Il nous faut travailler aux œuvres de Celui qui m’a envoyé, tant qu’il fait jour ; la nuit vient où personne ne pourra plus y travailler. La question du mal est abordée par les Apôtres à l’occasion de l’existence de cet aveugle. Jésus leur donne de regarder avec les yeux de la foi. C’est afin que soient manifestées en lui les œuvres de Dieu. L’aveugle-né évolue dans une situation relationnelle extrêmement tendue, conflictuelle. Cet homme est pris dans l’opposition de multiples personnages qui sont en tension entre eux. Jésus regarde la douleur de cet homme aveugle et il manifeste en lui l’œuvre d’amour de Dieu ! Il va retrouver avec Jésus une belle liberté. Il fait un chemin d’approfondissement spirituel merveilleux dans sa rencontre avec Jésus. Conforté intérieurement, il tire profit des événements avec un solide bon sens. Il y a un aveugle qui m’habite ! Vais-je croire plus au mal qui l’habite, ou croire à Jésus dans un acte d’humilité qui déclenche une ouverture vers l’autre. Jésus touche les lieux blessés de l’humanité. Il prend de la boue et refait un geste créateur. La tendresse infinie du Père réalise ce toucher d’amour qui guérit.
…« L’homme qu’on appelle Jésus a fait de la boue, il me l’a appliquée sur les yeux et il m’a dit : “Va à Siloé et lave-toi.” J’y suis donc allé et je me suis lavé ; alors, j’ai vu. »
Dans ce récit, si Jésus éclaire l’aveugle-né, il éclaire aussi notre propre chemin. Il nous faut découvrir, en chacune de nos situations le chemin de liberté intérieure qui nous est offert. Nous pourrons alors marcher vers la vie véritable. Reconnaissons les premiers rayons de lumière en notre vie et suivons-les, ils nous mènent vers une vérité plus grande ! Sur son chemin, cet aveugle nomme peu à peu ce qu’il discerne jusqu’à pouvoir confesser sereinement sa foi : « Je crois, Seigneur ! » Dans la simplicité de son cœur cet homme a obéi à Jésus, il a cru en sa parole. "Voilà bien ce qui est étonnant dit cet aveugle né : "Vous ne savez pas d’où il est, et pourtant il m’a ouvert les yeux." L’acte de foi commence en effet par un acte d’ouverture et d’obéissance à celui qui annonce la Parole de Dieu. C’est un acte qu’il nous faut refaire souvent ! Dieu s’adresse à ce qui est blessé en nous pour le sauver. Notre adhésion à l’action de Dieu porte en elle la lumière dont nous avons besoin pour avancer.
…Jésus apprit qu’ils l’avaient jeté dehors. Il le retrouva et lui dit : « Crois-tu au Fils de l’homme ? »
Il répondit : « Et qui est-il, Seigneur, pour que je croie en lui ? » Jésus lui dit : « Tu le vois, et c’est lui qui te parle. » Il dit : « Je crois, Seigneur ! » Et il se prosterna devant lui. Ce don surabondant d’Amour établit avec nous une nouvelle relation d’amour. Dieu s’adresse au cœur de l’homme, il le fait dans une gratuité totale. L’action de Dieu a réveillé cet homme aveugle qui peut bondir ! Il voit la vie sous un tout autre angle : Il voit la vie dans la lumière, dans la beauté, dans l’amour de celui qui l’a guéri. Telle est notre foi en Dieu qui réalise toute chose nouvelle. Cette vision nouvelle va provoquer autour de cet ancien aveugle une grande contestation. L’entourage est bousculé. Cet homme interrogé donne de belles réponses. Nous voulons nous mettre à l’école de cet homme qui affronte les pharisiens, ses propres parents, sa propre solitude. Jésus lui a apporté une relation toute renouvelée à lui-même, au Dieu-Amour qui nous manifeste combien il est un Dieu de tendresse qui regarde le cœur. Nous voulons renaître sans cesse à ce nouvel amour.
moine et poète arménien
Isaac Kéchichian, s .j. ; Éds du Cerf 2000 –
réimpression de la 1e édition de 1961 revue et
corrigée, p. 237-239, – rev.)