La Prière du Père Capucin Louis de Bouvignes
« Ô mon Dieu, faites que mon âme s'envole librement au Ciel » :
« Ô Hommes insensés qui renoncez à votre part de Paradis et qui êtes content de ne voir jamais Dieu pour une poignée de terre, voyez quel est le grand bien que vous rebutez, voyez s'il y a Bonté et Beauté pareille à celle de Dieu ? Ô ! Qu’Il est aimable et qu'Il est peu aimé. Ô ! Qu’Il est grand et qu'Il est méprisé. Ô ! Qu’Il est puissant, magnifique et admirable en toutes ses Œuvres, et qu'Il est peu connu. II est la Source de tous les êtres, et toutes les créatures cesseraient d'être, si elles cessaient un moment de recevoir de sa Toute-Puissance le bénéfice de leur conservation. Les Anges du Ciel s'anéantissent devant Lui par respect, par crainte et par obéissance : Il regarde la terre et la fait trembler, Il touche les montagnes et les fait fumer du feu qu'Il allume dans leurs entrailles : Il est tel, que les Bienheureux ne voudraient pas être une heure sans Le voir, encore qu'ils pourraient gagner cent mille mondes d'or ; et vous ! Ô pauvres aveugles, vous ne vous souciez pas de Le perdre pour toujours, pour un peu d'argent qui vous échappera des mains : que répondrez-vous à la mort, lorsqu'on vous dira : « que l'impie soit jeté au sens réprouvé, parce qu'il n'a point de part au Royaume de Dieu. Homme Chrétien ! Gardez-vous d'être du nombre de ces infortunés ; détachez-vous de la terre, élevez-vous de cœur au Ciel, réveillez vôtre esprit pour considérer avec attention le grand Bonheur qui vous est préparé dans l'auguste Palais du Père céleste, si vous voulez vous en rendre digne par la pratique des œuvres de piété. Ô ! Qui pourrait exprimer le transport d'allégresse d'une âme sainte, quand elle sort de cette vallée de larmes, pour entrer en la joie de son Seigneur et s'unir à Son souverain Bien ? Ô ! Jésus Le plus beau d'entre les enfants des hommes, ayez pitié de moi et lorsque se fera la dissolution de mon corps, faites que mon âme s'envole librement au Ciel, pour Vous y remercier, bénir et glorifier en toute éternité ».
Ainsi soit-il.
Louis de Bouvignes (1630-1701) – « Miroir de l'âme religieuse » : méthode aisée pour s'acquitter des exercices journaliers qui se pratiquent dans les cloîtres et les monastères, pages 549-550, Charles Albert, 1696