Entretiens réalisés par Marie Duhamel – Cité du Vatican
Le Vatican a offert cette semaine une plateforme d’échange à des magistrates venant de tout le continent africain, qui sont au quotidien engagée dans la lutte contre la traite humaine et le crime organisé.
Depuis 2016, l’Union africaine estime que près de 3 millions d’adultes et un demi-million d’enfants sont victimes du travail forcé, du trafic des personnes et de l’esclavage moderne, un fléau que ne cesse de dénoncer le Pape François.
Outre trois délégations importantes en provenance du Nigéria, du Kenya ou de Tunisie, de nombreux pays étaient représentés: Niger, Afrique du Sud, Angola, Ghana, Botswana, Liberia ou Malawi.
Marie-Chantale Koffi est une des 150 femmes juges de son pays. En Côte d’Ivoire, la traite a, explique-t-elle, trois visages : des jeunes de la sous-région arrivés avec de présumés parents dans le pays, pour y être, par eux, exploités ; des jeunes ivoiriens envoyés par des intermédiaires pour travailler dans les pays du Maghreb ou dans les Émirats ; enfin, et ce sont les cas les plus fréquents, des jeunes femmes de la campagne qui, pour aller travailler à la ville, se fient à des tiers, souvent des agences de recrutement qui perçoivent leur salaire à leur place et sans le leur reverser, ou de manière partielle.
La magistrate note une réduction des cas depuis le début des campagnes d’informations dans le pays en 2012. Les jeunes filles connaissent toujours plus leurs droits, notamment au smig. Au niveau juridique, le pays a depuis juin dernier un nouveau code pénal efficace pour défendre les victimes de la traite et punir les criminels, mais que tous les juges ne connaissent pas bien encore ce nouvel outil, précise la magistrate ivoirienne