14 Mai 2020
Le Saint du Jour est une liste quotidienne des Saints gardés dans la mémoire de l'Église. Les histoires des maîtres de la vie chrétienne de tous les temps qui comme des phares radieux orientent notre chemin.
Saint Siège
On sait peu de choses sur saint Matthias. Le plus sûr qu’on sait de lui vient des Actes des Apôtres où on raconte son choix par tirage au sort pour prendre la place de Judas Iscariote dans le groupe des douze Apôtres. Des informations parlent de son martyre dont on manque l’évidence historique.
On ne peut guère douter que saint Matthias a été un des soixante-douze disciples de Jésus-Christ ; du moins est-il certain qu'il s'attacha de bonne heure à la personne du Sauveur, et qu'il ne s'en sépara point depuis son baptême jusqu'à son ascension.
Les fidèles étant assemblés pour attendre la descente du Saint-Esprit, saint Pierre leur dit que, pour accomplir l'Écriture, il fallait choisir un douzième apôtre à la place de Judas.
« Dans l'Église de Jérusalem deux personnes furent proposées par la communauté et ensuite tirées au sort : “ Joseph Barsabbas, surnommé Justus, et Matthias ” (Ac 1, 23). Ce dernier fut élu et ainsi “ associé aux onze Apôtres ” (Ac 1, 26).
Nous ne savons rien de lui, si ce n'est qu'il avait été lui aussi témoin de toute la vie terrestre de Jésus (cf. Ac 1, 21-22), lui demeurant fidèle jusqu'au bout. À la grandeur de sa fidélité s'ajouta ensuite l'appel divin à prendre la place de Judas, comme pour compenser sa trahison.
Nous pouvons en tirer une dernière leçon : même si dans l'Église ne manquent pas les chrétiens indignes et traîtres, il revient à chacun de nous de contrebalancer le mal qu'ils ont accompli par notre témoignage limpide à Jésus Christ, notre Seigneur et Sauveur. » (cf. catéchèse de Benoît XVI du 18/10/2006)
De saint Matthias on sait qu'après avoir reçu le Saint-Esprit, le jour de la Pentecôte, il alla prêcher l'Évangile de Jésus-Christ, et qu'il consacra le reste de sa vie aux travaux de l'apostolat.
Clément d'Alexandrie rapporte que, dans ses instructions, il insistait principalement sur la nécessité de mortifier la chair en réprimant les désirs de la sensualité ; leçon importante qu'il tenait de Jésus-Christ, et qu'il mettait lui-même en pratique.
Les Grecs prétendent, d'après une ancienne tradition exprimée dans leurs ménologes, que saint Matthias prêcha la foi vers la Cappadoce et les côtes de la mer Caspienne ; ils ajoutent qu'il fut martyrisé dans la Colchide, à laquelle ils donnent le nom d'Éthiopie.
Les Latins célèbrent sa fête le 14 mai (9 août pour les Églises d'Orient).
On garde une partie de ses reliques à l'abbaye de Saint-Matthias de Trèves, et à Sainte-Marie-Majeure de Rome. Mais les Bollandistes disent que les reliques de Sainte-Marie-Majeure qui portent le nom de saint Matthias, pourraient ne point être de l'Apôtre, mais d'un autre saint Matthias, évêque de Jérusalem vers l'an 120.
Sainte Marie-Dominique Mazzarello
Co-fondatrice avec Don Bosco des
« Filles de Marie Auxiliatrice »
M |
aria Domenica Mazzarello naît près de Mornèse, au Piémont, le 9 mai 1837, de Giuseppe et Maddalena Calcagno, un couple de cultivateurs. Elle aura six frères et sœurs. Il n'y a pas d'école au village et son père lui apprend un peu à lire et à compter.
Très tôt, elle s’adonne au travail des champs.
À partir de 1849, elle prend comme directeur spirituel le vicaire de Mornèse, don Pestarino.
Or en 1852, une fille de 22 ans, Angela Maccagno, crée à Mornèse une association de jeunes filles consacrées à Dieu dans le monde, et vouées à l'apostolat paroissial.
Marie Dominique s'y inscrit. Et le 9 décembre 1855, les 5 jeunes du premier groupe des Filles de L'Immaculée consacrent leur vie à Dieu en présence de don Pestarino.
Durant l'été 1860, Marie Dominique se dévoue pour soigner les gens du village atteint du typhus. Elle contracte à son tour la maladie. Elle arrive cependant à se rétablir, mais elle a définitivement perdu sa vigueur physique d'antan. Elle décide avec une amie, Petronilla, d'apprendre la couture auprès du tailleur du village afin d'ouvrir un atelier-école pour les adolescentes. Elles lancent un patronage du dimanche.
Le 7 octobre 1864, don Bosco passe à Mornèse. Marie-Dominique est comme transportée par cette rencontre. Ses paroles expriment ce qu'elle avait au fond d'elle même et ne savait dire.
À l'automne 1867, don Pestarino déménage dans les locaux d'un collège pour garçons qu'il vient de faire construire. Il offre son presbytère aux Filles de l'Immaculée. Marie Dominique vient y habiter avec trois de ses compagnes. Le groupe y mène vie commune, et la « Maison de l'Immaculée » est atelier de couture, orphelinat et patronage. Marie Dominique est la responsable du petit groupe.
Sur proposition de Don Bosco, elles acceptent de devenir religieuses, et le 29 janvier 1872, en présence de don Pestarino, l'assemblée fondatrice des « Filles de Marie Auxiliatrice » se réunit, adoptant la règle proposée par Don Bosco. Marie Dominique est élue supérieure ; la communauté de Mornèse, tient alors don Bosco pour le « supérieur général » de leur congrégation. Un vrai souffle emplit la communauté, attirant des vocations : fondations de nouvelles communautés, en Italie, en mission (Amérique Latine), en France (Nice, Marseille, Saint-Cyr, La Navarre)...
En 1879, la maison-mère s'installe à Nizza-Montferrato. Marie Dominique contracte une pneumonie au début de 1881. Elle vient en France pour accompagner les missionnaires qui prennent le bateau à Marseille. Tombée malade à Saint-Cyr-sur-mer, elle peut rentrer à Nice, mais meurt le 14 mai 1881, à 44 ans.
Neuf ans après sa création, l'Institut des « Filles de Marie Auxiliatrice » compte déjà 139 religieuses et 50 novices, réparties dans 26 communautés.
Déclarée bienheureuse par Pie XI (Ambrogio Damiano Ratti, 1922-1939) le 20 novembre 1938, Maria Domenica Mazzarello est proclamée sainte le 24 juin 1951, par le Vénérable Pie XII (Eugenio Pacelli, 1939-1958).
Originaire de la Navarre française, né dans la période postrévolutionnaire, le jeune prêtre Michel se rend compte que le défi est l’évangélisation: des prêtres, des jeunes, des paysans. En 1835 il fonde dans ce but la Congrégation des Prêtres du Sacré-Cœur de Jésus à Bétharram.
«Je ne peux faire rien d’autre qu’admirer, adorer et aimer l’initiative de la Providence divine. Oh, combien est importante cette position! Etre de pauvres instruments».
Michel naît dans les Pyrénées, à Ibarre, non loin de la frontière avec l’Espagne. Il étudie peu; dans sa famille il y a quatre autres enfants, l’argent manque, et on l’envoie garder les moutons. Alors qu’il est au pâturage avec le troupeau, cependant, il s’entretient avec les autres pasteurs avec des discours d’un haut niveau, peu adaptés à un jeune comme lui; aussitôt on le surnomme «le petit docteur». Mais justement, c’est à cause de ses origines modestes et de sa famille, riche seulement de courage que Michel tire la force de s’acheminer vers la sainteté.
L’éducation et le témoignage que nous recevons dans notre enfance de nos parents ne sont pas tout, mais c’est beaucoup. Les siens, par exemple, vivent une foi tellement authentique à les pousser à «fuir» en Espagne, peu loin du versant français des Pays Basques, soit pour se marier religieusement soit, ensuite, pour faire baptiser leurs cinq enfants. Mais il y a plus. Durant les années de la Terreur de la Révolution française la grande mère, au risque de sa vie, cache chez elle un prêtre qu’elle aide; ce dernier, en contrepartie, donnera les premières leçons à Michel, qui fait preuve d’une intelligence exceptionnelle. Lui-même, cependant, ne parvient pas à faire sa première Communion avant ses 14 ans; ce qui est pour lui motif de grande tristesse. Enfin, en 1819 , il réussit à entrer au séminaire de Dax, et en 1823 il est ordonné prêtre et deux ans plus tard il est envoyé comme professeur de philosophie au séminaire de Bétharram. Il est devenu maintenant vrai docteur .
La période où vit Michel est particulièrement difficile pour l’Eglise française. La Révolution a tout détruit: églises, œuvres religieuses, beaucoup de congrégations religieuses n’existent plus et n’ont pas été remplacées. Carrément au sein de l’Eglise elle-même il y a des prêtres dits «constitutionnels», qui jurent fidélité à la nouvelle Constitution imposée par l’Etat, qui s’opposent à ceux dits «réfractaires», restés fidèles au Pape. Dans ce contexte déchiré, le jeune prêtre Michel, comme confesseur des Filles de la Croix, entre en contact avec la vie religieuse et recueille les confidences de nombreux évêques de passage qui se plaignent de l’insubordination de nombreux prêtres; il décide, donc, d’adopter comme principe de base pour sa propre mission l’obéissance totale à son propre évêque. La semence est ainsi jetée.
Nous avons laissé Michel, dans le beau séminaire sur les bords du Gave où il mène une existence tourmentée par ce qu’il voit au tour de lui: prêtres impréparés et désorientés qui tâtonnent dans l’obscurité au lieu de porter aux autres la lumière de la foi. Il est en train de mûrir quelque chose dans son cœur; c’est en 1833 qu’il le comprend, lorsqu’il met ensemble le premier groupe de prêtres qui prennent volontairement en charge la mission de rechristianiser les campagnes abandonnées et d’éduquer les jeunes. Ce sont les deux activités les plus urgentes. Il reçoit de nombreuses adhésions, et ainsi deux ans plus tard naît la nouvelle famille religieuse des Prêtres du Sacré-Cœur, connus ensuite comme les Prêtres de Bétharram, une communauté conçue pour être au service de l’Eglise et du clergé, avec des volontaires à envoyer en appui au clergé dans les séminaires, paroisses et collèges avec pour objectif de vivifier la foi. Vite un groupe de prêtres part carrément pour une mission en Argentine, où l’Eglise a les mêmes besoins. Mais naissent des contrastes avec l’évêque, qui voudrait confiner l’œuvre à l’intérieur du diocèse, alors que Michel ambitionne la reconnaissance pontificale, qui aura lieu seulement en 1875, après sa mort.
Mais il y a des évêques qui ont une grande estime pour Michel, comme celui de Tarbes qui en 1858, l’envoie, bien à deux reprises, rencontrer Bernadette Soubirous qui, dans la Lourdes voisine, a des apparitions régulières de la Vierge Marie. Michel devient ainsi l’un des plus grands soutiens de la petite voyante, et ressent aussi le réconfort de la proximité de Notre Dame. Mais déjà, lui-même est malade; en 1853 il est victime d’une paralysie, il en est, ensuite guéri; mais la maladie ne lui laisse aucun répit et le contraint presque toujours au lit pendant neuf ans, jusqu’au jour où il rejoint la maison du Père en 1863. Ses prêtres sont désormais répandus dans toute l’Amérique du Sud. Pie XII le proclamera saint en 1947.
Pacôme naquit en 292, dans la Haute-Thébaïde, au sein de l'idôlatrie, comme une rose au milieu des épines. A l'âge de vingt ans, il était soldat dans les troupes impériales, quand l'hospitalité si charitable des moines chrétiens l'éclaira et fixa ses idées vers le christianisme et la vie religieuse. A peine libéré du service militaire, il se fit instruire, reçut le baptême et se rendit dans un désert, où il pria un solitaire de le prendre pour son disciple. "Considérez, mon fils, dit le vieillard, que du pain et du sel font toute ma nourriture; l'usage du vin et de l'huile m'est inconnu. Je passe la moitié de la nuit à chanter des psaumes ou à méditer les Saintes Écritures; quelques fois il m'arrive de passer la nuit entière sans sommeil." Pacôme, étonné, mais non découragé, répondit qu'avec la grâce de Dieu, il pourrait mener ce genre de vie jusqu'à la mort. Il fut fidèle à sa parole. Dès ce moment, il se livra généreusement à toutes les rudes pratiques de la vie érémitique.
Un jour qu'il était allé au désert de Tabenne, sur les bords du Nil, un Ange lui apporta du Ciel une règle et lui commanda, de la part de Dieu, d'élever là un monastère. Dans sa Règle, le jeûne et le travail étaient proportionnés aux forces de chacun; on mangeait en commun et en silence; tous les instants étaient occupés; la loi du silence était rigoureuse; en allant d'un lieu à un autre, on devait méditer quelque passage de l'Écriture; on chantait des psaumes même pendant le travail. Bientôt le monastère devint trop étroit, il fallut en bâtir six autres dans le voisinage. L'oeuvre de Pacôme se développait d'une manière aussi merveilleuse que celle de saint Antoine, commencée vingt ans plus tôt.
L'obéissance était la vertu que Pacôme conseillait le plus à ses religieux; il punissait sévèrement les moindres infractions à cette vertu. Un jour, il avait commandé à un saint moine d'abattre un figuier couvert de fruits magnifiques, mais qui était pour les novices un sujet de tentation: "Comment, saint Père, lui dit celui-ci, vous voulez abattre ce figuier, qui suffit à lui tout seul à nourrir tout le couvent?" Pacôme n'insista pas; mais, le lendemain, le figuier se trouvait desséché: ainsi Dieu voulait montrer le mérite de la parfaite obéissance. Le saint abbé semblait avoir toute puissance sur la nature: il marchait sur les serpents et foulait aux pieds les scorpions sans en recevoir aucun mal; lorsqu'il lui fallait traverser quelque bras du Nil pour la visite de ses monastères, les crocodiles se présentaient à lui et le passaient sur leur dos. Sur le point de mourir, il vit son bon Ange près de lui.
Abbé L. Jaud, Vie des Saints pour tous les jours de l'année, Tours, Mame, 1950