-il laisser des confrères continuer leur apostolat dans des zones à risque? Faut-il leur demander de se replier pour quelque temps ? ». Nous comprenons mieux ce qu’éprouve un évêque obligé, par les évènements, de demander à ses prêtres de partir ailleurs ! Face à toutes ces tragédies rapportées par les médias et qui se soldent par un grand nombre de morts et de blessés, c’est la question de la dignité humaine et du respect de l’autre qui priment. « Je veux des saints, je veux des fous… » Le Cardinal Charles Lavigerie, notre fondateur, disait, à ce propos: « Je veux des saints, je veux des fous! ». Si nous sommes des saints, je n’en sais rien, mais des fous, oui certainement. P. Nyembo Mabaka Delphin, Assistant Provincial de la PAO. VOIX D’AFRIQUE - n° 124 septembre 2019 17 À Aribinda, les populations environnantes se sont mises sous la protection de la gendarmerie, abandonnant leurs quelques biens, maisons, vivres, bétail…Le Centre Missionnaire d’Accueil d’Aribinda est débordé. Quand tout est paisible, vivre au village est agréable ! 18 VOIX D’AFRIQUE - Je suis musulman pratiquant, né d’un père songhaï de Gao au Mali et d’une mère peuhl de Thiou au nord du Burkina Faso. Durant mon adolescence, à Koumassi progrès, il y avait une église du nom de St François d’Assise où des salésiens pendant les vacances encadraient tous les jeunes du quartier. J’ai connu Père Franco, Père César et bien d’autres. On jouait à la paroisse à des activités socioculturelles telles que des tournois de football, un marathon et des cours de vacances étaient chaque fois organisés. Ainsi J’ai pu lire plus d’une centaine d’œuvres littéraires grâce à la bibliothèque de cette paroisse. Les petits musulmans du quartier que nous étions étaient en parfaite harmonie avec les chrétiens de l’église. Mes meilleurs amis étaient des garçons et des filles “Cœurs vaillants-Âmes vaillantes”. Aux heures de prière, nous, les musulmans, on nous autorisait à prendre nos ablutions et faire nos “rakats” dans un coin aménagé au sein de l’église. Aujourd’hui il existe même le Centre Don Bosco où tous les jeunes de toutes les religions vont pour un encadrement à tous les niveaux. Comme moi, il y en a beaucoup à être d’une autre confession religieuse mais vivant en parfaite harmonie avec les autres religions. J’oubliais… en ce mois de ramadan, dans notre “grin” à Somgande, à l’heure de la rupture de jeûne, le jus de gingembre était apporté par deux chrétiens, un musulman apportait les galettes; deux autres musulmans préparaient le thé et un autre chrétien, “mon esclave”1° , aimait se charger d’apporter l’eau glacée. Juste pour dire que nous faisons notre rupture de jeûne entre chrétiens et musulmans pour ne pas dire en famille. Tout cela, pour dire à ces terroristes qui ont sauvagement assassiné le Père Niampa et cinq de ses fidèles et mis le feu à leur église que je peux leur assurer que, comme toutes les années, je verrai avec joie encore la présence des prêtres et pasteurs à la grande prière de l’Aïd-el-Fitr marquant la fin du ramadan. En conclusion, vous, les terroristes, vous avez échoué car votre barbarie ne nous divisera jamais. Bien au contraire on reste soudé. Signature volontairement cachée Lettre ouverte aux terroristes Terrorisme au Sahel Les petits musulmans du quartier étaient en parfaite harmonie avec les chrétiens de l’Église. 1° - La relation à plaisanterie est une pratique sociale typiquement d'Afrique de l'Ouest et d'Afrique Centrale qui autorise certaines ethnies ou des habitants de même région, à se moquer ou s'insulter, et ce sans conséquence. n° 124 septembre 2019 19 En exhortant les gouvernements du monde entier à interve- nir pour mettre fin à la fourniture d’armes à feu aux extré- mistes islamistes, Mgr Dabiré écrit: « Les armes qu’ils uti- lisent n’ont pas été fabriquées ici, en Afrique. Ils ont des fusils, des mitrailleuses et tant de munitions, plus que l’armée burkina- bé a à sa disposition : quand ils arrivent dans les villages, ils tirent pendant des heures. Qui leur fournit ces ressources ? S’ils n’obtenaient pas ce soutien de l’extérieur, ils seraient obligés de cesser. C’est pourquoi je lance un appel aux autorités internatio- nales. Quiconque en a le pouvoir, peut-il faire cesser toute cette violence? ». Il continue : « Lorsque les habitants du village de Bani se sont réunis pour parler entre eux, les islamistes sont arrivés et ont forcé tout le monde à se coucher face contre la terre. Puis ils les ont fouillés. Quatre personnes portaient des crucifix. Alors, ils les ont tuées parce qu’elles étaient chrétien- nes. Après les avoir assassinées, les islamistes ont averti tous les autres villages que s’ils ne se convertissaient pas à l’islam, ils seraient également tués. » Selon lui, il s’agit de la cinquième attaque contre des chrétiens dans le nord-est du pays depuis début 2019, ce qui porte à 20 le nombre de chrétiens tués. Mgr Dabiré témoigne : « Au début, ils n’étaient actifs que dans la région frontalière entre le Mali et le Niger. Mais ils se sont peu à peu déplacés vers l’intérieur du pays, attaquant l’armée, les structures civiles et les gens. Aujourd’hui, leur cible principale semble être les chrétiens et je crois qu’ils essaient de déclencher un conflit interreli- gieux. » Mgr Dabiré d’ajouter que le Père Joël Yougbaré, un prêtre de son diocèse, avait été enlevé par des extrémistes le 17 mars et qu’il avait été contraint de fermer deux parois- ses pour des raisons de sécurité. Selon lui tou- jours un certain nombre de mouvements isla- mistes ont été accusés d’avoir orchestré un nombre croissant d’attaques au Burkina Faso, notamment le Groupe de soutien à l’Islam et aux musulmans (GSIM) et l’État islamique dans le Grand Sahara. Appel à la communauté internationale, Mgr Laurent Birfuoré Dabiré, évêque de Dori, a déclaré : « Si le monde continue à ne rien faire, le résultat sera l’élimination de la présence chrétienne dans cette région et très probablement, à l’avenir, à l’ensemble du pays. » Mgr Laurent Dabiré, évêque de Dori. Par Mgr Laurent Birfuoré Dabire 

Appel à la communauté internationale, Mgr Laurent Birfuoré Dabiré, évêque de Dori, a déclaré : « Si le monde continue à ne rien faire, le résultat sera l’élimination de la présence chrétienne dans cette région et très probablement, à l’avenir, à l’ensemble du pays

En exhortant les gouvernements du monde entier à interve- nir pour mettre fin à la fourniture d’armes à feu aux extré- mistes islamistes, Mgr Dabiré écrit: « Les armes qu’ils uti- lisent n’ont pas été fabriquées ici, en Afrique. Ils ont des fusils, des mitrailleuses et tant de munitions, plus que l’armée burkina- bé a à sa disposition : quand ils arrivent dans les villages, ils tirent pendant des heures. Qui leur fournit ces ressources ? S’ils n’obtenaient pas ce soutien de l’extérieur, ils seraient obligés de cesser. C’est pourquoi je lance un appel aux autorités internatio- nales. Quiconque en a le pouvoir, peut-il faire cesser toute cette violence? ». Il continue : « Lorsque les habitants du village de Bani se sont réunis pour parler entre eux, les islamistes sont arrivés et ont forcé tout le monde à se coucher face contre la terre. Puis ils les ont fouillés. Quatre personnes portaient des crucifix. Alors, ils les ont tuées parce qu’elles étaient chrétien- nes. Après les avoir assassinées, les islamistes ont averti tous les autres villages que s’ils ne se convertissaient pas à l’islam, ils seraient également tués. » Selon lui, il s’agit de la cinquième attaque contre des chrétiens dans le nord-est du pays depuis début 2019, ce qui porte à 20 le nombre de chrétiens tués. Mgr Dabiré témoigne : « Au début, ils n’étaient actifs que dans la région frontalière entre le Mali et le Niger. Mais ils se sont peu à peu déplacés vers l’intérieur du pays, attaquant l’armée, les structures civiles et les gens. Aujourd’hui, leur cible principale semble être les chrétiens et je crois qu’ils essaient de déclencher un conflit interreli- gieux. » Mgr Dabiré d’ajouter que le Père Joël Yougbaré, un prêtre de son diocèse, avait été enlevé par des extrémistes le 17 mars et qu’il avait été contraint de fermer deux parois- ses pour des raisons de sécurité. Selon lui tou- jours un certain nombre de mouvements isla- mistes ont été accusés d’avoir orchestré un nombre croissant d’attaques au Burkina Faso, notamment le Groupe de soutien à l’Islam et aux musulmans (GSIM) et l’État islamique dans le grand Sahara.

Partager cet article
Repost0
Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article