Jin (pseudonyme) est pasteur d’un réseau d’églises urbaines et rurales soutenu par Portes Ouvertes. Il est si surveillé que nous avons dû le rencontrer dans un endroit sûr et isolé.

La police avait un tuyau

Jin raconte: «C’était pendant l’hiver 2017–2018. Des chrétiens de notre église avaient organisé une réunion pour les gens qui voulaient en savoir plus. Soudain, les policiers sont arrivés. Ils ont arrêté tout le groupe. Et en tant que responsable de l’église locale, j’ai été convoqué au commissariat. La police avait eu certainement reçu un tuyau.» Il poursuit:

«J’étais connu de leurs services et c’est moi qu’ils voulaient d’abord discipliner pour envoyer un message à toute l’église.»

En détention, seul avec mes pensées

Il poursuit: «J'ai été détenu pendant plus de 10 jours, sans communication avec ma famille et mes amis. On m’a interrogé à plusieurs reprises sur les activités de l'église et les contacts à l'étranger. Bien que les policiers ne m'aient pas maltraité, les interrogatoires et les sermons politiques n'ont jamais cessé. L'isolement cellulaire était épouvantable. Être seul avec ses pensées est une sorte de torture. Vous vous parlez beaucoup à vous-même et votre esprit commence à vous jouer des tours. Au dernier jour de prison, je savais sans aucun doute que, quoi qu’il arrive, je servirais le Seigneur sans réserve. J’ai bien dormi cette nuit-là. Et j’ai été relâché le lendemain.»

Libre, mais «tracé»

«J’étais libre, mais fiché dans une base de données, sous l’étroite surveillance des caméras.  Si je passe dans la rue, si j’entre dans un centre commercial ou si je monte dans un train, je suis pisté par des logiciels de reconnaissance faciale.» Il ajoute:

«Je suis reconnaissable et "traçable" comme un légume de supermarché. Il ne me manque plus que le code barre!»