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Bienvenue sur mon site Une innovation pour mes anciens lecteurs, désormais je traite de divers sujet, en premier La religion judéo chrétienne signé" Monique Emounah", pour ceux qui ne peuvent se déplacer à l'églises quelques soit la raison, et le lieu de leurs résidences ils peuvent suivre les offices du jour, la politique (LR) et les infos, la poésie et les arts en général. Mes écrits, signé (Alumacom) également mes promos de mes dernières parutions et quelquefois un rappel pour mes anciens écrits. Merci de votre attention,

Drame dans une unité psy : «S’il vous plaît docteur, dites-leur qu’ils peuvent m’ouvrir la porte»

Drame dans une unité psy :

«S’il vous plaît docteur, dites-leur qu’ils peuvent m’ouvrir la porte»

Une médecin de l'hôpital psychiatrique de Moisselles, dans le Val-d'Oise, raconte comment son unité a été touchée par le Covid-19, et affirme que ses patients ont été enfermés à clé dans sans justification médicale jusqu'à ce qu'un drame survienne

S’agit-il d’une initiative isolée d’un directeur d’hôpital ou serait-ce l’expression d’une indifférence au regard de ce que vivent des malades mentaux ? Les faits se sont passés dans le silence du confinement, dans un hôpital psychiatrique où, par crainte du virus, les malades ont été enfermés – et pour que cela soit encore plus efficace, avec changement des serrures des chambres.

La Dr M., 36 ans, est psychiatre à l’hôpital de Moisselles (Val-d’Oise), près de Paris. Elle dit d’emblée : «Je fais ce métier parce que j’aime les gens.» Puis raconte ce lundi 11 mai 2020, premier jour du déconfinement en France. Voilà ce qu’elle affirme dans un témoignage qu’elle nous a transmis : «Dans le service, j’apprends que trois patients testés en fin de semaine dernière sont positifs au Covid-19. L’abattement gagne un peu l’équipe. Nous travaillons comme nous pouvons depuis deux mois, avec des outils qui ne sont pas les nôtres. Le service est fermé, nos patients doivent rester seuls en chambre, nous faisons au mieux, pour éviter les contaminations et en même temps aider nos patients à traverser leurs difficultés.»

«Tous ont été enfermés, sans distinction»

Dans ce service, comme ailleurs, les conditions sont difficiles, l’équipe est en sous-effectif, avec plus de la moitié des postes infirmiers vacants dans l’unité d’hospitalisation. «Trois cas positifs, cela veut dire une absence d’ouverture, pas de promenades dans le parc pour nos patients pour les quinze prochains jours, des mesures toujours drastiques pour éviter les contaminations», écrit-elle encore.

La situation se tend. Et puis tout aurait dérapé. Ce lundi-là, la psychiatre apprend que pendant le long week-end du 8 mai, un administrateur de garde a pris la décision d’enfermer dans leurs chambres tous les patients, sous prétexte qu’il y avait un risque de contamination. En une nuit, il a même fait changer les serrures des portes pour pouvoir enfermer les personnes hospitalisées dans l’unité. Et cela sans aucun motif psychiatrique, selon le témoignage du Dr M. : «Tous les patients, même en service libre, c’est-à-dire hospitalisés à leur propre demande, étaient enfermés à clé dans des chambres sans aucun motif autre qu’un risque de contamination. Tous, sans distinction. Non pas parce qu’ils déambulaient dans les couloirs. Non pas parce qu’il y avait un risque individuel ou une pathologie rendant incompatible la compréhension des gestes barrières, ce qui serait déjà à questionner. Non. Tous ont été enfermés. Nous n’avons été au courant que lorsque le médecin de garde a refusé de cautionner ces pratiques abusives.»

La mesure est totalement illégale. «Nous devons faire face à une administration qui, sous prétexte de crise sanitaire, prend des décisions unilatérales, sans concertation, qui mettent à mal l’éthique de notre travail. Mon chef de service a immédiatement saisi le Contrôleur général des lieux de privation de liberté, et il a exigé que soit mis un terme à la confusion entre isolement psychiatrique et confinement sanitaire.»

Trois heures plus tard, toujours ce lundi 11 mai, poursuit le Dr M. dans son témoignage, le directeur de l’hôpital veut se justifier. Il débarque dans le service. D’après la psychiatre, il vient critiquer leur façon de travailler, notant que ces nouveaux cas Covid ne venaient pas de nulle part et qu’ils étaient sans doute liés à une mauvaise application des protocoles. Ce qui provoque la colère, bien sûr, de toute l’équipe. «Depuis deux mois, nous avons arrêté plusieurs vagues de contamination grâce aux mesures mises en place par le service, et sans attendre l’administration qui a mis les protocoles en place bien plus tard», répond la psychiatre. Elle aurait alors demandé à la direction si tous les soignants de l’unité allaient être testés. «Nous le réclamons depuis plusieurs semaines, et l’administration a toujours refusé de prendre en charge les tests, indique-t-elle. Les soignants qui ont voulu le faire l’ont fait à leurs frais. Le directeur n’a pas répondu à cette question, disant qu’il attendait des instructions de l’Agence régionale de santé. Puis il a exigé immédiatement, sans avoir revêtu de tenue adéquate, de visiter le service pour faire une tournée d’inspection.»

«Honte»

Elle poursuit : ce même jour, à 16 heures, une patiente d’une autre unité se jette par la fenêtre. «Elle était dans une unité ouverte à la hâte par l’administration ce fameux week-end du 8 mai, sans concertation suffisante, sans qu’une gestion médicale de l’unité ne soit clairement établie et sans répondre aux besoins cliniques.» La psychiatre précise : «La patiente était enfermée à clé dans une chambre non adaptée.» A 17h30, ce lundi encore, elle raconte : «Un de mes patients m’appelle au téléphone. C’est une des personnes diagnostiquées Covid + le week-end du 8 mai. Il s’effondre en pleurs et me dit : "S’il vous plaît docteur, dites-leur que je ne sortirai pas de ma chambre, et qu’ils peuvent m’ouvrir la porte. C’est l’enfer ici." Cet homme déprimé est en service libre, et enfermé dans sa chambre. J’ai terriblement honte.»

Depuis, la médecin a écrit ce récit, le chef de service a contacté la Contrôleuse générale des lieux de privation de liberté, Adeline Hazan, qui s’est rendue sur place le 19 mai. La direction, interrogée par Libération, nous a affirmé que «le jeudi 7 mai au soir, trois cas suspects ont conduit l’administrateur de garde à rappeler, dans un mail datant du 8 mai, aux professionnels présents dans l’unité, la nécessité de faire respecter le confinement des autres patients dans l’attente des résultats, ceci en application des directives du ministère de la Santé. Cette mesure conservatoire est bien sûr réévaluée à l’obtention des résultats des tests qui déterminent la suite de la prise en charge». L’équipe de direction estime avoir fait son travail. De son côté, Adeline Hazan, manifestement pas satisfaite, réfléchit sur les suites à donner.

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